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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un roman historique terrifiant publié il y a presque 50 ans à partir d'éléments recueillis par un psychologue américain pendant le Procès de Nuremberg. Robert Merle y raconte la vie romancée de Rudolf Hoess (Rudolf Lang dans le livre), responsable du camp d'Auschwitz-Birkenau et instigateur de la solution finale et de sa mise en application, afin que le » rendement » du processus d'extermination soit optimal.

L'auteur essaie de comprendre et d'expliquer comment un fils de bonne famille chrétienne, puis père de famille, a pu se transformer en cet abominable criminel de guerre. Rudolf Lang, qui a subi une éducation rigide, a toujours respecté la notion de « chef » et de « hiérarchie ». Il faut obéir aux ordres froidement, sans aucun sentiment, sans se poser de questions. On doit accomplir son « devoir » pour la patrie et jusqu'au bout rester fidèle à la cause nazie. Hoess/Lang n'aura aucun regret et se sentira même trahi par ceux qui se sont suicidés.

Voici un excellent livre noir, très noir, qui fait frémir en nous plongeant dans l'horreur des camps. Mais je le recommande vivement. Il est absolument indispensable pour ne pas oublier que tout, et même le pire, est toujours susceptible d' arriver, si nous n'y prenons pas garde.
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Cette plongée dans la « conscience » de Rudolf Höß est hallucinante. Dans la même perspective, mais moins volontairement brillant et inutilement érudit que les Bienveillantes de Littell, ce roman est aussi beaucoup plus efficace et encore plus prenant. On assiste, en quelque sorte de l'intérieur, à l'industrialisation de l'extermination des Juifs. On éprouve une horreur fascinée à voir résoudre les multiples problèmes concrets qui se sont posés. On constate aussi que n'importe quel régime, fût-il le plus répugnant, trouve toujours les auxiliaires dont il a besoin. L'adéquation entre le profil psychologique et social de Höß et la superstructure nazie est parfaitement mise en relief.
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Je suis complètement fan de Robert Merle, et ce livre est sans doute le plus fort, le plus atroce qu'il ait écrit, car il est basé sur des faits réels horribles.
On sait que l'homme, à peine caché derrière le personnage, est un criminel nazi particulièrement zélé, qui à vécu ce qu'il raconte. Et il le raconte en usant de la 1ère personne du singulier. Ce type s'adresse à moi! Il me raconte sa vie, et la mort de ses prisonniers. Il se dédouane auprès de moi en avançant qu'il se contente seulement d'obéir aux ordres et qu'il n'est donc responsable ni des monstruosités qu'il commet, ni des outils barbares qu'il invente.
Je pense que si ce roman est si percutant, c'est que le "je" étouffe le lecteur, et surtout le culpabilise.


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Cela faisait quelques temps déjà que je voulais découvrir Robert Merle, j'avais d'ailleurs repéré son « Malevil » qui attend toujours dans ma PAL. Mais « La mort est mon métier » s'est finalement invité en premier, l'occasion d'échanger avec mon fils qui a fait cette lecture en janvier pour ses cours.

Et bien je peux dire que j'apprécie la plume de l'auteur car, malgré la difficulté du sujet, j'ai dévoré les 400 pages en une semaine.

Sujet difficile car jamais simple de s'immerger dans l'Histoire des camps de concentration de la seconde guerre mondiale.

Ici l'auteur nous retrace le parcours de Rudolf Höss - Rudolf Lang dans le roman - ancien commandant du camp d'Auschwitz.

La préface de R. Merle est intéressante car il explique entre autre qu'il s'est principalement appuyé sur les rapports de G. Gilbert, un psychologue américain, qui a pu s'entretenir avec ce haut gradé nazi avant son exécution.

« Il y a une différence entre coucher sur le papier ses souvenirs en les arrangeant et être interrogé par un psychologue… » Préface

C'est que Lang/Höss a une personnalité complexe. Une enfance difficile, traumatisante même, où il présente déjà des troubles qui vont façonner sa personnalité. L'éducation très stricte, quasi militaire de son père, le conduit à réprimer ses émotions et à adopter une attitude de soumission. On le découvre peu sociable, avec un grand besoin de cadre, de règles et de rituels pour dérouler sa journée et ne pas faire de « crises ».
La discipline de l'armée ne pouvait que lui convenir, et, conforté par son fort sentiment nationaliste, davantage encore son adhésion pleine et entière à la philosophie nazie.

Et les hauts dirigeants nazis l'ont d'ailleurs bien compris en lui confiant la mise en oeuvre de leur monstrueuse « solution finale ».

« - Je vous ai choisi, vous, à cause de votre talent d'organisateur…
Il bougea légèrement dans l'ombre et articula avec netteté :
…et de vos rares qualités de conscience. » P274

Pour sûr, le bon profil pour obéir aussi aveuglément à de tels ordres. On voit au fil des pages que la soumission au chef est un refuge pour lui, une ligne de conduite qui le rassure et l'apaise. Inutile de se poser de questions, du point de vue moral j'entends, tout est simple : le chef a ordonné ; il suffit d'obéir.

« Il ne m'est jamais venu à l'idée de désobéir aux ordres. » P412

Et c'est par sa narration que l'on voit comment ces camps d'exterminations ont été progressivement élaborés, les difficultés rencontrées et les solutions envisagées. Des horreurs décrites froidement, avec un oeil pragmatique, déshumanisé. Il ne parle d'ailleurs pas d'humains, mais d'unités.

« -En fait, reprit-il, tuer n'est rien. C'est enterrer qui prend du temps. » P319

Une lecture difficile par son contenu, pas simple pour mon fils d'en mesurer vraiment l'horreur et surtout sa réalité. Cela parait tellement impensable que des humains organisent de telles choses…

En faisant quelques recherches sur le net (dont des photographies des protagonistes pour donner plus de réalité à ce récit à mon fils), je suis tombée sur cette citation de Gustave Gilbert, le psychologue :

« Höss donne l'impression générale d'un homme intellectuellement normal, mais avec une apathie de schizophrène, une insensibilité et un manque d'énergie que l'on ne pourrait guère trouver plus développés chez un franc psychopathe ».

Robert Merle le dépeint tel quel dans son livre.
Je ne suis pas prête d'oublier ce récit, ni ce bourreau.

Un livre d'Histoire incontournable, c'est certain.
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Très intéressée par la Seconde Guerre Mondiale, ce livre s'est vite retrouvé entre mes mains. En effet, j'étais intriguée de lire un livre sur la Shoah du point de vue d'un officier SS. Mais ce n'est pas n'importe quel SS, il s'agit de Rudolf Höss, commandant d'Auschwitz.

Cette lecture fut déroutante car je me suis pris d'affection pour le jeune Rudolf qui suit des règles rigides et dont le père veut en faire un ecclésiastique. Puis viens l'adolescence, Rudolf s'engage et devient un dragon. Finalement, désillusionné, il devient un monstre qui causera des millions de morts.

Le point de vue de Monsieur Merle sur la déshumanisation est intéressante. Toutefois, je ne partage pas son point de vue. En effet, je pense qu'il ne faut pas en faire une généralité. Plusieurs SS étaient conscients de leurs actes, l'antisémitisme étant très présent à cette époque.

En conclusion, ce fut une excellente lecture. Pour toutes les personnes intéressées au sujet de la Shoah et du fonctionnement des camps d'extermination, ce livre est un passage obligé.
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Difficile d'écrire un avis sur un sujet aussi sensible. Je dirai simplement que c'est admirablement bien écrit. C'était la première fois que je lisais Robert Merle, et j'ai aimé son style. D'autant plus que le sujet était fort bien documenté. J'ai cependant un petit bémol pour la première partie qui nous raconte l'histoire depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte du personnage principal. J'ai trouvé cette partie ''trop longue'' par rapport à la deuxième partie qui narre le commandement de ce camp abominable d'Auschwitz et la création de la chambre à gaz. C'était poignant... et d'autant plus troublant qu'on nous le raconte à partir du point de vue des Allemands. Une lecture brise coeur, mais qui est nécessaire pour le souvenir... et surtout pour ne jamais reproduire.
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Tout l' univers de Rudolf Lang bascule quand il apprend en 1945 le suicide d'Himmler, la fuite de son chef devant ses responsabilités, son chef à qui il avait obéi aveuglément pour l'honneur de l'Allemagne.

Extraordinaire Robert Merle!

J'ai été littéralement pétrifié dès les premières lignes, on s'identifie tellement à ce personnage écrasé par un père à moitié fou. Repéré par les SS pour ses talents d'organisateur et ses rares qualités de conscience il quitte la ferme où il vivotait et monte rapidement les échelons dans la hiérarchie du camp de rééducation d'Auschwitz.

Avait-il le choix en 1940 ,après s'être vu refuser sa mutation au front russe, de ne pas obéir aux ordres d'établir un plan permettant l'élimination journalière de 3000 puis 10000 unités?
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Rudolf Lang apprend à treize ans que son destin est tout tracé : il entrera dans les ordres pour expier les fautes paternelles. A la mort de son père en 1914, le jeune garçon se libère de cette volonté et oeuvre pour partir au front. Il deviendra finalement soldat en 1916, dès seize ans. Dès lors, sa vie sera intimement liée au sentiment patriotique.
Voici un roman-documentaire choc. Même si on estime avoir lu de nombreux ouvrages sur le nazisme, celui-ci offre un éclairage particulier. Robert Merle prend l'exemple de Rudolf Hoess (qui a réellement existé) pour montrer comment les idéaux nazis ont pu s'enkyster chez un individu - mais pas n'importe quel individu - et faire de lui un monstre. Rudolf a été élevé par un père tyrannique, impitoyable, obsédé par la religion et le péché. Croyant échapper à l'emprise paternelle, le jeune homme se "libère" en rejoignant l'armée, où il subit de fait d'autres tyrannies : celle de la hiérarchie, mais aussi celle de l'extrême rigueur qu'il s'impose lui-même. Nous suivons le cheminement de cet homme froid, ce "petit fonctionnaire calme et scrupuleux" (p. 369), capable du meilleur et du pire, qui éprouve plus de plaisir en cirant ses bottes qu'entre les bras d'une femme... le fait que son sens de la discipline occulte tout sentiment, toute faculté de jugement est terrifiant : "Je n'ai pas à m'occuper de ce que je pense. Mon devoir est d'obéir." (p. 363). le sadisme semble étrangement absent de ses actes, ceux-ci sont dictés par un effroyable souci d'ordre et d'obéissance envers un idéal... Ce récit a de quoi bouleverser bien des idées préconçues. Il est évidemment dur, parfois insoutenable, puisque Rudolf Lang fut un rouage important du monstrueux mécanisme d'élimination des Juifs...

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Si un livre m'a glacé le sang, c'est bien celui-ci

Ecrire un livre sur les atrocités de cette période n'est pas chose facile. Mais écrire un livre du côté des bourreaux, à la première personne de plus ; j'en suis resté impressionné par le talent de Robert Merle d'avoir écrit ce livre. Lire ce roman en partie historique, en connaissant déjà la fin monstrueuse, est très difficile mais cela ne m'a pas empêché de le lire en un peu plus d'une journée. Dès le départ, certains caractères particuliers germent en ce personnage ; l'obéissance, la docilité, l'aveuglement. Rien n'est épargné pour souligner la "banalité du mal" de Rudolf Lang, alias Rudolf Höß. La découverte d'un homme qui ne suit que les ordres, pense seulement au bien de sa nation et remet toute la responsabilité sur son supérieur direct, il n'y a rien de plus terrible. L'anéantissement d'un peuple entier ressemble dès lors à un "problème administratif" où tout se calcule, se compte et où les idées les plus diaboliques sont à prendre

Les interprétations sont diverses, mais ces livres comme "Eichmann à Jérusalem" de Hannah Arendt ou encore les procès après-guerre nous enseignent que désormais, suivre des ordres n'est pas une justification pour les tyrans, même si cela n'aurait jamais dû être le cas

Il me faut encore poursuivre sur cette voie, mais j'avoue que cela demande un effort de se plonger dans cette partie de notre histoire humaine, surtout que je fais de nombreuses recherches en parallèle
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Robert Merle nous présente une période d'histoire abominable : celle du génocide des juifs, mais surtout grâce aux entretiens du Psychologue US Gilbert lors des interrogatoires à Nuremberg il retrace le parcours de Rudolf Hoess qui, comme des milliers d'autres allemands après la défaite de14/18 ont du accepter des boulots précaires, le chômage...pour se faire cueillir par la "machine" nazi !
Rudolf devait être prêtre pour " racheter" les fautes de son père : un catholique autoritaire et méprisant à son égard...et, au décès de ce dernier, ayant refusé cette clause héréditaire imposée, il part s'engager dans le corps des dragons mais il sera démobilisé et sera obligé de se chercher un travail qui ne lui convient pas .
Il est anxieux, antisocial, rebelle : c'est un "poisson froid" qui va avoir du mal à s'intégrer avec ses camarades et, suite à une bagarre : il fera de la prison puis cherchera un emploi car le chômage et la misère font rage en ces temps de chaos post guerre..
Et, peu à peu il va succomber aux sirènes d'un nouveau parti qui va le conduire au fil des années vers une carrière militaire au service des méfaits, crimes de l'idéologie faciste.
Homme de devoir, de méthode, d'organisation, fiable et fidèle il va gravir tous les échelons pour arriver à être le commandant en chef du camp d'Auschwitz et là, Robert Merle avec finesse, style et pudeur nous décrit toutes les horreurs qui ont été perpétrées pour exterminer dans un souci de rentabilité, d'efficacité 5 millions de juifs ! Rudolf a mis son sens de l'organisation, son zèle et sa vie au service de la grandeur de l'Allemagne !
A tel point que, même au procès Rudolf n'a pas nié les faits et il a affirmé encore " avoir obéi " et "ne pas avoir de remords " !
Robert Merle pose le problème de l'humanisme, des dégâts des idéologies qui utilisent les hommes pour accomplir le pire ! Car, cette obéissance aveugle a poussé un peuple à en détruire un autre dans des conditions atroces et impensables ! Et, pourtant : il y a eu d'autres génocides moins médiatisés mais aussi graves ( le génocide arménien, celui des Hutus et Tutsis ...sans parler de ceux qui subrepticement se déroulent actuellement contre des populations qu'on veut anéantir ! ).
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