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EAN : 9782070302185
224 pages
Gallimard (03/09/2009)
3.55/5   92 notes
Résumé :
« Celui qu’on dit monstre est l’expression la plus achevée de l’espèce. Celui que l’on dit monstre est terrifiant de beauté plutôt que d’être terrifiant tout court parce qu’il décèle avec une finesse inhumaine les failles des autres et les élargit et les aggrave, et il devient ainsi cet idéal de sombre masculinité que les mythologies prêtent aux dieux et aux démons. Quelle merveilleuse sensation que de plier une créature à sa volonté ! »

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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
3,55

sur 92 notes
Huis clos oppressant durant lequel on assiste à la décrépitude du narrateur, l'écriture est saisissante de haine, aux dernières heures d'un sadique persécuteur familial. Autour de son lit de mort, un combat s'engage entre trois générations de femmes qui ont subi sa perversité et le monstre, fier de l'être.

La métaphore du sari est très poétique... Il est, à la fois, cette tenue qui symbolise la féminité, qui dessine avec pudeur les courbes sensuelles et ce tissu qui enserre, qui calfeutre, qui entrave la liberté. Cette ambivalence exacerbe la misogyne ordinaire du narrateur. Fasciné et craintif devant l'image d'une inaccessible perfection, il cherche à l'assujettir sous les coups, à étouffer toute forme de beauté, de libre expression.
C'est un être paralysé qui frappe. Paralysé par la peur. Agonisant d'incomplétude. La violence qu'il exerce sur autrui semble lui restituer une densité auparavant dérobée, une ivresse de puissance, l'illusion d'un pouvoir reconquis, une valeur à sa vie proportionnelle à sa capacité de nuire, "la violence est une grâce", argue-t-il.
Rejoindra-t-il victorieux le néant de la mort ? Les femmes de sa vie, libérées de la peur, ne semblent pas disposées à l'absoudre...

Ananda Devi a une plume unique, somptueuse, électrifiante et percutante. Elle ne laisse pas ses personnages conspirer contre elle-même mais leur dévoile un horizon cadenassé dont ils ne trouveront la clé qu'une fois atteint leurs derniers retranchements...
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Sur l'île Maurice, dans une maison de Cure-pipe, un vieux médecin à l'agonie dit "Dokter Dieu", auréolé d'une grande lumiére par ses patients, lui qui possédait toutes les réponses .....est veillé par sa fille Kitty et sa petite fille Malika. Elles le haïssent. .Pourquoi ?Entre lui et elles se tisse un dialogue d'une violence extrême, oú affleurent progressivement, souvenirs, éléments du passé, reproches et surtout, le destin et la figure mystérieuse de la mére de Kitty, disparue en des circonstances effrayantes, terribles. " Violence? ". "C'était finalement de l'amour dit le pére. Je ne le comprends pas moi- même". "Il y a beaucoup de noms pour ce qu'on appelle avec autant de facilité la violence. "Ils ne sont pas tous justes" " La violence est une grâce" dit- il encore.
Cet homme est un tyran domestique, il revendique sa haine des femmes qu'il insulte, méprise et maltraite...le passage terrifiant sur le destin d'enseignante de sa fille Malika est Particulièrement méprisant, abject, haineux envers les femmes et leur condition, " des chiennes " dit- il....
Il veut posséder son épouse corps et âme . Il l'humilie , la frappe, son besoin de pouvoir est inimaginable au sein de ce huit clos...il désire tout maîtriser , c'est le délire d'un homme seul en recherche de la toute puissance. Il utilise le besoin d'amour comme un chantage, use de la force et de la peur pour réduire à nêant les femmes qui lui font face..C'est un ouvrage sur les rapports de pouvoir et de domination, inséparables des mécanismes de soumission.....
Un roman trés fort, percutant , dérangeant, empathie? Répulsion? Incompréhension?, le narrateur est le "bourreau": misogyne, paranoïaque et pervers!
L'écriture au scalpel est claire, nette, sans déguisement, une incise lyrique, féroce, incroyablement féroce....Rien n'est épargné au lecteur....à la fois fasciné par la narration remarquable et révolté! Un roman trés noir dans sa violence verbale langagière , même si le lecteur est tenté parfois de ne pas aller jusqu'au bout tellement il est dérangé !
Dernière phrase : "il n'y a qu'un nom pour la violence, Pére, dit- elle : c'est la violence".
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Un vieil homme se meurt, veillé par sa fille et sa petite-fille. Les deux femmes voue une haine farouche à ce médecin qui s'est montré toute sa vie violent et autoritaire. La violence des mots va mettre à jour des histoires du passé notamment la disparition de la mère. Les deux femmes prendront leur revanche sans remords en tourmentant les derniers souffles du vieil homme. D'une écriture magistrale, Ananda Devi signe une charge au vitriol contre le patriarcat et les violences faites aux femmes. L'auteur Mauricienne dévoile avec une force incroyable comment le mal s'insinue au quotidien sans que personne vienne à y redire. Apre, dérangeant, elle nous livre un livre remarquable et salutaire.
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N°399– Février 2010.
LE SARI VERTAnanda DEVI – Gallimard.

Nous sommes dans l'île Maurice et un vieux médecin, le Docteur Bissam est à l'agonie. Il est veillé par sa fille, Kitty, et sa petite-fille, Malika. On imagine facilement qu'il aurait souhaité partir en paix, mais son existence entière a été faite de haine, de violences... le fait-elle exprès (avant qu'il ne soit trop tard?), mais sa fille va réveiller, dans le huis-clos de cette chambre mortuaire et dans l'esprit de ce pauvre nécromant, des images oubliées depuis longtemps. C'est qu'elle veut apprendre de sa bouche comment sa mère, l'épouse du docteur, est morte. Elle veut savoir ce que fut sa vie et elle ne va pas tarder à apprendre qu'elle a été placée sous le signe du mépris, des insultes, des coups... qui peuvent parfois conduire au crime. Même si le récit est fait principalement à la première personne, par ce « Dokter-Dieu », on n'imagine pas, pour une foule de bonnes raisons, qu'il ait pu être aussi un tyran familial. Pourtant, avec la voix qu'on imagine chevrotante d'un mourant, il va justifier son attitude, celle de toute une vie. Pour un plat brûlé, il frappe pour la première fois son épouse et évoque le sourire que lui faisait sa lèvre fendue. «  La violence est une grâce » finit-il par déclarer!

La violence (à la lumière du dernier mot de cet ouvrage étonnant à plus d'un titre) est donc au coeur de ce roman, celle d'un homme qui bat son épouse et plus tard sa fille, parce qu'il n'aime guère les femmes, mais aussi la violence verbale du monologue de cet homme qui revoit le cours d'une vie où il n'a pu se dispenser de rendre malheureux son entourage. Sous sa plume, à la fois cruelle misogyne et lucide, le narrateur entraîne son lecteur dans la monstruosité ordinaire d'un homme mesquin, une sorte de « Père-Dieu » qui a d'autant plus facilement humilié cette épouse, morte jeune, qu'il en était profondément épris, qu'il désirait ardemment la posséder, la dominer, mais cette femme choisit, comme acte de résistance, de se réfugier dans le silence. Il étend son pouvoir sur elle puis sur sa fille, mais on sent bien que sa petite fille lui échappe. le lecteur comprend bien aussi que ces deux femmes ne le laisseront pas en paix tant qu'il ne leur sera pas révélé les circonstances de la mort prématurée de cette épouse, même s'il cherche à louvoyer avec la vérité et ses peurs, celles de la nuit et celles du passé.

C'est peut-être difficile à dire, mais il m'a semblé que ce livre était une sorte de dernier cri poussé avant la mort même si « l'honnêteté de penser est désormais un crime », on sent qu'il a envie de tout braver et de libérer enfin sa conscience, même si ces mots sont pleins de méchanceté, de haine et de volonté de se disculper. C'est que la mort est à chaque ligne, celle de son épouse mais aussi celle de leur fils qui n'a pas vécu, celle du mari de Kitty, de tous ceux qu'il a soignés et qui n'ont pas résisté, de la sienne à venir...Certes, ce qu'il dit dérange, mais j'ai eu l'impression d'une libération par les mots, un besoin de justifications, une catharsis... même si le monologue se transforme, petit à petit en dialogue, certes difficile et même délétère entre « ses » femmes et lui.

A la fin, cet homme finit par mourir et la parole est rendue aux femmes qui lui assènent leur vérité afin que l'équilibre des choses soit en quelque sorte rétabli. Il l'est, d'une certaine façon à la fin, quasi-fictivement, puisqu'elles se retrouvent devant le corps du docteur, désormais privé de vie, et célèbrent en une sorte de fête macabre, une manière de libération, le point final de leurs blessures

Le sari, vêtement de femme de l'île Maurice qui évoque tout à la fois la grâce, la féminité, la légèreté, va devenir sous la main de Bissam, un véritable carcan et même un linceul. Il apparaît au début dans un rêve, une sorte de fantôme que le narrateur poursuit, allégorie de la vie passée avec son épouse, puis de la mort.

Le livre refermé, je retire une impression dérangeante, malsaine. Cette histoire de vie et de mort, de culpabilité et de pardon, de honte et de faute, d'amour et de haine, d'ange et de démon, de solitude et de compassion, de grandeur et de déchéance, de tendresse et de lâcheté, de poésie et de vulgarité, d'émotions et de dégoûts résonne comme les deux pans opposé d'un discours d'où la pertinence et la lucidité ne sont pourtant pas absentes.

Le style est envoûtant jusqu'à la fin et j'ai un peu de mal à admettre que tous ces mots aient pu naître sous la plume d'une femme.



©Hervé GAUTIER – Février 2010.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Un roman noir, très noir, sur la condition des femmes, qui dépasse le cadre de l'île Maurice, décors qui est plutôt invisible le long du récit.

Un homme, père, mari est le narrateur de ce récit et va nous déverser sa bile sur 300 pages. Des pages de haines contre les femmes, contre sa femme qui n'est pas à la hauteur. En gros "toutes des putes, sauf ma mère" (celle-ci s'est en effet sacrifié pour l'élever, les morts sont en paix).
Difficile de trouver son approbation en quoi que ce soit pour la jeune épouse de 15 ans. C'est pourquoi il la bat, et sa fille aussi d'ailleurs qui aura vite fait de le décevoir, terrorisée par cet homme tortionnaire, médecin véreux qui se prend pour Dieu.

Il est misogyne, paranoïaque et pervers. Il faut vraiment être ce mélange pour dire que la violence qui le poussera à assassiner sa femme est de l'amour! Que frapper n'est pas violenter, et que sa fille n'est rien qui mérite la respect, moins qu'un chien. Pour prendre du plaisir à bousiller la vie de deux femmes. Seule sa petite fille le défie.
Le voir crever seul est un faible réconfort.

En tout cas l'auteure a réussi son pari: révulser le lecteur!
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
"Je suis un homme, et je suis en voie de disparition.
Je suis vieux et je suis en voie de décomposition .Si vous souhaitez des joyeuseries, passez votre chemin.
Si vous pensez sortir d'ici le ventre grouillant de bons sentiments, vous vous êtes trompé de porte.

Gens qui criez trop fort sans avoir rien à dire, écoutez moi si vous le voulez ou bien foutez le camp.
Tout cela m'indiffére."
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Il n'est pourtant pas aisé, ce premier pas. Mais lorsqu'il est accompli, cela va presque de soi. Quand j'ai tiré sur la natte épaisse de sa mère la première fois, quand je lui ai cogné le visage contre la table (bruit étrange, presque obscène de la chair et de l'os contre la table), j'ai été le premier surpris. C'était la première fois que j'usais de violence contre quelqu'un. À plus forte raison contre quelqu'un qui ressemblait à une petite fille déguisée en femme, une petite fille joueuse et câline que j'aimais. Cette colère et cette violence m'étaient totalement inattendues. Je l'ai aussitôt regretté et je l'ai consolée en la prenant sur mes genoux, comme une petite fille.

Le regret est sincère, oh ! oui. Mais après, rien ne change : les erreurs se reproduisent, se répètent et finissent par éroder toute tentation de modération. Cet acte de violence si difficile (autant pour celui qui le commet que pour celui qui le reçoit) n'aboutit à rien. Le remords exprimé en dilue la signification, l'annule et le contredit.

Bien sûr, après avoir frappé quelqu'un qu'on aime, il est normal d'avoir envie de se faire pardonner. Normal d'apaiser la peau rougie et enflammée par une caresse, par un baiser. Mais l'autre alors se sent plus fort et pense que ces excuses sont une reconnaissance de dette. Mes regrets ne signifiaient pas que je jugeais la violence excessive. Ils n'étaient qu'une manière de lui dire que, malgré la colère qu'elle avait provoquée, je l'aimais quand même. Je voulais ainsi lui dire : « je te pardonne tes bêtises ». Elle comprenait : « je n'aurais pas dû te frapper pour si peu de chose ». Nous étions à des pôles l'un de l'autre. Elle s'est obstinée à ne pas comprendre.
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Je ne suis pas l'apôtre du poli [...]
Si vous voulez des joyeuseries, passez votre chemin. Si vous pensez sortir d'ici le ventre grouillant de bons sentiments, vous vous êtes trompés de porte.
Gens qui criez fort sans avoir rien à dire, écoutez-moi si vous le voulez ou bien foutez le camp.
Tout cela m'indiffère.
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Celui qu'on appelle monstre est un découvreur de l'âme humaine, celui quo'n appelle monstre est le seul à assumer le courage de son exploration et à le montrer au monde, celui qu'on appelle monstre a la force de sa solitude et de l'affranchissement de toute béquille morale, de tout prétexte à ses actes, de toute excuse qui l'éxonèrerait aux yeux du monde. Celui qu'on appelle monstre a donc les yeux du fauve quand il regarde l'autre...
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J'ai vécu une vie exemplaire, mais toutes ces femmes en ont déformé le sens, altéré la droiture. J'avais tant de choses à leur apprendre. Elles n'ont pas compris que j'étais un héros.
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