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EAN : 9782070423750
216 pages
Gallimard (06/11/2003)
3.37/5   15 notes
Résumé :
«Il n'y a pas en Poésie de réalité positive.Il y a une vie profonde, une émotion intense transfiguratrice, qui dépendent fort peu de la circonstance extérieure qui les a provoquées.À l'heure de grâce un rien ou presque suffit parfois à donner la secousse créatrice et à mettre en branle le génie intime qui aussitôt du rien s'empare et à l'infini l'amplifie.Dante aperçoit Béatrice. Béatrice ? L'a-t-il longuement connue et courtisée ? Peut-être... Toute l'aventure du c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'ouvrage est un recueil de poèmes, qui rassemble Les chants de la Merci, parus en 1930, et Les Chants des Quatre-Temps, publiés en 1972, après la mort de Marie Noël, survenue en 1967. Beaucoup des chants de la Merci sont d'inspiration chrétienne, alors que les poèmes des Chants des Quatre-Temps ressemblent davantage à des comptines, auxquelles il semble que seule manque une mélodie pour pouvoir les fredonner.

Sur le fond, ces poèmes aux accents autobiographiques ("Captive" : Cette fille, / Je crois que c'était moi) sont souvent sombres, exprimant une large palette de sentiments négatifs. Et malgré cela, cette poésie reste empreinte de foi, d'espérance et de charité. Ce double constat est la marque de fabrique de Marie Noël.

Parmi ces sentiments négatifs, on peut citer la peur, notamment celle de la mort ("Les dernières détresses" : Ils se penchent. En vain. Ils ne peuvent descendre / Les degrés de l'abîme où roule ton effroi. / Ils te veillent. En vain. Ils ne peuvent entendre / Ce cri désespéré qui ne sort plus de toi), la déception amoureuse ("Désenchantement" : Ô mon amour, mon seul amour ! / Si je savais par quel chemin / Tu t'en es allé sans retour / Je le prendrais, j'irais sans fin), l'amour contrarié ("Discorde", qui commence et se termine par "Vous viendrez"), l'inquiétude du lendemain, avec toutes les préoccupations qui provoquent l'insomnie d'une mère de famille ("Le souci" : Les heures tour à tour partent. J'entends l'aurore / Qui s'approche. Ô fatigue, endors-moi ! - Pas encore...), la perte d'un fils sur les champs de bataille de 14-18 ("Chant de la compassion" : Prends-lui la main et, l'endormant, / Fais-le descendre doucement / Au fond obscur de la mort.).

Dans ce tableau noir, Marie Noël fait néanmoins luire la petite flamme de la Foi, de l'Espérance et de la Charité. Et c'est là que, la poésie se faisant prière, l'oeuvre de Marie Noël atteint le sublime. Ainsi, en matière d'espérance, on ne peut pas ne pas citer cette magnifique "Assomption", où elle décrit les anges accueillant à sa mort, Fanny, une pauvre servante qui a vécu dans l'ombre toute sa vie : "Lève-toi maintenant dans tes haillons splendides ! / Viens dans le dénuement de ton morne départ / Viens Fanny, prends les cieux, prends Dieu dans tes mains vides / Prends l'éternelle joie, ô femme, c'est ta part".
Pour ce qui concerne la charité, les magnifiques "Exercices", où Marie Noël détaille les circonstances qui font obstacle à la charité, nous invitent à les surmonter et à aimer : "Quand donc m'arrêterai-je un peu d'aimer ! - Courage ! / - Mais je n'ai plus d'amour, je l'ai trop prodigué. / - Aime ! Les voyageurs qui sont pris par l'orage / Se mettront à l'abri dans ton coeur fatigué." Où l'on ne manquera pas d'observer qu'elle fait rimer le mot ciel avec fiel... Ces exercices sont suivis de la superbe "Prière pour toutes sortes de nécessités", où Marie Noël passe en revue les intentions de prière qui jalonnent une vie (la solitude, la maladie, la mort, etc.), tout en se mettant en retrait et en ne demandant rien pour elle-même : "- Moi, Seigneur ? Ô mon Dieu, je n'ai besoin de rien".

La poésie est un art où Marie Noël excelle, tant sur la rime que sur le rythme. Des vers de quatorze pieds, de douze, de huit, ou de six, voire des impairs, elle a tout tenté et tout réussi. A ce titre, ce recueil de poèmes m'a fait penser à ce qu'André Gide écrivait sur l'art : "L'art naît de contraintes, vit de luttes et meurt de libertés". Ainsi, plus le vers "sonne" bien, c'est-à-dire plus il coule de source, un peu comme une évidence, plus il a exigé de travail en amont.
Mais paradoxalement, si le poète a respecté la rime et le rythme, cette contrainte a restreint son champ de recherche et donc limité son choix de mots, lui facilitant en quelque sorte le travail. Il ne s'agit plus alors de chercher un mot parmi tous, il s'agit simplement d'en choisir un parmi les deux ou trois qui peuvent convenir.
Au moment de conclure ce billet, par gratitude pour Marie Noël qui m'a offert ces moments d'émotion littéraire, et pour reprendre le titre, je n'aurais qu'un seul mot : merci.
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Un recueil très varié, où Marie Noëlle embrasse de ses vers des thématiques très pathétiques, avec le ton correspondant : misère sociale, misère affective, misère matérielle.
Elle navigue toujours entre deux eaux, à la frontière entre poésie et chanson populaire.
Le côté champêtre et agricole sonne régulièrement un peu suranné, démodé.

Un drôle de mélange avec des passages franchement niais ("j'ai dans le coeur un grand amour, qui de la terre a fait le tour"), et d'autres, bien plus profonds, notamment lorsque l'auteur aborde la mort et le sacrifice, en particulier à la guerre.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
À tous ceux qui très loin sont captifs
Dans le silence ; aux âmes enchaînées
Par la longueur des muettes années
En nul ne sait quels abîmes plaintifs ;
À ceux dont l’ombre a tant de murs sur elle
Qu’ils n’ont jamais pu donner de nouvelle
De leur nuit noire aux gens qui sont dehors ;
Ceux pleins d’appels dont nulle voix ne sort
Dont le secret cherche un mot qui l’emporte
Ceux dont le cœur bat sans trouver de porte
À tous ceux- là ——je ne sais pas combien ——
Je viens . Je suis un petit oiseau . Je viens .
Je viens. Je suis moucheron, un rien frêle
Une aile .Et j’ouvre et je donne mon aile
Pour alléger leur épaule et mon chant
Pour délivrer leur âme à travers champs » …
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CHANSON DES SEPT JOURS
  
  
  
  
Dimanche, ayant l’eau passée,
Suis entrée après-midi
Dans le cœur et la pensée
Du roi qui m’a l’amour dit.

Ah ! Dieu ! comme il m’a bercée
En son doux cœur du lundi !
Mais dans son cœur du mardi
Son amour s’est renversée.

Dans son cœur du mercredi,
Une autre m’a remplacée.
J’ai, de son cœur du jeudi,
Trouvé la porte glacée.

En vain, comme trépassée
Dont le pas est peu hardi,
Je reviens, toujours chassée,
À son cœur du vendredi.

Dans son cœur du samedi
Le vent m’a toute effacée…
Jamais ne serai placée
En son cœur du Paradis.
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Passage du démon


Au commencement
À l’Amour, s’oppose l’Orgueil
Moi !
Moi opposé à l’autre
L’Amour dit Oui !
L’Orgueil dit Non !
Non serviam.
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Je ne sais pas ce que je possède,
Je ne sais pas m'en alléger,
Viens mon Ami, accours à mon aide.
Prends mal et bien, prends tout ce que j'ai.

Un bonheur plein de telle détresse
Qu'il brisera la vie en mes mains;
Un malheur plein de telle tendresse
Qu"il guérira les pires chemins.

Je ne sais si je te courrouce,
Déshéritée ou riche, te plais...
Peut-être suis-je en pleurant plus douce
Qu'en souriant une autre ne l'est.

Je ne sais pas... sache-le toi-même,
Si je te puis être chère ou non...
Je ne sais pas si je vaux qu'on m'aime...
Je ne sais pas... je ne suis qu'un don.
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Mon Dieu, je viens à vous pour trouver un peu d'aide
Avec les pauvres gens qui me chargent le cœur.
Ils souffrent. Je ne sais où trouver le remède
À leur sort ni comment leur ôter leur douleur.
Mon Dieu, votre pitié voit plus clair que la nôtre.
Je les apporte à vos genoux l'un après l'autre :
Délivrez-les du mal, mon Dieu, chacun du sien...
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- Moi, Seigneur ? Ô mon Dieu, je n'ai besoin de rien.
("Prière pour toutes sortes de nécessités" - page 75).
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Videos de Marie Noël (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie Noël
« Une anthologie de femmes-poètes ! - Eh oui, pourquoi pas ? […] On a dit du XIXe siècle que ce fut le siècle de la vapeur. le XXe siècle sera le siècle de la femme. - Dans les sciences, dans les arts, dans les affaires et jusque dans la politique, la femme jouera un rôle de plus en plus important. Mais c'est dans les lettres surtout, - et particulièrement dans la poésie, - qu'elle est appelée à tenir une place considérable. En nos temps d'émancipation féminine, alors que, pour conquérir sa liberté, la femme accepte résolument de travailler, - quel travail saurait mieux lui convenir que le travail littéraire ?! […] Poète par essence, elle s'exprimera aussi facilement en vers qu'en prose. Plus facilement même, car elle n'aura point à se préoccuper d'inventer des intrigues, de se créer un genre, de se faire le champion d'une idée quelconque ; - non, il lui suffira d'aimer, de souffrir, de vivre. Sa sensibilité, voilà le meilleur de son imagination. Elle chantera ses joies et ses peines, elle écoutera battre son coeur, et tout ce qu'elle sentira, elle saura le dire avec facilité qui est bien une des caractéristiques du talent féminin. […] Et puis, au moment où la femme va devenir, dans les lettres comme dans la vie sociale, la rivale de l'homme, ne convient-il pas de dresser le bilan, d'inventorier - si l'on peut dire, - son trésor poétique. Les temps sont arrivés où chacun va réclamer le bénéfice de son apport personnel. […] » (Alphonse Séché [1876-1964])
« Il n'y a pas de poésie féminine. Il y a la poésie. Certains et certaines y excellent, d'autres non. On ne peut donc parler d'un avenir spécial de telle poésie, masculine ou féminine. La poésie a toujours tout l'avenir. Il naîtra toujours de grands poètes, hommes ou femmes […]. Où ? Quand ? Cela gît sur les genoux des dieux, et nul ne peut prophétiser là-dessus. […]. » (Fernand Gregh [1873-1960])
0:00 - Jeanne Dortzal 2:19 - Edmée Pauline Delebecque 3:30 - Harlette Hayem 5:19 - Catherine Pozzi 6:31 - Andrée Magdeleine Husson 7:39 - Cécile Sauvage 9:32 - Marie Noël 11:01 - Générique
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Référence bibliographique : Alphonse Séché, Les muses françaises : anthologie des femmes-poètes (1200 à 1891), Paris, Louis-Michaud, 1908.
Images d'illustration : Jeanne Dortzal : https://poetesses.blog4ever.com/jeanne-dortzal-presentation-et-bibliographie Edmée Pauline Delebecque : https://fr.wikipedia.org/wiki/Edmée_Delebecque#/media/Fichier:Les_muses_françaises_1908_Edmée_Delebecque.jpg Harlette Hayem : https://fr.wikipedia.org/wiki/Harlette_Hayem#/media/Fichier:Les_muses_françaises_1908_Harlette_Hayem.png Catherine Pozzi : https://www.liberation.fr/culture/livres/catherine-pozzi-publier-pour-ne-pas-etre-pillee-20210906_¤££¤42Catherine Pozzi36Catherine Pozzi53Catherine Pozzi29¤££¤/ André Corthis : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/fd/Les_muses_françaises_1908_André_Corthis.jpg Cécile Sauvage : https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/la-roche-sur-yon-85000/la-roche-sur-yon-cecile-sauvage-poetesse-devoree-par-la-passion-c273ba1e-fc11-11eb-b859-ec5d9416da74 Marie Noël : https://le-verbe.com/portrait/marie-noel-poetesse-de-lamour-et-de-la-douleur/
Bande sonore originale : Arthur Vyncke - Uncertainty Uncertainty by Arthur Vyncke is licensed under a CC BY-SA 3.0 Attribution-ShareAlike 3.0 license.
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