Mon avis sur cette trilogie est extrêmement mitigé. Pendant presque toute ma lecture, je n'ai pas compris où l'auteur souhaitait nous emmener et, encore aujourd'hui, il me reste de nombreuses interrogations. C'est assez frustrant. Pourtant, je peux apprécier les fins ouvertes mais il faut, dans ce cas, que le roman nous donne les clés qui nous permettent d'imaginer ce que pourrait être sa fin. Ici, ce n'est pas le cas.
L'un des paradoxes de ce roman, c'est que l'auteur y fait de nombreux détours, que ce soit par son style assez poétique et descriptif ou par les répétitions qui jalonnent le récit de manière récurrente. Cela imprègne au texte, une impression de lenteur. Mais, dans le même temps, il se dégage de cette histoire une tension palpable qui nous donne envie de tourner les pages le plus rapidement possible pour en connaître le dénouement.
Le récit se construit sur une alternance entre les chapitres dédiés à Aomamé et ceux qui concernent Tengo. Puis, dans le dernier tome, Murakami intègre une troisième alternance autour du personnage d'Ushikawa, un détective qui travaille pour le compte des Précurseurs. Ces chapitres se déroulent de manière parallèle, ce qui nous permet d'avancer dans le récit en suivant les mêmes scènes, de différents points de vue. Puis, parfois, l'auteur ralentit le récit, uniquement pour un personnage, ce qui peut paraître déroutant. On croit alors que les personnages vont se croiser mais il n'en est finalement rien. J'ai bien aimé l'arrivée de ce nouveau personnage, déjà rencontré dans le tome 2. C'est grâce aux chapitres qui le concernent que l'auteur parvient à créer l'atmosphère de suspens dont je parlais plus tôt.
Murakami semble accorder beaucoup de place au développement intérieur de chaque protagoniste : il leur laisse une large place pour se livrer à l'introspection ce qui aide le lecteur à mieux les cerner et, éventuellement, à s'y identifier. Si Tengo est un personnage, somme toute, assez banal, Aomamé est plus surprenante : élevée par des parents Témoins de Jéhovah, elle s'est émancipée vers l'âge de onze ans et a vécu seule, sans soutien. Elle s'est construite grâce à une discipline et une force mentale assez impressionnantes. C'est véritablement un personnage qui sort de l'ordinaire.
Dans 1Q84, l'auteur aborde la question du lien filial et de l'importance des origines, selon différents points de vue. Aomamé et Tengo ont tous deux vécu une enfance difficile, à cause de la rigueur de leurs parents. Si Aomamé a définitivement coupé les ponts avec sa famille, Tengo se rapproche de son père en fin de vie et espère qu'il l'aidera à mieux comprendre son histoire et celle de sa mère, disparue lorsqu'il était encore un tout jeune enfant.
Le thème de la solitude est également largement abordé dans ce roman. Tous les personnages que l'on rencontre semblent la vivre, sans que ce ne soit toujours un fardeau à porter.
Enfin, il y a tout un pan de fantastique basé sur le monde parallèle dans lequel les personnages ont été projetés. C'est ce qui m'a donné le plus de fil à retordre car, pour moi, l'auteur ne donne aucune réponse aux questions introduites par le biais de cette dimension fantastique. A croire qu'il réserve ses révélations pour un quatrième tome…
Je ne sais pas si je conseillerais cette trilogie car j'ai fréquemment été frustrée, au cours de ma lecture, de ne pas comprendre les actions qui s'y déroulaient et leur importance dans le récit. Pourtant, j'étais aussi séduite par le style de l'auteur et la personnalité des protagonistes qu'il nous a présentés. J'aurais pu abandonner à de multiples reprises mais je voulais absolument découvrir où allait me mener cette intrigue.
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