Mon avis sur ce roman est très contrasté. Je ne connaissais la poétesse
Sylvia Plath que de réputation, j'avais envie de découvrir qui elle était et quels chagrins avaient pu la pousser à écrire des poèmes si déchirants, quelles blessures impossibles à refermer l'avaient conduite au suicide si jeune.
C'est en effet un beau personnage que nous livre
Kate Moses, émouvant, hypersensible, malheureux. Vieille à 30 ans.
Le livre conte l'histoire d'une rupture et d'un effondrement, celui de Sylvia après que son mari, le poète
Ted Hughes, l'a quittée et trompée avec une amie du couple.
Forcément, il n'est pas très gai…certains passages douloureux sont poétiques car profonds, romanesques car très littéraires. Mais tant de nostalgie du bonheur perdu, tant de plainte peut parfois mettre les nerfs à rude épreuve...
Il vaut mieux être profondément optimiste avant d'ouvrir cet ouvrage. Personnellement, j'ai bien failli me noyer avec !
Sylvia Plath m'a fait penser à
Virginia Woolf, bien sûr. le même désenchantement, un talent immense et l'envie profonde de s'en sortir qui ne suffisent pas à faire remonter la pente. Sa solitude est immense et réelle ; la trahison que d'autres femmes acceptent, résignées, elle, ne la digérera pas.
Autre chose m'ennuie : c'est la part de fantasmes qui s'ajoute à la biographie des derniers mois de Sylvia. On sent que l'auteur s'est énormément projetée dans la peine de la poétesse. A qui est cette souffrance ? Sylvia ou Kate ?...ça n'enlève rien à la qualité de son écriture mais le trouble reste.
Les passages sur le bonheur passé sont magnifiques, on imagine des odeurs, des textures, des couleurs. Chaque détail a son importance quand il n'est plus que souvenir.
Les variations d'humeur de Sylvia donnent au livre quelque chose d'oppressant, l'intuition du drame qui se prépare. Ses gestes quotidiens qu'elle répète jusqu'à la folie sont épuisants pour elle, et pour le lecteur. Tout comme le livre sur
Virginia Woolf lu le mois passé, celui-ci est profondément féminin, doux et violent dans ses pulsions, maternel, amoureux.
Mais il manque une contradiction, un élément extérieur à cette histoire, une autre vérité, pour que l'on puisse s'attendrir et ne pas s'agacer devant ce plongeon dans le vide.
Kate Moses a adopté un style serré, très compact pour coller à l'étouffement qui est celui de Sylvia. Elle nous prouve que le génie a besoin de souffrir pour s'exprimer pleinement.
Une vie contre un livre…passer à la postérité fût bien cher payé pour une femme fragile comme Mme Plath.