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3,82

sur 825 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il y a généralement beaucoup de poésie et de délicatesse dans la littérature japonaise, c'est probablement la raison pour laquelle j'aime m'y réfugier si souvent.

Mais, cette fois-ci, je suis chez Ryu Murakami, et la douceur, le romantisme, la poésie ne sont pas les qualificatifs les plus appropriés pour son oeuvre.
Ici, tout est sombre, glauque, violent, morbide. Il n'y a ni amour, ni tendresse dans ces lignes et pourtant malgré ça, j'ose à peine le dire, mais j'ai adoré ce livre.

Il s'agit d'une deuxième lecture que j'ai abordée avec une certaine crainte, tant le souvenir que j'en avais était celui d'un livre inoubliable.

Le thème du roman est l'abandon et la construction d'un être humain soumis dès sa plus tendre enfance, à la cruauté la plus atroce.

Kiku et Hashi ont été abandonnés par leurs mères respectives dans des casiers de consigne automatique d'une gare de Tokyo. Tous deux ont connu l'angoisse et la terreur de l'enfermement dans un espace sombre, étroit et étouffant.

Contre toute attente, les deux enfants sont sortis indemnes de leurs prisons et sont adoptés par un couple qui vit sur une île isolée.
Mais la vie de famille ne leur apporte pas la sérénité. Ils continuent à s'attacher à ce qui leur ressemble : maisons en ruine, village abandonné, chiens errants, marginaux de toute sorte.

Kiku découvre qu'il peut canaliser la violence qui l'habite en devenant champion de saut à la perche.
Hashi entame une quête identitaire qui le conduira dans les bas-fonds de Tokyo et fera de lui un célèbre chanteur de rock.

En conclusion, ces bébés, devenus des hommes dans le sang et les larmes ont su me convaincre, s'il en était besoin, que tout être humain se construit dès ses premiers instants sur terre.

Un livre inclassable, violent et beau, sombre et drôle.

Pour la deuxième fois, j'ai adoré !

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Deux bébés abandonnés dans une consigne automatique à l'été 1972 ont miraculeusement survécu. Hashi et Kiku vont grandir comme des frères dans un orphelinat. Quand leur traumatisme initial ressurgit sous forme de symptômes d'autisme ou de schizophrénie, ils vont suivre, à leur insu, une thérapie innovante, efficace à court terme mais dont la dissimulation ne sera pas sans conséquences : on leur fait écouter sous hypnose des battements de coeur pour les ramener au stade utérin.

Finalement adoptés comme deux frères jumeaux, ils grandissent sur une île isolée, s'y attachant déjà aux marginaux. Kiku devient un garçon intrépide, imbattable en course et en saut à la perche, tandis qu'Hashi est peureux et se réfugie dans un monde imaginaire.

Ils partent en grandissant à la recherche de leur identité vers les bas-fonds d'un Tokyo bien loin des images d'Épinal du Japon, une ville trash peuplée de personnages eux-mêmes exclus et déjantés.
Après s'être prostitué, Hashi devient un chanteur de rock très célèbre. Kiku rencontre Anémone, mannequin pour des pubs télé et qui élève un crocodile dans son appartement, un animal de trois mètres répondant au doux nom de Gulliver.

Mais les traumatismes ont la vie dure et s'en libérer est une épreuve longue et difficile, ... impossible ? Les deux anges déchus ont surtout envie de tout détruire, au mieux de s'arrimer à d'autres êtres abîmés. «Les bébés de la consigne automatique» forme aussi, entre poésie et manga, un regard unique et très noir sur la société japonaise contemporaine.

«Rien n'a changé depuis l'époque où on hurlait enfermés dans nos casiers de consigne, maintenant c'est une consigne de luxe, avec piscine, plantes vertes, animaux de compagnie, beautés nues, musique, et même musées, cinémas et hôpitaux psychiatriques, mais c'est toujours une boite même si elle est énorme, et on finit toujours par se heurter à un mur, même en écartant les obstacles et en suivant ses propres désirs, et si on essaie de grimper ce mur pour sauter de l'autre côté, il y a des types en train de ricaner tout en haut qui nous renvoient en bas à coups de pied.»

«Cà et là, ils croisaient des enfants jouant dans de petits terrains vagues, donnant des coups de pieds dans de vieilles boîtes de conserves, dansant en rythme sur de la musique, jouant au cerf-volant, attrapant lézards ou chauves-souris, d'autres encore tenaient de vieilles poupées dans les bras, brûlaient un cadavre de chien, ou arrachaient les pneus d'une carcasse de voiture. L'asphalte des rues avait été arraché partout.»

A classer en très bonne place dans le palmarès des livres au titre accrocheur et au contenu renversant.
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Comment vivre la vie quand on a été un déchet en arrivant sur cette terre. Dans ce livre, c'est une dérive continuelle avec des battements de rames parfois violents, parfois cinglants, sanglants, larmoyants, sans peur, pleins de peur. Une dérive qui ne mène à rien. Une dérive qui peut avoir des effets clinquants et faire lever la foule, et une dérive qui cherche tellement la maîtrise qu'on va l'enfermer.
Et s'évader. S'évader.
La folie est toujours là, présente. La folie ou, lue autrement, des potentialités étranges, des images, des sons et des sensations. Plein de sensations. (Très fort le Murakami là-dessus). Sensations qui rendent fou. Qui font agir. Comme des pantins d'un destin. Marionnettes.
On cherche toujours son bâton et ses fils pour s'actionner. Ceux-ci sont un fléau, nécessaire.
Murakami Ryû écrit ici un livre achevé, avec une bonne blinde de morceaux durs et du liquide infect à l'intérieur.
Si je peux faire des comparaisons, on peut retrouve un petit air de Selby, d'Aronofsky (du Requiem...), il y a un côté Tarantinesque (ou plutôt l'inverse) si vous parvenez à vous imaginer une certaine drôlerie, et l'attention aux mouvements dans les horreurs.

Je ne sais pas à quoi sert tout ça, probablement que dans une autre temporalité j'aurais détesté, tout comme je déteste Brett Hisse tonne Hélice. Qui brasse de l'air puant sans nécessité.
Mais peut-être qu'il y a nécessité, justement, chez Ryû.
Ce "peut-être" suffit pour me toucher plein coeur.
En infinie tristesse et (com-)passion.

(Et s'il eût fallu donner le Nobel à un Murakami, c'est à Ryû, pas à Haruki, qu'il eût fallu.)
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Vision d'un monde apocalyptique. Les tribulations de 2 jeunes gens en quête de sens nous mènent dans différentes régions d'un Japon présenté comme invivable, violent, deshumanisé. Plus rien n'a de sens. Même l'amour et l'amitié déboucheront sur une volonté radicale d'en finir.
je ne peux m'empêcher d'y voir une extrapolation de notre société actuelle, hypertechnologique où le bonheur se conquiert durement.
Le japon a eu et a encore son lot de calamités : bombes atomiques, Fukushima, attentat au gaz sarin, destructuration de la famille et de la société traditionnelle, consommation exacerbée... C'est cette ambiance que l'on retrouve dans ce roman à lire absolument, peut-être le meilleur de Ryu Murakami.
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C'est un conte cruel sur la dérive de deux ames que nous livre ici Ryu Murakami. Ce livre, malgré ses 500pages et quelques se lit de bout en bout, on est poussé par quelque chose mais quoi.... Certainement pas l'espoir! Tout est noirceur dans le Japon de R.Murakami.
Dommage quelques longueurs a la fin qui donne une impression de decrochage... Mais ca reste une oeuvre fascinante.
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Kiku et Hashi ont tous les deux été abandonnés dans des consignes de gare lorsqu'ils étaient nouveaux nés. Ils sont tous les deux élevés, dans un premier temps, chez des bonnes soeurs, puis adoptés par une famille vivant sur une ile. Plus les deux protagonistes grandissent, plus la violence qui les habite croit. Hashi s'enfuit vers Tokyo pour y vivre sa vie et se libérer des fantômes qui l'habitent. Kiku, quant à lui devient champion de saut à la perche mais la haine ne le quitte jamais.
Un roman très bien construit, haletant que l'on n'a pas envie de lâcher avant de connaitre le dénouement de l'histoire.
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Les Bébés de la Consigne Automatique est un roman, des plus connus, de Ryû Murakami. le premier que j'ai lu de cet auteur. L'histoire est sombre, noire, violente, trash pour tout dire. Kiku et Hashi sont abandonnés à leur naissance dans le casier d'une consigne automatique. le roman raconte le voyage aux enfers des deux enfants devenus adultes, qui revivent le traumatisme initial à travers un délire mental incessant. On suit leur vie depuis l'orphelinat, jusqu'à l'adoption et à leur déliquescence mentale. Sexe, destruction des sentiments et des gens de leur entourage, violence et haine, le roman n'a rien d'une rose épopée. C'est bien loin de l'image d'un Japon zen, propret et carré que l'on pourrait avoir.

J'ai adoré, aussi bien l'écriture que le sujet. le côté « dérive psychiatrique » me fascine. L'appropriation d'un traumatisme comme objet de rancune au quotidien est parfaitement décrit. Quoique rancune ne soit pas le bon terme. Il y a un aspect « fatum » plutôt, une force extérieure, presque, qui envahit les deux garçons. Et tous, autour d'eux, vont en payer le prix. C'est un roman difficile, mais il y a des pages apaisantes curieusement, et puis des personnages secondaires qui apportent un peu de repos. Créer des liens, être inséré dans la société, peut sembler évident et facile : il suffit d'être et d'exister. Mais ce roman montre au contraire qu'il ne suffit pas de la bonne volonté ou de la bienveillance de quelques un pour apprendre à tisser ces liens. Et on peut voir comment une enfance qui a mal commencé, avec l'abandon, même si elle s'est retrouvée sur de « bons rails », marque une vie entière. L'écriture est dense, cadencée, frénétique presque, et il y a quand même cette dimension d'introspection qui en fait pour moi un roman indispensable.
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Un livre magnifique et déroutant où tout n'est fait que de bruits, silences et mélodies. Oui, ce qui m'a le plus marqué dans ce roman, c'est sa musicalité. Cette recherche du son primaire qui donne la vie et que ces deux orphelins recherchent en vain pour pouvoir survivre dans ce japon coincé entre tradition et modernité, croyances et réalité, moralité et perversion.
Les personnages sont beaux, leur histoire addictive...
Et une fin qui arrive à exprimer une teinte d'espoir dans le cauchemar.

A découvrir!
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voici le livre qui m'a ouverte a la litterature japonaise, bien plus proche de la realité qu'une litterature sirupeuse
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Attention ! Si vous cherchez un livre d'été pour lire tranquillement au bord de la piscine ou sur le sable, passez votre chemin !
Les Bébés de la consigne automatique est un roman long, très long, et dont l'histoire ne semble mener nulle part.
Pour autant, si l'on ne craint pas la crasse, la dégénérescence sous toutes ses formes, l'abandon, l'ennui, la violence gratuite poussée à l'extrême (parfois même consentie), l'amour obsessionnel, la haine à l'état pur et les actes désespérés, Ryû Murakami nous propose un "voyage" unique dans les bas-fonds de la civilisation japonaise de la fin du siècle dernier.
Les deux personnages principaux, Hashi et Kiku, abandonnés à leur sort dès leur plus jeune âge, balancent constamment entre lucidité et folie, et ce, avec toutes les contradictions poétiques et charnelles qui composent un être humain -- de surcroît, orphelin. Avec eux, rien n'a de sens ou tout en a. Ni juste milieu, ni compromis. Il s'agit seulement d'avancer. D'avancer les yeux fermés et d'espérer obtenir des réponses existentielles à des questions qu'ils ne sont mêmes pas sûrs de vouloir/pouvoir poser.
Des 500+ pages de ce chef-d'oeuvre contesté (je peux comprendre les arguments de longueurs à son encontre, néanmoins l'histoire abordée exigeait une narration de ce type pour que ça fonctionne), je retiens surtout cette phrase prononcée à la page 176 par la petite-amie de Kiku, Anémone, qui résume selon moi parfaitement ce roman :
" Mon ennui finira par recouvrir la terre et j'allumerai un feu avec..."
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