Toursène, un Ouzbek, est maître des Chevaux chez un petit seigneur du nord de l'Afghanistan. Un jour, il apprend que doit prochainement se dérouler à Kaboul, pour la première fois dans cette ville, et devant le roi, un bouzkachi, le célèbre jeu traditionnel des nomades de la steppe, dans lequel des cavaliers se disputent la carcasse d'un bouc décapité. Tous les tchopendoz - les joueurs de bouzkachi - les plus fameux seront présents.
Toursène est l'un d'entre eux, mais lui qui a gagné tant de tournois, se sait désormais trop âgé pour y participer. Il va donc envoyer Ouroz, son fils, monté sur son meilleur cheval, Jehol, un étalon spécialement dressé pour le bouzkachi. Et Toursène promet à Ouroz que si Jehol gagne la course, alors l'étalon sera à lui.
Ouroz se rend donc à Kaboul monté sur Jehol, accompagné de Mokkhi, son palfrenier (qui lui va à pied) qui lui sert également de cuisinier et de serviteur.
A Kaboul, Ouroz prend part au bouzkachi mais, à un moment, vide les étriers et se casse la jambe par la même occasion. C'est un autre cavalier qui saute alors en selle sur Jehol (c'est autorisé par les règles du jeu) et qui gagne la course. Mais peu importe, elle a été remportée par Jehol et donc désormais l'étalon appartient à Ouroz.
Furieux et amer d'avoir perdu, Ouroz, malgré sa fracture ouverte, refuse de se faire soigner à Kaboul et décide de reprendre la route pour retourner chez son père. Mais, plein de honte et de ressentiment, il choisira le chemin le plus long et le plus difficile, pour retarder au maximum le moment où il devra avouer son échec à son père.
Ouroz remâche sa défaite et, plein de haine, décide de mettre Mokkhi à l'épreuve en lui léguant par testament et devant lui, Jehol, dont Mokkhi s'est occupé depuis la naissance de l'étalon et qu'il admire énormément.
Mokkhi voit clair dans le jeu d'Ouroz, mais ne comprend pas pourquoi celui-ci cherche à faire de lui un homme mauvais alors qu'il l'a toujours fidèlement servi.
Sur le chemin du retour, Ouroz et Mokkhi croisent Zéré, une jeune nomade dont Mokkhi tombe aussitôt amoureux. Fuyant la pauvreté, attirée par la valeur de l'étalon et par une forte somme qu'Ouroz a gagné dans un pari sur un combat de béliers, Zéré pousse constamment Mokkhi à tuer Ouroz.
Alors que le trio poursuit son chemin à travers les montagnes de l'Hindou Kouch, la haine ne cesse de grandir entre Ouroz et Mokkhi, leurs relations pourrissant au rythme de la blessure d'Ouroz qui s'infecte de plus en plus, ce dernier constamment sur ses gardes tandis que Mokkhi essaie de se débarrasser de lui à chaque fois que l'occasion se présente, dans un jeu du chat et de la souris où aucun des deux n'est dupe.
C'est un roman puissant que nous livre
Joseph Kessel avec
Les cavaliers. Dans une langue magnifique (plus personne n'écrit comme ça aujourd'hui, hélas !) il nous décrit le monde des cavaliers de la steppe, ces hommes qui aiment leurs chevaux jusqu'à la vénération mais qui sont également capable de leur infliger les plus atroces souffrances.
Kessel nous emmène ainsi sur les pistes caravanières du nord-ouest de l'Afghanistan, à travers les étroits défilés des hautes montagnes de l'Hindou Koush, entre caravansérails et tchaïkhannes (petites auberges où l'on sert le thé) et c'est tout l'Orient ancien qui renaît ainsi nous nos yeux.