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Un coeur fanatique tome 1 sur 2

Léo Dilé (Autre)
EAN : 9782213017365
500 pages
Fayard (05/03/1986)
3.5/5   11 notes
Résumé :
" Mon père était généreux, absurde et si paresseux qu'il ne pouvait s'agir que d'un genre de maladie. " Edna O'Brien

On va vous confier un secret. Un coeur fanatique est un chef d'oeuvre... Achetez-le et n'en parlez à personne.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il s'agit d'un recueil de 29 nouvelles, même si ce sont des textes indépendants et pouvant être lus tout à fait séparément, ces textes forment un ensemble, ils se répondent, et lus à la suite donnent la sensation d'une unité. Déjà parce qu'au centre il y a toujours une femme, voire plusieurs femmes (sauf une exception), et que c'est bien du destin féminin dont il est question ici. Et la plupart des textes sont liés à l'Irlande, une Irlande archaïque et pauvre, qui marque de son empreinte ses habitants. Les hommes boivent et se préoccupent peu des autres, les femmes triment et doivent être dures pour survivre. Et à un certain moment une irrésistible attirance lie les filles et les garçons, mais toute véritable proximité est illusoire, et les filles d'une façon ou d'une autre pâtissent de ces liens. Même lorsque les femmes sont arrivées à s'échapper de cette univers, par des études, un métier, une indépendance apparente, un vide, un manque impossible à combler demeure, et une envie d'être ensemble qui est impossible à satisfaire.

Cela peut donner l'impression d'être triste ou sinistre, mais c'est tout simplement d'une justesse impressionnante, d'une grande sobriété, l'auteur refuse le pathos et l'apitoiement. Et un certain humour ou second degré sont toujours présents. L'impossibilité d'être vraiment proche de quelqu'un d'autre, en même temps que l'impossibilité de na pas chercher cette proximité, une mélancolie douloureuse, une auto-ironie juste mais non cruelle. Edna O'Brien ne raconte pas de jolies histoires, mais capte l'essence des êtres, et l'enferme dans les scènes significatives et fortes, même si elles portent sur le quotidien. Et cela avec une impressionnante maîtrise de son écriture, un sens de la formule juste et vraie, qui résume parfaitement les ressentis et vibrations intimes. Et les douleurs diffuses et permanentes, sans raison objective.

Une très belle lecture, forte et marquante, à laquelle j'aurais sans doute envie de revenir, à certaines nouvelles en tous les cas. Ma préférée est peut être Une rose au coeur de New York, dans laquelle nous suivons une relation mère-fille, de la naissance dans la douleur de la fille, de l'existence difficile dans une ferme isolée et pauvre d'Irlande, de l'amour immense que la petite fille porte à sa mère, son modèle et unique objet d'amour possible. Puis la séparation pour la pension, l'amour provoqué par une religieuse qui la détache de sa mère, qu'elle commence à percevoir d'une autre façon, par les yeux des autres. Et de l'impossibilité de reconstruire leur lien, malgré les efforts et l'envie, et le vide impossible à combler que l'absence de ce sentiment laisse à jamais.
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Je l'ai découverte par hasard en achetant la version poche chez un bouquiniste. le titre ne m'inspirait pas trop. Mais biblio est une bonne collection, j'aime les recueils de nouvelles en général et le prix était dérisoire... et... vous savez ce qu'on éprouve lorsqu'on tombe sur une pépite sans s'y attendre? La surprise amplifie le plaisir.
Toutes les nouvelles, tous les récits sont une variation autour d'un même thème, la même histoire racontée autrement encore et encore. Non ne fuyez pas, ce n'est pas répétitif, c'est savoureux. Pour autant, le contexte est un peu dur et les fins sont souvent douces-amères. Mais on l'attend cette fin, on l'espère et en même temps on veut reculer l'échéance, lire doucement. Les ingrédients? Une jeune irlandaise destinée à faire des études et à échapper à son milieu d'origine au prix de la solitude et du déclassement social. Une mère travailleuse, enfermée dans une vie qu'elle subit, et qui porte seule sa famille à bout de bras. Un père alcoolique ou paresseux, parfois violent, souvent absent. La campagne irlandaise, une vie frustre, une société où personne n'exprime ses sentiments. La découverte de la sexualité enfin, les relations hommes femmes, ni amour avec un grand A, ni relations glauques. Edna O'Brien réussit très joliment à donner à ressentir par touches ce "lien fondamental".

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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
En suivant la rue que je suis dans mon souvenir, matin, midi et soir, je ne savais au juste ce qui me réduisait à un tel désespoir. Certes, ce n'était pas la mort, mais bien plutôt la conviction lancinante de n'avoir pas encore vécu. tout ce que je pouvais dire, c'est que les étoiles étaient aussi singulières, aussi merveilleuses, que je me les rappelais, qu'elles ressemblaient toujours à un lien, à un appel en direction des vastes cieux, qu'un jour je les attendrais, serais absorbée dans leur gloire, et quitterais un monde qu'à ce moment je trouvais en proie à la cruauté, à la bêtise, un monde qui avait oublié comment on donne.
Demain...pensais-je. Demain, je serai partie; et je m'aperçus que je n'avais pas perdu le désir de m'évader ni l'habitude acharnée d'espérer.
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Assise là, je voulais à la fois me trouver chez nous et de retour chez ma grand-mère, à regretter ma mère. C'était comme si, loin d'elle, je pouvais mieux savourer ma peine, la peine atroce qui me disait combien je l'aimais. Je songeais à quel point j'avais besoin d'être sans elle, de manière à pouvoir penser à elle, m'appesantir sur elle, faire d'elle l'être parfait que de toute évidence elle n'était pas. Je décidais qu'à coup sûr je grandirais et qu'un jour je m'en irais. Douce pensée, grosse de châtiment.
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En suivant la rue que je suis dans mon souvenir, matin, midi et soir, je ne savais au juste ce qui me réduisait à un tel désespoir. Certes, ce n'était pas la mort, mais bien plutôt la conviction lancinante de n'avoir pas encore vécu. Tout ce que je pouvais dire, c'est que les étoiles étaient aussi singulières, aussi merveilleuses que je me les rappelais, qu'elles ressemblaient toujours à un lien, à un appel en direction des vastes cieux, qu'un jour je les atteindrais, serais absorbée dans leur gloire, et quitterais un monde qu'à ce moment je trouvais en proie à la cruauté, à la bêtise, un monde qui avait oublié comment on donne. Demain..., pensais-je. Demain, je serai partie ; et je m'aperçus que je n'avais pas perdu le désir de m'évader ni l'habitude acharnée d'espérer.
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"Elles allaient nous inviter pour le thé", dis-je à mon mari tandis que nous descendions la colline. J'entendais la succion de ses caoutchoucs dans le sol détrempé.
"Je ne crois pas que nous ayons raté grand-chose", dit-il; et, en cet instant, je me rendis compte qu'en choisissant son monde à lui, j'avais dit adieu au mien propre et aux gens qu'il contenait. Par de tels choix nous devenons peu à peu des exilés jusqu'à ce qu'enfin nous soyons tout à fait seuls.
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Maintenant, c'était novembre ; les écureuils avaient mangé les noisettes, dont les coquilles, enfoncées par nos pas dans le sol, pourrissaient et nourrissaient la terre. Je ne pouvais imaginer Mme Keogh morte. Je ne le peux toujours pas. Je ne peux toujours pas imaginer mort chacun d'eux. ils continuent de vivre ; ils sont immobilisés dans cette région lointaine que l'on nomme enfance, où rien jamais ne meurt, pas même soi.
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