Encore un excellent tome qui m'a pris plus de temps que d'habitude. Il est en effet long mais passionnant. le rythme est rapide, on ne s'ennuie pas une seconde, ce qui est favorisé par le saut dans le temps que l'on fait au début du roman.
On commence exactement là où on avait laissé le tome précédent, c'est à dire à Mespech. On a alors le plaisir de retrouver tout la bande autour de Pierre de Siorac, les habitants de Mespech, son père, Sauveterre, mais aussi Quéribus, Gertrude, ou Giacomi. Puis on passe de 1574 à 1584, lorsque Pierre s'installe à Paris et devient le médecin du roi. A partir de ce moment, c'est un tout autre roman qui commence. Davantage un roman politique, voire même d'aventure. On suit le roi Henri III dans ses difficultés à gouverner. Les raisons pour cela sont nombreuses, depuis la question religieuse, le conflit entre protestants et catholiques n'étant toujours pas aplani, jusqu'aux trahisons du roi par des personnes influentes du royaume, le duc de Guise ou la propre mère d'Henri, Catherine de Médicis.
C'est donc une période complexe mais palpitante, que l'on peut d'ailleurs suivre au plus près des événements grâce à Pierre de Siorac, d'abord médecin du roi puis espion. Franchement, le récit est parfois digne du cinéma. Tout le matériel nécessaire à une série ou à un film est là: menaces, trahisons, pouvoir, complots, mensonges, assassinats.
Je vais me répéter, mais je tiens à souligner le talent inégalable de l'auteur pour nous plonger dans une fresque historique incroyable. Il sait si bien décrire l'époque, Paris, les grands personnages historiques mais aussi les petites gens.
L'auteur mêle également très habilement le récit des faits historiques et le récit plus personnel et fictif de nos personnages préférés qui interviennent tous à certains moments de l'histoire, ce qui nous permet de ne pas les perdre de vue. C'est le cas par exemple de Quéribus, Jean de Siorac ou Fogacer.
L'écriture est toujours aussi fidèle à l'époque, belle, drôle quand il faut, dramatique quand les événements racontés le sont. Les dialogues sont toujours un régal à lire. Les jeux de mots sont délicieux, en particulier ceux de Chicot – et sa fameuse goutte au nez -, dont le personnage est vraiment une belle trouvaille. Si vous aimez la belle écriture, vous serez comblé par
Robert Merle qui a sur ce point un talent prodigieux.
Même si tout le roman est excellent et captivant à lire, je dois noter que la fin se distingue particulièrement. L'auteur a excellé à faire monter la tension. J'ai avalé les pages à ce moment-là, lorsque l'action devient plus pressante, car j'ai senti que quelque chose d'important se préparait. La pression monte petit à petit pour ne jamais redescendre avant la fin, qui est une sorte d'apothéose. Ce qui est quand même très fort de la part de l'auteur, c'est que l'on se dit à la fin que tout le roman devait inévitablement conduire à cette fin précise, mais en même temps, l'auteur a su créer un suspens énorme. La fin était logique mais toujours incertaine. Ce qui est parfait pour maintenir le lecteur ou la lectrice en haleine jusqu'au bout. Et sur ce point, chapeau.
Ce roman est une énième démonstration du talent de conteur, du savoir-faire et de la connaissance de l'auteur de l'époque. Après trois livres, je ne suis toujours pas lassée de la série, bien au contraire. J'ai toujours hâte de lire la suite qui promet d'être aussi palpitante.