Il est de retour…
Oui, il est revenu de loin pour nous faire frissonner à nouveau… En vérité, je vous le dis, le King est ressuscité ! – heu… oui, mais non, il était pas mort ce King-là me direz-vous… ? Non, mais si en fait, il était un peu mort avec son étrangement soft suite à The
Shining, Dr Sleep, qui avait d'ailleurs manqué m'endormir, un comble.-
Oui mais là, mais alors là ! Non mais, là, non mais alors là… - Miou-Miou, sort de ce corps !- je dis « Oh yeah ! Holly cow ! The King is back, Alléluia ! le Roi est mort, vive le Roi ! ».
Parce qu'il fallait le faire, reprendre ce bon vieux thème du voyage dans le temps, et lui insuffler un nouvel élan, une nouvelle force narratrice. Ce projet qui mûrissait dans la cervelle de
Stephen King depuis 20 ans, a enfin vu le jour, au bon moment, une fois que l'homme a enfin réussi à dompter ses démons. Et le résultat valait bien une telle patience et constance : c'est un pur chef d'oeuvre. Mille fois réussi, le risqué pari… Et d'ailleurs pas loin de mille pages (937) pour ce pavé qui se dévore sans ennui ni longueur.
Le King a retrouvé sa verve, son mordant, son intensité, tout en s'étant débarrassé de ce « tic » qui faisait un peu sa signature, et qui repoussait nombres de potentiels lecteurs : les fameux longs monologues intérieurs des personnages, qui parfois étaient carrément, disons-le tout net, chiants. (Dans
Cujo par exemple, la logorrhée intime des persos secondaires est tout juste insupportable…)
Qu'elle soit littéraire ou alcoolique, du fait de cette sobriété retrouvée, son récit est dense mais fluide, et hormis quelques descriptions de lieux un peu trop poussées (mais les puristes de l'affaire JFK doivent apprécier), pas un temps mort, rien à jeter dans ce thriller fantastique autour de l'assassinat de Kennedy par Oswald. du pur génie.
Et je ne vous ferais pas l'affront de vous narrer par le détail l'histoire (« quelques » critiques précédentes auront remplies ce rôle…), mais juste le début, la mise en bouche… : Al, la cinquantaine, restaurateur, confie à l'un de ses clients, Jake, 35 ans, prof d'anglais, que lui, Al, n'en a plus pour longtemps à vivre – cancer – et qu'il veut lui montrer « un truc » avant de faire le grand saut… à l'arrière de sa caravane Diner, une faille temporelle qui permet de retourner dans le passé, en 1958…
Voilà, la bombe est lâchée. Et vous, vous n'aurez d'autre choix que celui de tourner et tourner encore ces pages pour vivre une odyssée incroyable aux côtés de Jake de retour dans les 50's-60's… le rock-n-roll encore jeune, les voitures, l'air du temps… JFK encore vivant…
Oui, mais… on ne se promène pas impunément dans le passé cher Jake… Quel sadique ce Stephen, toujours à chambouler ce qui semble aller comme sur des roulettes…
J'ai ressenti une intense jubilation à lire ce livre, retrouver mon bon vieil ami de toujours, ce conteur de génie de King, que je croyais perdu à jamais… J'ai retrouvé aussi avec grand plaisir d'autres « têtes connues » : un clown tueur rôde à Derry… Jake la vadrouille n'est pas loin non plus, les Territoires sont devenus « l'Amérique d'avant »… comme une résonnance harmonique avec des aventures d'autres Territoires… Les fantômes des histoires passées nous font des clins d'oeil. Cette connivence que sait créer
Stephen King pour ses lecteurs de la première heure, c'est fort. Et je l'aime aussi pour ça mon Roi.
Challenge pavés 2015-16