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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le narrateur de ce roman est Rudolf Lang, personnage qui incarne Rudolf Hoess commandant du camp d'Auschwitz.

Une enfance rigoureuse, la froideur d'un père, une éducation ultra catholique, la soumission d'une mère, forgent son caractère dénué de sentiments. Il ne connaît que la valeur des ordres, le bien et le mal importent peu.

Il renie sa foi catholique. Son église s'appelle l'Allemagne.

Remarqué très tôt pour son application à obéir aux ordres, son manque glaçant de conscience, sa profonde inhumanité, il sera choisi par le Reichsführer Himmler pour mettre au point l'Usine de la mort d'Auschwitz.

Pas plus que la vie, la mort n'a d'importance pour lui, pas même la sienne. Les Juifs ne sont que des statistiques, des marchandises à détruire, le plus efficacement possible, avec le moins d'encombrement possible. Sa seule raison d'exister est d'obéir aux ordres, sans prendre d'initiative, sans émettre la moindre critique, "consciencieux sans conscience". Tout est moral si cela contribue à la victoire du nazisme. "Moraux à l'intérieur de l'immoralité"

Un roman effrayant car, si c'est un homme, comment peut-il être à ce point monstrueux ?




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C'est l'histoire de Rudolf Lang (alias Rudolf Hoess), officier SS qui dirigea le camp de Auschwitz et mit au point le gazage de juifs, les fours crématoires… officier zélé qui n'a fait « qu'obéir aux ordres ».

Robert Merle reconstitue son enfance, à partir de ce que Rudolf Lang a raconté au psychologue qui l'a interrogé pour le procès de Nuremberg.

On retrouve une violence familiale édifiante avec un père ultrareligieux, avec les prières assidues, à genoux, (on est plus dans l'autoflagellation que dans la foi), fou à lier qui veut faire de son fils en prêtre. Il l'oblige à se mettre au garde à vous en sa présence, à marcher au pas.

Il s'engage à l'âge de seize ans, alors qu'il n'y est pas autorisé car trop jeune, mais l'armée, la guerre le fascinent et aussi l'amour de son pays. Il va combattre en Turquie et sa bravoure sera reconnue.

De retour à la vie civile, il participe à la mise en place des chemises brunes et adopte les idées nazies.

Robert Merle reconstitue ensuite tout son parcours, notamment à Auschwitz et la manière dont il a accepté la mission que Himmler lui a confiée. Fonctionnaire zélé, il a mis en place le processus d'extermination des juifs comme il aurait conçu la mise ne place d'une chaîne automobile : le gazage, les ascenseurs pour acheminer les corps vers les fours crématoires…

Cet homme était marié et avait des enfants ! et si Himmler le lui avait demandé qui sait s'il n'aurait pas été capable de les tuer ? Seule comptait la mission qui lui avait été confiée et dans le meilleur délai : si Himmler le voulait, c'est qu'il avait raison !

Au procès, il répètera « je n'ai fait qu'obéir aux ordres » et n'aura jamais l'ombre d'un regret, il ne considérait pas que les juifs qu'il envoyait à la mort étaient des humains, pour lui c'était des « unités » qu'il envoyait à la chambre à gaz.

Cet homme est glaçant, déshumanisé, rien ne le touche, c'est un exécutant ! lorsqu'on lui demande comment il trouvait son travail à Auschwitz, il répond « ennuyeux » !

Je connaissais l'histoire de cet homme, avant d'ouvrir le livre, car j'ai vu un film il y a longtemps, et cette phrase « je n'ai fait qu'obéir aux ordres » m'a hantée à l'époque !

J'ai beaucoup aimé ce livre, il permet de réfléchir et de ne pas oublier surtout à une époque où l'antisémitisme a fait un retour en force.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Les nazis voulaient se débarrasser des juifs et créer grâce à l'eugénisme l'aryen parfait. Avec Rudolf Lang, le commandant d'Auschwitz, double littéraire de Rudolf Hoess, ils ont surtout créé l'homme désincarné...

Sans coeur, sans émotions, sans désirs, sans rêves, sans conscience et probablement sans âme, Rudolf Lang voit les juifs à tuer comme des unités à traiter, les chambres à gaz et les fours crématoires comme des problèmes industriels et l'odeur de chair brulée comme l'inconvénient principal...

C'est glaçant, digne des pires scénarios de science-fiction, et pourtant c'est vrai, puisque Robert Merle s'est apparemment basé sur les transcriptions d'entretien de Rudolf Hoess pour écrire ce récit.

C'est le côté désincarné de l'homme qui m'a le plus frappée, au-delà de son obéissance aveugle aux ordres ou de son enfance et sa jeunesse effectivement propres à faire de lui un psychopathe. Il ne ressent rien, alors même qu'il est confronté à l'horreur pure. On dirait qu'il est anesthésié ou hypnotisé.

C'est d'autant plus frappant que le récit est écrit à la première personne et qu'on est donc dans sa tête. Pas dans son coeur puisqu'il n'en a plus depuis longtemps apparemment. Mais dans sa tête, qui raisonne comme celle de tout un chacun, même peut-être mieux, sauf qu'il l'utilise pour exécuter un génocide. Parce que la mort est son métier...
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Ce qui, entre autres, fait la force de ce livre est la manière dont Robert Merle s'est effacé pour entrer dans la peau de Rudolf Lang (Hoess).
Ce n'est pas une grosse prise de risque que de se faire le porte-parole de victimes mais il faut du cran pour décider que l'on va décrire l'effroyable par la voix d'un bourreau. Et, qui plus est, d'un bourreau qui ne s'est jamais repenti.

En effet, inconsciemment, nous avons tendance à considérer les S.S. comme une sorte d'humanoïdes, programmés pour l'extermination et parachutés sur Terre à une période donnée allant de 1941 à 1945, prolongée pour certains jusqu'au Procès de Nuremberg en 1947.
Par cette audacieuse prise de position, Robert Merle leur redonne la dimension "humaine" d'individus lambda qui, en d'autres circonstances, auraient suivi, avec la même discipline, un parcours banal : enfant, adolescent, adulte, mari, père...
Je n'irais pas jusqu'à supputer que nous croisons certainement chaque jour des Rudolf Hoess en puissance mais, finalement, au lu de "La Mort est mon métier", je ne vois pas ce qui me permettrait de penser le contraire.

Aucun livre sur cette période tragique ne m'aura atteinte comme celui de Robert Merle.
Aucun voyeurisme, aucun pathos, aucun sentiment, dans sa narration. De la méthode, rien que de la méthode... à l'image de Rudolf Lang (Hoess).

Lang (Hoess) est dangereux car il n'a pas de faille, ne traduit aucune émotion, ne reconnaît pas celles des autres. Il ne boit que très modérément et à des occasions spéciales, dort très peu, ne mange que pour se nourrir, ne baise que sans plaisir et par nécessité. Il est incapable d'explosions de joie ou de passions dévorantes, est inapte à tout sentiment, même celui de haine.
Rudolf Lang est un exécutant au sens le plus complet du terme.

Je terminerais mon commentaire en reprenant les mots de la préface de Robert Merle :
"Il y a eu sous le Nazisme des centaines, des milliers, de Rudolf Lang, moraux à l'intérieur de l'immoralité, consciencieux sans conscience, petits cadres que leur sérieux et leurs "mérites" portaient aux plus hauts emplois. Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de l'impératif catégorique, par fidélité au chef, par soumission à l'ordre, par respect pour l'Etat. Bref, en homme de devoir ; et c'est en cela justement qu'il est monstrueux."
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Quel livre troublant ! D'autant plus troublant qu'on en ressort avec un avis très nuancé sur ce Rudolf Hoess. Cela aurait été beaucoup plus simple que seul le côté abject ressorte de cet homme. Or, retraçant son enfance Robert Merle nous fait comprendre comment ce petit Rudolf s'est construit. On en arrive, non pas à excuser et encore moins à admettre mais à comprendre d'où vient cette monstruosité. Ce n'est en aucun cas une excuse car tous les enfants ayant vécu auprès d'un père tyran et névrosé ne deviennent pas des monstres mais cela permet d'en comprendre la genèse.
Cette phrase qu'il ne cesse de répéter et qu'il dira encore lors de son procès de Nuremberg " je n'ai fait qu'obéir aux ordres" fait froid dans le dos car on comprend bien qu'il est pris dans un mécanisme psychique dans lequel il ne peut s'extraire.
Oui, comme il lui sera signifié lors de son procès il est déshumanisé et c'est ce qui met à mal le lecteur car cette distanciation, cette dichotomie entre l'homme et les faits peut avoir pour effet d'atténuer la haine qu'on pourrait avoir pour cet homme. Il n'y a aucun doute les actes sont condamnables et d'une monstruosité sans nom mais l'homme ? le fait de se poser la question trouble et met vraiment mal à l'aise car on ne peut et ne veut pas cautionner ce qu'il est mais son histoire interpelle.
Très intéressant, cette biographie romancée est à lire !
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Encore un livre délicat, difficile, en tous cas pour moi. J'ai vraiment eu beaucoup de mal à le terminer et je dois avouer avoir lu la dernière partie en diagonale tant cela était insoutenable.

Je me pose encore la question de pourquoi je l'ai terminé, pourquoi me suis-je forcée à le lire jusqu'au bout quand mon coeur se soulevait à chaque page ? Je ne sais pas répondre à cette question, ce dont je suis sûre c'est que ce n'est pas une contemplation malsaine mais plutôt la volonté de ne pas céder à l'hypocrisie car comme le dit Robert Merle dans sa préface "(…), je savais que de 1941 à 1945, cinq millions de juifs avaient été gazés à Auschwitz. Mais autre chose est de le savoir abstraitement et autre chose de toucher du doigt, dans des textes officiels, l'organisation matérielle de l'effroyable génocide."
Et effectivement, dans ce livre il faut affronter la réalité de plein fouet. Lorsque des êtres humains deviennent des "unités", lorsque leur éradication ne se résume plus qu'à une entreprise dont le principal soucis est le "rendement", on descend tellement bas dans les tréfonds de l'âme humaine que plus rien ne paraît avoir de sens.

Quand Rudolf Lang (qui est en fait Rudolf Hoess, commandant du camp d'Auschwitz) commence à imaginer l'organisation de son "Usine de Mort", j'ai pensé qu'il pourrait presque s'agir d'un roman d'anticipation où des êtres NON Humains réfléchiraient au moyens d'éliminer des êtres Humains ; mais non, c'est un livre d'Histoire ! Ce ne sont pas des "aliens" qui ont mis au point cette entreprise meurtrière, ce sont des Hommes qui ont fait ça à d'autres Hommes. Et pour moi c'est bien là le pire.
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Discipliné, consciencieux, ingénieux, capable de prendre des initiatives et surtout, dépourvu de conscience et de tout sens moral, Rudolf Lang a le profil idéal pour occuper le poste de commandant des camps de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau. Robert Merle imagine les mémoires de ce double fictif de Rudolf Hoess dans « la mort est mon métier ». Il livre un roman didactique essentiel pour comprendre la Shoah et la mentalité des criminels nazis.

Le roman s'attache dans un premier temps à analyser les circonstances qui ont permis la naissance d'un tel monstre. Enfant, il grandit sous la férule d'un père autoritaire doté d'une religiosité névrotique. Âgé de seize ans, il s'engage dans les rangs de l'Armée allemande et combat sur le front oriental pendant la Première Guerre mondiale. Après l'Armistice, il rejoint le corps-franc Rossbach avant de connaître une période de chômage et d'emplois mal rémunérés. Il s'inscrit au parti nazi dès les premiers mois de sa création. En mélangeant tous ces ingrédients, on obtient un animal de sang froid, patriote revanchard, prêt à obéir sans état d'âme.

Le roman décrit dans un second temps l'élaboration d'un génocide industriel. Les massacres de masse des premiers temps de guerre commis par les Einsatzgruppen sont aux yeux de Lang un procédé grossier indigne d'une nation moderne. Il va chercher à perfectionner l'organisation du camps d'extermination pour être en mesure de « traiter » un convoi de deux mille « unités » en quelques heures. Il faut être efficace et productif pour tuer un maximum de déportés et se débarrasser de cadavres encombrants dans des délais très courts. Lang relève le défi technique et travaille avec dévouement pour perfectionner son usine de mise à mort. La mort est son métier.

Je regrette l'emploi répété d'expressions allemandes en *v.o.* comme « Jawohl », « Mein Herr » ou « Mensch ». Si le but était de germaniser les dialogues, c'est raté, je trouve qu'au contraire que le texte perd en crédibilité. A noter que si Robert Merle analyse les mécanismes de l'extermination, il aborde peu ou pas l'aspect concentrationnaire et l'exploitation économique des détenus. Cette thématique est plus largement traitée par Martin Amis dans « Zone d'intérêt » qui s'inspire lui aussi de Rudolf Hoess, mais dans un registre totalement différent.

« La mort est mon métier » permet de comprendre le parcours de Rudolf Lang/ Hoess sans toutefois l'absoudre de ses responsabilités. Lors de son procès, l'ancien commandant ne ressent aucune culpabilité, il n'a fait qu'exécuter des ordres. Si l'ordre était mauvais, il n'en est pas responsable. Robert Merle conclut : « Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de l'impératif catégorique, par fidélité au chef, par soumission à l'ordre, par respect pour l'État. Bref, en homme de devoir : et c'est en cela justement qu'il est monstrueux. »
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C'est un ouvrage tout à fait fascinant. La vie de Rudolf Höss (Rudolf Lang dans le livre) défile sous son regard, Robert Merle nous délivre toute la profondeur sombre de son âme (car il en a une, oui c'est homme). Malgré le courant juste après guerre voulant déshumaniser le régime nazi et ses exactions, Robert Merle prend le parti de faire de Rudolf Höss un être humain dans toute sa complexité et de nous livrer une partie de sa biographie qui est inspirée entretiens avec l'intéressé.
L'intérêt de vouloir montrer l'histoire sous cet aspect est de tenter de permettre de comprendre la mise oeuvre des mécanismes menant à l'extermination massive de peuples mais aussi de mettre en garde sur sa faisabilité.
Plusieurs ingrédients sont présents après la première guerre facilitant la mise en place d'un régime autoritaire, comme l'humiliation du peuple allemand, démilitarisé, endetté, qui produisent la haine, l'esprit revanchard et l'extrémisme.
Reste à savoir quels sont les hommes qui vont pouvoir dans ce contexte servir les desseins du nazisme, quels sont les hommes qui vont pouvoir servir la cause les yeux fermés.

Rudolph a pendant son enfance une éducation rigoureuse, une éducation protestante, la religion est omniprésente. On lui apprend à obéir, à se plier à la règle du père de famille et à ne jamais lui mentir sous peine des pires humiliations. Aussi le petit Rudolph ne doit rien faire sans qu'il en soit autorisé, les initiatives ne sont pas tolérées dans cette atmosphère familiale austère.
Destiné à une carrière religieuse, il prend la fuite pour s'enrôler dans l'armée alors qu'il a moins de 16 ans et s'illustre par ses faits d'armes pendant la première guerre mondiale.
il intègre peu à peu le parti nazi en prouvant sa ténacité, sa capacité de résistance (psychologique) et de soumission.
Lorsque le régime Nazi prend le pouvoir il est rapidement sélectionné "pour ses talents d'organisation et ses rares qualités de conscience".
A partir de là, la mise en place des camps et des méthodes d'extermination sont détaillées, montrant toute l'horreur et l'aveuglement dont ont été capable les décideurs jusqu'aux exécutants. Robert merle met aussi en évidence la manière dont a pu être mis en place un système reposant sur une hiérarchie structurée de telle sorte qu'elle permettait la déresponsabilisation de chaque échelon convaincu d'oeuvrer pour le bien de la patrie et même de l'humanité.

Un ouvrage à continuer à faire circuler à travers les générations.
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Livre dont tout le monde parle même ceux qui ne l'ont jamais lu, mais en ont tellement entendu parler que c'est tout comme...
J'ai voulu pour ma part, mettre à profit ce temps de retrait pour combler cette lacune.
Le livre se lit comme un roman et provoque chez le lecteur la même réaction que celle de Tzvetan Todorov, lorsqu'il a lu les mémoires de Rudolf Höss publiées en 1958 sous le titre le commandant d'Auschwitz parle, et dont s'est inspiré Robert Merle pour son personnage de Rudolf Lang.
« La lecture du livre de Höss provoque chaque fois en moi un fort malaise. [...] Dès que je lis ou recopie de telles phrases, je sens monter en moi quelque chose comme une nausée. Aucun des autres livres dont je parle ici ne me donne cette impression aussi fortement. À quoi est-elle due ? Sans doute à la conjonction de plusieurs facteurs : l'énormité du crime ; l'absence de véritables regrets de la part de l'auteur ; et tout ce par quoi il m'incite à m'identifier à lui et à partager sa manière de voir. […] En lisant, j'accepte de partager avec lui ce rôle de voyeur de la mort, et je m'en sens sali. »
Le roman de Merle décrit avec une grande précision la construction de la personnalité de Rudolf Lang, enfant dont le père pour expier ses propres fautes, voulait faire un prêtre.
La révolte de l'adolescent le conduit à s'engager dès l'âge de 16 ans, en 1916. Il devient le plus jeune sous officier allemand dès l'âge de 17 ans.
La défaite de l'Allemagne et les obligations humiliantes du Traité de Versailles font le reste.
L'ambiguïté de toute cette partie historique, dans laquelle le récit résonne avec un roman comme les Camarades de Erich Maria Remarque, est qu'en expliquant avec une grande précision, les conditions qui conduisent Rudolf à entrer, après-guerre, dans les Corps-Francs, puis les S.A dès 1922, à assassiner un militant communiste, à faire de la prison puis à devenir un officier SS, elle frôle, selon moi, la justification.
On assiste à l'éclosion de l'officier SS parfait qui ne discute pas les ordres, ne les confronte jamais à ce qui pourrait les remettre en cause, les accepte parce qu'ils sont des ordres de ses supérieurs et qu'il est un officier irréprochable.
« la pensée de refuser d'exécuter un ordre ne lui venait même pas» déclare-t-il au psychologue américain Gustave Gilbert.
Après la lecture du récit de Merle, le lecteur est tenté de "vérifier" la véracité de ce qui y est rapporté, et la véracité des faits rapportés est confirmée par la totalité des éléments que l'on peut trouver sur le sujet, notamment dans les rapports de Leon Goldensohn le psychiatre qui interrogea Höss, les minutes du procès de Nuremberg ou celles du procès en Pologne qui conduira à sa pendaison à Auschwitz en avril 1947.
On apprend en lisant les témoignages recueillis lors de ces procès et leurs analyses ultérieures que « [le témoignage de Höss à Nuremberg], qui allait se révéler beaucoup plus tard fut une grande exagération du nombre des victimes, dont les négationnistes feraient un jour leurs choux gras : il prétendit qu'Auschwitz avait vu mourir deux millions et demi de déportés, ce dont Robert Faurisson et ses adeptes devaient profiter pour semer la confusion » (Citation de François Delpal, Nuremberg face à L Histoire - Éditons de l'Archipel 2006)
Höss se chargea de la mise en oeuvre de "L'action spéciale" (nom de code que Himmler donna à la déportation, au gazage et à la crémation de millions de Juifs) avec le zèle d'un entrepreneur soucieux de productivité, de moindre coût et d'efficience...Dans le même temps il jouait le rôle de bon père de famille attentif au bonheur de son foyer...
Gilbert en est finalement arrivé à la conclusion que Höss « donne l'impression générale d'un homme intellectuellement normal, mais avec une apathie de schizophrène, une insensibilité et un manque d'énergie que l'on ne pourrait guère trouver plus développés chez un franc psychopathe».
Le roman de Robert Merle démontre, s'il en était encore besoin, que les thèses les plus meurtrières se satisfont de justifications simplistes à même de séduire les partisans de leur mise en oeuvre.
On en voit de nos jours les effets qui conduisent certains à nier chez l'autre la qualité d'être humain, parce qu'il est juif, parce qu'il est étranger, parcequ'il est noir ou blanc, parce qu'il est chrétien ou musulman parce qu'il est différent tout simplement.
Un livre à promouvoir plus encore qu'il ne l'a été à sa parution !
"Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de l'impératif catégorique, par fidélité au chef , par soumission à l'ordre, par respect pour l'État. Bref, en homme de devoir : et c'est en cela justement qu'il est monstrueux"
Robert Merle le 27 avril 1972



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La mort est mon métier est un grand classique de la littérature sur le nazisme qui retrace le parcours de Rudolf Höss ou Höß (Rudolf Lang dans le livre). On y découvre son enfance, son ascension au sein du parti nazi et son quotidien de commandant des camps de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau.
Cette lecture est aussi douloureuse que passionnante. Robert Merle a su parfaitement faire le portrait de cet homme dénué de sentiments, d'une fidélité sans faille à l'ordre établi, qui se comporte en directeur d'usine à la recherche du rendement maximum. Son enfance explique pour beaucoup l'obéissance aveugle dont il fait preuve. le tour de force de Merle est de donner des éclaircissements sur le comportement de Rudolf Höss sans jamais chercher à le justifier.
Un livre à lire évidemment, si ce n'est déjà fait.
Lien : http://lafleurdesmots.fr/mor..
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