Printemps de feu

Le soleil tout entier est désormais contenu dans le « O » du mot « Orient ». Celui d’ « Occident » n’est plus qu’un Zéro. Seuls quelques « réacs postmodernes » croient encore à l’Occident. Ils font semblant de le critiquer, mais au fond ils le regrettent. J’ai quitté à Paris une poignée de ces pseudo-dandys que leur attaque justifiée des gauchistes au pouvoir intellectuel pousse dans de drôles de retranchements. A force de rechercher le paradoxe à tout prix, ils finissent par approuver la guerre uniquement parce qu’une majorité de connards pacifistes est contre ! C’est juste la forme guerrière qui les excite. Mais le fond qui pousse les colons du Pentagone à aller casser de l’Arabe, ils n’en tiennent pas compte. C’est trop facile de soutenir les Américains sous prétexte qu’eux, au moins, ont « les couilles » de faire la guerre. Fantasmes d’eunuques ! Toujours admirer le plus fort : quelle faiblesse ! Ah ! Je crois que ce sont ces paumés du contre-pied qui me dégoûtent le plus. Ces puceaux cultivés et inconséquents se retrouvent déjà auprès de Bush, Sharon et Cie. En vérité, ces moineaux d’apocalypse ont cent ans de retard : ils ont la nostalgie de ceux qui avaient déjà la nostalgie d’une France forte, d’une Europe glorieuse, d’un Occident roi. S’ils réfléchissaient plutôt que de réagir, ils s’apercevraient qu’ils sont tout simplement en train de collaborer (eux qui se croient résistants !) avec les forces contraires à la contre-révolution des esprits à laquelle ils aspirent depuis qu’ils ont (mal) lu Bernanos, Péguy, Bloy, Dominique de Roux et les autres… (pp. 33-34)