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EAN : 9782916136462
288 pages
Les éditions du Sonneur (12/04/2012)
3.92/5   6 notes
Résumé :
Thugs : secte active en Inde du treizième au dix-neuvième siècles, dont les membres pratiquaient le vol et le meurtre par strangulation en l'honneur de la déesse Kali. Amir Ali, l'un d'eux, a quitté l'Inde pour accompagner, dans la grisaille du Londres victorien, le capitaine William Meadows. Celui-ci a en effet pour projet d'écrire un ouvrage sur cette confrérie meurtrière. Dans le même temps, lord Batterstone, un célèbre phrénologue qui cherche à prouver les diffé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
À Phansa dans l'état du Bihar en Inde, dans une vieille maison blanche et fantomatique, demeure qui appartenait à son grand-père disparu, le narrateur relate et invente une histoire, qui se déroule à Londres à l'époque du couronnement de la Reine Victoria (1837), à partir de documents retrouvés dans la bibliothèque de cet aïeul passionné d'histoires.

Au coeur de cette intrigue, Amir Ali, originaire d'une province reculée de l'Inde, prétendument un thug maintenant repenti, est arrivé à Londres avec le capitaine William T. Meadows qui recueille ses confidences - Notes à propos d'un thug -, afin de les publier.
Qu'est ce qu'un thug ? Tabish Khair nous enseigne dès la première page qu'il s'agit d'un «membre d'une secte active en Inde du XIIIe au XIXe siècle […] le thugisme était une confrérie parfaitement organisée, un culte héréditaire, dont les membres étaient aussi bien musulmans qu'hindous, et pratiquaient le vol et le meurtre par strangulation, actes qu'ils considéraient comme des rituels religieux.»

Explicitant pourquoi dans des lettres en persan qu'il adresse à Jenny, une servante anglaise dont il est amoureux, Amir Ali déforme son histoire et dit à Meadows ce qu'il souhaite entendre, confirmant ainsi ses préjugés sur l'infériorité des Indiens et la barbarie des thugs. C'est alors que, dans ce Londres Dickensien et brumeux, dans des bas-quartiers envahis par la misère, la prostitution et les fumeries d'opium, quelques décennies seulement avant Jack L'éventreur, un tueur en série attaque et laisse derrière lui des cadavres mutilés, tous décapités. À cause de son prétendu passé et de sa peau trop sombre, Amir Ali est rapidement suspecté.

«Un individu comme le thug ramené dans notre pays par notre bon ami le capitaine Meadows… Je dois avouer qu'avec sa moustache pointue, ses mèches flottantes et ses yeux sombres, fuyants, il a tout l'air d'un meurtrier vindicatif, d'un praticien d'inqualifiables rites barbares. Je m'étonne que le capitaine, si érudit, puisse ainsi l'héberger.»

Dans ce roman formidablement subtil, l'auteur déploie une narration polyphonique, puzzle des documents exhumés chez le grand-père du narrateur, le manuscrit du capitaine Meadows, les lettres persanes d'Amir Ali, des articles de presse sur le tueur en série, et voix du narrateur assembleur de l'histoire, hanté par les fantômes de ses personnages, et qui comblera certains blancs lorsque les traces écrites viendront à manquer.

Dénonçant le racisme et le comportement abusif des classes dominantes, tournant en ridicule les préjugés barbares envers les immigrés débarqués des terres lointaines de l'empire colonial britannique, montrant comment ceux-ci déploient des trésors de ruse pour survivre et se rendre justice dans ce milieu profondément injuste, Tabish Khair démontre une fois de plus ses talents de conteur et son habileté de joueur, dans ce deuxième roman de 2010 (2012 pour la traduction française de Blandine Longre aux éditions du Sonneur), avec une intrigue construite comme un millefeuille, qui peut être abordée par chacune de ses couches, le roman policier, la critique sociale et du colonialisme et, au-delà, par son questionnement incessant sur le rapport du roman au réel.

«Lorsque je repense aux heures passées en prison, je me vois en train de fixer un miroir dans lequel se reflète un individu qui est moi sans l'être. Si je ne suis pas le thug engendré par mon imagination, je me retrouve incapable de dire qui je suis véritablement.
Ne sommes-nous alors rien d'autre que les jouets du langage ?
À quel moment racontons-nous des histoires, et à quel moment celles-ci nous racontent-elles ?
Oh mon amour, j'aimerais que tu sois déjà de retour, que je puisse te toucher et me dispenser de mots.»
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Voici un roman à trois voix et même à quatre voix sur la fin.

Un Indien de riche extraction trouve dans la bibliothèque de son grand-père décédé un livre sur les Thugs, secte d'assassins. Il va partir de cette lecture et de ses lectures des auteurs anglais du 19e siècle pour imaginer une histoire où le Thug du livre se retrouve dans les bas-fonds de Londres, où une série de crimes est en train de se commettre.

A moins que l'histoire ne soit une histoire d'amour, à moins que …

A vous de découvrir. Mais j'ai trouvé cette lecture fort plaisante.
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Livre dense et foisonnant, dans lequel plusieurs récits s'entremêlent. Celui du narrateur (auteur ?) quelque part, surtout à partir d'une bibliothèque, celle de son grand-père, qui n'existe plus en réalité mais qui reste le lieu de tous les rêves et tous les possibles. Et divers récits qui tournent autour du Thug du titre, Amir Ali, un Indien. Les Thugs étaient une sorte de secte, au service de la déesse Kali, qui se livraient à divers crimes et délits, dont le meurtre par strangulation. Combattu par le colonisateur britannique, ils ont été objet de terreur et d'imaginaire. Amir Ali raconte sa vie de Thug au capitaine Meadows, scientifique de vocation, adepte de la phrénologie, qui l'amène à Londres. Ce récit (tout au moins une partie) nous est livrée, mais aussi des textes qu'Amir Ali écrit à la jeune femme dont il tombe amoureux. Et il y a aussi des récits centrés sur d'autres personnages de ce Londres du XIXe siècle, John May qui cherche à survivre dans ce Londres féroce pour les pauvres, le richissime lord Batterstone, un ex-militaire irlandais marié à un indienne….Ils racontent tous ce Londres terrible, fascinant, et dangereux aussi, des meurtres atroces sont commis de la même façon, les cadavres décapités, et l'ex-Thug Amir Ali est forcément soupçonné.

Livre complexe mais non compliqué à lire, il y a un côté ludique, un humour au second degré, une intrigue policière…Même si l'auteur aime jouer avec le lecteur, s'arrête parfois alors qu'on pensait savoir où il nous amène (mais pourquoi dire l'évidence semble-t-il nous dire), ce qu'il veut raconter c'est l'image et la place de l'étranger, vu comme une autre race, forcément inférieure, avec les stéréotypes et les fantasmes. Il crée des personnages multiples et terriblement attachants, des intrigues nombreuses et magistralement orchestrées…tout s'enchaîne à merveille et on est captivé et fasciné.

Brillant, intelligent, terriblement bien écrit (avec des variations d'écriture éblouissants dans les différents récits), un livre qui procure un grand plaisir de lecture et qu'on n'oublie pas de sitôt. Je vais me procurer d'urgence Apaiser la poussière.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les fantômes sont blancs, dit-on. Comme la maison dans laquelle débute cette histoire : ainsi que toute histoire, celle-ci a débuté ailleurs. Dans une maison dont l’allée était couverte de graviers rougeâtres, avec des parterres de roses étiolées, des bosquets où poussaient oranges amères et mangues charnues ; une maison blanche et fantomatique à Phansa.
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« Je reconnais, ô Kaptaan Sahib, le bien-fondé de vos critiques, car j’ai été exposé, quoique de manière fugace, aux merveilleux rayons de votre Dieu de la Raison et je me suis amendé, abandonné les pratiques maléfiques et ancestrales des thugs. Mais si vous aviez émis ces critiques en présence de mon père et de ses compagnons, voici ce qu’ils vous auraient répondu : vous autres, Anglais, n’êtes-vous pas férus de chasse ? Un lion, un loup ou un éléphant excite votre désir effréné de destruction – si bien que vous risquez votre vie pour le pourchasser. Le gibier du thug est d’une catégorie nettement supérieure et sa poursuite beaucoup plus juste, car l’homme se mesure alors à l’homme, et non à une bête stupide, désorientée. De même, n’éprouvez-vous pas un vif intérêt pour les batailles et les guerres grâces auxquelles vous remportez ici une ville, là un marché ? L’activité d’un thug est nettement moins sanglante ! »

« Il suffit, Amir Ali. Ne ressassez pas ces mauvaises pensées. Il suffit. » (p. 70)
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