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Le coeur est un chasseur solitaire est le premier roman de Carson McCulers. Elle l'a écrit à vingt-deux ans.On est avec ce roman, dans le même registre que Faulkner ou Richard Wright : le sud profond et misérable des années 30 et 40, des liens familiaux déchirés, une cohabitation difficile entre les noirs et les blancs.Quatre personnages principaux tournent autour d'un personnage central qui les fascine par son mutisme. Chacun d'entre-eux met en ce muet de grandes illusions. Il est leur idole. Ils voient en lui le seul être sur terre qui puisse les comprendre et les aider à se réaliser.Mick est la plus attachante, c'est une jeune ado misérable qui rêve de devenir musicienne, elle est peut-être même douée mais elle n'arrivera probablement jamais à concrétiser son rêve (acheter un piano et apprendre la musique). Jack est le plus mystérieux, c'est un rouge, un communiste qui vient d'on ne sait où. le docteur Copeland est un médecin noir, très cultivé qui veut pousser son peuple à la révolte, mais qui ne réussi même pas à « libérer » ses propres enfants d'une vie d'esclave ou de prisonnier. Biff est le tenancier du bar de la ville, probablement le plus philosophe, les femmes seront toute sa vie son échec.On retrouve, comme dans la ballade du café triste, le thème de l'amour à sens unique (j'aime quelqu'un qui ne m'aime pas car il aime lui même quelqu'un d'autre qui ne l'aime pas non plus). La fascination des êtres entre-eux est chez Carson McCullers une voie mystérieuse. On ne comprend pas ce qui attire tant ces quatre personnages chez le muet, ni ce qu'il éprouve lui-même pour son seul ami.3 novembre 2010
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Ce livre pourrait être résumé en un seul mot : solitude. C'est ce thème qui court tout au long des pages, qui anime les personnages et qui est le socle de tout ce récit. Chacune de ces solitudes est différente mais étouffe ces victimes.
John Singer est sourd-muet. Lorsque son ami Antonapoulos est envoyé dans un asile, il se retrouve seul et démuni de tout lien social. Mais par un enchaînement d'évènements assez fortuits, quatre personnages vont se confier à lui régulièrement.
Il y a d'abord Mick Kelly, une jeune adolescente sauvage et garçon manqué qui est férue de musique. Mais, née dans une fratrie nombreuse et pauvre, elle ne peut que rêver de symphonies et de notes dans son coin. A travers ce personnage, nous découvrons la vie d'une famille défavorisée du Sud avec ces tragédies et ces renoncements.
Ensuite vient Jake Blount, travailleur alcoolique et bagarreur qui erre de ville en ville. Il s'installe provisoirement dans le patelin en tant que réparateur de manèges. Il prône la lutte des classes et le renversement du capitalisme, mais ses idées n'auront aucun écho auprès des travailleurs, ce qui le frustrera d'autant plus.
Le Dr Copeland, quant à lui, est un Noir diplômé de médecine. Il rêve de droits civiques et d'une émancipation de la communauté noire par l'éducation. A travers lui, l'auteur dénonce subtilement la ségrégation de cette frange de la population. Personnage susceptible mais dévoué et généreux, son combat est une bataille perdue d'avance.
Biff Brannon est peut-être le personnage le plus discret. Propriétaire d'une brasserie qui ouvre la nuit, il souffre de son mariage raté et ensuite de son veuvage.
Chacun de ses personnages a un rêve, hormis peut-être Biff, mais les circonstances de la vie, la misère et le système social en place les empêchent de le mener à bien. Ils se débattent comme une mouche prise dans les fils d'une araignée mais leur acharnement n'est qu'échec. C'est un livre plein de désillusions, d'amertume qui dénonce les conditions sociales difficiles dans cette partie des États-Unis.
Le style d'écriture est sombre, triste et mélancolique. Il faut une bonne dose d'attention si on veut comprendre le cheminement de l'auteur. Ne vous attendez pas à des rebondissements car il s'agit ici principalement de descriptions de faits et gestes du quotidien.
La fin a laissé un goût amer dans ma bouche, ce qui explique en grande partie cette note moyenne. Je me suis sentie vidée et déprimée après cette lecture, peut-être parce que je m'attendais à autre chose en voyant ce magnifique titre. Est-ce que je suis passée à côté d'un chef-d'oeuvre ?
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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Une belle trouvaille que ce livre. Je le recommande chaudement. Les personnages sont attachants malgré leurs travers, les situations sociales décrites sont plutôt moroses mais teintées d'espoir à la fois, le personnage central du livre, un sourd-muet, a une position centrale dans le livre très intéressante. Je regrette un peu la fin qui annihile complètement l'espoir qui aurait pu naître à la lecture du livre. Il n'en reste pas moins que ce bouquin est à mettre entre toutes les mains, comme un "souris et des hommes" Steinbeck ou un "petit prince" de Saint Exupéry. Je ne comprends d'ailleurs pas qu'il n'ait pas été recommandé à l'école. Une analyse approfondie d'un tel livre devrait donner matière à un professeur.
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Ce livre parle d'espoirs déçus, d'amours trahies, d'illusions perdues, d'amitiés envolées. C'est un roman d'une grande mélancolique simplicité. Ça évoque cette belle et triste condition humaine vue par une adolescente qui traîne et rêve et observe et s'ennuie. Elle voyage dans son tout petit univers où chacun a tant de chose à raconter. Sauf Singer, le muet à qui on se confie. Bientôt, grâce à la musique, elle partira, sûrement. Elle sera reconnue...
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C'est avec une certaine fraîcheur que Carson McCullers nous emmène dans cette ville sans intérêt du Sud des États-Unis et nous fait connaître des personnages banals eux-aussi : Mick Kelly l'adolescente pauvre, amatrice de musique et mal dans sa peau, Biff, tenancier d'un bar restaurant qui lui sert de poste d'observation pour observer les clients et ainsi s'échapper un moment de son quotidien terne, Jake Blount, le rêveur révolutionnaire, incompris et aigri de cela, Copeland le médecin noir idéaliste en butte au racisme quotidien. Tout cela constitue un monde un peu poisseux, sans beaucoup d'espoir.
Mais il y a aussi John Singer, sourd-muet, ami indéfectible d'Antonapoulos, un grec obèse et improbable. John attire autour de lui tous les autres du fait de sa gentilesse et de son amabilité, et leur permet ainsi de se sentir un tant soit peu compris. Mais John reste mystérieux : en fin de compte seule semble compter pour lui son amitié avec le grec. Mais ce personnage de John, un peu plus lumineux, n'est finalement que de passage dans le récit, les protagonistes se trouvant finalement renvoyés à leur grisaille coutumière, même si un certain espoir dans l'homme est apparu possible.
Tout cela est raconté très agréablement, avec peut-être parfois une impression de naïveté, du fait, peut-être, du jeune âge de l'autrice. Mais, pour son âge justement, elle montre bien de l'imagination et du talent. Cela est au final très plaisant, grâce aussi à la traduction agréable de Frédéricque Nathan, sans toutefois atteindre des sommets littéraires.
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A l'agrégation de lettres cette année.
Dès le départ, on est plongé dans une atmosphère particulière et étrange avec ces deux personnages , Singer et Antonapoulos, tous les deux sourds muets. Puis gravitent au fur et à mesure et à tour de rôle d'autres personnages : l'adolescente Mick et sa passion pour la musique, Jack Blount, alcoolique, Biff Brannon, le tenancier, le docteur Copeland et sa lutte pour la cause des noirs... Peu à peu, on entre dans l'univers de ce roman américain un peu spécial. Tous et si seuls ! Singer est pour moi le personnage le plus attachant : tout le monde lui parle, le suit même s'il ne peut répondre et d'ailleurs les personnages se demandent s'il comprend tout ce qu'ils lui racontent. Sa fidélité et son attachement envers Antonapoulos sont attendrissants.
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“Et pourtant, en Amérique, nous nous vantons d'être libres. Et le plus drôle de l'histoire, c'est que cette idée a été si bien implantée dans le crâne des moissonneurs, des ouvriers et de tous les autres, qu'ils finissent par y croire.” La jeune Carson McCullers n'a que 22 ans lorsqu'elle rédige son chef-d'oeuvre, le coeur est un chasseur solitaire.

Ces coeurs solitaires, ce sont ses personnages, tous rejetés ou incompris, qui gravitent dans une ville du Sud des Etats-Unis, entre langueur et désillusion. Car il n'y aucun espoir dans ce Sud-là : les combats et les rêves sont voués à l'échec, bien loin du rêve américain. Chez Carson McCullers, les destinées brûlent aussi sûrement que le soleil.
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Le roman commence dans la douceur et se termine dans la douceur comme on allume une lampe et que l'on éteint la lumière en quittant une pièce discrètement.

À bien des égards ce roman m'a fait songer au chef d'oeuvre de Harper Lee "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur", avec son sens de la justice, son message politique et social et les personnages enfantins découvrant la violence du monde.

Solidement bâti, ce récit est celui d'une Amérique que l'on pourrait qualifier de désuète et de passée, alors qu'il n'en est rien. Dans l'écriture poétique et très terre à terre de Carson McCullers se déploie toute la féminité des personnages qui sont là, de passage dans le roman. Car ce sont des lieux de passages qui accueillent les personnages : d'abord un bar/restaurant, celui de Biff, dans lequel on croise le muet Singer, le personnage le plus émouvant du roman, on y croise Mick, jeune adolescente de quinze ans qui aime les choses glacées, on y croise des pauvres gens du coin et des révolutionnaires comme Jack.

Et puis, il y a un autre lieu de passage, lieu clef du roman : l'espèce d'hôtel ou chambre d'hôtes que tiennent les parents de Mick. Ils louent six chambres à qui veut, à Singer, à Jack, à des "nègres", mais chacun ne paye jamais à temps et la famille de Mick se retrouve dans le pétrin financièrement. Dans ces lieux de passages donc, chacun a son pas, pesant ou léger, joyeux ou triste. Chacun fait son petit bonhomme de chemin, entre les rêves, les illusions et les ambitions. Mick rêve d'opéra et de musique, Singer rêve de vivre en harmonie avec Antonapoulos, Jack rêve de révolutionner l'Amérique...

Chacun se réinvente et c'est l'histoire même de l'Amérique, sa capacité à toujours se confronter au pire mais à se relever que nous décrit Carson McCullers (en laissant toujours des gens sur le bas côté bien sûr). Derrière les sourires de façade il y'a des souffrances. Derrière l'insouciance de l'enfance et de l'adolescence menacent la rigueur de la vie et la violence des mots.

L'argent, question centrale du roman, fait de celui-ci une oeuvre terriblement politique. On y croise une pensée anti-fasciste, marxiste et sociale, solidaire et rassembleuse. L'auteure tente de faire comprendre comment chacun dans sa communauté veut essayer de s'en sortir dans une Amérique déjà profondément inégale et injuste. Elle compare le combat de Juifs à celui des Nègres par le point de vue d'un médecin noir, intellectuel et passionné par son métier, qui lit tous les livres qui lui tombent sous la main.

Elle fait de son roman une esquisse de l'espoir d'une Nation à devenir un état providence, tandis que le gouvernement américain ne prend pas cette voie là. Elle admire l'Europe tout en ayant une peur bleue de la montée du nazisme d'Hitler..

Ce roman montre ce qu'il y a de bon en chaque être humain, et les parts de colère et de tristesse qui conduisent parfois à des gestes fatales. En ce sens, c'est un roman moralisateur. Il se lit comme une chronique sociale et malgré les longueurs et les difficultés pour lire les passages de dialogues des "Nègres", aussi complexes à lire que dans "Autant en emporte le vent" ou un Mark Twain dans leurs anciennes traductions, malgré tout cela, j'ai trouvé du charme à ce roman, dans sa langueur, son phrasé, cette fine couche de poussière qui recouvre chaque destin et ces sentiments de bonté et de bienveillance qui hantent le livre.
Lien : http://www.unefrancaisedansl..
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Souvent l'aimé n'est que ce qui déclenche l'empire lentement accumulé dans le coeur de celui qui aime. L'amour est une chose solitaire. C'est cette découverte qui fait souffrir.
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C'est terrible, je me sens très seule au moment de rédiger ce billet... De ce roman de Carson McCullers, je n'ai lu jusqu'ici que des avis positifs. J'avais envie de le lire depuis un petit moment, tout comme j'ai longtemps souhaité lire Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur d'Harper Lee. Ces deux romans formaient un duo de romans « incontournables » dans un coin de ma tête. Je crois que ce sont les résumés qui m'avaient poussée à les rapprocher : dans les deux cas, ils mentionnaient la présence d'une jeune fille, héroïne d'une histoire se déroulant dans les Etats-Unis au début du siècle. Si je garde un excellent souvenir du roman d'Harper Lee, je ne vais en revanche pas garder grand-chose de celui de Carson McCullers. C'est bien simple, je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire. La lecture des cent premières pages a été particulièrement laborieuse mais avec un roman en comportant plus de 400, on a toujours l'espoir d'apprécier le livre une fois l'histoire bien installée. Je crois que j'ai manqué d'attention au cours de ces cent premières pages (il faut avouer que j'ai lu Le Coeur est un chasseur solitaire dans une période où j'avais peu de temps à consacrer à la lecture…), ce qui m'a empêchée de bien comprendre qui était chaque personnage et surtout les liens les unissant. J'ai lutté, vraiment, j'ai lu ce roman jusqu'au bout car je n'aime pas abandonner un livre mais quel ennui ! Je reste persuadée de ne pas l'avoir lu au bon moment, ça arrive… En tout cas, j'ai été déçue de ne pas voir davantage de pages consacrées à Mick, la jeune « héroïne » du roman, comme semblaient le promettre la photographie sur la première de couverture et les quelques mots présents sur la quatrième de couverture.

Lien : http://aperto.libro.over-blo..
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