Ce livre est la traduction du célèbre carnet de notes de
Lovecraft - une curiosité et une lecture réellement intéressante pour les admirateurs ou les amateurs d'HPL.
L'éditeur a eu la bonne idée de le publier en version bilingue... ce qui permet au lecteur également bilingue de relever d'assez nombreuses et étonnantes erreurs de traduction. Bien sûr, la traduction n'est pas une science exacte... il ne s'agit toutefois pas ici d'aménagements sémantiques mais bien d'erreurs manifestes.
Trois petits exemples au passage : "weirdly" traduit par "sauvagement" (confusion avec 'wildly', sans doute...), "motto" (mot généralement traduit par 'devise' ou 'maxime') traduit par "motif", "farm-dotted valley" (une vallée constellée, parsemée ou jalonnée de fermes) traduit par "une ferme dans une vallée...".
Cela ne serait pas si irritant s'il n'y avait également les annotations du traducteur (
François Bon), visiblement déterminé à afficher son érudition et un ton d'écrivain sérieux (par opposition, je suppose, à un simple "fan de
Lovecraft" - cf. notamment ses références récurrentes aux motifs de l'escalier et du livre chez HPL)... mais qui réussit surtout à montrer une pédanterie assez insupportable et, ce qui est plus grave, mâtinée d'erreurs élémentaires. Deux exemples au passage :
- Walter Gillman, le protagoniste de "Dreams in the Witch House", présenté comme le narrateur de la nouvelle alors que celle-ci est racontée à la troisième personne (et que le personnage en question meurt à la fin).
- Plus gênant :
M. Bon écrit que
Clark Ashton Smith (un des "trois mousquetaires" de
Weird Tales avec HPL et Howard) était "un personnage important" dans la vie de
Lovecraft (en effet, ils étaient amis et correspondaient régulièrement) car il était (accrochez-vous) "rédacteur en chef de
Weird Tales" (tiens donc...) et qui (je cite, pour prouver que je n'invente rien) "ne
lui a jamais permis d'accéder au rêve d'un livre publié de son vivant.". Tout cela est évidemment totalement inexact. Monsieur Bon a manifestement confondu ce pauvre
Clark Ashton Smith et Farnsworth Wright, le rédacteur en chef de WT à l'époque... Au-delà de la maladresse, j'avoue ne pas du tout comprendre comment un écrivain qui connait
Frank Belknap Long et cite ST Joshi peut tout ignorer d'un auteur comme Smith (ce serait un peu comme si un spécialiste de
Victor Hugo ne voyait pas du tout qui était
Charles Nodier) ou faire preuve d'une telle légèreté... Il semble en tous les cas s'être pris les pieds dans le tapis (peut-être ce
lui qui recouvre les marches de l'escalier lovecraftien récurrent).
Olivier Legrand