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EAN : 9782246817406
Grasset (17/04/2019)
3.38/5   16 notes
Résumé :
Traduction d'Amandine Py

À Villeradieuse, c’est le tout puissant don Efrem qui dicte les règles. Lorsqu’on travaille pour le Patron, l’argent coule à flots et la vie semble facile. Sauf quand on vous retrouve criblé de balles bien sûr, et qu’un ami aperçoit vos chaussures dépasser du fourgon prêt à partir pour la morgue. Celles de Chepe étaient vertes – Manuel ne peut pas les oublier – et identiques à celles que porte le jeune homme accoudé au bar à c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Chepe a une dégaine de ouf, avec son look signé de la tête au pied, ribouk, disel, calvinklein, chevinion, guchi, verzache, et pas de contrefaçon exkuzmi ...
Yovani se ballade avec des fringues signés aussi, silvouplé , mais de morts, de préférence tués par balles, et porte justement les chaussures en peau de serpent, verts, au bout arrondi pointé, qui étaient celles de Chepe qui vient de se faire buter...
Il les a achetés à don Rogelio, le bizinismen du commerce de fringues entre butés et vivants, "à bons prix"...Eh bien tout ça intéresse beaucoup Manolo, mais la tête de Rogelio ne lui revenant pas, il va aller faire son shopping directement à la morgue.
Nous sommes en Colombie à Villeradieuse, où vu le nombre de "clients huppés" butés par jour, les morgues sont bien fournies en fringues de marque, garnis d'accrocs, croutes de sang coagulés ou déchirures.....dépendant du mode d'exécution. L'unique difficulté est de se trouver la bonne taille et une fois le look d'enfer réglé, de ne pas se faire prendre pour le fantôme de l'ex-habitant du look.....

Tout ce que je viens de vous raconter ce n'est que le tout début.....car débute alors la vraie histoire de Villeradieuse avec ses deux caïds Don Efrem et Moncada, deux narcotrafiquants , d’anciens associés en pleine guerre, une guerre sans merci.....Mais chaque homme a sa faiblesse, et celle de Don Efrem, qui fait tuer comme il respire, sera " une poulette de la haute " qui va l'ensorceller. Or la poulette Lorenita semble être coriace, et désarçonne complètement ce malfrat devant qui toute la ville tremble.....Sur fond de musique d'Amérique latine, de flots d'aguardiente, de sacs bourrés de dollars, de bombes qui explosent, de cadavres qui s'amoncellent.....une histoire à l'humour caustique qui vous fera passer un très très bon moment de lecture ! Moi j'ai adoré !

Merci infiniment aux éditions Grasset et NetGalleyFrance pour l'envoie de ce livre superbe !
#LeMortEtaitTropGrand#NetGalleyFrance



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"Wouah mec, quelle allure j'aurais si je pouvais me payer des fringues de luxe, des vraies, pas des copies madeinchina, un vrai blouson disel, un jean chevinion, un polo lacost, un ceinturon doltchegabana, et puis surtout des chouses en peau de serpent, vertes, comme celles de ce type, là, au bar, les mêmes que celles de Chepe qui s'est fait buter l'autre jour... Mais attends, vise un peu ces chaussures, elles sont pas comme celles de Chepe, ce sont carrément les siennes, y en a pas deux des comme ça...mais ça peut pas être les pieds du Chepe vu qu'il est mort et enterré... attends, mec, où tu les as eues tes verzatche ?" Telle est en substance la question existentielle que Manuel pose à Yovani, dont il fait la connaissance par hasard dans un bar de Villeradieuse, Colombie. Et la réponse de Yovani d'arriver laborieusement, mais tout aussi vitale (ou mortelle, c'est selon) que la question : "Bah je les ai achetées à un gars qui fait du bizness avec un mec de la morgue, vu le nombre de cadavres ici, y en a plein, des fringues griffées (lire : trouées par balle, déchirées au couteau, tâchées de sang ou de cervelle) à prix cassé…" C'est ainsi que Manuel, jeune gars sans le sou d'un quartier déshérité, met le doigt dans l'engrenage. Persuadé que, sapé comme un prince, lui et sa confiance grandiront d'au moins deux mètres de haut et de large, il s'endette pour acheter la tenue d'un mort tout frais et juste de sa taille. Sauf que les tueurs du mort en question, deux sous-fifres bossant pour le compte de Don Efrem, apercevant Manuel de loin avec ses nouvelles fringues sur le dos, croient avoir affaire à un revenant ou à un ressuscité, et ça, ça ne plaira pas du tout au patron. S'en suit une chasse à l'homme, ou plutôt au fantôme, tout cela sur fond de lutte à mort entre les deux narcotrafiquants qui se disputent le contrôle de la ville, Don Efrem et Moncada, autrefois associés, désormais rivaux impitoyables. Pendant que les bombes explosent généreusement et que les armes s'en donnent à coeur joie, Manuel, qui n'a pas compris qu'il était pourchassé, essaie de rembourser ses dettes à coup de petits boulots, et rêve d'argent facile et de jolies filles. L'argent facile, c'est possible, à condition d'accepter l'illégalité et le risque (non négligeable) de mourir sur son "lieu de travail". Et pour les filles, il y a Lorena, adorable, intelligente, inaccessible, même pour Don Efrem, qui a jeté son dévolu sur elle. D'ailleurs les scènes où le truand au coeur de pierre tente de séduire la belle à coup de cadeaux luxueux et de poèmes tout en prenant des cours accélérés de "culture" sont hilarantes. Ay ay ay Lorenita, talon d'Achille de Don Efrem...
Dans un déchaînement inouï de violence où pleuvent les cadavres déchiquetés et les pelletées de dollars, mais qui n'empêche pas la musique et l'alcool de se déverser au fil des pages, ce roman brosse le portrait d'une période noire de la Colombie et de ses cartels tout-puissants, et surtout des gens ordinaires avec des rêves ordinaires qui tentent de vivre dans ce chaos. La plume de l'auteur est corrosive et son talent de conteur ne fait aucun doute. C'est terrible à dire : ce bouquin déjanté et à l'ironie décapante raconte des choses tragiques, mais qu'est-ce que c'est drôle...
En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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« Jamais j'oublierai les chaussures vertes de Chepe Molina »… Les pompes en serpent, trop classe ! A Villeradieuse (quel nom !), Colombie, on peut s'habiller des pieds à la tête, pour trois fois rien grâce au croquemort qui refourgue les fringues « tendance » des morts (prématurément et violemment). La mode (enfin, celle du coin, plutôt bling bling) à la portée du premier petit blaireau qui voudrait frimer comme les copains. Le must de l'économie circulaire, des nippes somptueuses, à peine trouées, percées ou délicatement déchirées aux quelques endroits qu'une lame ou un projectile a perforés. A ce détail près, comme neuves, on vous dit.
Voici un sommet d'humour noir, une réflexion acide sans aucune complaisance sur le monde des narcotrafiquants, ses caïds, ses hommes de main et tous ceux qui rêvent de le devenir. A travers le narrateur, jeune rêveur désoeuvré, on perçoit la désolation d'une société où l'unique ascenseur social est le crime. Tout y est : le défilé du petit peuple sous le joug des narcotrafiquants, le club de foot qu'ils financent, les tueurs drogués et stupides, la mère courage qui n'a plus peur à force d'avoir eu trop peur trop longtemps, les gamins qui rêvent de porter les mêmes fringues que les sicarios. Les flics, les avocats, les politiciens, toute une faune bien nourrie, occupée à obéir à ceux qu'elle devrait neutraliser : les caïds qui réussissent. Toujours les plus violents, les plus déterminés, les plus cruels, les plus inhumains.
On imagine, en creux (et à travers le personnage de Lorena, la belle qui ne cède pas au Patron), le calvaire de ceux qui, obligés de vivre dans un tel cloaque, tentent de rester droits et honnêtes, de vivre une vie à peu près normale. Et au final, on se pose une dernière question, la question qui tue (elle aussi) : quid de la responsabilité du consommateur lambda ou des happy few qui consomment de la cocaïne sans chercher à savoir comment elle est parvenue jusqu'à eux, combien de douleur et de chagrin, elle a déjà causé ?
Le Mort était trop grand est une charge féroce et sarcastique sur l'enfer que le trafic de drogue a installé dans le pays de l'auteur. Pourtant, et c'est sa force, ce roman est une farce éblouissante, un cocktail enivrant de saynètes désopilantes, de dialogues hilarants à travers le regard et les pensées d'un petit branleur sans le sou qui vit aux crochets de sa mère et qui prend des airs dans des fringues de marque. le personnage de don Efrem est l'archétype du mafieux qui a réussi parce qu'il est plus violent, plus outrancier, plus cruel, plus cupide que les autres. Plus malin, peut-être aussi ? Pas vraiment, c'est un assassin ignare, stupide, grossier et l'auteur ne lui fait aucun cadeau. « Des gens cultivés travaillent sous mes ordres. A quoi ça me servirait, bordel, d'avoir de la culture ! »
Dans une inventivité permanente, colorée et musicale (très cinématographique), le texte est truffé de bons mots et de clins d'oeil savoureusement décalés. On pense à Balzac (la description longuette de l'épicerie de dona Gloria confinée dans un garage, sorte de pension Vauquer en miniature colorée) ou à Molière et son Bourgeois Gentilhomme. Même si le Monsieur Jourdain de Rivas, narcotrafiquant de son état, n'a rien d'un gentilhomme, même si sa prose est à vomir, pour séduire la belle et inaccessible Lorena, comme Jourdain qui soupirait pour la marquise, il s'en remet, lui aussi, à la culture et à la poésie.
Les dialogues fleurissent, impayables. Il y en a pour tous les personnages, y compris les seconds rôles, au bistrot où les vieux plastronnent et pérorent, avec les tueurs qui, apercevant les fringues de leur dernière victime sur le dos d'un jeune blanc bec, se croient victime d'un revenant, à la morgue où on a installé un salon d'essayage.
Le Mort était trop grand est tout simplement ma meilleure lecture de l'année. En 2011, à la foire du livre de Guadalajara, on avait désigné Rivas comme l'un des « 25 secrets les mieux gardés d'Amérique latine ». Les secrets sont faits pour être dévoilés, c'est fait.

Merci Lecteurs.com #Explorateursrentréelittéraire
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*** Chronique de la rentrée 2019 # 2 ***

426e page… J'y suis arrivé. Après ma pause à la page 100, je persiste et signe : Luis Miguel Rivas a développé, pour ce roman, une écriture, à mes yeux, horripilante. Dès les premières pages, je me heurte à ce qui s'apparente à un mépris total des règles grammaticales et des conventions d'écriture. L'usage de la ponctuation est en conflit permanent avec les lois qui la régissent. Les termes choisis relèvent très, trop souvent, d'un anglais pauvrement francisé, d'une altération systématique des marques existantes et des paroles de chansons qui illustrent le récit. La lecture en devient lourde et vide de toute valeur ajoutée enrichissant le propos. de la même façon, l'usage du verlan, récurrent, n'apporte rien à la caricature des personnages de Manolo et Yovani, une paire des glandouilleurs ne vivant que pour la frime, le port ostentatoire de vêtements de marque alors qu'ils manquent de travail et de moyens.
Que cache ce choix d'une apparente pauvreté de style ? Est-ce une provocation ? Une manière, un peu paresseuse , de suivre l'évolution d'un parler populaire ne se donnant plus la peine d'un phrasé construit, riche et respectueux des règles ? Ou, plus tristement, est-ce seulement une écriture décalée qui permet à l'auteur visant la comédie, le burlesque, de se différencier de ses confrères et d'attirer de la sorte le regard des consommateurs du ‘monde littéraire' sur sa production ?
Le roman se déroule à Villaradieuse, une petite ville de Colombie que se partagent deux Caïds de la drogue, Don Efrem et Moncada. Anciens partenaires en affaires devenus ennemis jurés, ils ne communiquent plus entre eux qu'à coups de bombes, de prises d'otages et, plus souvent encore, d'exécutions violentes. A Villaradieuse, certains tuent plus qu'ils ne respirent !
Que doit voir le lecteur dans ce roman ? Une apologie de la combine, de la violence ? le fond du récit se limiterait-il au double message : D'une part, la vie se construit sur la vengeance et la ferme volonté d'écraser toute opposition par la force et dans le déni des lois et du droit de vivre de chacun et, d'autre part, la vie ne vaut la peine d'être vécue qu'au travers le cosmétique du paraître et la recherche éperdue de ‘secondes peaux' étiquetées chevinon, naïke, versache ou autre disel, lacost et ribouks fristaïls ? Triste monde !
J'avoue avoir très vite eu l'impression d'avoir fait le tour de la question et m'être demandé quand il y aurait un brin de fraîcheur, d'humour autre que potache et une envolée d'humanité offrant aux lecteurs une bouffée de valeurs structurantes capable d'élever le mode de vie de chacun.
Finalement, il y aura Lorena. Don Efrem en tombera amoureux. Lui, c'est le patron, il a le fric mais pas d'éducation et de sensibilité aux relations humaines. Il pense que tout s'achète et qu'il suffit d'arroser Lorena de signes de richesse pour gagner son coeur… et surtout, plus trivialement, son corps. le niveau s'élève alors, enfin, lorsque Lorena, refusant une nouvelle dépense somptueuse, lui dit : ‘N'y voyez aucun mépris. J'ai pas besoin de vos cadeaux pour vous appréciez, vous savez…' Ouf, la relation vraie a peut-être encore un avenir !
Et puis aussi, trop rarement, quelques articulations de phrases dont l'enchaînement fait sourire : ‘Elle a posé ses articles sur le tapis et a regardé avec admiration la caissière scanner à toutes vitesse les flocons d'avoine, les sacs de fruits et légumes, les sachets de sésame, de graines de tournesol, de lin, d'orge et les pots de yaourts, et les pots de céréales. Rien que des trucs bons pour la santé, l'horreur !'
Bref, à partir de l'idée loufoque, saugrenue mais, je l'avoue, originale qu'on peut faire des économies en achetant les vêtements de morts trucidés, « le mort était trop grand » est un récit qui se révèle peu drolatique. Il se perd dans une écriture ne servant pas la littérature et n'offrant que trop peu de modèles de vie dignes d'être lus. Une déception ! le fait de proposer ce roman sous un label de comédie sauve-t-il la situation ? Selon moi, pas vraiment !
Mais, à chacun de s'en faire une idée en le lisant…

Merci aux éditions Grasset et à lecteur.com pour leur confiance. (Chronique rédigée pour lecteur.com dans le cadre des découvertes réalisées par les Explorateurs de l'été 2019)

Lien : https://www.lecteurs.com/liv..
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Le mort était trop grand nous propose une fresque humoristique et caustique d'une petite ville fictive dominée par les narcotrafiquants, la ville de Villeradieuse en Colombie. Les premières pages nous font découvrir la vie tranquille de Manuel, le narrateur interne. Les codes de la rue sont donnés : style vestimentaire, fierté et fréquentations douteuses sont légions. Quoi de mieux pour se fondre dans la masse d'une ville où la violence des cartels et la pauvreté font rage. Mais prendre part à cette vie de voyous est-ce un choix ou obligation ?

Manuel est un jeune homme qui a vu la plupart de ses amis d'enfance tomber dans l'univers des narcotrafiquants. Issu d'une famille modeste, le jeune homme vit sa vie sans trop se poser de questions, observe son environnement et rêve secrètement de faire partie lui aussi du cercle intime d'un grand Patron. Mais tout cela à un prix, et notre jeune protagoniste, au fil des rencontres, va vivre des moments marquants et endosser la tenue d'un homme dont la tête fût mise à prix quelques mois auparavant…

Les premières pages du roman m'ont déroutée d'un point de vue stylistique. J'ai été surprise pour ne pas dire déstabilisée par le style atypique de l'auteur qui « balance » les mots tels des boulets de canons qu'il m'était difficile de suivre. Certaines phrases étaient tellement étendues que je ne parvenais pas à reprendre mon souffle. Est-ce un moyen pour l'auteur de fondre le lecteur dans un environnement où tout peut se passer en un millième de seconde ? C'est fort probable, cette façon d'aligner les mots incite le lecteur à se concentrer. Cependant, au fur et à mesure, les chapitres se sont enchaînés, les dialogues se sont installés et je me suis finalement habituée à la narration. A l'instar d'un Don Winslow, Luis Miguel Rivas utilise un vocabulaire de la rue, sans filtre et fidèle à l'environnement du récit.

L'univers des narcotrafiquants est connu pour sa violence et ses règlements de comptes entre clans. L'auteur a choisi de jouer la carte de l'humour pour narrer les agissements les plus sombres et les plus controversés des barons de la drogue et de leurs sbires. le ton est sec et d'une transparence mesurée. La violence des personnages est contrebalancée par leurs attitudes parfois cocasses : des bras-droits qui voient revenir des morts, un trafic de vêtements à la morgue, tout est tourné à la dérision. On se retrouve dans un environnement où la fierté, le courage et la parole sont censés être le combo gagnant pour remporter le respect tant désiré mais on découvre rapidement que la trahison et la mauvaise foi sont la face cachée du rêve vendu par les narcos.

J'ai apprécié la profondeur des personnages de Yovani et plus particulièrement du personnage principal, Manuel. Ce dernier nous apparaît comme un garçon comme les autres, qui grandit et voit les « Patrons » comme des modèles de réussite… mais pas trop. Ces personnages sont tentés par la gloire que l'univers des narcotrafiquants peut leur apporter, tel un effet de mode, mails ils vont rapidement comprendre que tout cela a un prix. Est-ce que ce qu'ils vont découvrir va les dissuader ? Est-ce que la moralité et la légitimité d'une vie classique pourront remplacer l'argent, les beaux habits et le respect que peut leur apporter leur vie auprès d'un grand Patron ? Cela est moins sûr car leur destin bascule le jour où ils décident d'acheter des vêtements à la morgue, marchant ainsi sur les plates-bandes du grand Cambalache, sbire de l'un des grands Patrons qui domine la ville.

En définitive, le roman le Mort était trop grand porte bien son nom. Les morts qui composent ce récit sont des victimes collatérales ou des proches du milieu des narcos, des grands qui font pétiller les yeux mais qui, une fois le feu d'artifice terminé, ne sont plus aussi attractifs. L'auteur mêle avec subtilité dénonciation d'un univers qui transforme des petites villes tranquilles en champs de guerre et vante le courage qu'ont certain de vouloir s'en sortir, de faire face à l'oppression que les gangs peuvent faire subir. Mais est-ce aussi simple que cela que de dire non ? Je n'en suis pas si certaine, l'humour employé par Luis Miguel Rivas masque la réalité mais il aura au moins le mérite de décrédibiliser des « célébrités » de la rue en misant sur une démonstration de violence mesurée. Je recommanderai ce roman à tous ceux qui ont apprécié La Cité de Dieux de Paulo Lins et qui souhaite découvrir l'univers des cartels sans pour autant tomber dans un flot de brutalité.
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critiques presse (1)
LeMonde
01 juillet 2019
Dans ce premier roman à l’humour féroce du Colombien Luis Manuel Rivas, deux adolescents oscillent entre horreur et fascination pour les narcos.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
On discute comme si on se connaissait depuis toujours, et là, bourrés comme des coings, on éprouve cette tendresse qu’on a tous au fond les uns pour les autres mais qui sort seulement quand on a picolé, qu’on adresse au premier venu juste parce qu’il est là, alors que le même gars aurait pu s’en prendre plein la gueule si on l’avait croisé à un autre moment.
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Il portait une veste armani grise, une chemise en chalis noire, un jean qui avait un diamant à la place du bouton, des rivets en or sur les poches arrières, et des chaussures noirs en cuir de couleuvre verni. Il avait l'air de sortir de la douche, avec ses cheveux plaqués sur le côté à grand renfort de gel comme si sa mère l'avait coiffé.
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(Il cherche du travail)

J'arrive sur la place du Marché, passe entre les manutentionnaires qui déchargent d'énormes sacs d'un camion gigantesque, ça me crève rien qu'à les regarder, et je vois la supérette des fils de don Jaime Soulignet pleine à craquer de marchandises, moi derrière le comptoir, le crayon derrière l'oreille, qui gère les stocks et tient les comptes, mais je m'imagine pas deux secondes dans ce genre de boulots qui sont déjà pris ou que je me sens incapable de faire ou qui ne me disent rien ou que j'ai déjà faits mais ça s'est mal passé, et quand un peu plus tard, je passe devant l'entrepôt Castaneda où flottent les drapeaux de l'Athlético Villeradieuse, dessus c'est écrit Cette année oui, à nous la quatrième étoile !, j'aperçois don Pascual Castaneda, un obèse aux joues rouges qui pète la forme, blindé de thunes, sa calculette à la main entre les tours de plaques ondulées, les montagnes de sable et les piles de briques, et je m'imagine avoir mon propre entrepôt, sauf que pour ça faut s'appeler Castaneda, et une fois passé les rues commerçantes je traverse devant le cabinet du docteur Ramirez, un garage avec quatre chaises rimax où les gens vont s'asseoir pour qu'on les appelle de l'autre côté de la cloison et je me vois bien docteur ou avocat, avec un bon salaire, des gens qui font la queue en attendant que je daigne les recevoir et les faire raquer, mais pour ça faut un minimum d'études et qui fait des études ici ? je me dis, et je me fais la réflexion que pour devenir n'importe quoi il faut bien commencer, et comment on fait pour commencer ? je me demande, et sur ce, j'arrive devant la friteuse qui crépite à l'angle de la boulangerie Le Bon Goût et j'achète un beignet.
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_ Et qu'est-ce qu'il a de si spécial pour valoir ce prix-là ? finit par dire le Patron.
_ C'est un livre très ancien. Sa valeur vient aussi de ce qu'il contient, de ce qu'il dit, lui répond le conseiller.
_ Et comment on peut savoir ce qu'il dit si on y comprend rien ?
_ C'est du vieil anglais.
_ Bah oui, ça doit être de l'anglais puisqu'on y comprend rien. Je suis pas assez ignare pour pas m'en rendre compte. Et qu'est-ce qu'il dit de beau, alors ?
_ Ce sont des psaumes de la Bible.
_ Sans rire ? Vous voulez dire que ça raconte la même chose que la bible que j'ai sur ma table de nuit ?
_ Euh... En effet, oui.
_ J'ai payé cinq millions de dollars pour un livre que j'ai déjà ? Vous me prenez pour un imbécile ?!
_ Il faut savoir que cet ouvrage, qui date de 1640, est le tout premier livre à avoir été imprimé aux Etats-Unis. Un trésor. L'exemplaire que vous tenez dans vos mains a près de trois cent cinquante ans.
_ Ah bon. Don Efrem hausse les épaules en soupirant.
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Au moment de faire demi-tour, je me fige. A côté du gros pif, il y a une grande fille aux yeux bleus comme une aveugle. Elle a les cheveux noirs, une peau blanche presque transparente, délicate comme si elle pouvait se déchirer au moindre contact, et en même temps elle se tient bien droite sur ses jambes. Elle a pas l'air en chair et en os. Pensez à une fée comme dans les contes, mais sans les oreilles pointues. Gros pif la tient par le bras.
_ C'est ma pouliche. Très intelligente cette petite, elle est en terminale à seize ans à peine, et c'est la meilleure de sa classe. Pas vraie, ma chérie ?
La fille dit oui, mal à l'aise au milieu de tous ces vioques, sans un seul complice, je me dis, capable de la comprendre et de lui tenir compagnie, comme moi par exemple.
Je me laisse entraîner vers la sortie et en passant près des vieux, je fais un clin d'oeil à la fille, qui me répond par un sourire si léger qu'on le devine à peine. Elle a pas desserré les lèvres mais j'ai senti qu'elle me disait Tchao par télépathie. Je suis dans les nuages, léger, heureux, je marche sans rien dire alors que Yovani trace à grands pas.
_ T'as vu cette beauté ?
Yovani me regarde d'un air navré et sympa à la fois.
_ Très mignonne, mais cette fille-là, faut la regarder comme si elle était en vitrine. Rêve pas, elle est pas à ta portée.
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