Parce que c'est un roman dense , à multiples interprétations ,
Parce que je ne suis pas familière de la littérature japonaise ,
parce que je ne possède suffisamment de connaissance de la culture et histoire du japon ,
Ma lecture n'apportera qu'un prisme que je ressens fortement réducteur mais malgré tous ces bémoles , elle fut riche , dense , étonnante , et me porte à penser que je continuerai à poursuivre dans la découverte de l'oeuvre de Soseki .
Clair-Obscur , c'est 500 pages sur du "presque rien" .
D'intrigue , on ne retiendra que l'interminable délitement d'un couple de jeunes mariés , qui , à l'occasion d'une hospitalisation du jeune mari pour une opérations bénigne , se trouvera confronter à une avalanche de questionnements sur la fondation de leur union , sur leur sentiment ou non sentiment respectifs , sur le vrai et le faux de leur engagement .
Tout cela s'élabore dans une progression du récit d'une lenteur qui peut décourager mais nécessaire pour faire apparaitre la palette infinie de nuances à peine perceptibles dans ce qui relie et délie les personnages de ce roman . Car plus de psychologie individuelle avec des archétypes tranchés , ce que nous propose Soseki , c'est une réflexion complexe sur les interdépendances entre les êtres et les mouvements intérieurs qui en découlent . Si Nobuko et son mari Tsuda vivent une période d'incertitude au sein de leur couple les acculant à quelque introspection souvent inconsciente , l'entourage n'est pas à négliger dans l'impact , volontaire ou non qu'ils auront dans le devenir de ce couple .
Dans un enchevêtrement d'une densité et complexité soutenues , Soseki met en scène , souvent dans une forme de presque théâtralité, les va et vient du conscient et de l'inconscient , la mouvance psychique intérieure confrontée à la réalité de l'autre , l'oscillement constant entre plusieurs plans de réalité , l'insaisissabilité d'une vérité puisque toujours en déplacement dans une remise en question constante , les petites mesquineries et arrangements avec son petit quant à soi et avec les autres , les évitements qui nous rattrapent par un contour mal défini et qui nous poussent à avancer ...
Dans l'art de la minutie et du détail descriptifs où rien n'est laissé au hasard , où chaque détail porteur d'un élément de connaissance ou de non connaissance dans la fuite du temps , ce roman pourtant inachevé , dissèque avec une exigence et une profondeur rare , l'inextricable complexité de l'être humain dans sa psychologie mais aussi et surtout l'impermanence de celle-ci dans son rapport au monde et aux autres .
Clair-obscur , "Je t'aime , je t'aime pas " , "je suis généreux , mais je suis égoiste ", "je suis tout et son contraire " ," je "qui surfe sur la vague dans les contradictions inconscientes .
Et aussi étrange que cela puisse paraitre , le génie de Soseki n'est pas s'en me rappeler celui d'
Henry James dans leur finesse et précision d'analyse attachées aux menus détails révélateurs de la nature humaine et de ses méandres .
D'autres parts , certains personnages et leur rôle m'ont fortement rappelé les
romans de
Dostoïevski.
Et si parallèle je puis faire avec une forme cinématographique , je retrouve des similitudes avec l'approche de Nuri Bilge Ceylan et son chef-d'oeuvre Winter-sleep .