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Anouk Neuhoff (Traducteur)
EAN : 9782070307937
416 pages
Gallimard (09/11/2006)
3.45/5   22 notes
Résumé :
Froid, très froid, tel est l'hiver en cette année 1962 à Londres. Le déménagement est inachevé, l'appartement inconfortable. Aucun ami, pas de téléphone, tout juste de jeunes enfants malades. Sylvia est si seule. Ted, surtout, est si loin. Ted, son mari. Ted l'infidèle, qui n'est plus là pour la secourir. Sylvia peuple de poèmes ses longues nuits sans. sommeil. Elle chante l'heureux temps de leur mariage, le vieux manoir de Court Green, niché dans la campagne anglai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Je ne connaissais rien de Sylvia Hughes née Plath, poétesse américaine, ni son nom ni son oeuvre, mais cela n'a rien de surprenant puisque je ne suis pas une lectrice de poésie et ayant donc peu de références en la matière, mais grâce à ce premier roman de Kate Moses, j'ai découvert à la fois une femme tourmentée, dépressive, d'une sensibilité à fleur de peau mais surtout l'écriture de Kate Moses qui a su se fondre totalement dans son personnage en partant des éléments connus et en imaginant plus particulièrement le dernier mois de Décembre 1962 de cette jeune femme qui mettra fin à ses jours en Février 1963.

C'est avec une écriture délicate, féminine, sensible, ciselée  qu'elle évoque l'installation de Sylvia dans l'appartement qu'elle choisit d'occuper, après sa séparation avec Ted, son écrivain-poète de mari, parce que Yeats y vécut par le passé et qui pour elle était le lieu idéal pour commencer une nouvelle vie avec ses deux enfants : Frieda et Nicholas. L'appartement est sans confort et l'hiver 1962 est particulièrement rude.

"Mais aujourd'hui un changement est survenu. Non contente d'avoir passé une nuit paisible, elle s'est retournée dans son sommeil avec l'aisance d'un poisson. Pourrait-on appeler ce qu'elle commence à ressentir, en se réveillant à l'instant, la lumière rubis se diffusant à travers le mince tissu de ses yeux fermés, pourrait-on appeler cela le bonheur ? La curiosité ? Incroyable : elle a volé tout droit en une trajectoire bien nette depuis les infinités désolées du sommeil jusqu'à quelque chose qu'on pourrait qualifier d'agréable. Elle se sent normale, comme les autres gens, se réveillant par un jour normal. Pleine d'attente ; n'envisageant que de bonnes surprises. Par rapport à l'arrière-goût de désespoir qu'elle éprouve d'habitude au lever du jour, cette sensation paraît carrément optimiste, aussi libre d'entraves qu'un ballon envolé..... un sentiment qui rappelle fort les premiers jours de l'état amoureux. (p12)"

Par des retours en arrière, l'auteure parcourt les lieux de vie de la poétesse ainsi que les moments décisifs de son existence, ses relations avec son père, son époux  dans les différents endroits où ils vécurent à Londres et surtout Court Green, la maison dans la campagne du Devon où le couple s'est installé, où ils se sont installés puis déchirés. La mélancolie, les changements d'humeur, les moments dépressifs, la volonté de vouloir arriver seule à prendre un nouveau départ dans des conditions plus que rudimentaires ressortent de ce récit où les descriptions des lieux, de la nature tiennent une place prépondérante.

Habilement l'auteure laisse apparaître une femme totalement dévouée à son mari, à leur intérieur et à ses enfants, allant jusqu'à mettre en second plan son travail d'écrivaine, de poétesse, pourtant très vite reconnu mais écrasée par une fonction de mère et d'épouse au détriment de son travail de création.

Une magnifique écriture mêlant des descriptions très détaillées des lieux, de la nature environnante mais aussi des sentiments de la jeune femme, de sa détresse, de ses obsessions, elle qui verra sa vie jalonnée d'épreuves : tentative de suicide, décès de son père, internements avec des séances d'électrochocs, fausse couche et écrira la majorité de ses poèmes dans les dernières semaines de sa vie ceux-ci étant publiés à titre posthume par son mari sous le titre d'Ariel.

1962 n'est pas si loin et pourtant ..... A plusieurs reprises j'ai été très touchée par le mal-être de cette femme, sa fragilité, qui n'est pas sans me faire penser à Virginia Woolf tant dans le portrait qui en est fait, sa fragilité mais aussi dans la force qu'elle puisait en elle pour surmonter les épreuve. Kate Moses en fait un roman féminin dans lequel plane l'âme d'une femme dans l'urgence, dans le désespoir mais aussi lumineuse et sensible.

Comme Sylvia Plath je pense que les lieux ou cadres de vie influent sur nous et on le ressent par l'importance que prennent ceux-ci sur elle, sur sa façon de les choisir sans critère forcément de confort mais plus par ce qu'ils dégagent, par ce qui les entoure et par les souvenirs qu'ils gardent de ses occupants.

J'ai découvert ensuite sur Wikipedia que "Julia Plath est devenue une figure emblématique dans les pays anglophones, les féministes voyant dans son oeuvre l'archétype du génie féminin écrasé par une société dominée par les hommes, les autres voyant en elle une icône dont la poésie, en grande partie publiée après sa mort, fascine comme la bouleversante chronique d'un suicide annoncé." 

Un très joli moment de lecture, j'ai été bercée par une écriture d'une rare qualité émotionnelle, une lecture certes exigeante qu'il faut abordée en se laissant porter par l'ambiance, les mots et la profondeur des sentiments de cette jeune femme au bord du précipice.
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Froidure de Kate Moses
Hiver 1962, Londres, le froid est intense mais finalement Sylvia a réussi à louer cet appartement dans la maison que Williams Butler Yeats a habité. Elle est avec ses deux enfants, Nick et Frieda, elle est séparée de Ted son mari infidèle. L'écriture des poèmes et le déménagement l'ont aidé à sortir plus forte de cette épreuve. Elle travaille à l'enchaînement de ses 41 poèmes pour le recueil qui doit sortir en début d'année avec son roman tout en s'occupant de ses deux bambins de deux et un an. Elle est sereine, elle peut sentir son énergie. Elle va devenir Sylvia PLATH et non la femme de Ted Hugues. En attendant il faut de nouveau l'affronter pour les détails économiques de leur séparation, et ce n'est pas si facile. Et la nuit qui vient, redoutable, le sommeil qui fuit, alors un somnifère peut-être ou la peinture, oui, toute la nuit.
Souvenir de la rencontre avec Assia qui avait repris leur appartement, leur avait donné sa table, Assia, ses trois maris, ses avortements, Assia la traîtresse. Souvenir de sa tentative de suicide, des électrochocs qu'Aurelia sa mère a autorisé, elle lui en veut. Désormais seule, Sylvia doit tout gérer elle même, chaque problème est une montagne à gravir, les voix dans sa tête la dominent, elle vient de se couper le pouce, le sang qui lui rappelle son accouchement de Frieda, les couches des enfants qui s'empilent ils vont les fesses à l'air, mauvaise relation avec le voisin jaloux de son appartement qu'il espérait obtenir.
Kate Moses nous fait revivre les derniers mois de Sylvia Plath, sa dépression chronique, ses souvenirs, sa rencontre avec Ted, déjà célèbre, elle dans son ombre, leur amour fou, sa trahison, son incapacité à vivre au moment où tout semble s'éclaircir pour elle, ses poèmes et son premier roman publiés, sa reconnaissance. Un livre magnifique et terrible en même temps, l'auteure installe cette ambiance pesante tout au long des 41 chapitres ( référence aux 41 poèmes de sa dernière publication), elle nous fait ressentir cette fragilité, cette redoutable dépression qui la mine et qu'elle ne pourra surmonter.
Si vous aimez Sylvia PLATH, cette icône du féminisme, ne manquez ce très beau livre.
Kate Moses est américaine, née en 1962 et c'est son premier roman.
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Je ne regrette qu'une chose concernant cette lecture : j'aurais du me pencher avant sur la biographie de ce couple un peu hors du commun : Sylvia Plath et Ted Hugues.
En fait ,c'est l'essence de ce roman et il faut connaître un peu leur vie pour vraiment apprécier cette lecture.
Kate Moses nous relate avec beaucoup de sensibilité et de poésie les derniers mois de Sylvia Hugues née Plath,après sa séparation d'avec Ted.Par de nombreux retours en arrière nous cernons mieux la personnalité très complexe de cette grande poétesse
Ces quelques mois évoqués ici nous décrivent une Sylvia Plath très désorientée .J'ai lu qu'elle était bi-polaire .C'est le terme employé aujourd'hui,car psychologiquement elle était très fragile,ayant fait un séjour en psychiatrie lors de son adolescence.
De sa séparation très très mal vécue et surtout des regrets de devoir quitter le vieux manoir anglais agrémenté de son magnifique verger de Court Green jusqu'à l'emménagement dans Londres dans l'ancienne maison du poète : W.B.Yeats elle se bat.Elle se bat contre ses démons.
Ses démons c'est ce fond dépressif qu'elle sent tapi au fond d'elle.Elle lutte pour ses deux enfants :Frieda et Nick.L'hiver 1962 sera très froid ,malgré cela, elle passera des nuits à repeindre l'appartement à coudre des rideaux.
Malheureusement un an plus tard le 11 février 1963 ,épuisée physiquement et moralement elle se suicidera au gaz.
J'ai beaucoup aimé ce roman qui se lit doucement, pour bien s'imprégner de l'atmosphère, pour essayer d'être en symbiose avec cette poétesse ,malheureusement cette sensibilité exacerbée aura raison d'elle .À recommander⭐⭐⭐⭐
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Mon avis sur ce roman est très contrasté. Je ne connaissais la poétesse Sylvia Plath que de réputation, j'avais envie de découvrir qui elle était et quels chagrins avaient pu la pousser à écrire des poèmes si déchirants, quelles blessures impossibles à refermer l'avaient conduite au suicide si jeune.
C'est en effet un beau personnage que nous livre Kate Moses, émouvant, hypersensible, malheureux. Vieille à 30 ans.
Le livre conte l'histoire d'une rupture et d'un effondrement, celui de Sylvia après que son mari, le poète Ted Hughes, l'a quittée et trompée avec une amie du couple.
Forcément, il n'est pas très gai…certains passages douloureux sont poétiques car profonds, romanesques car très littéraires. Mais tant de nostalgie du bonheur perdu, tant de plainte peut parfois mettre les nerfs à rude épreuve...
Il vaut mieux être profondément optimiste avant d'ouvrir cet ouvrage. Personnellement, j'ai bien failli me noyer avec !
Sylvia Plath m'a fait penser à Virginia Woolf, bien sûr. le même désenchantement, un talent immense et l'envie profonde de s'en sortir qui ne suffisent pas à faire remonter la pente. Sa solitude est immense et réelle ; la trahison que d'autres femmes acceptent, résignées, elle, ne la digérera pas.
Autre chose m'ennuie : c'est la part de fantasmes qui s'ajoute à la biographie des derniers mois de Sylvia. On sent que l'auteur s'est énormément projetée dans la peine de la poétesse. A qui est cette souffrance ? Sylvia ou Kate ?...ça n'enlève rien à la qualité de son écriture mais le trouble reste.
Les passages sur le bonheur passé sont magnifiques, on imagine des odeurs, des textures, des couleurs. Chaque détail a son importance quand il n'est plus que souvenir.
Les variations d'humeur de Sylvia donnent au livre quelque chose d'oppressant, l'intuition du drame qui se prépare. Ses gestes quotidiens qu'elle répète jusqu'à la folie sont épuisants pour elle, et pour le lecteur. Tout comme le livre sur Virginia Woolf lu le mois passé, celui-ci est profondément féminin, doux et violent dans ses pulsions, maternel, amoureux.
Mais il manque une contradiction, un élément extérieur à cette histoire, une autre vérité, pour que l'on puisse s'attendrir et ne pas s'agacer devant ce plongeon dans le vide.
Kate Moses a adopté un style serré, très compact pour coller à l'étouffement qui est celui de Sylvia. Elle nous prouve que le génie a besoin de souffrir pour s'exprimer pleinement.
Une vie contre un livre…passer à la postérité fût bien cher payé pour une femme fragile comme Mme Plath.
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Une lecture très émouvante qui prend aux tripes. On ne sort pas indemne de ce texte.
L'ombre de Sylvia Plath plane tout du long, la poétesse est là entre ses lignes, fragile et écorchée.
Kate Moses nous raconte la vie de Sylvia dans son quotidien. Lorsque débute l'histoire, elle emménage avec ses deux jeunes enfants alors que Ted, son mari, l'a trahie avec sa meilleure amie. Seule, elle s'occupe tant bien que mal avec des tâches domestiques, du jardinage, des promenades avec ses enfants. Elle se souvient des années heureuses avec Ted, leur rencontre, le voyage de noces.
Les chapitres se succèdent alternant les époques et les états d'âme de Sylvia, entre bonheur et tristesse.
Froidure débute le 12 décembre 1962, deux jours après son départ du Devonshire et se termine le 29 décembre 1962 à Londres. Dès le 31 décembre, Sylvia reprend l'écriture de ses poèmes, ils seront publiés après sa mort par Ted son mari.
Ce beau livre est un superbe hommage à la grande poétesse, le tragique et le merveilleux se côtoient.
Je l'ai lu doucement pour profiter pleinement de l'écriture d'une délicatesse inouïe. Un récit inoubliable et touchant à découvrir absolument.

Lien : http://www.despagesetdesiles..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
En la voyant, elle avait tout de suite su que cette maison était de bon augure pour elle (...)
Par plaisanterie, de retour à Court Green après avoir trouvé l'appartement, elle avait pris un volume de pièces de Yeats sur les étagères du salon de devant et confié à Sue la nourrice qu'elle cherchait un présage. Elle avait besoin d'esprits bienveillants; elle avait besoin
de toute la protection qu'elle pouvait se concilier.Le livre s'était ouvert, son doigt sur un passage de la
" Licorne des étoiles : Apporte du vin et de la nourriture pour te donner force et courage, et je tiendrai la maison prête. "

( Petit Quai Voltaire, réédition 2016, p.15)
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Mais aujourd'hui un changement est survenu. Non contente d'avoir passé une nuit paisible, elle s'est retournée dans son sommeil avec l'aisance d'un poisson. Pourrait-on appeler ce qu'elle commence à ressentir, en se réveillant à l'instant, la lumière rubis se diffusant à travers le mince tissu de ses yeux fermés, pourrait-on appeler cela le bonheur ? La curiosité ? Incroyable : elle a volé tout droit en une trajectoire bien nette depuis les infinités désolées su sommeil jusqu'à quelque chose qu'on pourrait qualifier d'agréable. Elle se sent normale, comme les autres gens, se réveillant par un jour normal. Pleine d'attente ; n'envisageant que de bonnes surprises. Par rapport à l'arrière-goût de désespoir qu'elle éprouve d'habitude au lever du jour, cette sensation paraît carrément optimiste, aussi libre d'entraves qu'un ballon envolé..... un sentiment qui rappelle fort les premiers jours de l'état amoureux. (p12)
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Les ruines de l'hiver.Sylvia ressent en elle la rudesse de ces mots, mordante et impalpable.Ce n'est pas la richesse de sa vie qui l'incommode; c'est l'idée de la perte qui va avec, pareille à un redoutable animal en hibernation logé au fond de son être.
( p.89)
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Mars étant le mois de la femme ,j'ai choisi ce roman inspiré de l'oeuvre et de la vie de Sylvia Plath.

1CHANT MATINAL

12 décembre 1962
5h30 du matin
Londres

Da l'or filtre sous ses paupières. Elle est réveillée .Les
somnifères à présent dissipés obsolètes comme le souffle,leur expiration la projetant du fond vaseux du sommeil jusqu'à la surface.( Page 11).
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Elle n'était pas sûre, au début, d'être capable ni de réfléchir ni d'écrire: son esprit arpentait sa cage tel un animal, mourant d'envie de s'enfuir, d'aller vers les autres, mais trop désespéré pour le faire. Or quelque chose se passait lors de ces petits matins à son bureau, une alchimie qui, en concentrant sa douleur, en convertissant sa rage en une essence purifiée, distillait sa propre eau-de- vie brûlante .Cela faisait des années qu'elle s'escrimait à écrire comme ça. Et puis Ted était parti, et l'inspiration s'était installée.
( p.17)
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Video de Kate Moses (1) Voir plusAjouter une vidéo
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Setting Boundaries with Children - Kate Moses (en anglais)
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