Ce n'est pas un livre à commencer le soir, vous êtes prévenu, parce que si vous le faites, vous risquez de vous retrouver comme moi, à vous coucher à deux heures du matin pour progresser le plus possible dans votre lecture puis le terminer ensuite dans la matinée. Oui, je suis une grande lectrice, pour ne pas dire une boulimique de lecture, et j'aime aller au bout des choses, j'aime constater aussi que je suis toujours capable de lire des livres conséquents, des livres qui questionnent.
Oui, ce livre commence par un crime horrible, atroce, duquel il ne faut pas détourner les yeux, un crime qui déjà, questionne : pourquoi torturer un médecin avant de l'assassiner, et pourquoi celui-ci n'a-t-il rien tenté, quand il le pouvait encore, pour se défendre ? Ce n'est pas que l'auteur nous montre tout, c'est qu'il ne cache rien non plus des réactions des policiers, des enquêteurs qui découvrent la scène de crime, de ceux qui officieront et se demanderont qui ? et pourquoi ?
Alors… ce n'est pas un livre pour ceux qui ne veulent pas voir la part sombre de la médecine, qui n'est pas prédominante, heureusement, mais qui a toujours existé. Je pense au secret de l'abbaye de Brigitte Aubert, qui parle aussi de tératologie et de l'expérimentation menée par certains médecins. Je pense, au sujet de l'expérimentation, à
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Toni Morrison. Ce livre s'inscrit dans cette lignée, et nous montre ce que la médecine peut faire de meilleure pour aider les personnes atteintes de maladie génétique, mais aussi ce qu'elle peut faire de pire quand des personnes totalement barrées ont réussi à mener à bien des études de médecine.
Là, vous vous dites que j'en ai déjà beaucoup révélé sur l'intrigue, cependant je n'ai fait que vous parler de la victime, et de tout ce qu'elle cachait. Je n'ai même pas envie de parler de « part d'ombres », parce qu'il aurait encore fallu qu'il y ait quelque chose de solaire dans cette personne. Et le soleil, le positif, il faut le chercher ailleurs. Non, pas chez sa femme, qui préfère garder le silence sur ce qu'elle sait, très certainement. Je pense au capitaine Gabriel Stanos. Il enquête, même s'il est entièrement tournée vers la femme de sa vie, qui souffre d'un cancer en phase terminal. Alors enquêter, c'est jongler, pour être joignable tout le temps, si elle se trouvait mal, si elle avait besoin de lui – parce que sa femme lutte sans jamais lui faire de reproche sur son travail. Oui, on peut être policier, avoir trouvé un certain équilibre et voir cet équilibre s'effondrer à cause d'un coup du sort. La part d'ombre ? Il l'a laissé derrière lui, définitivement pense-t-il, il a en tout cas tourné la page, ou croyait l'avoir tourné, quand son enquête la lui remet pile sous les yeux. Il serait tentant de dire que cet part d'ombre n'était pas la sienne, ce serait mentir, tricher. Contrairement à d'autres, il a compris en quoi ce dont il faisait partie – parce qu'il n'était qu'un des participants, un parmi d'autres – était sordide.
Poids de la religion ? Aussi. Pourtant, cela semble totalement incompatible avec la science – si ce n'est que les « monstres » ont longtemps été, aux yeux d'un monde dans lequel la religion était omniprésente, les « oubliés de Dieu ». Il est tant de manière d'apprendre à quelqu'un à se détester lui-même. Il en est tant, aussi, pour tenter de réparer les dégâts. Encore faut-il qu'il en soit encore temps.
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