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Martine Laurent-Skopan (Traducteur)
EAN : 9782070406265
336 pages
Gallimard (01/03/2001)
4.02/5   33 notes
Résumé :
Stella Raphael est l'épouse du médecin-chef adjoint d'un hôpital psychiatrique. Cette beauté hiératique à l'intelligence aiguë ne se satisfait pas, dans ces ennuyeuses années cinquante, d'éduquer son fils de dix ans et de diriger sa maison. Négligée par son mari, oppressée par les conventions sociales, Stella s'ennuie. Contre toute logique, elle est fascinée par Edgar, un séduisant patient qui restaure le jardin d'hiver dont son mari s'est entiché. Irrésistiblement ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Malgré l'éducation qu'elle porte à son fils Charlie et l'entretien de leur grande maison, Stella Raphael, traîne son ennui dans l'immense parc de l'institution psychiatrique dans lequel travaille son mari Max, en tant que médecin chef adjoint. Délaissé par ce dernier, trop accaparé par le bon déroulement de l'hôpital, au cours d'une de ses promenades, elle tombe sous le charme d'un certain Edgar Stark, un des patients chargé de la restauration du jardin d'hiver, la dernière lubie de son mari qui y porte beaucoup d'attention. Son attirance pour cet homme ténébreux, qui n'a rien d'un malade, est immédiate. C'est dans ce jardin d'hiver où elle se rend chaque jour, que débute leur histoire d'amour, une passion dévorante et destructrice.
Stella, ignorant qu'elle est sous le joug d'un dangereux déséquilibré, incapable de se passer de cet homme, quitte tout pour le suivre, abandonnant même Charlie, son petit garçon de dix ans. C'est le minuscule atelier de peintre d'Edgar, un lieu poussiéreux, enfumé et maussade qui va abriter leur amour, loin du confort qu'elle connaissait avec son mari. Mais qu'importe ! Stella l'a dans la peau, acceptant les humeurs viscérales d'Edgard et la violence dont elle est parfois la proie. Dans des moments de lucidité, elle pense à fuir, mais Edgar n'est pas dupe et la tient prisonnière de son bon vouloir. Aussi, le jour où Stella, sortie pour la première fois de l'atelier par pure nécessite, est reconnue, c'est l'arrêt de mort de leur relation, un amour passionné, dévastateur dont elle paiera un lourd tribu à son retour, face au mépris de son mari, la rancoeur de son fils en sombrant dans une profonde dépression.

Prétextant lui venir en aide en se livrant, Peter Cleave, un psychiatre de l'hôpital et ami proche de Stella, qui est également le narrateur de cette tragédie, avec un certain cynisme, prend plaisir à la questionner et la torturer sur cette relation toxique tandis que Stella se remet doucement de cet amour incandescent qui lui avait fait perdre tout discernement après bien des déconvenues sur sa vie familiale et les conséquences qui en découlent.

L'asile de Patrick McGrath est lecture vraiment passionnante, palpitante, un véritable page turneur que l'on a du mal à lâcher, sur l'attirance d'une femme et d'un homme diamétralement opposés, et qui finalement se rejoignent dans la folie d' un amour ardent, ayant perdu toute notion de la réalité, particulièrement pour Stella, une femme d'un beauté saisissante, intelligente et saine d'esprit avant de tomber sous l'emprise d'un manipulateur hors pair dont elle ne mesurait pas la portée.
J'ai dévoré cette lecture vraiment passionnante où tout, contrairement à d'autres livres sur le même thème, se joue à l'extérieur de l'asile.


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Asylum
Traduction : Martine Skopan

ISBN : 9782070406265

J'ai découvert cet auteur en regardant "Spider" de Cronenberg. J'attends d'ailleurs qu'on me livre ce roman-là pour vous en donner mon impression. Aujourd'hui, je ne vous parlerai donc que de "L'Asile", qui raconte en gros la rencontre de deux malades mentaux, l'un déclaré, Edgar Stark, et l'autre, Stella Raphael, épouse en parfaite santé apparente de l'adjoint du médecin-chef. Avec les conséquences catastrophiques que cela va engendrer, pour l'un comme pour l'autre, sans parler de leur entourage.

Toute l'adresse de McGrath réside dans sa manière de nous présenter une Stella Raphael sûre d'elle-même et qui, en principe, a les pieds solidement sur terre. Ce n'est que peu à peu, à petites touches insensibles, que, par-ci, par-là, il nous lâche, sans en avoir l'air, un détail, une attitude, une remarque qui, très vite (enfin, à mon sens ) nous fait réaliser que la fracture de la jeune femme pré-existait à sa rencontre avec Stark, artiste de renom complètement paranoïaque, qui a assassiné sa femme, Ruth, avant de la mutiler de façon terrible.

Comment imaginer en effet que, si frustrée sexuellement que l'on puisse être auprès d'un mari qu'on n'aime pas vraiment, on prenne le risque d'une liaison torride - le mot n'est pas trop fort - avec le pensionnaire, jugé dangereux, du Centre pour Malades mentaux qu'aide à diriger son propre époux ? Cela fait bien dix ans - leur fils, Charlie, est là pour en témoigner - que Stella pratique le milieu psychiatrique. Elle sait que, plus que toute autre, la femme d'un psy doit, surtout en ce qui concerne ses patients, se révéler aussi pure, sinon plus que celle De César en personne. En outre, Max Raphael souhaite ardemment obtenir le poste de Directeur général lorsque Jack Straffen, son actuel détenteur, partira en retraite dans un ou deux ans. Une prudence exceptionnelle est donc de mise en de telles circonstances. En tous cas pour quelqu'un qui a effectivement toute sa tête.

Eh ! bien, malgré tout, y compris malgré l'amour maternel qu'elle semble éprouver, malgré tous les dangers encourus, Stella s'abandonne frénétiquement à l'adultère. Elle va même jusqu'à convier Stark dans la chambre conjugale, en plein après-midi. Mieux : il en ressort avec, sous le bras, des vêtements appartenant au mari trompé. Vêtements qui, bien sûr, vont lui permettre de s'évader tranquillement, les sommes d'argent que lui ayant libéralement distribuées sa maîtresse l'autorisant à gagner Londres en train, un Londres où il va se fondre très facilement dans le milieu bohème qui espère son retour et qui, sous prétexte "qu'il est un artiste, un vrai", lui a depuis longtemps pardonné son crime.

D'abord remuée par ce brusque départ dont Stark ne lui avait pas parlé (telle est la version officielle sur laquelle le lecteur conservera toujours quelques doutes), Stella joue à la femme injustement accusée. Ténue à l'origine, la rumeur publique affirme en effet désormais qu'elle a favorisé l'évasion de Stark. Mais l'indignation qu'elle affiche ne l'empêche pas de reprendre contact avec son amant et de se rendre de plus en plus souvent à Londres pour y passer des après-midis très "hot." Jusqu'au jour où, tranquillement et sans se soucier du fait qu'elle doit récupérer son fils au collège, elle fait sa valise et rejoint la capitale, sans plus s'inquiéter de rien.

Les premières semaines sont exaltées et exaltantes. Mais la paranoïa du sculpteur réapparaît et Stella en vient à redouter pour sa vie. Après divers aléas, la voici, sans complexe aucun, de retour chez un mari qu'elle n'aime toujours pas, auprès d'un fils qui l'adore mais à qui elle manifeste de moins en moins de tendresse. le scandale ayant fait trop de bruit, le trio doit s'exiler en Pays-de-Galles, où Max s'est déniché un poste relativement correct dans sa spécialité. Mais, de fil en aiguille ...

Retour à la case départ et dans des circonstances vraiment noires.

On admirera la subtilité avec laquelle McGrath nous conte l'histoire de cette femme qui, en quelque sorte, "passe de l'autre côté du miroir de la psychiatrie" et se retrouve patiente dans l'établissement jadis co-géré par son époux. L'astuce utilisée par l'écrivain : la personnalité du narrateur, le doyen des psys de l'établissement, qui a donc connu Stella quand elle était (ou plutôt) paraissait normale et qui, par la suite, était aux premières loges pour assister à sa déchéance. Ayant repris le poste de Jack Straffen - qu'il briguait d'ailleurs sans en avoir l'air - il se rend en personne aux Pays-de-Galles pour soutenir Stella et lui proposer de la prendre comme patiente car il éprouve pour elle - le lecteur en reste assez perplexe - une admiration certaine. Au point qu'il lui suggère même le mariage (!!!). Mariage qui, bien entendu, n'aura pas lieu pour une raison bien précise que je vous laisse découvrir ...

Récit étrange, clinique et oppressant, "L'Asile" nous laisse une impression de décalage absolu et l'on frémit devant la minceur de la frontière qui sépare la folie du bon sens. L'auteur nous décrit ici tout un mécanisme qui la révèle tapie au coeur même d'une personne que, à première vue et compte tenu de son passé, on n'aurait jamais soupçonné d'être susceptible d'y sombrer un jour. Ce n'est évidemment pas un ouvrage à mettre entre les mains des âmes sensibles mais il n'en reste pas moins intéressant et confirme tout le bien que je pensais déjà de Patrick McGrath. ;o)
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Déjà auteur de l'excellent "Spider", Patrick McGrath livre ici un roman à nouveau passionnant sur le thème de la folie et de la perdition mentale.

Stella, qui s'ennuie dans sa vie de femme au foyer et dans son statut social aux conventions étriquées, connaît un véritable bouleversement intérieur le jour où elle rencontre Edgar : une attirance immédiate naît entre eux. Stella entre alors dans une relation secrète et dangereuse, où elle est prête à risquer l'avenir de sa famille... et son propre avenir. Cette relation amoureuse aura de terribles répercussions sur la vie de Stella et celle de son entourage.

Ce roman est réellement fascinant dans son ton réaliste qui fait assister à la fois de l'extérieur et de l'intérieur à la transformation inexorable de cette femme qui entre alors en pleine déchéance sociale et psychique, jusqu'à perdre pied dans son amour pour un malade mental, et ce jusqu'au drame absolu... Raconté du point de vue d'un médecin psychiatre ami de la famille, plusieurs lectures sont possibles, et finalement aucun protagoniste ne paraît totalement équilibré...

Un roman sombre et marquant.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... Cela fait des années que je m'intéresse, professionnellement, aux rapports amoureux catastrophiques fondés sur l'obsession sexuelle. La durée, l'intensité de ces relations peuvent varier considérablement mais elles passent en général par les mêmes stades. La reconnaissance. L'identification. Le rendez-vous. L'élaboration d'une structure. La complication. Et ainsi de suite. L'histoire de Stella Raphael est l'une des plus tristes que je connaisse. Cette femme, profondément frustrée, a souffert des conséquences prévisibles d'un long refoulement qui a brutalement cédé à une tentation irrésistible. Et elle était romantique. Elle déplaça son expérience avec Edgar Stark vers le registre du mélodrame, elle en fit l'histoire de deux amants hors-la-loi bravant le mépris universel pour vivre une grande passion. Quatre existences furent détruites dans ce processus, et quels que fussent les remords qu'elle en éprouva, elle s'accrocha à ses illusions jusqu'au bout. J'avais essayé de l'aider mais elle m'avait détourné de la vérité jusqu'à ce qu'il fût trop tard. Il le fallait. Elle ne pouvait pas me laisser l'atteindre vraiment, cela aurait détruit les quelques pauvres structures psychiques qu'il lui restait. ... [...]
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[...] ... - "Alors, tu n'as jamais douté de moi ?"

Elle se tourna vers [Stark], secoua la tête.

- "Moi, j'aurais douté.

- Tu n'es pas moi.

- Qui suis-je alors ?"

Elle se pressa contre lui, caressant de la main les contours de son corps, puis de son visage, glissant ses doigts dans sa barbe. Ils firent l'amour à nouveau, le temps s'envola, et ce n'est que lorsqu'elle se redressa et déclara qu'elle devait partir qu'il y eut la seule note discordante, un mauvais présage. Elle l'entendit bouger derrière elle dans le lit.

- "Retrouver Max," dit-il.

- Retrouver Max, oui.

- Il est au courant, pour nous ?

- Il ne veut pas savoir."

Il dit d'un ton soudain dédaigneux :

- "C'est un lâche. Et les autres, que disent-ils ? Cleave [= le narrateur] doit grimper aux murs !"

Elle fut étonnée de cet éclat. Il lui avait suffi d'une seconde pour se tirer d'une indolente léthargie ; il se dressait maintenant, brûlant de rancune et de mépris. ... [...]
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N'importe quel psychiatre pouvait diagnostiquer un coeur brisé quand il en observait un d'aussi près.
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Je suggérai que c'était précisément celà l'infidélité, ce n'est pas de coucher avec quelqu'un, mais surtout mettre en danger le bonheur des siens. Ce n'est pas l'acte qui compte, tout est dans l'effet qu'il produirait s'il venait à être connu.
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C'est toujours la même chose, pensait Stella avec amertume, leurs soupçons sont toujours vagues. Ils ont un pouvoir abolu ; il suffit d'un simple soupçon pour décider du sort d'un homme, pour l'enfermer à vie...
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Video de Patrick McGrath (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Patrick McGrath
Author Patrick McGrath talks about his new novel Trauma (2008) (en anglais)
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