Cet absent-là

Ce livre est une méditation sur le souvenir. Qui dit souvenir, dit image. Qui dit image, dit netteté. Netteté du souvenir face à un processus de mémoire qui laisse tomber nombre de souvenirs dans l'abîme de l'oubli irrémédiable.
Ce livre est une méditation sur le souvenir de l'être aimé. L'enfant qui n'a pas vécu ou le compagnon dont on s'est séparé. Qui dit être aimé, dit visage. Qui dit visage, dit image notamment photographique. Et là aussi on retrouve cette idée de netteté mais aussi celle de dévoilement de m'être intérieur ou au contraire de dissimulation.
Le texte est accompagné de photos réalisées par Rémi Vinet, des portraits en noir et blancs, plus ou moins flous, qui accentuent l'atmosphère grise de la prose de Camille Laurens. Leur présence est somme toute paradoxale car si j'ai bien compris le texte associe d'une certaine façon la photo à la mort et au passé. Photographier, c'est mettre en boîte comme on met un cadavre dans le cercueil.
Par ailleurs, j'ai été un peu irrité par la version 'harlequinesque' de la rencontre amoureuse donnée par Camille Laurens, où la femme succombe en un coup de foudre au beau prince charmant, viril, ténébreux et irrésistible.

Eblouissement, instantané, don du visage, Camille Laurens parle du premier regard qui nous fait apparaître, "être à part". Parce que l'amour est ce qui rend visible, la photographie doit en être riche pour que le portrait soit l'image vivante. Et ne fige pas un fantôme...
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