AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782073036841
Gallimard (05/10/2023)
4.09/5   22 notes
Résumé :
Un endroit, qu’est-ce que c’est ? Un endroit où il s’est passé des choses, des choses horribles ? Un lieu concret, dont on a effacé ou dont on efface encore les traces, mais qui reste chargé de mémoire, une mémoire enfouie comme l’ont été les corps, repliée sous des sols lissés ?
L’Ukraine, depuis longtemps, est remplie de ces « endroits inconvénients » qui embarrassent tout le monde : crimes du stalinisme, crimes nazis, crimes des nationalistes, crimes russe... >Voir plus
Que lire après Un endroit inconvénientVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"Un endroit inconvénient surprend par la précision des descriptions, la recherche historique des liens temporels, qui ont la capacité de transporter le lecteur exactement là où se trouve le sujet du livre, comme cela m'est souvent arrivé en lisant les livres de Jonathan Littell. Dans ce cas, il s'agit du tristement célèbre Babyn Yar.
L'éclectisme des livres de Littel est un délice, même si ce livre me rapproche beaucoup de ce que je considère être son oeuvre la plus importante à ce jour, "Les bienveillantes". Son essai sur Francis Bacon était très intéressant. Ce livre est également co-signé par le photographe Antoine D'agata, qui, comme Littel, nourrit un grand intérêt pour le peintre irlandais. Les photos de D'agata accompagnent parfois le texte, mais elles parcourent également un chemin solitaire dans ce lieu de souffrance et d'obscurité.
Il en résulte un livre beau, sincère et fortement intéressant pour ceux qui ont envie d'approfondir non seulement l'horreur des persécutions nazies, mais aussi la naissance du nationalisme ukrainien pro-nazi et antisémite, son évolution dans le temps jusqu'à changer de peau et devenir aujourd'hui, malgré ses mythes fondateurs, un élément unificateur du peuple ukrainien qui réclame avec force la démocratie, l'Europe et le pluralisme."
Commenter  J’apprécie          82
Un livre qui est fascinant pour plusieurs raisons. Une iconographie hors norme. Un mode d'écriture atypique et envoutant. Un regard affuté qui sait regarder dans les coins les détails d'une histoire plus grande. le parallèle entre les massacres de Babi Yar et les crimes de guerre de l'armée russe doit être pris pour ce qu'il est. le siècle de fer que fut le XX° ne nous a rien appris.
Commenter  J’apprécie          10


critiques presse (6)
LeFigaro
30 novembre 2023
Jonathan Littell excelle à raconter l'inénarrable, peut-être trop bien.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeFigaro
21 novembre 2023
Jonathan Littell publie "Un endroit inconvénient", un reportage sur les massacres de 1941 et 2022 en Ukraine.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Bibliobs
23 octobre 2023
C’est un livre singulier et dérangeant, qui coud un texte avec des photos… « Un endroit inconvénient » interroge la guerre en Ukraine et tire sa puissance de ce dialogue entre les mots de l’écrivain Jonathan Littell, l’auteur des « Bienveillantes », et les images hantées du photographe Antoine d’Agata.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LesInrocks
11 octobre 2023
Partis en Ukraine sur la piste de lieux qui ont vu la guerre, l’écrivain et le photographe arpentent l’histoire du pays, interrogent des survivant·es, désenfouissent les stigmates d’une violence humaine impossible à circonscrire… Entre texte et photos, un livre contre l’oubli.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LeMonde
06 octobre 2023
A la fois étude historique et témoignage [...] – combien de Boutcha dans les territoires actuellement occupés par la Russie ? –, enquête sur les criminels et mémorial des morts, il approche au plus près ce que ses auteurs sont venus chercher dans les rues d’Ukraine.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
05 octobre 2023
À la fois étude historique et témoignage sur le présent, il approche au plus près ce que ses auteurs sont venus chercher dans les rues d’Ukraine. On peut appeler cela le tragique, ou l’histoire. Peu importe : la différence est minime.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
À nouveau

1. En 1990, une femme qui m’était alors proche sollicita Maurice Blanchot pour une revue qu’elle éditait. La réponse lui parvint sous la forme de deux lettres : l’une, manuscrite et personnelle, l’autre, tapée à la machine et publique. Je traduisis en anglais cette dernière (sous un nom d’emprunt) pour la revue en question. Elle débutait ainsi : « Chère Madame, pardonnez-moi de vous répondre par une lettre. Lisant la vôtre où vous me demandez un texte qui s’insérerait dans le numéro d’une revue universitaire américaine (Yale) avec pour sujet “La littérature et la question éthique”, j’ai été effrayé et quasiment désespéré. “À nouveau, à nouveau”, me disais-je. Non pas que j’aie la prétention d’avoir épuisé un sujet inépuisable, mais au contraire avec la certitude qu’un tel sujet me revient, parce qu’il est intraitable. »

2. Un sujet intraitable qui me revient. On pourrait tout aussi bien dire une pierre lancée à la tête, qui m’assomme, me rend bête. Je n’avais même pas commencé que j’étais déjà épuisé. Blanchot encore : « Vouloir écrire, quelle absurdité : écrire, c’est la déchéance du vouloir. »

3. C’était vers le début de 2021, alors que l’Europe émergeait péniblement du Covid. Un ami me proposa d’écrire sur Babyn Yar. « Pourquoi tu n’écrirais pas quelque chose sur Babyn Yar ? Tu devrais écrire sur Babyn Yar. » À nouveau ? Oh non, pas à nouveau.

4. Cet ami était très convaincant. « Écoute, tu travailles sur Tchernobyl, me disait-il. Babyn Yar c’est pareil, c’est une Zone. » L’idée n’était pas inintéressante. D’autant plus que « Zone d’exclusion », le terme d’usage en français comme en anglais, n’est pas une traduction correcte : Zona vidtchouzhennia, le terme ukrainien, tout comme le terme russe Zona ottchouzhdeniia, serait plutôt « Zone d’aliénation ». Pour un temps, j’ai vaguement songé à en faire mon titre. Mais c’était une fausse piste.

5. Antoine d’Agata se trouvait par hasard à Kyiv. « Si on faisait ça ensemble ? », je lui ai dit. Dans le désarroi et la confusion, c’est toujours mieux d’avoir de la compagnie.

6. On est allés ensemble visiter l’endroit. C’était en avril, il faisait gris, les arbres étaient nus. Il n’y avait vraiment pas grand-chose à voir. J’ai dressé un inventaire : deux parcs, une forêt, un grand ravin et quelques petits, une rivière souterraine, des monuments (beaucoup de monuments), trois églises dont une fort ancienne et deux neuves, une synagogue elle aussi flambant neuve, un asile psychiatrique, une prison psychiatrique, un institut psychiatrique inachevé, deux cimetières (l’un orthodoxe, l’autre militaire), les traces de deux autres cimetières rasés (l’un juif, l’autre orthodoxe), les bureaux de la télévision ukrainienne, la tour de la télévision ukrainienne, des immeubles d’habitation, des boutiques, des écoles et des jardins d’enfants, un cinéma abandonné, un métro, une maternité, un hôpital, une morgue. Antoine était aussi peu convaincu que moi : « Tu veux que je photographie quoi, au juste ? » Décidément, me disais-je, mieux vaudrait peut-être tout planter là. Oublier cette histoire, passer à autre chose.

(INCIPIT)
Commenter  J’apprécie          112
Le poète kyivien Leonid Kisseliov, mort de leucémie à 22 ans, a écrit en russe les vers suivants :
Ia postoïou ou kraïa bezdny
I vdroug poïmou, slomias v toske,
Tchto vsio na svete – tolko pesnia
Na ukraïnskom iazyke.

Je me tiens au bord de l’abîme
Et soudain je réalise, brisé par l’angoisse,
Que le monde entier n’est qu’un chant
En langue ukrainienne.
Commenter  J’apprécie          125
Le petit peuple du centre de l’Ukraine – ce qu’en référence au Dnipro, qui coupe le pays en deux, on appelle l’Ukraine de la rive droite – croyait autrefois que « Dieu a créé la terre plane et Satan a fait les ravins, les bosquets obscurs et les endroits sans lumière où se cachent les esprits ». À Kyiv, Allemands puis Soviétiques ont prolongé l’œuvre de Dieu, effaçant celle du diable.
Commenter  J’apprécie          70
L'air ce matin-là était exceptionnellement léger. Le cri des oiseaux, on aurait dit, ne faisait que rider la surface profonde et claire du silence transparent. (Vassili Grossman, cité p. 40)
Commenter  J’apprécie          20
Ici et là la lumière glauque et dansante de nos torches se reflétait sur une araignée figée, blanche, dévorée par un étrange champignon souterrain qui épousait sa forme. (p. 313)
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Jonathan Littell (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jonathan Littell
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv : https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Quel roman, le premier d'un jeune inconnu de 39 ans, a-t-il reçu le prix Goncourt au début du siècle et déchainé une controverse aussi violente que l'histoire qu'il raconte ?
« Les Bienveillantes », de Jonathan Littell, c'est à lire en poche chez Folio.
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (121) Voir plus



Quiz Voir plus

Je suis un personnage de bande dessinée

Falbala

Largo Winch
Corto Maltese
Tintin
Astérix
Lucky Luke

12 questions
16 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur ce livre

{* *}