G.S., écrivain tout simplement

Je me souviens, à l'époque de sa sortie, je l'avais lu car l'écrivaine Amélie Nothomb, disait que c'était drôle et original;

Très original, ce livre l'est assurément. J'ai eu l'impression de lire le Flaubert du XXème siècle, le Flaubert ironique qui adore compiler les idées reçues en les condensant dans un personnage.

Cette synthèse ironique, on la trouve chez ce pauvre GS, homo urbanus moderne, assez intelligent pour comprendre sa médiocrité... mais pas assez pour la changer et en faire autre chose! C'est pourquoi ont rit jaune, très jaune parfois... et c'est là où, pour moi, le livre trouve sa limite. A force de se moquer de son personnage, Liberski ne le rend plus très sympathique et on finit par se foutre de ce qui lui arrive.

Suffisamment marrant pour qu'on lise ses histoires jusqu'au bout.

Pas assez pour mettre 5 étoiles et en faire un livre culte non plus.

Un livre spécial, donc... que j'ai lu il y a 20 ans au moins... et je m'en souviens! Cela valait le coup pour que je l'écrive et que je l'exhume modestement de l'oubli qui le guette.

Le narrateur de G.S., écrivain tout simplement du Bruxellois Stefan Liberski est pédant, arrogant, arriviste, insipide, mais il se croit doté d'une intelligence supérieure et imagine sans peine qu'un jour il écrira un grand roman qui marquera l'histoire de la littérature et qu'il la bousculera si bien qu'on ne pourra que lui décerner le prix Nobel.

Or, justement, G.S. est un écrivain sans livre paru, un paperassier qui accumule des carnets faits de citations ou dans lesquels il écrit quotidiennement son Journal (avec un J majuscule), mais dont on a pu lire deux ou trois articles dans des revues, ce qui lui a ouvert les portes des cercles mondains où poudre aux yeux fait bon ménage avec conversations sans substance. Ce qui lui permet de citer Lacan dont il n'a jamais lu un seul livre au complet tout en mettant de l'avant sa passion pour l'art conceptuel dont il peut pratiquement tout dire sans que personne ne vienne s'opposer à ses affirmations vides et truffés de clichés.

D'ailleurs, G.S. n'est-il pas un cliché lui-même? Un roman qui frôle le cynisme, mais dans lequel certains reconnaîtront peut-être de leurs congénères. Hélas. À moins que cela n'ajoute au plaisir de la lecture de roman féroce.
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