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EAN : 9782228894876
203 pages
Payot et Rivages (30/09/2001)
4.19/5   8 notes
Résumé :
Vous êtes là, dans le désert du Sonora. Ou au bord d'une rivière. Quoi? Le frisson du vent dans les roseaux, la danse d'un héron, la fraîcheur d'un matin sur la peau: rien. Ne partez pas encore; Écoutez: l'eau descend en cascade de la montagne, rebondit de roche en roche - elle est toute énergie, turbulences, en elle un monde s'éveille, de hérons, d'ours, de saumons argentés.

Dans ses tourbillons s'agitent les récits des gens de la rivière. Il y a de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Barry Lopez est l'un des grands nature writers américains contemporains (1945-2020). le recueil le chant de la rivière suivi de Reflets dans un oeil de corbeau se constitue de notes et historiettes en milieu forestier et dans le désert du Sonora dans le sud-ouest des Etats-Unis.
Dans un style parfois déroutant (les pensées du narrateur se mêlent à son ressenti physique) le récit donne droit, toutefois, à de belles envolées lyriques.
L'univers poétique des paysages est retranscrit comme vu à travers le prisme d'un microscope, le moindre grain de sable de la rivière est ausculté, la faune et la flore possèdent leur langage et leur âme propre. Mais toute cette magnificence est teintée de tristesse et de drame qui nous rappelle l'âpreté de la nature.
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Un recueil en deux parties : la première autour de la rivière, la seconde aux confins d'un désert.

Un recueil pour se reculer du monde, découvrir d'autres paysages, écouter d'autres voix. Dans ces pages, on ne reçoit que la visite d'oiseaux, de cerfs, d'ours, de serpents, des saumons étincelants et autres animaux sauvages. On ne rencontre que très peu d'humains, encore ont-ils un lien avec l'imaginaire, un fil qui les relient à un monde plus subtil ou à l'opposé, ne sont-ils évoqués que pour leurs actes qui malmènent la nature.

La rivière comme comme une sylphide tout en gouttelettes, tout en ondulations. Elle étreint le héron, l'hôte de ses bords, oiseau immobile attentif et parfois cruel. le génie des lieux.
La rivière comme une finalité, un exutoire : celle qui engloutit les chagrins, les peurs. Celle à qui on confie les tourments, certain si elle les recèle, qu'ils disparaîtront.
La rivière qui vit, parle, meurt, donne la vie et la reprend.

Le désert, lieu de recueillement, accompagne l'examen de soi. Il abrite des peuples aux habitudes de vie inconnues, incompréhensibles, des animaux qui se questionnent sur la bonne volonté des hommes. Il ralentit le temps, laisse celui qui ose y pénétrer écouter le sable qui glisse dans le sablier. Il reprend le territoire qu'on lui a dérobé, grignote ruines et vestiges de ce qui est abandonné comme on effacerait des souvenirs qu'on préfère oublier.


Des récits très courts, dans une langue poétique, imagée, créant sensations et jeux de lumière. C'est très beau à lire, parfois un peu hermétique, la clef d'entrée dans ces mondes demande beaucoup de patience et une nécessité de relecture.

Un très beau livre qui ne se raconte pas, qui doit être découvert doucement pour en appréhender toute la sensibilité.
Un recueil presque pour méditer sur ce monde qu'on habite, qu‘on effleure sans réellement le connaître, sans réellement le comprendre.
Un recueil pour permettre comme le dit un des personnages de "savoir ce qu'il faut faire pour éviter l'inutile".

(Mai 2021)
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Reflets dans un oeil d'or de héron.
Le journal naturaliste et poétique de Barry Holstun Lopez (écrivain américain né le 6 janvier 1945) paraît déconcertant dès l'introduction puis on apprend au fil des phrases à voir le monde autrement, à travers l'oeil d'un héron et l'esprit habité d'un homme attentif au moindre miroitement ou au plus ténu mouvement d'air : « Ton odeur est pareil à celle du gingembre sauvage. Quant tu lèves ta patte au-dessus de la rivière, l'eau ne s'en écoule pas et ne va donc pas troubler la surface transparente de l'eau des bas-fonds. » Les récits se juxtaposent sans autre lien que le cordon ombilical de la rivière pour la première partie du recueil intitulée River notes, The dance of herons (1976) et traduite par le chant de la rivière, La danse des hérons. Elles n'ont pas toutes la même force, un impact similaire mais la vision de l'auteur est parfois fulgurante et neuve : « Pensez seulement aux odeurs dont un seul filament peut être pincé entre des rochers […] grâce à ces extensions invisibles, le caractère de la rivière est révélé, une piste nous conduit vers ce qui n'a jamais été examiné ». Dans un autre récit, on peut lire aussi : « Enfoncer ses mains dans la rivière, c'est sentir les cordes qui lient la terre en un seul tenant. » La seconde partie du livre, Desert notes, Reflections in the eye of a raven (1979), Reflets dans un oeil de corbeau, Notes sur le désert, est introduite par un court extrait du Voyage d'un naturaliste autour du monde (1836) de Charles Darwin. Puis les feuilles du journal de Barry Lopez se stratifient en fines couches sédimentaires à mesure que les perceptions et les sensations s'accumulent et refluent aux rythmes insondables de la nature. le lecteur pourrait facilement perdre pied dans cet imbroglio de vision qu'un monde merveilleux enfante sans relâche loin des hommes mais l'auteur revient sans cesse à la réalité. Les choses racontent toutes une histoire comme ce tapis navajo qui passe de main en main et recèle encore dans ses fibres « des odeurs enterrées » et « des bruits qui résonnent ». Il est difficile de conseiller ce livre déroutant de prime abord mais tressé en filigrane de filaments précieux. J'avais noté dans une revue spécialisée les dix livres de voyage choisis par Michel le Bris, mauvais écrivain au goût sûr. Y figurait à côté du Léopard des neiges de Peter Matthiessen, du Temps des offrandes de Patrick Leigh Fermor, de Pèlerinage à Tinker Creek d'Annie Dillard, ce Chant de la rivière avec le commentaire : « Ce texte du plus secret des naturalistes américains a été un choc dans le monde des lettres outre-Atlantique. »
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Nous dansions, le plus souvent. Et, le soir, je racontais des histoires. Notre façon de nous désirer se changea en danse et en histoires, et la passion s'empara de nous profondément, nous laissa enlacés et protecteurs.
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Les oiseaux m'attristent et je porte dans mon coeur ce chagrin absolu, un chagrin si profond qu'à la première lueur du jour, quand je tremble comme des joncs qui claquent dans un vent d'automne, je ne sais pas si c'est de froid ou à cause de ce chagrin, si je suis seulement capable d'éprouver une telle bonté.
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Le soir, je descends et je reste debout parmi les arbres, dans une lumière tombée en arrêt exactement sur les feuilles, comme si le changement dans la rivière, ici, n'était pas seulement connu de moi, mais redouté. Les choses n'avaient pas commencé ainsi ; j'ai commencé dans une ignorance de la pire espèce, par les investigations les plus grossières. Maintenant, je demande très peu. J'observe le mouvement vif de l'eau traversant le peuple des poissons à mes pieds. Je me demande, secrètement, s'il y a pour eux, comme il y a pour moi, des moments de foi.
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Le jour étreint le désert comme un soldat tombé. J'ai chaud. Je suis sur le qui-vive pour n'importe quelle lumière. Je suis persuadé que quelque part là-bas il existe un endroit où tu peux plonger tes regards dans le cœur de la terre. L'éclat de la lumière y est si intense que tes yeux s'y brûlent comme la sève dans le feu. Mais je ne l'approche pas. Je passe. J'aime à penser que si j'en ai besoin, rien qu'avec une pelle et une petite bêche, je peux creuser et rappeler le jour.
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Je commençai chaque jour ainsi, comme s'il était le dernier. Je sais que les derniers jours seront ici, où le soleil rencontre à l'improviste l'océan, et que je verrai dans un mouvement d'oiseaux de mer, et entendrai dans le bruit de l'eau battant la terre, ce que maintenant je ne peux qu'imaginer, que l'océan a une tristesse qui dépasse même la tristesse des oiseaux, que lorsque les rivières se jettent en lui, c'est avec le sanglots de la terre, qui pleure ce qui est perdu.
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