de B.
Traven on sait qu'on ne sait pas tout et je n'y reviens pas. Par contre je reviens régulièrement à ses oeuvres, et, pour la première fois après les romans
le trésor de la Sierra Madre,
le vaisseau des morts,
La révolte des pendus,
La charrette,
le pont dans la jungle je découvre les dix nouvelles du recueil
le visiteur du soir. La" lecture" me semble trouver dans les histoires mexicaines de
Traven son incarnation la plus précise. A savoir un total plaisir du récit, qui vous emporte dans ce Mexique rude et toxique, sur les traces d'un toubib presque anachorète, d'indiens peinant à survivre, de paysans assommés de labeur.
B. Traven aimait ces gens-là, lui qui avait hérité par exemple de la radicalité d'un
Jack London dont je le trouve proche. Mais ce n'est pas cela qui m'a intéressé chez
Traven.
Raconteur d'histoires, c'est la plus belle définition de la littérature et
Traven s'y entend pour en quelques dizaines de pages nous immiscer dans ce vaste pays qui le subjugua. Chaîne de montage par exemple analyse finement l'exploitation de la misère à travers la mésaventure d'un Indien, vannier qu'un gringo sous couvert d'un coup de pouce tente de déposséder. Une conversion manquée pointe pareillement l'ambiguité, le mot est faible, du rôle des prêtres dans la vie de ce Mexique rural si cher à l'insaisissable B.
Traven. La mort, cette éternelle invitée des poussières autochtones est éminemment présente, carnavalesque parfois, grandiose toujours.Si l'origine allemande de
Traven est controversée, si ses itinéraires prêtent à discussion, nul doute que c'est bien en amoureux du pays mexicain qu'il gagnera la postérité. Mais
Traven n'est pas un amoureux transi et mutique, et seul peut-être Eisenstein dans Que viva Mexico! me semble avoir aussi bien compris et décrit le baroquissime état géant d'Amérique Centrale.