Je ne sais quoi penser de ce livre ; j'ai eu l'impression que l'on parlait de l'homme et de la femme comme l'on parlait dans d'anciens grimoires métaphysiques de l'être et du néant : des mots un peu trop vides de sorte alors que chacun peut en remplir le sens comme il l'entend. Je n'ai pas de sympathie avec les pseudo-évidences comme "depuis un certain temps on constate", "aujourd'hui les femmes", etc. Le livre est surtout intéressant par moments quand il se réfère aux artistes ou aux cinéastes (avec leurs citations). Je pense que ce livre est INVOLONTAIREMENT intéressant : l'homme que je suis a surtout été étonné de découvrir les points de vue de F. Giroud (une femme) sur l'homme. Je pense qu'une lectrice pourrait être tout autant étonnée de découvrir le point de vue masculin sur la femme. J'ai ainsi apprécié ce passage où Giroud affirme que "Stendhal dit que l'amour aime à première vue une physionomie qui indique à la fois dans un homme quelquechose à respecter et à plaindre" (p. 193).
On a découvert en éthologie que ce que les chercheurs appelaient "domination" chez les espèces ne correspondait pas à ce que les chercheuses appelaient "domination". Pour l'homme, la domination est masculine puisque les mâles se battent pour les femelles et pour se reproduire. Pour les femmes, ce sont les femelles qui dominent parce que les mâles le font pour elles, et parce qu'ils ont besoin d'elles (elles qui attendent patiemment pour ensuite s'occuper de la progéniture, et donc le devenir de l'espèce). Ce qui est donc intéressant, ce ne sont pas les idées du chercheur masculin ou féminin, mais la découverte plus générale qu'il existe un point de vue masculin et féminin (on a ainsi reproché à Freud sa manière masculine de parler de la sexualité féminine, et son regard a été considéré comme tronqué).
Le livre de Giroud/Lévy est intéressant pour les mêmes raisons : non par ce que chacun dit, mais parce qu'on découvre que ce que chacun affirme est sexué-centré. Comment réussir à être objectif pour parler de l'homme ou de la femme puisqu'on est nécessairement sexué dans son regard et sa pensée ?Pour comprendre l'homme et la femme, faudrait-il un être a-sexué, un extra-terrestre : ou au contraire, ce dernier ne comprendrait-il rien ? Un androgyne n'aurait-il pas encore un autre point de vue ?
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L'éditeur se vante d'avoir eu l'idée de ces discussions entre Giroux et Lévy.
Après une lecture laborieuse, je retiens que cette idée n'était pas bonne, qui accouche d'échanges autour de vécus personnels dont on mesure mal la valeur d'exemple et de relatives banalités voire opinions de masse et de mode servies sans validation préalable.
Le dandy philosophe, de ci, de là, ranime l'intérêt du débat par des positions originales qui intéresseront les seuls lecteurs et lectrices passionnés par sa personne.
La journaliste, élevée au rang de ministre, assure le premier de ses deux jobs, ne résistant pas notamment à projeter sur le lecteur ses propres centres d'intérêts cancaniers ("je pourrais vous citer des noms, mais je ne le ferai pas"), tente de tenir son rang sur le terrain de la culture et des citations, mais brille surtout par sa capacité à ramener à terre l'Icare à la pensée bondissante.
Il manque à tout cela un substrat d'études psychologiques sérieuses et statistiquement représentatives.
Tel qu'il est, le bouquin ne va guère au-delà d'un truc, fait par des gens à la mode, pour des gens se préoccupant ou se contentant de la mode.
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Confrontations et échanges d'avis, d'opinions sur les positions que chacun, du haut de ses certitudes de femmes ou d'hommes peut avoir en regards sur l'autre.
Echanges à lire sans réelle découverte ni surprise de l'une ou de l'autre.
Simple instant de lecture d'échanges à suivre dans son débat.
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Le propre de la jalousie est qu'elle n'a pas de motifs. Tous les motifs, pour elle, se valent. Il n'y a pas de bons ou de mauvais motifs, de vraies et fausses jalousies. Il y a le jaloux simplement - qui s'empare de n'importe quel signe, indice, preuve ou motif pour en faire le support de sa construction délirante.
Aimer, c'est ne plus être tout à fait soi ; c'est perdre ; s'aliéner ; éventuellement, même, s'asservir à un autre ; c'est donc une aventure terrible ; c'est l'une des pires choses qui puisse arriver à un homme, ou une femme ; mais c'est tout de même, à la fin des fins, l'une des rares aventures qui donne son sel, et son prix, à la vie.
Un séducteur, ce n'est pas un homme unique, tout d'une pièce, qui irait de l'une à l'autre en restant, lui, le même. Non. Chaque proie le ravit. Chaque conquête le réinvente. Chaque nouvelle femme l'accouche, en quelque sorte, d'un autre lui-même
Pour moi l'érotisme c'est toujours un jeu, subtil, entre l'invisible et le visible... Le voilement et le dévoilement... La réserve la plus extrême et la nudité soudaine... C'est la pudeur, la réserve, la mise en scène, [...] et puis, là, sans crier gare, l'impudeur, l'obscénité...
Mais d'où vient que la fidélité soit si pesante ? Aux hommes plus qu'aux femmes, comme s'ils étaient taraudés en permanence par le besoin d'exhiber leur sexe.
En direct avec Françoise Giroud (1972) - 1