AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782818507155
240 pages
Fayard (10/04/2024)
4.1/5   47 notes
Résumé :
« Être danseur, c’est passer beaucoup de temps devant le miroir. Comment ne pas m’interroger à chaque spectacle sur mon rôle ? Comment dois-je l’habiter, l’interpréter et le danser devant un public d’aujourd’hui ? J’ai décidé de me raconter tel que je suis, pour être capable ensuite de m’adresser à ceux qu’on ne représente hélas jamais. Le chemin va être long, mais je ne me retournerai pas. Je dois accepter celui que j’étais hier et que je suis tou... >Voir plus
Que lire après Des choses qui se dansentVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
4,1

sur 47 notes
5
5 avis
4
5 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Aujourd'hui je vais évoquer Des choses qui se dansent récit autobiographique de Germain Louvet, danseur étoile à l'opéra de Paris âgé de 28 ans. Ce texte engagé est fluide et touchant, le jeune homme talentueux y résume son parcours artistique et personnel.
L'ouvrage débute et se termine en évoquant avec tendresse et affection Pablo, son amoureux ; l'écriture est pudique et délicate, leur histoire semble évidente. le danseur assume son homosexualité et indique : « je ne me trouve pas spécialement viril et j'en suis assez heureux. La virilité est une prison dont j'ai toujours été fier de m'échapper. J'ai vécu seul la découverte de mon corps, de mon identité. Même s'il a été difficile de le reconnaître, je n'ai pas vraiment évolué en fonction des codes dominants. » le premier chapitre raconte la soirée mémorable du 28 décembre 2016, le jour de sa nomination comme étoile à l'issue de la représentation du Lac des cygnes. C'est une apothéose, l'apogée mais pas encore l'acmé de sa carrière de danseur classique dans le temple de la danse française. Il indique : « je suis déchiré par la sensation grisante d'accéder à un rêve que j'ai à peine eu le temps d'imaginer et la peur effroyable de ne pas mériter cette réussite, cette reconnaissance, cette affection. J'en tremble. » Plus loin il continue : « je ne comprends toujours pas ce que je fais là. Par quel miracle je suis ici. J'ai cessé de me demander si je le méritais, si j'étais légitime. (...). Je vais faire ce que je fais depuis plus de vingt ans déjà, ce que j'aime plus que boire et manger, ce que je fais aussi naturellement que respirer : danser. Je vais même me faire applaudir pour ça. » Il devient danseur étoile après des années de formation à l'école de danse de l'opéra à Nanterre. Germain Louvet est originaire de Givry en Bourgogne, ses parents l'ont toujours encouragé dans ses choix. Il raconte comment à quatre ans il a commencé dans la maison familiale à danser. Plus tard il se souvient de celui qu'il a été : « même si je porte un costume, du maquillage, une coiffure, même si je joue un personnage, nulle part ailleurs que sur scène je ne me sens plus proche de ce galopin qui danse et dévale les sentiers escarpés à en oublier de respirer. » Ce récit est celui de son rapport à la danse et à ce milieu professionnel à la fois aimé et questionné. Il évoque sa formation, ses mentors, ses amis (Hugo Marchand notamment), son plaisir à danser et la compétition intense qui règne au moment des concours. Il est solide et impérial, beau et délicat. En quelques mots l'auteur dresse un autoportrait : « je suis une personne joyeuse, sociable, ce qui ne m'empêche pas de me sentir rassuré en incarnant ces moments d'égarement et de détresse qui ont quelque chose d'infiniment triste. (...). J'accepte de rendre visible ce que je tente d'habitude de cacher ou de contrôler. Cette petite fausse note que j'ai au fond de moi, mais que je m'assure toujours de recouvrir par l'accord majeur le plus triomphal. » Danser est une passion et un accomplissement ; mais le jeune homme ne se contente pas de ses succès et de ses triomphes (on note avec amusement le comportement d'une femme japonaise qui le voit à chacune de ses prestations et lui envoie des messages), il réfléchit et questionne le milieu auquel il appartient, il est porteur de combats sociaux (la réforme des retraites, la lutte contre les discriminations). Il interroge les rôles du répertoire classique avec les stéréotypes de genre dont ils sont les vecteurs ; son homosexualité ne l'empêche pas d'incarner ces personnages mais il se questionne. Alors qu'il est déjà étoile Germain Louvet raconte une scène humiliante qui se déroule en mars 2021. Il doit participer à la sélection des danseurs devant danser le jeune homme et la mort de Roland Petit. Il ne cite pas le nom du responsable de ce moment dégradant inutilement. Il n'exprime pas de rancune mais dénonce ce comportement méprisant. le jeune homme est pétri de valeurs de gauche et profondément humain. Dans un chapitre il scrute celles et ceux qui travaillent au sein de l'institution (les femmes de ménages, les serveuses de la cafétéria) et témoigne de son indignation vis-à-vis du sort qui leur est réservé. Confronté à une scène de racisme ordinaire dans une école de danse Louvet écrit : « j'ai des bouffées de honte. Face à ce genre de malaise, je me dis que j'appartiens vraiment à un milieu de merde et, qu'en plus, j'entretiens ! Avec ma gueule d'un premier de la classe du lycée Stanislas et ma raie d'apprenti curé sur le côté. » Son indignation et sa prise de position l'honorent. Les combats de Germain Louvet sont légitimes et nécessaires. Certains pourraient lui reprocher sa position au sein du système et son rôle privilégié pour défendre des engagements nobles. Force est de constater qu'il est sincère et gentil, il parle avec son coeur et contribue à donner du bonheur aux spectateurs tout en revendiquant et en soutenant des causes auxquelles il croit. Ce type de procès est donc infondé. Sa sincérité affleure notamment quand il confie : « je pense que je ne suis pas devenu danseur étoile par vocation, mais par opportunisme. Voyant que le milieu de la danse m'adouberait dans ce que je représente à la fois physiquement, socialement et intellectuellement, j'ai saisi l'opportunité d'en faire une ambition qui me donnerait l'occasion de m'exprimer, de vivre et d'être libre. » Son récit est un cri d'amour pour son art et une réflexion profonde sur sa condition et les nécessaires évolution du milieu de la danse classique.
Des choses qui se dansent est le portrait d'un jeune homme engagé et passionné qui consacre sa vie à la danse, il excelle pour le plaisir des spectateurs. Il n'est pas nécessaire de connaitre ce milieu pour apprécier ce récit bien écrit et découvrir un garçon de son temps, préoccupé des autres.
Voilà, je vous ai donc parlé Des choses qui se dansent de Germain Louvet paru aux éditions Fayard.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
Commenter  J’apprécie          20
Très agréable surprise que la lecture de ce récit ! Je regrette d'autant plus d'avoir manqué la signature dans ma librairie préférée.
Originaire d'une petite commune proche d'ici, passé par le Conservatoire de Chalon sur Saône, il est désormais danseur étoile. Mon sang bourguignon en est très fier. Je suis sa carrière de loin, n'ayant jamais eu l'occasion de le voir danser sur scène. Ce garçon a décidément tous les talents. Il est passionné mais pas aveugle et dénonce le virilisme du milieu et des personnages, le racisme latent, prône l'accès à la culture au plus grand nombre. Heureusement cela évolue grâce à lui et d'autres noms reconnus du ballet français. On ouvre le livre sur sa consécration. On le referme sur la lutte contre la réforme des retraites et les formidables images que les danseurs et danseuses de l'opéra Garnier ont laissé. Un danseur engagé. L'art et le politique mêlés. J'ai lu d'une traite.
Commenter  J’apprécie          30
"Des choses qui se dansent" est un récit autobiographique et engagé de Germain Louvet, danseur étoile à l'Opéra National de Paris.

Les souvenirs personnels sont amenés en toute pudeur et délicatesse, néanmoins rythmés par les réflexions percutantes sur la diversité dans son art et l'accessibilité de la culture.

J'ai apprécié les mots justes utilisés et la poésie émanant des écrits. J'ai été touchée par les souvenirs et, comme toute admiratrice de la danse classique, les mentions aux grands noms et ballets qui ont marqué l'Histoire de la danse.
Commenter  J’apprécie          40
Je n'ai pas une réelle passion pour la danse classique et les ballets, mais quand j'ai entendu parler du parcours de Germain Louvet, ma curiosité a été piquée.

En toute sincérité, le danseur étoile revient sur son parcours, de son enfance durant laquelle il se prend de passion pour la danse (même s'il ne revendique aucune vocation), à sa nomination au rang de danseur étoile, en passant par les étapes de son ascension, les différents ballets dans lesquels il a dansé, ses amitiés dans le milieu, mais également ses diverses expériences dans les opéras du monde.

À la fin du livre, il se fend même d'une critique assez acerbe sur le milieu dans lequel il évolue et son conservatisme, tout en concédant y participer.

Le livre est écrit avec un très bon style, percutant, sincère, drôle, mais surtout avec énormément de réflexions pertinentes, pleines de philosophie, sur le milieu de la danse et sur la vie en général.

Une très bonne lecture.
Commenter  J’apprécie          10
En ouvrant ce livre je m'attendais à découvrir les coulisses de la trajectoire de Germain Louvet de son enfance jusqu'à sa nomination en tant qu'etoile. Bien sûr on y retrouve tout cela à l'intérieur et c'est intéressant.

Cependant ce qui m'a le plus captivé c'est le côté engagé de l'artiste qui souhaite populariser son art. Germain Louvet prend des positions courageuses autour des thématiques plus que jamais d'actualité comme le manque de diversité au sein de l'Opéra, le virilisme ou encore le body positive. Il prône la démocratisation et l'ouverture de son art à un large public loin des stéréotypes et militant pour les différences.

C'est en quelque sorte une autobiographie d'un danseur combattant les préjugés que que son art lui impose. On peut être passionné par ce que l'on fait au quotidien tout en connaissant les limites, celles qu'on souhaite faire bouger à son niveau.

On ne rentre pas pleinement dans l'intimité du danseur, j'ai trouvé beaucoup de pudeur et de retenu dans l'évocation de sa vie amoureuse notamment. Les passages et les sous-entendus liés à la découverte de l'homosexualité sont tout en délicatesse.

Par ailleurs je tiens à souligner qu'il s'agit d'une autobiographie qui est très bien écrite avec conviction et liberté. Je vous encourage vivement à découvrir ce jeune homme de son temps, bien dans sa tête, son corps et ses combats.

Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          30


critiques presse (1)
Un texte écrit avec conviction, intelligence et finesse, qui interroge les codes de l’univers du Ballet. Une étoile libre et pertinente.
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Je m'imagine rater mille et un pas pour conjurer le sort, pensées qui se transforment en cauchemar, en angoisse croissante et en une lourde insomnie. Je me vois premier du classement, auréolé de succès, puis viré, abattu et en pleurs. Pour penser à autre chose, je me laisse dériver à quelques fantasmes érotiques, restant le plus discret possible en faisant abstraction de mes deux acolytes de chambrée.
Commenter  J’apprécie          10
La beauté d'un mouvement ou d'une danse ne dépend pas de son exécution technique ni de la finesse de celle ou de celui qui le génère. Elle dépend de son intention, de ce qui le motive et de sa réflexion, de son travail et de sa sensibilité, plus que du résultat final que d'autres jugeront de façon binaire comme réussi ou raté.
Dans un monde idéal et en tant que spectateur, j'aimerais voir toutes les formes de corps représentées sur scène, et que chacun de ces corps se sente à sa place, légitime d'exister et de bouger dans son authenticité. Que les corps reflètent la pluralité des personnalités, qu'ils reflètent celles et ceux qui les regardent.
Commenter  J’apprécie          00
On croit souvent que la compétition est insoutenable, que les rapports amicaux sont compromis par ces rituels sauvages et impitoyables, que l'ambition et la passion pourrissent nos relations. Dans l'imaginaire collectif, on aime penser que cette quête de beauté, que cette recherche de perfection technique se transforme en pugilat. Que l'abandon d'une vie tracée dans une société cadenassée, dans laquelle chacun doit porter des œillères et où les sorties de route ne conduisent qu'à la marginalité, à la mort et au chaos, a un prix à payer : la solitude et la dépression. C'est faux et stupide. Mais c'est un humain.
Commenter  J’apprécie          00
Comment se battre pour renverser les codes établis il y a plus de cent cinquante ans, où l'homme blanc est roi, où le sexisme fait loi, où le racisme fait foi, où la hiérarchie des classes sociales est indéboulonnable ? Comment faire exister, même subtilement, les étincelles d'une différence qui s'accorderait mieux à mon époque, à ma propre intégrité et à mes idéaux, sans balayer d'un revers tout un patrimoine, technique et culturel ?
Commenter  J’apprécie          00
Personne ne m'enlèvera la certitude que la culture a vocation à être bien plus qu'un service public, mais un bien public.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Germain Louvet (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Germain Louvet
Germain Louvet : "Devenir danseur étoile a été comme une deuxième naissance"
autres livres classés : danseVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (97) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1713 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..