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Rose Celli (Autre)
EAN : 9782070374977
640 pages
Gallimard (12/10/1983)
3.45/5   32 notes
Résumé :
L'équipage du narrateur rencontre une pirogue à bord de laquelle un vieux prêtre polynésien mène au sacrifice une vierge blonde.
Le héros, afin de sauver la jeune fille, Yillah tue le prêtre. Le héros aborde à l'archipel de Mardi, où le demi-dieu Tadji s'emparer de lui. Yillah disparaît. La quête devient l'événement central du roman. Yillah cesse d'être une femme pour devenir symbole de beauté de pureté, et d'harmonie. Comme Moby Dick, Mardi est un grand livr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
L'expérience de lecture traversée avec ce livre peut se ressentir assez aisément par le temps consacré: quasiment un mois de lecture. L'ouvrage est certes à classer dans la catégorie pavé, mais uniquement de justesse (515 pages). Après le voyage d'abord craint mais finalement très réussi fait en compagnie de l'auteur et son Moby Dick, je m'engageais pourtant en confiance dans une nouvelle aventure aquatique, thème de prédilection du marin-philosophe Melville.

Car, en effet, comme dans Moby Dick, on comprend assez vite que l'auteur n'a pas seulement pour ambition un roman d'aventures. Si on décrit pourtant rapidement le sujet, un marin qui décide par ennui de fuir le bateau de pêche à la baleine dans lequel il a embarqué, pour partir à l'aventure avec un compagnon d'ascendance viking sans bien savoir ce qu'il vise et qui tombe sur un archipel assez paradisiaque peuplé par une civilisation qui semble n'avoir pas eu de lien avec le monde extérieur, on a plutôt des bons ingrédients de roman d'aventure classique. Malheureusement, le tout est "banalisé" par une quête amoureuse sans espoir d'une jeune femme libérée par le narrateur et très rapidement enfuie mais qu'il se donne pourtant pour but de retrouver parmi les différentes îles de l'archipel.

Et quand vous constatez que l'ami viking est tout bonnement abandonné (par le narrateur comme par l'auteur) et "remplacé" par quatre compagnons des îles, un roi demi-dieu, un historien, un poète et un philosophe, vous comprenez rapidement que l'aventure va s'arrêter là, et que le roman va servir de prétextes à de nombreuses discu-digressions philosophico-poético-religio-historiques (pour n'oublier aucun des spécialistes compagnons). On finit régulièrement au fil des chapitres par même perdre de vue le narrateur aventurier et sa quête, qui ne nous est rappelé que par les régulières attaques vengeresses des geôliers de la belle échappée et par les chants des sirènes d'une reine mystérieuse... qu'on voit venir de tellement loin comme le dénouement logique de l'intrigue qu'on a peine à ne pas agonir d'injures ce narrateur qui les fuit au lieu de comprendre comme nous qu'il faut les suivre....

Ce livre fait suite aux deux premiers romans de l'auteur, qui se résument au récit à peine romancé des vraies aventures maritimes de l'écrivain . Il précède le chef d'oeuvre Moby Dick où Melville parvient à combiner harmonieusement une aventure épique et un propos profond sur l'humanité mise face à ses propres limites. Mardi est donc un brouillon de chef d'oeuvre, une tentative de dépasser le simple roman d'aventure pour atteindre à une oeuvre plus profonde.... mais le marin-écrivain Melville, trop novice dans ce genre de coulée littéraire, ne peut éviter la noyade et nous y emmène, sous des torrents d'idées et de références intellectualisantes, cherchant son propre chemin et ne le trouvant pas encore tout à fait. Il est donc finalement intéressant d'assister à la naissance d'un écrivain... mais pendant 500 pages, l'accouchement est compliqué et douloureux.

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Parce que le capitaine décide de prendre la direction de l'Arctique et du froid pour la chasse à la baleine, alors qu'il était prévu que le bateau reste dans le Pacifique Sud pour cette chasse, le narrateur décide de le déserter en "empruntant" une chaloupe. Il a en effet repéré, à plusieurs lieues, des îles qui sont selon lui les îles Kingsmill, en actuelle Micronésie, où se rendre. Après s'être trouvé un compagnon de voyage, les voilà partis pour un long périple sur mer, ponctué de diverses aventures, dont la dernière scellera leur destin, surtout celle du narrateur, et les mènera sur l'archipel de Mardi... ce qui ne sera que l'occasion de nouvelles aventures.

Comme à son habitude - enfin du moins en comparaison des trois autres romans lus de Melville auparavant -, l'auteur ne nous mène pas du tout où l'on l'attend : en effet, ce qui démarre comme un roman d'aventures polynésien prend progressivement des atours de conte philosophique, en ce que l'archipel dont il est question, totalement imaginaire, nous permet de découvrir d'autres moeurs, d'autres religions, d'autres coutumes, d'autres récits, historiques ou légendaires, qui construisent une histoire presque utopique de Mardi - qui sera à relativiser au fil des découvertes.

Le narrateur, tout comme ses compagnons, dont la liste s'étoffe au fil des rencontres, nous proposent, face à cet archipel qui les étonne autant qu'il les émerveille, une réflexion profondément philosophique et humaniste.

Une belle surprise, encore une fois, à l'ouverture d'un roman de Melville, même si, encore une fois, sa lecture en est exigeante, car particulièrement contemplative et réflexive, et de fait d'une grande richesse. J'ai désormais assez tourné autour du pot : il est temps de me frotter à Moby Dick. Ce sera pour 2022 !
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S'étant embarqué dans la perspective excitante d'une glorieuse campagne de chasse au cachalot, et déçu d'apprendre que le capitaine de son navire s'est rabattu sur une vulgaire chasse à la baleine commune, le narrateur, décide de déserter en plein Pacifique Sud. Au large de Mardi, une contrée constituée d'archipels, il sauve d'un destin funeste Yillah, une apparition splendide et éphémère, telle l'aurore aux doigts de rose, tuant du même coup le prêtre qui voulait la sacrifier pour quelque divinité devant toute la tribu de ses enfants rassemblée. Finalement rendu à Mardi, notre héros, pour se gagner les bonnes grâces des autochtones se fait passer pour un Taji, une manière de demi-dieux, et se voit fort civilement accordé l'hospitalité par Media, souverain d'Odo, qui lui propose de lui prêter son concourt pour retrouver la belle disparue. Mais le roi ne part jamais sans sa cour et l'équipage s'accroît de trois sommités : Mohi ou Barbe Tressée, éminent historiographe, Babbalanja, savant philosophe et Yoomi juvénile ménestrel. Ainsi débute la poursuite d'un rêve qui sera l'occasion de la découverte des nombreuses îles des états de Mardi, l'équipage étant lui-même l'objet du pourchas de deux embarcations, l'une furtive, Némésis du narrateur, occupée par trois des fils du sacrificateur sacrifié, l'autre par trois nymphes, envoyées fleuries en commandite par une reine qui s'est amourachée de l'aventurier.

Comme il appert par le présent résumé et comme il est déclaré en creux par l'auteur lui-même Mardi et une oeuvre "effrénée, en désordre, sans suite, tout en épisodes". Plus loin l'adresse est des plus explicite : " Donc, si après mille efforts pénibles, le lecteur décrète qu'on n'a pas atteint le port, cependant il vaut mieux sombrer dans les profondeurs en cherchant avec ardeur, que flotter sur un banc de sable". Et effectivement, Mardi fut un échec total pour l'auteur, le lectorat étant déçu de ne pas y retrouver un récit du genre autobiographique, d'aventures exotiques de marin. Pesamment allégorique, Mardi apparaît comme une juxtaposition assez factice d'épisodes d'intérêts et de valeurs fort disparates. Des épisodes sans relief de découverte d'îles, alternent avec de véritable morceaux de bravoure laissant libre court aux envolées lyriques, de rares passages délicatement relevés d'une ironie légère contrebalancent d'autres chapitres aux considérations philosophiques sans grande originalité. Péchant singulièrement pas son manque d'unité, Mardi est de ces livres dont on peut avec profit lire sans suite quelques morceaux choisis.
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Mardi est une oeuvre extraordinaire qui mérite certainement sa récente exposition auprès d'un plus large public. Peut-on réellement parler de roman ? Oui, mais si l'on entend par là la "romance". Composition fleuve, infinie et sans fin (dans son cas, est-ce vraiment une redondance ?), Mardi contient tout ce qu'un livre peut contenir, peut-être. En même temps qu'il constate intempestivement sa propre incapacité à saisir la complexité de l'univers. Mais Dieu qu'il s'approche dangereusement de la source du grand secret ! Un chef d'oeuvre absolu.
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Au début j'ai été embalé par l'histoire!! Un jeune marin qui déserte de son baleinier avec un autre marin sur une petite barque! Ils sauvent d'un sacrifice humain surement une jeune fille, s'installe sur une île de l'archipel de Mardi et la jeune fille disparaît! Tout un roman d'aventure, une recherche à travers toutes les îles de l'archipel, chacune ayant un roi et une histoire! Tout ça avait l'air passionnant et bien j'ai été un peu déçue, beaucoup trop de descriptions, détallées, et même trop détaillées des habitants, de leurs différents rois et des habitants!!! J'ai perdu le fil et j'ai du m'accrocher pour arriver à la fin!!
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Anomalie ! ... Sire, bien que nous galvanisions des cadavres et puissions leur donner la danse de Saint-Guy, nous ne ressuscitons pas les morts. Bien que nous ayons découvert la circulation du sang, les hommes meurent comme autrefois. Les bœufs paissent, les moutons bêlent, les bébés crient, les ânes braient aussi fort qu'avant le déluge. Les hommes se battent, puis se réconcilient ; se repentent, puis recommencent ; se gavent, et meurent de faim ; rient et pleurent, prient et blasphèment ; volent, trompent, provoquent, filoutent, caressent, fraudent, mentent, mendient, empruntent, pendent, noient comme dans les anciens temps. Rien ne change malgré les mœurs nouvelles : les modes ne font que répéter les manières du passé. Dans les livres du passé, nous nous instruisons sur le passé ; dans les livres d'aujourd'hui nous retrouvons le passé.
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Mon Viking avait hérité de ses ancêtres, les monarques de l'océan, une de leurs vertus cardinales, l'hostilité à l'égard des liqueurs fortes, au point qu'il ne pouvait en voir sans la faire disparaitre en l'avalant d'un trait.
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A vrai dire, comment se souvenir du temps où l'on n'existait pas ? Il nous semble que nous vivons depuis la création. C'est ce qui fait qu'il nous est si dur de mourir avant que le monde ne disparaisse.
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Ceux qui étudient l'histoire sont frappés d'horreur au récit des massacres de jadis, mais aujourd'hui encore, en cet instant même, on envoie des hommes à l'abattoir. Si le temps pouvait se renverser et l'avenir changer de place avec le passé, le passé nous maudirait, nous et notre avenir, aussi fort que nous maudissons les époques disparues.
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Chapitre CLXI

Ceux qui étudient l'histoire sont frappés d'horreur au récit des massacres de jadis, mais aujourd'hui encore, en cet instant même, on envoie des hommes à l'abattoir. Si le temps pouvait se renverser et l'avenir changer de place avec le passé, le passé nous maudirait, nous et notre avenir, aussi fort que nous maudissons les époques disparues.

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Videos de Herman Melville (73) Voir plusAjouter une vidéo
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Herman Melville n'a jamais su que le roman qu'il avait écrit à l'âge de 31 ans deviendrait un jour l'un des livres les plus célèbres du monde. Il est mort dans la misère et son chef-d'oeuvre, « Moby Dick », n'est devenu un succès que près d'un demi-siècle après sa disparition.
« Moby Dick » d'Herman Melville, à lire dans sa nouvelle traduction chez Gallimard
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