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EAN : 9782369148098
80 pages
Libretto (24/08/2023)
3.55/5   31 notes
Résumé :
"(Je me suis décidé à écrire un petit bouquin en français.J'étais encouragé de le faire par Sylvie Grossman qui est en train d'écrire une thèse sur moi et mon œuvre. Nous étions d'accord que je devrais laisser mes fautes de grammaire, mes erreurs, ma mauvaise ponctuation et mes fautes d'orthographe. J'espère que mes lecteurs n'attendent rien de brillant de ma part, surtout en français. Mon but sera, si j'en ai un, de vous faire qourire de temps en temps. Aujourd'hui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce matin c'était ma crise Charlebois avec Ordinaire car cette symbiose de chanteur piano quand c'est fort c'est vraiment la classe et si tragiquement beau ; ce soir c'est Henry qui me berce, Henry Miller qu'aime aussi Charlebois. J'ai toujours adoré sa manière d'entrer en littérature, les premières pages de ses nombreux livres m'emportent toujours comme ici : "Je me suis décidé à écrire un petit bouquin en français. J'étais encouragé de le faire par Melle Sylvie Crossman qui est en train d'écrire une thèse sur moi et mon oeuvre..". (..) En général, j'aime ceux qui sont un peu ou largement fous, l'imbécile non ! Etre fou, c'est être poète. Ce sont des imbéciles qui gouvernent le monde.."
J'aime bien quand il dit : de ça j'en m'en fous au fait, tout ce que je sais c'est que ..
A propos de la taille du livre, celui-ci fait 50 pages. S'il y a bien quelqu'un qui ne fait pas de différence entre la nouvelle et le roman, c'est bien Henry Miller. Ses oeuvres vont inégalement de 30 pages à 1600 pages, on a l'impression que seul le nombre de pages compte et que pour le reste comment définir ses textes : il écrit en fonction de tout ce qui lui passe par la tête , par ordre d'importance, d'intérêt dans la vie. Il nous raconte le livre de sa vie, sans pudeur, sans entraves, libre, anarchiquement libre, fort de sa passion pour la littérature, les arts et les personnages qui les jalonnent. La vie est philosophie. On n'a pas l'impression qu'il s'accorde des limites, et pourtant si, un ordre d'importance, une sélection, charpente l'ensemble : il semble écrire par omission tellement son lyrisme est un fleuve. il a sa morale à lui en fonction des gens qu'il aime, il en fait religion, il trouve beaucoup de qualités et de vertus aux gens qu'il aime et fait son hygiène de tout ce qui lui paraît médiocre et insincère, sans s'attarder plus que ça.
Il a tellement galéré notre ami Henri que j'aurais tendance à le lire de préférence quand il est enfin tiré d'affaire et qu'il paraît plus libre et plus fort encore. Quand il est invité chez Simenon dans son château en Suisse, on voit qu'il est à l'aise parce ce qu'il sait qu'il est aimé pour lui-même, comme un artiste à part entière.. Je n'aurais pas pu voir Henry terminer sa vie comme un vagabond ou l'épigone de sa génération. Sa vie s'est conçue comme un voyage antique fait de sacrifices et d'humiliations pour s'achever sur la consécration dans le monde de ses pairs .. Si bien qu'il a vécu son dernier tiers de vie avec allégresse et joie, en sage. Dans ses interviews nombreuses, il jette un regard sur son passé qui lui revient sans cesse de manière obsessionnelle, semblant ne pas le regretter, il en sourit presque. Il faut dire aussi qu'on l'interroge beaucoup sur ces années terribles !
Quand au sexe, on ne va pas faire semblant de tourner autour du pot. Quand il parle de ses amours sexuelles, il dit que ce sont des amours frustrées. de son vrai amour, il n'en parle pas, juste un peu Mona que l'on retrouve régulièrement dans ses livres.. "Je n'aime pas parler du véritable amour, c'est sacré ! Pour les autres, ce sont des liaisons. "
"La dernière 'image que je conserverai avant de mourir est curieusement celle de la première femme que j'ai connue. J'étais tellement amoureux d'elle que j'en étais désespéré .. C'était une sorte d'ange, un amour idéal !" Sa vie avec Mona dix ans plus tard quand il commença à écrire lui rappelle des moments de grandes souffrances ..
La vie est philosophie, ai-je dit à son propos. Sa vie intérieure était riche, elle a pris le pas sur ses états d'âme nombreux. Il n'a pas arrêté de se nourrir d'elle : peut-être là sa force morale hors normes qui me paraît à la fois si douce et si puissante quand elle est apaisée ?..
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C'est le premier texte que Henry Miller écrit en français. Il avait fui dans les années 30 son pays en raison des attaques dont il faisait l'objet pour pornographie, comme un paria. Il y est retourné en 1942 poussé par la guerre qui fait rage !.. Son lyrisme échevelé,- à défaut de cheveux sur le caillou - ne s'est pas démenti. En matière de création, la France a été sa planche de salut : il a pu écrire sa littérature qui va lui assurer la consécration à travers le monde, cette littérature extravagante, luxuriante, ambitieuse. Il veut écrire comme Dostoïevski dont il admire le génie. Ce tremplin, cette chance que lui offrit la France va lui permettre d'aborder les années sixtises comme un mentor qui va éclairer toute une jeunesse carapatée éprise de liberté totale : ce seront ses Tropiques magistraux, péremptoires, ses grands tomes de la Cruxifixion en rose qui vont définitivement le classer parmi les plus grands littérateurs américains du 20 e siècle. Il aura assurément la place qu'il convoitait, d'entrer dans le sillage de Dostoïevski à travers une prose plus débridée encore et très contemporaine.

Ce court texte ici est un exercice de ce que peut être ce Henry Miller débridé à outrance qui ici nous fait surtout vivre son puissant souffle lyrique, fort de sa culture littéraire sans limites, artistique aussi, fort de ses rencontres avec les grands de son époque. Il y raconte ses amours, ses détestations. Je ne peux me soustraire de son idée autour de Simenon, voici ce qu'il en dit :
"Quand j'ai visité la Suisse, j'étais l'invité de Georges Simenon. Il habitait à cette époque un petit château où il y avait une chambre à travailler. Les matins nous tenions des entrevues dans son atelier. La première chose qui attira mon attention était un vase rempli de crayons à mine de plomb. La première chose qu'il faisait chaque matin c'était d'aiguiser ses crayons. Il ne savait pas se servir de la machine à écrire. C'est sa femme qui était adepte de cela et qui a fait énormément de travail pour lui. Un jour, il m'a enmené à l'arbre où il fallait pisser chaque matin !.. (..) J'aimais bien Simenon et ses livres. Gide l'a appelé "le Boccaccio ou le Balzac de notre époque. Il avait une connaissance énorme sur toutes sortes de choses. Poussé sans doute par sa curiosité, il semblait toujours à l'aise .."

Je crois qu'on a tous des manies ainsi, voire les plus saugrenues. C'est aussi dire que Simenon écrivait beaucoup et plutôt en accéléré. Ils avaient en commun en tout cas, ce qui les détachait indubitablement du commun des mortels, cette allure de géant de la littérature qu'ils avaient chevillée au corps comme personne dans ce siècle.
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"J'suis pas plus con qu'un autre" c'est un titre qui va bien à ce petit récit d'Henry Miller. C'est une sorte de chalenge pour l'écrivain américain qui a longtemps vécu en France : écrire un texte en français. Ce sera le premier et le dernier. Ses fautes de français ont été gardées volontairement ce qui donne un certain charme à ce livre.

Henry Miller laisse aller sa pensée sans gros efforts, il exècre la religion et la politique mais évoque surtout ses goûts littéraires. Et dans ce domaine il peut être très provocateur mais il excelle.
Il nous fait voyager de Paris à New-york mais aussi en Europe et nous fait partager ses livres préférés : Moravagine de Blaise Cendrars, Voyage au bout de la nuit de Céline, New York de Paul Morand, Une soirée avec monsieur Teste de Paul Valery, La nostalgie de Paris de Francis Carco, Refus d'obéissance de Jean Giono ou encore le recueil de poèmes Feuilles d'herbe (Leaves of Grass) chef d'oeuvre de Walt Whitman.
Il nous fait part de son admiration pour William Blake, Max Stirner, Victor Hugo, Rimbaud, Anatole France, Romain Rolland, Georges Simenon, Michel Simon et surtout Frank Harris. Et puis, quand même, il fait un bel éloge à une femme, Marie Corelli : "On pourrait croire qu'aujourd'hui avec les mouvements féministes, Marie Corelli serait ressuscitée mais non, personne ne parle d'elle. Pour moi elle est le plus grand auteur sur le sujet de l'Amour."
C'est un livre qui est donc très intéressant pour ceux qui aime Henry Miller, sinon son intérêt reste limité.


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il y a peu, sur une brocante, j'ai acheté (2€) une revue : Planète Plus, millésime Juin 1970, consacrée à Henry Miller. C'est en lisant des extraits de l'oeuvre de Miller, des éloges et autres articles que m'est revenu en mémoire ce titre que j'avais lu il y a déjà longtemps. Dans un coin de notre esprit nous, lecteurs, avons tous des souvenirs de lectures agréables, fluides, vivantes ... Il suffit d'une petite étincelle pour que les bulles de la mémoire remontent. Si Henry Miller a cette capacité d'écriture si puissante, si vivace, c'est aussi parce que son écriture est un jeu, il joue avec son lecteur, avec les mots, les phrases, avec son « je » à lui surtout, sa vie. Dans ce petit bouquin, pour jouer donc, il écrit en français ; un défi car ce n'est pas sa langue natale. Comme d'habitude c'est vivant, truculent, il bavarde sur des sujets divers et variés, mais surtout sur ses goûts littéraires. Alors se pose le problème des étiquettes ! J'suis pas plus con qu'un autre, d'accord, mais est-ce de la littérature américaine ou de la littérature française ? D'ailleurs est-ce bien judicieux d'étiqueter un livre, n'importe quel livre ? Bon, il faut bien classer, ranger sur les étagères des bibliothèques, qu'elles soient physiques ou virtuelles. Allons-y pour littérature francophone, ça vous va ?
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Petit livre écrit en français par Miller en 1976. Il nous parle de ce qu'il aime et n'aime pas dans la littérature, la musique ou la philosophie...
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critiques presse (1)
Liberation
17 août 2015
Un court texte dans lequel l’auteur vagabonde dans la langue de Molière.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Quel plaisir de s’asseoir et boire un coup quelque part. Souvent, en traversant la ville en autobus, je sortais tout d’un coup parce que l’endroit n’était pas familier. J’avais une telle soif de connaître tous les quartiers. En déambulant j’étais comme un homme ivre. Tout me donnait de l’enthousiasme, un appétit insatiable.
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Je voudrais ajouter, sans vanité, que Frank Harris a vu q.q. chose en moi que les éditeurs et même mes amis ne voyaient pas. Je veux dire - un écrivain. A cette époque, quand je n’avais rien écrit, mais que j’ai prétendu avoir écrit plusieurs livres, il était vraiment important d’être reconnu. Je n’oublierai jamais les années de faim, d’humiliation, le refus partout. ... Je sais bien ce que cela veut dire — « d’être un quelconque ». Même aujourd’hui c’est difficile pour moi de croire que tout le monde connait mon nom, même pour les mauvaises raisons. Je n’avais pas le courage romantique des clochards de Paris. Moi, j’étais devenu un ver, une punaise. Alors, punaise, conard, traitre, faillite, comment est-ce que j’ai survécu ? Je peux vous donner deux réponses. Une est astrologique - mon Jupiter bien placé. L’autre est que sans doute j’ai un ange gardien qui me protège. Et qui peut être mon ange gardien ? A l’avis d’un médium à Londres, il était un frère mort-né... Naturellement je n’avais rien entendu de mes parents d’un tel frère. Mais je ne m’en plains pas. Frère ou mythe il m’a sauvé la vie maintes fois. Mais avant de me rescaper il me laisse tombé jusqu’au fond. Peut-être il savait, mieux que moi, que ce drame était bon pour mon caractère. C’est cela « that makes a man of you », comme on dit en anglais.
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Quant à Victor Hugo, je le vois comme un soleil, ou un homme colossal, et ses espoirs pour l’humanité aussi colossaux, fantastiques et incroyables, non, impensables !
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Le véritable écrivain c’est l’ignorant de génie, qui ne sait rien mais comprend tout.

Joseph DELTEIL - Préface
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J'ai vécu (au moins dans ma tête) la vie des caractères de Hamsun, et de thomas Mann et Dostoïevski. Aujourd'hui, quand je pense à ce russe sublime, il me paraît comme une lune qui appartient à la grande planète bénéfique, Jupiter. Quand à Victor Hugo, je le vois comme un soleil, ou un homme colossal, avec des appétits colossaux, et ses espoirs pour l'humanité aussi colossaux, fantastiques et incroyables, non impensables !
Et Rimbaud alors ! Un "nova" ! L'inventeur d'un nouveau langage : la poésie; comme s'il n'y avait pas de poètes avant lui. Personne, même les marchands de la rue ne peuvent éviter son influence. Il était d'une autre race, de l'espace, un demi-dieu placé sur la terre pour nous instruire. (p.25)
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Videos de Henry Miller (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Henry Miller
Un roman envoûtant sur celle qui fût la muse de l'écrivain Henry Miller.
Au fin fond de l'Arizona, une femme affaiblie s'est réfugiée dans le ranch de son frère. À ses pieds, des malles contiennent les derniers souvenirs de son grand amour : le sulfureux écrivain Henry Miller. Après leur coup de foudre dans un dancing de Broadway, elle l'a encouragé à écrire, a été son épouse et l'a entretenu pour qu'il puisse donner naissance à son oeuvre. Elle s'appelle June Mansfield. Tour à tour entraîneuse, serveuse ou comédienne, June n'a eu de cesse de brouiller les pistes. Sous la plume de l'auteur de Tropique du Cancer et d'Anaïs Nin, avec qui elle a formé un célèbre triangle amoureux, elle est devenue un personnage de fiction, mais n'a jamais livré sa vérité. Emmanuelle de Boysson nous entraîne dans le New York de la Prohibition et le Paris des années 1930. Elle fait revivre cette personnalité fantasque, ô combien attachante, et recompose le puzzle d'une existence aux nombreuses zones d'ombre. https://calmann-levy.fr/livre/june-9782702185117
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