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sur 5719 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je referme à peine "Entre deux mondes" et le silence de mon appartement est assourdissant. J'ai envie de vomir, de hurler, mais je n'y arrive pas. Je crois bien que je vais pleurer. Je suis sonnée, exténuée. Putain de bouquin!
Je ne lirai plus jamais "Entre deux mondes", enfin je crois.
Je l'ai adoré pourtant.

L'entre deux monde, c'est la jungle de Calais, là où échouent des milliers de migrants, victimes d'une humanité à la dérive, qui ont tout perdu et qui ont traversé l'enfer pour le rêve -vite évanoui et souvent mortel- d'un avenir meilleur, loin des guerres, du sang et de la barbarie.
Calais, dernière escale avant la terre promise et l'espoir qui finit par mourir, après la tentative de trop, un matin gris et poisseux et la jungle qui finit par engloutir ses habitants. Nouvelle prison, enfer nouveau.

Adam est syrien. Parce qu'il se battait du côté des rebelles et qu'il mettait leurs vies en danger, il a dû laisser sa femme et sa fille affronter seules le voyage vers l'Europe, l'enfer des passeurs et du bateau, en attendant de pouvoir les rejoindre enfin, la peur au ventre. Il pensait si fort qu'il les retrouverait lors de son arrivée au camp, mais elles ne sont pas là. Adam est sûr pourtant qu'il les retrouvera et il les cherche, il s'abrutit d'espoir comme d'autres s'abrutissent d'herbe et de colère. Il n'abandonnera pas: après tout, une partie de lui est resté avec les femmes de sa vie et si son coeur bat toujours, c'est qu'elles ne sont pas si loin.
Kilani, lui, n'est qu'un enfant qui ne peut plus parler. Un gamin livré à lui-même et à la folie des hommes qui ne demande rien, ou si peu: quelqu'un à aimer et à qui s'attacher pour ne pas mourir une fois de plus, pour ne pas être englouti à son tour par la solitude et le noir.
Entre l'homme et l'enfant va naître une relation quasi-filial, pétrie de silences et de tendresse, leur dernier rempart d'humanité, d'amour même, contre un monde qui s'enfonce chaque jour un peu plus.
Quand des meurtres sont commis dans la jungle, Adam et Kilani vont croiser la route de Bastien, jeune flic fraîchement débarqué à Calais dont toutes les certitudes vont vaciller.

Olivier Norek signe avec "Entre deux mondes" un roman dérangeant et cruel, percutant et bouleversant d'une noirceur absolue. Il y dépeint sans complaisance la violence de la question des migrants et les paradoxes de nos sociétés bien-pensantes qui disent beaucoup sans faire grand chose, l'humanité mise en échec et les silences assourdissants des plus grands. Pour ce faire, des personnages, attachants, bouleversants dont il dépeint les trajectoires personnelles en un souffle jusqu'au point de non-retour dans une langue fluide et efficace, tendue et précise, cadencée comme un coeur battant.
C'est addictif, haletant; ça fait mal, ça tord le bide, ça poignarde, ça ouvre les yeux aussi sur ce qu'on fait semblant de ne pas voir, sur ce qu'on ne veut surtout pas savoir parce que ça dérangerait notre petit confort moelleux, parce que ça ferait tâche sur le tableau qu'on se fait de nos vies et de nos idéaux.
C'est noir, très noir. C'est presque sans espoir.
Presque, parce qu'il y aussi dans "Entre deux mondes" toute la lumière de l'humanité qui résiste et une très grande sensibilité, à fleur de peau plus qu'à fleur de page qui confère à ce roman sa beauté fragile, cristalline.
Comme le rire d'un enfant qui s'enfonce dans un fauteuil-pouf pour la toute première fois.
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IL FAUT LIRE « ENTRE DEUX MONDES » !

Il faut lire « Entre deux mondes », le dernier récit d'Olivier Norek. Récit et non roman, car c'est ici une histoire vraie, une histoire qui s'est déroulée (et se déroule encore. Il n'y a juste plus de jungle mais les hommes sont toujours là, éparpillés aux quatre coins de la France ou de la Belgique voisine) dans notre pays (ou le pays voisin), à 200 km de la capitale européenne. Une histoire vraie que nous n'avons pas le droit d'ignorer, que nous n'avons pas le droit de ne pas entendre.

Récit et non roman, d'ailleurs l'auteur le précise d'emblée : « Face à la violence de la réalité, je n'ai pas osé inventer. ». Petit reproche à l'éditeur par ailleurs : cet avertissement n'est pas noté en exergue, que je suis sûre que tout lecteur lit, mais sur l'une des toutes premières pages du livre, page que le lecteur ordinaire ne lit jamais, celle où on trouve l'adresse de l'éditeur et ce genre de renseignement d'intérêt très limité …

Les personnages de ce récit sont des êtres de chair et de sang, comme nous, avec des aspirations au bonheur, à la liberté et à la paix, comme nous. Ils sont comme nous, sauf peut-être leur couleur de peau, leur religion. Ah non, pardon, ils sont Syriens et leur pays est aux mains d'un dictateur sanguinaire. Ah non pardon, ils sont Soudanais et Erythréens et dans leur pays on crève de faim. On les appelle « réfugiés potentiels » pour ne pas leur donner la qualité complète de réfugiés, « sinon il faudrait s'en occuper et […] on les laisse juste moisir tranquilles en espérant qu'ils partiront d'eux-mêmes ».

Ils sont comme nous, souvent même couleur de peau, même religion ou sans religion. Et tous les jours ils sont confrontés au désespoir sans fond des réfugiés, tous les jours ils doivent exécuter des ordres absurdes ou inhumains (comme par exemple gazer des innocents qui veulent juste rejoindre le Royaume-Uni, ou tirer sur des hommes, des femmes et des gosses qu'ils devraient normalement protéger.) Tous les jours, ils se battent pour rester des hommes.

Je voudrais juste revenir sur deux points qui me semblent importants. le premier est cette idée, répandue chez une certaine couche de la population que Daesh recrute parmi les réfugiés. Or si on réfléchit un petit peu, pour quelles raisons un jeune homme qui a fui son pays en guerre, pris au piège entre un dictateur et des islamistes, puis qui a affronté mille périls pour arriver à la Jungle, en passe de réaliser son rêve de rejoindre le Royaume-Uni où l'attend une vie meilleure s'enrôlerait auprès de Daesh ? Non Daesh recrute dans nos prisons, dans nos banlieues, dans nos écoles, dans nos mosquées, auprès d'une jeunesse désemparée et sans avenir.

La deuxième erreur, selon moi, c'est de laisser croire que les Syriens pensaient, avant leur arrivée à Calais, que la Jungle était un endroit agréable, voire confortable, et sûr (d'ailleurs les enfants et les femmes ne sont-ils pas dans un endroit isolé des hommes ?). Sur base de quoi ? Aucune télévision au monde n'a jamais présenté la Jungle comme un camp de vacances, et aucun Syrien n'est là de gaieté de coeur (comme on dit chez moi). Il n'y a pas de phénomène d'appel d'air. Arrêtons avec ces formules tout faites qui ne veulent rien dire.

Voilà pour le fond. La forme maintenant : pur style polar, je dirai. Beaucoup de dialogues dans un style direct, percutant et qui m'ont fait penser aux grands films français (j'entendais presque Gabin et Ventura parfois). Beaucoup d'actions, et du suspense. Et une image magnifique que je retiendrai longtemps, je crois, celle de cette fête foraine poussée « de nulle part, entre les docks et un parking […]. Un stand de confiserie, une dizaine de manèges en marche, toute musique dehors, couleurs flashy et lumières vives. Mais les allées étaient totalement vides et l'absence des cris de joie d'enfants lui donnaient un aspect inquiétant, comme une petite ville fantôme qui organiserait tous les jours une bringue à laquelle personne ne viendrait jamais. »

IL FAUT LIRE « ENTRE DEUX MONDES » car la jungle, c'est la honte de la France et de la Belgique, c'est la honte de l'Europe. Il est temps, grand temps que toute l'Europe ouvre les yeux et se montre digne de ses valeurs fondatrices.

Amen

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Nul besoin de présenter ce livre, de très nombreuses critiques (et excellentes de surcroît) ont été faites.
Je peux juste dire qu'il est très rare qu'un livre fasse couler des larmes et celui-ci en fait partie. J'ai été secouée, horrifiée, triste à pleurer.. Sûrement parce que l'histoire de ces gens, c'est tout de suite et que tout compte fait on a honte de ce que nous avons et dont nous ne savons finalement pas assez profiter.
Que ceux qui hésitent encore à le lire franchissent le pas..
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Je crois que j'ai découvert une merveille. Enfin découvert, une infinité de lecteurs l'avaient fait avant moi. Je ne sais pas ce que valent ces autres livres mais celui-là a répondu à toutes mes attentes. Je ne me suis pas ennuyée une minute et j'ai appris énormément de choses.
La Jungle de Calais ça me touchait mais ça restait très abstrait pour moi. Les enfants de guerre je connaissais aussi mais pareil, quant au régime syrien je n'ai évidemment pas découvert avec ce livre qu'on y torturait mais là encore ça n'avait pas vraiment de corps. Enfin maintenant encore ça reste très loin de mon expérience mais j'ai l'impression d'en avoir une vision un peu différente quand même.
Cette histoire de migrants, cette rencontre entre un flic syrien éduqué devenu migrant et cet enfant qui connaît déjà le pire des expériences, devenu sans l'avoir voulu successivement bourreau et proie, m'a bien accrochée.


Challenge ABC 2019-2020

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Gros coup de coeur pour cette aventure humaine qui remet les choses en place. Effectivement, nous ne connaissons pas bien le monde des migrants, mais là nous allons y être plongé avec toute son horreur et sa barbarie.
L'auteur Olivier Norek plante son histoire qui est un policier qui cache une histoire très humaine qui touche au plus profond de l'âme.
A lire absolument !!!
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Une descente en enfer: l'enfer qui règne à Calais dans ce camp d'émigrés.
L'arrivée de Bastien lieutenant de police muté du Sud,avec sa femme et sa fille adolescente va coïncider avec l'arrivée d'Adam, ancien flic Syrien qui faisant partie de la résistance, fit sortir du pays sa femme Nora et sa fillette Maya, destination Calais ,lorsqu'un de ses amis fut arrêté et torturé à mort de peur qu'il ne le dénonce : leur vie était menacée.
Entre ces deux flics ,une solide amitié se noue,renforcée par le petit Kilani, 10 ans,un enfant noir un enfant soldat violé dont on a coupé la langue,.Toute l'histoire se construit autour de ces trois personnages.
Un électrochoc ce roman en ce sens que la fiction rejoint bien souvent la réalité, je n'en ressors pas indemne la fin m'a fait pleurer, j'aurais aimé un ėpilogue plus doux: pourquoi kilani n'a pas essayé de dévoiler la vérité à Adam par gestes ou par dessins?L'auteur en a décidé autrement ,c'est mon seul bémol concernant ce policier qui nous " prend aux tripes", et qui vaut vraiment le détour même si vous n'êtes pas fan de ce genre de littérature LISEZ-LE. 🌟🌟🌟🌟🌟
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Qu'y-a-t-il "Entre ces 2 mondes" ?
Un univers de violences, mais aussi d'espoirs !

Et à l'extérieur ?
Un gouffre de négligences mais aussi de professionnalisme,
Un abyme d'indifférences mais aussi d'émotions...

Jusqu'au jour où 2 âmes esseulées et meurtries unissent leur avenir, jusqu'au jour où le destin d'un enfant bascule, à la fois coupable et victime dans cette Jungle inhumaine, oubliée de Dieu et des hommes.

Olivier Norek signe là un roman "dérangeant" avec cet univers vu par les yeux d'un flic qui refuse de se résigner, qui n'accepte pas de "laisser faire", qui va aller aux bouts de son humanisme pour un réfugié et un enfant qu'il ne connaissait pas quelques jours plus tôt...

"Entre deux mondes" : Un roman magistral que l'on reçoit comme une claque !
Respect M. Norek ! One more time...
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J'ai le coeur qui saigne.
La "Jungle de Calais", cette horreur, en France, dans le pays des droits de l'homme ? Impensable. Et pourtant...
Olivier Norek dénonce avec vigueur le laxisme des instances de notre pays.
Les flics, coincés là sans pouvoir faire une demande de mutation, travaillent "en apnée", révoltés, mais impuissants face à leur hiérarchie.
Et moi, ce livre, je l'ai lu aussi en ""apnée" pour ne pas respirer les miasmes de cette ignominie.
Personne ne peut sortir indemne de cet enfer, ni le lecteur, ni les forces de l'ordre, ni les habitants de Calais. Même les chiens de la Brigade canine deviennent fous.
Depuis, cette "Jungle" a été démantelée pour envoyer le problème ailleurs, le dispatcher.
J'ai fait connaissance avec cet après avec le livre de Delphine Coulin " Une fille dans la jungle". J'ai relu mon commentaire. Je n'ai rien à y ajouter, je suis toujours aussi révoltée par le sort de ces êtres humains qui fuient leur pays parce qu'il n'ont pas d'autre choix.
Heureusement, des bénévoles se dévouent pour eux. Merci à eux, car il en faut du courage pour faire face à une telle souffrance, à une telle misère.
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On doit déjà à Olivier Norek un premier roman, « Code 93 », remarqué par la critique, puis « Territoires », « Surtensions » qui ont mis en place le Capitaine Coste et son équipe et le dernier en date, « Surface ». Incontestablement, « Entre deux mondes » confirme cet auteur devenu un incontournable dans l'écriture policière. Sans doute parce que, Policier lui-même, il n'invente rien des procédures, il les habille simplement des personnages croisés ci et là qu'il réunit en une seule histoire pour les besoins de l'enquête. Il est aussi indispensable parce qu'il nous oblige à chausser une paire de lunettes à double foyer. L'un pour voir au loin les dérèglements du monde qui engendrent les migrations. L'autre, pour voir de près, très près, la réalité des gens de chez nous qui, à la fois supportent les conséquences économiques, sécuritaires et psychologiques d'une jungle comme Calais et qui, pour certains et malgré ces dernières, se mobilisent, malgré cette zone de non-droit, pour aider ceux qui y survivent et leur offrir un minimum de dignité.
On lit donc « Entre deux mondes » pour l'excellent polar qu'il est mais aussi pour la réflexion humanitaire qu'il apporte. le lecteur a dans les mains un livre fort, noir, violent, réaliste, le témoignage qu'un espace de tendresse est possible pour faire renaître les fleurs d'espérance dont nos dunes ont tant besoin.
L'écriture de Olivier Norek est directe, simple, efficace. Elle soutient parfaitement le rythme tantôt haletant du thriller qui voit se précipiter les menaces, les orages, les coups durs et les représailles qui le sont tout autant, tantôt plus lent, comme étirant le temps long de l'attente d'un changement espéré, d'une réponse qui confinerait au rêve secret qu'on ose formuler.
Loin de tout manichéisme de mauvais alois, Olivier Norek signe, avec « Entre deux mondes », un thriller palpitant autant qu'une chronique de notre temps. Un auteur à découvrir et à suivre, assurément. « Surface » (2019) est sur ma pile !
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J'ai eu l'occasion à maintes reprises de découvrir des critiques très positives de ce nouveau et talentueux auteur qu'est Olivier Norek. J'ai ainsi pu constater que ces dernières étaient incontestablement dans le vrai : cet auteur a un style particulier et ses romans sont remarquablement bien écrits et bouleversants.

Je viens donc de terminer « Entre deux mondes » et je dois reconnaître sans détour que j'ai été pleinement conquis. « Entre deux mondes » (titre particulièrement judicieux) est le récit des « déracinés », et des écorchés vifs, avec entre autres Adam le policier syrien ayant fui son pays et se retrouvant coincé dans la fameuse « Jungle » de Calais et son univers, le jeune Kilani, embrigadé et devenu enfant soldat dans son pays en guerre ou encore Bastien Miller, jeune flic de province qui est muté dans une unité où il va perdre ses repères habituels et découvrir le quotidien de ses collègues mais aussi et surtout l'hypocrisie des pouvoirs publics sur la question de la gestion des migrants en partance pour l'Angleterre tant rêvée.

Olivier Norek décrit avec sa plume si particulière et touchante le quotidien des migrants au sein de la Jungle, son entraide et ses réseaux plus ou moins avouables. Il nous met en situation face à des hommes et des femmes en détresse mais également en situation de transit … appelé à durer, l'absence de loi au sein de cet espace déshumanisé et abject que constitue la Jungle, la violence des barrages chaque nuit afin que le rêve d'Angleterre se réalise, parfois au prix de vies humaines, les réseaux de recrutement des fondamentalistes de Daesh, etc. C'est un roman qui dépeint avec réalisme et une bonne dose d'humanité le sort réservé aux migrants et qui prend aux tripes, tant il est addictif.
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