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EAN : 9782266157179
384 pages
Pocket (01/04/2006)
3.19/5   169 notes
Résumé :
Vingt-quatre heures de la vie du personnage inventé par Frédéric Mitterrand – et qui lui ressemble singulièrement. À chaque étape de sa journée, il se demande s’il ne fait pas fausse route. S’interroge sur l’abîme séparant la « mauvaise vie » qu’il mène, d’une autre, qui aurait pu s’accomplir. Pourquoi vouloir à tout prix reconstituer un simulacre de famille? Perdre son temps à faire de la radio alors qu’on est doué pour l’écriture ? Devenir spécialiste des princes ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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"La mauvaise vie" n'est pas seulement le coming-out littéraire de Frédéric Mitterrand ; c'est avant tout une excellente autobiographie romancée, que j'ai lue peu après sa sortie en 2005.

Par touches successives, l'auteur y évoque les drames de son enfance, ses débuts professionnels, ses rapports singuliers à la famille, sa solitude et bien sûr son homosexualité. Il se livre sans complaisance ni pathos, arrivant à prendre la juste distance pour décrire son vécu et ses sentiments sans que cela devienne inconvenant pour le lecteur. L'écriture est talentueuse et témoigne de la profondeur de cet homme public qui sait habituellement rester discret. J'ai ainsi appris que Frédéric Mitterrand connut un certain succès, enfant, en tournant au cinéma, qu'il eut ensuite du mal à revenir à une réalité plus modeste et à trouver sa voie professionnelle. Avec toujours, en fond, les tourments liés à son orientation sexuelle. Partant sans idées préconçues, j'ai découvert un personnage sensible qui préfère les petites gens aux mondanités attendues dans son milieu.

A juste titre, cet émouvant récit a été bien accueilli lors de sa publication. Ce n'est que 4 ans plus tard que survint la fameuse polémique sur un épisode précis de son contenu – polémique entretenue par des personnes qui n'avaient visiblement pas lu le livre en entier, voire pas lu du tout.
Êtes-vous déjà allés à Bangkok ? Celles et ceux qui se sont frottés à la foule grouillante, joyeuse et hétéroclite des marchés de nuit de Patpong savent qu'il est malheureusement aussi facile d'y acheter du sexe qu'un article de contrefaçon. Frédéric Mitterrand avouait donc dans son livre avoir connu en Thaïlande des relations tarifées avec un jeune homme. Ce n'est pas glorieux, plutôt choquant même, pour celui qui est devenu entre-temps un ministre de la République. Mais cet aveu, quoi que l'on pense de l'acte lui-même, est une preuve de franchise. Serait-il allé raconter cela s'il s'agissait de pédophilie ? Je ne le crois pas, et l'auteur a depuis apporté toutes les clarifications nécessaires.

Dans mon souvenir, "La mauvaise vie" demeure un poignant témoignage où, en couchant sa vie sur le papier, un homme tente de se réconcilier avec lui-même.
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Non loin de chez moi est une placette où je fais souvent escale lors de mes promenades urbaines, non pas pour user de ses bancs accueillants mais pour explorer le contenu de la Boite à Livre vermeille qui trône en son centre.
Ce jour là un couple entre deux âges m'avait précédé, je me mis à louvoyer discrètement entre les massifs pour patienter quand leurs échanges, portés par le vent, vinrent à écorcher mes tympans.
Pour des oreilles rodées aux rugueuses sonorités de Motörhead la sensation d'agression suscitée par ces paroles ne devait rien à leur charge en décibels bien entendu, jugez plutôt :
- Qu'est-ce que tu dis?
- Regarde moi ça.
- Quoi?
- Ca là!
- C'est incroyable ! les gens sont tarés ! laisser les frasques de cette pédale en pleine rue, à portée des enfants ! prends le, on le mettra à la poubelle.
- Mais on pourrait nous voir, viens on s'en va.

Et ils sont partis.
J'ai pu procédé à mon inventaire, d'ailleurs peu fructueux, et je suis parti avec l'objet de leur vindicte sous le bras.

Avant cet épisode je connaissait Frédéric Mitterrand essentiellement par cette lancinante voix off sur ARTE qui collait parfaitement à ses sujets.
Sa manière reste si prégnante que durant cette lecture, je me suis surpris à plusieurs reprises à l'entendre me lire ce que j'avais sous les yeux.
Quant à son passage au ministère de la culture, je n'en ai rien retenu mais je dois avouer un désintérêt croissant pour la pantomime politique en général.

Il me souvient quand même qu'on avait beaucoup glosé sur les ondes et les écrans à propos de ce livre en focalisant le débat sur les thèmes croustillants et vendeurs que sont le tourisme sexuel et les relations avec mineurs.
Qu'en est-il?

Frédéric Mitterrand préfère les hommes, à ma connaissance, il ne s'en est jamais caché ni ne l'a claironné à l'envi.
La découverte de cette orientation sexuelle et la manière dont il l'a vécue tiennent effectivement une part essentielle dans ce récit autobiographique.
Et c'est bien normal quand on songes aux complications sociales et professionnelles que cette orientation imposait et impose toujours aux "homos comme ils disent" que nous chantait Aznavour.

L'enfance, la vie et la carrière de Frédéric Mitterrand sont forgées par cette "différence" mais l'intérêt du récit ne s'arrête pas là, il permet une plongée dans le mode de vie de la grande bourgeoisie française de l'après-guerre jusqu'aux années 70.
Naïvement, je suis sidéré par ce que j'ai lu quand je le compare à mes propres souvenirs et aux récits qu'on a pu me faire de cette époque.

Je suis certes un peu plus jeune que Frédéric Mitterrand, je n'en éprouve aucune amertumes mais le constat est abyssale, nous n'avons pas évolués dans le même monde.
L'homme semble néanmoins avoir développé une sorte d'imperméabilité à son milieu qui affleure par la modestie et l'autodérision dont il fait montre dans ces pages.

Quant à l'épisode du scandale et de tous les fantasmes, il doit tenir en 2 pages. Je comprends que sa teneur impudique et son caractère vénale aient pu heurter certaines sensibilités.
Pour autant je refuse de reprendre l'anathème entonné par les bonnes âmes à son encontre, ces bonnes âmes qui ne trouvent rien à redire et se pâment même d'admiration quand une star cacochyme du cinéma ou de la chanson s'affiche au bras d'une nymphette de 16 ou 17 ans.

Une lecture inattendue mais très intéressante.
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Remarquablement écrit, cet ouvrage dévoile une face de la personnalité de l'auteur que je ne connaissais pas. Ainsi, après avoir lu "La récréation" (sur son activité en tant que Ministre de la culture) tout aussi bien écrit avec beaucoup de recherche de style et un vocabulaire riche, j'avais le sentiment que l'écrivain était superficiel voire léger, prisonnier qu'il était de ses codes de langage bourgeois puisque, invariablement et de manière rébarbative chaque personne citée était affublée de superlatifs aussi communs que ridicules (le plus grand, merveilleux, grandiose, extraordinaire etc...). Ici, l'auteur se montre à la fois humain, lucide et sans artifices lorsqu'il parle de son enfance, de sa vie, de ses échecs et de ses frasques. Il va droit au coeur du lecteur. La nostalgie et la mélancolie ("Le bonheur d'être triste" dixit Victor Hugo) qui sont, ici, les fils conducteurs du récit autobiographique, y sont sans doute pour quelque chose.
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Ce livre tout en pudeur et franchise, et en rien glauque ni malsain quoique que certains puissent en penser de part certaines révélations (les bordels de Thaïlande par exemple qui furent pour certains une aubaine à scandale), montre simplement que toute personne est faillible, faible, incertaine, parsemée de regrets, de révoltes et de douleurs passées, présentes et peut être futures. Que cela peut s'allier à un esprit brillant, drôle et simple. Que l'on peut avoir des rêves toute sa vie, même des rêves de vie rêvée et que l'on se débat avec sa propre réalité et la réalité de la société.
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J'étais passée complètement à côté de cet ouvrage lorsqu'il est paru la première fois, et à force d'entendre tout et n'importe quoi quelqu'un qui avait la flemme de le lire me l'a fourni contre lecture et avis.

Cet ouvrage, qui a d'ailleurs une suite dédiée aux paillettes cannoises, relate certains épisodes de la vie de Frédéric Mitterand, que ce dernier raconte aux fur et à mesure qu'ils viennent, par clichés, tantôt tendres et nostalgiques, tantôt révélateurs d'une misère humaine et d'une quête impossible. Un mal-être latent baigne le récit, le regard bruisse sur un lit de regrets, de non dits, de silences coupables et de larmes rageuses. Une enfance pleine de charme mais générant déjà son lot de tristesse et d'actes manqués. Une adolescence frémissant sous la séduction des interdits qui sont là, cerbères silencieux d'une société et d'un milieux alors terriblement conventionnels. L'âge adulte, ces élans sentimentaux maladroits et plein de ferveur, touchant de sincérité et de naïveté, ces épisodes glauques et misérables des bars gays de Bangkok et des bordels de Jakarta.

Mais jamais le lecteur ne finit vautré dans le stupre où la fange car une pudeur sensible, une retenue touchante de l'auteur maintiennent une certaine distance.

J'aurais voulu être un autre, vivre une autre vie.


Concernant l'écriture, j'ai personnellement bien aimé le flot plein d'images parfois oniriques qui parcourait ces pages, ça reste fluide en dépit de quelques lourdeurs occasionnelles, et on a de vrais moments d'émotions. Quelques mots crus mais assez peu. Bien sûr, il ne faut pas s'aventurer dans un tel récit si le principe même de l'exorcisme par l'écriture vous rebute, ou si les autobiographies vous agacent. Cet ouvrage m'a offert de beaux instants, mais je ne pense pas oursuivre l'aventure avec la suite.

François Xavier du littéraire.com est très décu et estime que « ce n'est pas sur la place publique que l'on règle ses problèmes », mais « avec sa conscience et, accessoirement, l'aide d'un praticien » (Pourtant le quart de couverture est très explicite sur ce point… ) A titre personnel j'estime que cette maxime quelque peu fermée tendrait à verser au rebus tout un pan de la littérature, celle qui analyse et exorcise son auteur.

Les critiques libres sont au mieux dubitatives, au pire assommées par le livre.

Mais il y a (aussi de bons échos). Ainsi le Nouvel obs salue « le mélange de courage dans l'aveu et de retenue dans l'expression. Aucun déballage obscène. Tout est dans l'allusion, dans le non-dit, dans ce frémissement fiévreux et timide », Olympia parle de style plein de grâce et d'aisance

Liens disponibles sur le billet du lab.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
"Je m'attendais sans cesse à des crises de de révoltes et de rage qui ne venaient pas ; sa détresse l'avait enfoncé bien plus loin que la colère et il ne lui restait que les larmes, le repliement et le silence."


"Ceux que j'ai croisés et que je n'ai pas oubliés. Ce fut parfois l'affaire d'un instant ou de quelques jours tout au plus, et depuis ils n'ont pas cessés de m'accompagner sans le savoir. Certains n'ont même pas remarqué ma présence, d'autres ont échangé quelques mots avec moi sans imaginer l'effet qu'ils me faisaient, quelqu'uns ont senti quelque chose et on poursuivit leur chemin sans y attacher grande importance. Ils m'ont tous laissé un éclair qui ne s'éteint pas, un sentiment violent de perte et de nostalgie, un désir en rêve qui flambe encore. (...) Je voudrais tous les noter ceux que j'ai côtoyé durant des mois en les ignorant et qui se sont révélés soudain par un regard, un sourire, une phrase que nous avons échangé par hasard et que si ont laissé une empreinte si légère que je pensais quand même les avoir oubliés. Il y a peut-être aussi qui se souviennent de moi, comme je me souviens d'eux, ils ne me l'ont jamais fait savoir. J'inscris leurs noms comme on envoie une bouteille à la mer."

"Le lien demeurait aussi solide qu'avant. Ça passait par de petits riens, son sourire quand j'entrais dans la cuisine (...) une même manière de vivre le rythme des journées, l'harmonie des habitudes, de franches rigolades puisque nous partagions le même esprit de dérision."
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Ma mère disait à ses amies qu'elle était soulagée que j'aie pu l'oublier sans trop de mal ; elles lui répondaient que c'est le privilège de l'enfance, cette capacité à pouvoir se consoler si vite. Les enfants ne se consolent jamais vite de s'être sentis abandonnés par une femme gentille ; ils font seulement leur premier pas vers la mort et ça leur fait peur.
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Le truc le plus moche qui est enraciné au coeur de cette histoire c'est le mépris; celui du garçon pour le type qui le paye, celui du type qui paye à l'égard du garçon, celui des gens pour ce genre de transaction qui paraît déplaisante à presque tout le monde. (...) le mépris protège le garçon qui se croit indemne, il flatte le désir de puissance du client, il permet à chacun de rejouer indéfiniment tous les rôles de l'humiliation et de la honte.
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Je suis un bouchon au fil de l’eau, un naufragé qui tente de s’agripper à une bouée de sauvetage, on peut faire de moi ce que l’on veut, je suis prêt à toutes les aventures. Tout à l’heure pour une poignée de figues offertes par la miséricorde d’un jeune pope je me serais enterré à tout jamais au monastère ; encens et chasteté ; maintenant devant ce Robinson dont je n’arrive pas à soutenir les regards de loup je rêve de devenir son Vendredi ; moi aussi j’attendrai l’hiver qui trempe tout, je lui achèterai des plumes et des cahiers pour ses poèmes, je lui laverai ses pull-overs, je balaierai son logis, j’apprendrai à tirer à la carabine, je le réchaufferai en dormant contre lui et je sens déjà que mon caleçon est en train de me trahir. Il me dit de le suivre jusqu’à la cabane, il veut me montrer son installation, les livres, le petit âne ; l’invite est brusque, les yeux ailleurs, une rougeur soudaine sous le hâle du visage, fini de rigoler, ce n’est pas pour me déplaire.
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La solution Maghreb n’existe pas ; l’échange paraît facile, plutôt frustre, ce qui n’est pas forcément déplaisant, mais la transgression est absente, on sert de femme de remplacement et de livret de Caisse d’épargne ; les beaux gosses arrivent comme au sport et pour financer l’électroménager de leur futur mariage avec la cousine choisie par leur mère. De vieilles folles compulsives y trouvent leur avantage, il peut y avoir de l’amusement, et même des sentiments mais on ne tarde pas à comprendre que ce sont les familles qui mènent le jeu et gagnent à tous les coups. Quand on s’attache il n’y a pas d’autre solution que de changer de camp ; on devient grand frère, protecteur, ami fidèle, arbitre des conflits, parrain des études et concessionnaire en mobylettes et réfrigérateurs. On s’y résigne sans trop de mal en se disant que c’est une autre sorte d’amour qui circule entre les êtres, malgré tout.
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