J'ai découvert ce livre par hasard chez un bouquiniste, il fut publié en 1959 après la mort de
Curzio Malaparte à partir de notes et du récit de son voyage effectué en 1956
en Russie et en Chine.
Alors qu'aujourd'hui, depuis quelques décennies, la Chine et la Russie se sont radicalement transformées par les conséquences économiques et sociales de leur politique; l'incursion dans ce monde des années 1950 nous livre les racines de deux sociétés imprégnées de leur histoire et de leur géographie.
Il nous faut donc replacer ce témoignage dans ce contexte historique. La Russie de 1956 est celle de Nikita Krouchtchev, de la déstanilisation, de la répression soviétique en octobre contre le soulèvement de Prague. Ce n'est pas le premier séjour de
Malaparte en Russie, ce voyage le conduira ici en train jusqu'en Sibérie puis au seuil de la Mongolie et de la Chine.
Malaparte retourne en Russie vingt-sept ans après son dernier séjour à Moscou, il découvre une ville transformée, la fierté d'un peuple malgré ses difficultés…
En cette période de la fin des années 1950, la République Populaire de Chine fascine bon nombre d'intellectuels socialistes ou communistes déroutés par la découverte des atrocités staliniennes et l'oppression russe en Europe de l'est.
Malaparte est reçu par les autorités locales chinoises et par
Mao Tsé-Toung (1), ainsi découvre-t-on l'importance de l'écrivain sur la scène internationale et sa grande culture.
En Chine, la tragédie du grand bond en avant ne commencera que deux ans après ce voyage. Ceci doit nous faire relativiser son impression de voyage, d'élans et de confiance dans un régime qui lui semble au service de son peuple.
Malaparte après avoir rencontré
Mao Tsé-Toung s'engage dans la visite de la Chine, de ses régions selon l'itinéraire du poète Tou Fou (2) et des lieux qui ont marqué la vie de l'autre grand poète
Li Po.
La fatigue et la maladie le gagnent, il apprécie alors toute
l'attention des médecins et des autorités chinoises à son égard. Ainsi, peu à peu, l'éthique séculaire de la culture chinoise se révèle à ses yeux à travers les efforts d'un peuple qui lutte pour la prospérité du pays après avoir tant lutté contre la faim, un peuple plein d'attention pour ses enfants et ses futures générations.
A l'heure des dérives du monde occidental, mais aussi russes et chinoises, ce témoignage contribue à mieux appréhender la sagesse et les attentes de ces peuples.
P.S. : Pour les cinéphiles, la villa qui accueille les scènes à Capri du film de
Jean-Luc Godard tiré du roman d'
Alberto Moravia «
l'ennui » (dont il est question dans ce livre «
En Russie et en Chine ») fut celle de
Curzio Malaparte. Il y a un peu plus d'une quinzaine d'années, la recherche historique architecturale nous révélait à quel point l'écrivain avait influencé la conception de cette villa moderne, ce promontoire sur la méditerranée, décor d'un tournage fictif par
Fritz Lang des années plus tard dans ce même film.
(1) Comme alors transcrit en lettres romanes
2)
Tu Fu ou écrit Thou Fou ou
Du Fu