J'aime les idées de Jonquet et son écriture, drôle, acérée et imaginative.
Voilà neuf nouvelles de longueurs très variables mais toutes avec du chien.
Je crois que ma préférée va pour "La colère d'Adolphe" parce qu'il y est question de musiciens et Jonquet arrive à faire se côtoyer Adolphe Sax, Ludwig van Beethoven ou encore Coltrane, sans oublier Couperin... quand les cieux sont remplis de sons et que Saint Pierre ne sait plus où donner de la tête, une nouvelle !
Jonquet c'est aussi l'anarchiste, le révolutionnaire, le révolté ("Les gars du 16") qui rappelle "Il est interdit d'interdire" quand tout les gars du 16 ne savent même plus que la liberté existe dans ce monde futuriste.
Il nous promène au gré de ses nouvelles dans des mondes, au-delà du réel, pour en quelques lignes nous plonger dans une réalité qui fait froid dans le dos. A titre d'exemple "Le témoin" qui relate froidement l'agression d'un homme pendant qu'il faisait sa muscu (une fiction inspirée d'un fait divers survenu à Thiais). On ne va pas arrêter la muscu parce qu'un homme se fait tabasser quand même ! Pardi faut bien avoir le look dans la cité, question de respect. Et peut-être même qu'il le prendront à l'armée, espère le témoin.
Jonquet c'est aussi le mordant face à l'administration et plus précisément à l'égard des individus qui dévoient le système ("Trente-sept annuité et demie").
J'oubliais, l'agence de voyage... à mon idée le concept fera fureur.
Et pour finir the show must go on avec "That's Entertainment" où sont réunis tous les pires tueurs de l'histoire, chacun voulant être "the must" pour avoir la meilleur place au spectacle.
En fait j'ai aimé toutes les nouvelles de Jonquet. Toutes sont noires, envoutantes, étonnantes. C'est écrit avec un tel brio qu'il pourrait presque nous faire rire (Euterpe y est pour quelque chose) si ce n'était si inquiétant.
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Le pinglapük n'est d'aucune utilité dans les activités de la vie courante. Pingleau se garde bien de l'employer chez l'épicier, avec le releveur du Gaz ou en compagnie des siens. Le pinglapük est usité uniquement en réunion. Son intérêt principal est de masquer la vacuité du propos par l'imprécision de la syntaxe et l'opacité du vocabulaire.
Soit une phrase : « Il n'y a plus assez d'argent pour faire réparer la photocopieuse... »
Traduisons-la en pinglapük, nous obtiendrons : « Les dépassements budgétaires concernant le matériel de reprographie font en sorte que les procédures de maintenance des appareils susnommés semblent devoir être différées... »
Trente-sept annuités et demi
J'aurais aimé écrire une épopée, un roman de chevalerie moderne. Un gros pavé de mille pages foisonnant de péripéties, riche en personnages et mêlant la cocasserie au drame, à l'image de la vie. Un livre du genre de ceux qui paraissent au début de l'été, que les vacanciers enduits d'Ambre solaire lisent sur les plages et qui rapportent énormément d'argent à leur auteur. Oui, une grande histoire d'amour, forcément contrariée par la guerre. La passion éperdue d'amants broyés par le destin. Avec des figures de salauds sublimes et une réelle dimension tragique, mine rien. Du solide, en somme. Cinq cents grammes de papier gorgé d'encre, avec jaquette en quadrichromie, le tout imprimé sur machine Cameron, comme on fait maintenant.
Pingleau, crétin somptueux, d'un calibre considérable, de ceux qu'on ne rencontre qu'une fois dans toute une vie d'homme. On rit souvent des imbéciles. Pingleau est un tragédien.
Chronique consacrée aux grands noms de la littérature policière, et animée, depuis octobre 2018, par Patrick Vast, dans le cadre de l'émission La Vie des Livres (Radio Plus - Douvrin).
Pour la 29ème chronique, le 12 juin 2019, Patrick présente l'auteur Thierry Jonquet.
Patrick Vast est aussi auteur, notamment de polars. N'hésitez pas à vous rendre sur son site : http://patricksvast.hautetfort.com/
Il a également une activité d'éditeur. À voir ici : https://lechatmoireeditions.wordpress.com/
La page Facebook de l'émission La Vie des Livres : https://www.facebook.com/laviedeslivres62/