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3,77

sur 416 notes
Once upon a time, non une princesse (encore que) mais une gentille babeliote nommée Sandrinette qui eut l'idée de lancer une lecture commune ayant pour thème un livre au choix de Joyce Carol Oates.
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Forcément, moi je vois de la lumière, j'entre. J'avais déjà entendu le nom de l'écrivain, mais ne m'étais jamais penchée sur aucun de ses romans.
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La LC étant prévue depuis plusieurs mois, j'ai lu d'autres ouvrages entretemps pour me faire une idée. Je les ai tous adorés.
Bref, novembre arriva et je me préparais à lire Les chutes avec les copines et Berni-Chou, quand je vis qu'un thriller était sorti tout récemment.
Donc, mon coeur s'est mis à pencher vers ce dernier, mais c'était compter sans ma Yaya qui m'a chopée au vol pour que nous lisions Confessions d'un gang de filles.
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J'ai lu le livre, allant d'émotion en émotion, je l'ai adoré et ai déclaré que je n'écrirais pas de retour.
C'est donc un non-retour que vous avez sous les yeux.
En effet, quand j'ai entre les mains un livre aussi riche, aussi finement ciselé, aussi passionnant, les mots pour en parler m'échappent.
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Je pourrais dire qu'il parle d'un gang de filles (sans blague...), qui a pris pour nom FOXFIRE.
La narratrice du livre est Maddy, meilleure amie de Legs, la leadeuse incontestable du groupe.
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Maddy avait juré, comme tous les autres membres, de ne jamais parler des actes du gang, mais elle tapait le récit de leurs aventures au jour le jour, page après page, sur une vieille Underwood... (lisez le livre pour savoir comment elles ont pu l'obtenir) et elle a éprouvé le désir ou la nécessité de partager ces récits.
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Nous sommes dans les années 50 et les filles ont décidé de venger toutes les vilenies infligées à leurs consoeurs comme à elles-mêmes.
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Legs et Maddie viennent de foyers dysfonctionnels, familles mono-parentales, dans lesquels la misère cotoie l'alcoolisme et les addictions.
Mais elles ont décidé de survivre, quitte à frayer un chouia avec l'illégalité.
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J'avais dit que je ne dirais rien, voici qui est fait.
Si le coeur vous en dit, rejoignez Legs, Goldie, Lana, Rita et Maddy, fondatrices de FOXFIRE.
Elles sont attachantes, touchantes, très inventives, et je suis passée par une tonne d'émotions en lisant ce roman.
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.La magnifique plume de Joyce Carol Oates ne peut laisser indifférent, même si cette fois on la reconnaît à peine, l'autrice s'étant adaptée à l'époque et à la situation. Et le résultat est tip top.
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L'écrivain aux mille facettes a encore frappé fort et j'espère vite trouver le temps de lire un autre de ses forfaits.
Je vous ai servi l'amuse-bouche, en attendant la "vraie" critique de ma Yaya qui ne saurait tarder.
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« Nous n'étions plus des individus-filles mais un faisceau de flammes en marche »

J'y croyais, moi, à Foxfire !
J'y croyais tellement, à ces filles qui s'étaient rassemblées autour d'une cheffe surnommée « Legs » et qui s'étaient donné un nom de feu contre l'Ennemi : l'homme. Entendons-nous bien : l'homme brutal, qui ne pense qu'avec une certaine partie de son corps, qui n'en a cure de ces toutes jeunes filles ; l'homme exploiteur, aussi. L'homme rusé, l'homme pervers. C'est contre cet Ennemi-là que Foxfire s'insurge, défend les filles, les femmes, pauvres, seules, abandonnées ou obligées d'obéir, vierges ou non. Nous sommes en 1954, et la société américaine très puritaine n'est dominée que par les hommes, blancs évidemment.
« Legs » est une pure, la vraie soldate ivre de faire le bien, mais rebelle, complètement givrée. Cela ne m'a pas du tout étonnée de voir s'agglutiner autour d'elle d'abord 4 jeunes filles complètement différentes, puis au fil des mois encore d'autres. Maddy, la narratrice, est une inconditionnelle de Legs. Elle a tout noté dans son carnet, tous les faits et gestes de Foxfire, depuis sa création jusqu'à, malheureusement, son effacement. Et pourtant, j'y croyais, moi, à Foxfire.
Mais comme tout ce qui est à côté de la légalité, comme tout ce qui détruit, il ne faut pas s'attendre à ce que cela demeure éternellement. La société s'en mêle, le quotidien, aussi, et ses difficultés financières. Car ces filles sont pauvres, même – surtout – associées.
La folie guette, le drame aussi.
Et pourtant, j'y croyais...

Encore une fois, JC Oates m'a attrapée dans ses filets. Cette magicienne de la psychologie a mille entourloupes pour se glisser dans la peau d'héroïnes qui, vues du dehors, suscitent le mépris ou le rejet. Un gang de filles ! Des dévergondées, oui ! Des petites putes qui ne pensent qu'à foutre le bordel partout ! Tous ces gens bienpensants de l'Amérique profonde des années 50 les ont en horreur.
Mais moi je les ai aimées, je les ai comprises, je les ai crues. Même jusqu'à la fin, inéluctable.
Grâce à Joyce Carol Oates.
Une auteure incontournable.
Une oeuvre multiforme.
Un style vivant, piquant.
Une capacité à se couler dans une infinité de personnages.
Joyce Carol Oates, j'y crois !

« Quoique vous fassiez, que vous le fassiez seule ou non, à quelque moment que vous le fassiez, de quelque façon que vous le fassiez, pour quelque raison que vous le fassiez, quelque mystérieux que soit le but dans lequel vous le fassiez, n'oubliez jamais que sur l'autre plateau de la balance il y a toujours le néant, la mort, l'oubli. Que c'est vous contre l'oubli. »
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Dans Confessions d'un gang de filles JCO tel un caméléon devient Maddy, alias Monkey. La mémoire du groupe, celle qui fait les comptes rendus. Et l'écriture s'en ressent c'est ce qui m'a frappé en premier. JCO a complètement adapté son style qui n'est en rien comparable aux autres livres que j'ai pu lire d'elle. C'est différent mais toujours d'un aussi bon niveau. Bluffant.
Tantôt Maddy emploie la première personne du singulier, tantôt elle emploie la troisième personne du singulier, comme si ce qu'elle avait vécu il y a des années lui semblait maintenant relever d'une autre vie, d'un rêve. Comme si celle qu'elle avait été n'était désormais plus.

Maddy (Monkey ou Killer) Rita (Red ou Fire), Goldie (Boom-Boom), Lana, et surtout Margaret (Legs), cinq gamines sans intérêt, dont tout le monde se fout. le système éducatif, la société, leurs parents. Personne ne s'intéresse à elles.Elles sont pauvres et se sont des filles, c'est la double peine. Personne ne voit aucun atout chez ces paumées, sauf Legs qui elle voit autre chose. Elle voit leurs qualités et leurs défauts, elle voit leurs peines, leurs douleurs, leurs forces, leurs faiblesses, leurs âmes.

On parle toujours de fraternité, le mot sororité est bien moins connu. Pour cause, la société a tendance à cantonner les femmes aux espaces clos. Aux hommes la camaraderie, les bars, les cercles, les clubs, aux femmes la maison et la famille. Legs va faire voler tout ça en éclats et mettre la sororité au centre de son monde et de celui de ses soeurs. Las de voir celles-ci malmenées par une société patriarcale faite par et pour les riches elle va créer son gang : FOXFIRE. Une pour toutes et toutes pour une. Leur monde, leurs règles et après elles le déluge !

L'idée est belle pétrie d'idéalisme, de soif de justice, d'une soif inextinguible d'amour et de solidarité. le gang compense tout ce que la vie leur a refusé et que la société n'entend pas leur laisser une chance de posséder. Ce qu'on ne leur donne pas elles l'arrache. Elles punissent, se vengent, rendent justice, aident les faibles. Legs a une idéologie, un idéal d'une société égalitaire. Un communisme qui n'est pas nommé, qui lui a été transmis par un prêtre défroqué. Un vagabond céleste.

Ces filles ont le coeur pur et la rage de celles qui n'en peuvent plus de se faire dicter leur conduite. Elles en ont assez d'être des proies sexuelles ; de la chair que les hommes convoitent. Marre qu'on leur demande de se faire oublier, qu'on leur impose de ressentir de la honte pour ce qu'elles sont, pour qui elles sont. Marre de s'excuser d'exister. Tout ça c'est fini ! Elles vont relever la tête, regarder le monde droit dans les yeux faire entendre leurs voix. Une rébellion, une nécessité, pour enfin exister sans se trahir. Elles protègent les autres et sont protégées. le monde ne peut plus leur faire de mal. Si seulement...

Mais voilà la vie est cruelle et aussi louable soit l'idée de départ, l'idéalisme va se heurter à la dure réalité du monde. Elles ne lâcheront rien, leur idéal d'une communauté de femmes basée sur l'entraide c'est tout ce qu'elles ont. Ce combat est cruellement beau. Autant de passion ça bouleverse le coeur mais ça mène irrémédiablement au drame.

Ce livre est une ode à la liberté. Une critique de la société américaine des années 50 avec son racisme à peine dissimulé et son mépris des classes sociales ouvrières et des pauvres. JCO ose mettre en avant une vision idéalisée du communisme et critiquer ouvertement le capitalisme exacerbé des États-Unis. Culottée la dame !

J'ai souri avec FOXFIRE, j'ai eu le coeur brisé avec FOXFIRE, je me suis indignée avec FOXFIRE, j'ai enragé avec FOXFIRE, j'étais avec elles, j'étais l'une d'elles et elles m'ont émue par la sincérité de leur combat face à l'injustice du monde.
Quoi qu'il se passe, quoi qu'il advienne personne ne pourra leur enlever ce que FOXFIRE a révélé d'elles, en elles.
Dans ma tête j'entendais Lily Allen chantant gentiment mais avec conviction Fuck You. J'ai pensé à Telma et Louise, à Nous rêvions juste de liberté et je me suis dit que non vraiment ces gamines ne sont pas des personnages. Je veux croire que cette histoire était vraie et que le cri de rage poussé par Legs et ses soeurs résonne encore dans les mémoires des habitants de ce bled paumé qui accueilli jadis FOXFIRE.

FOXFIRE BRÛLE ET BRÛLE !

Merci Nico de m'avoir accompagné dans l'aventure, je sens que bientôt on aura toutes nos copines de LC dans le gang !
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La lecture de Confessions d'un gang de filles ( Foxfire) a été pour moi, comme la sensation de parcourir des montagnes russes : des hauts , des bas, des accélérations cardiaques, des envies de hurler, un long vertige, et à la fin , un éblouissement ...
Foxfire , c'est le nom que se sont donné cinq lycéennes, un nom qui claque, un nom digne d'un gang qui rivaliserait (en courage ) avec ceux des garçons de cette petite ville de l'état de New York en 1954...
Il aura suffi d'une étincelle, d'un professeur un peu trop tactile pour que tout démarre. Juste une vengeance, qui conduit à une autre vengeance , qui donne une sensation de griserie à ces filles qui en voient des vertes et des pas mûres, chez elles.
Entre des pères absents, des mères alcooliques ou dépressives, des pères en dessous de tout, des hommes harceleurs, des hommes qui profitent de leur statut d'homme ou de leur statut social, de leur force ou de leur nombre.
Alors qu'elles ne pouvaient pas, adolescentes, compter sur leurs parents et sur la société pour les protéger , elles pourront compter sur Foxfire... Une pour toutes, toutes pour une... A la vie , à la mort...
Ça partira d'une simple vengeance et ça ira beaucoup plus loin, comme une étincelle devenue incendie et qui détruit tout sur son passage, conduite par Legs Sadovsky, la plus courageuse (ou givrée du gang ,selon les points de vue)....
Celle qui raconte , qui écrit les mémoires du groupe, les confessions, c'est Maddy Wirtz, la plus intellectuelle, la plus futée de Fairfax Avenue.
Fairfax... Foxfire
Foxfire, ça veut dire "feu follet" mais aussi en argot : "jolie fille", "fille sexy".
Des filles qui m'ont fait trembler tellement, elles n'ont pas peur . Et une écrivain qui vous fera frémir lorsqu'elle raconte ce que c'est qu'être pauvre, jeune, blanche, (ou noire...), ET fille dans les années 50 aux USA...
Une écrivaine qui au départ dans les 50 premières pages , ne me convainquait pas, et puis soudain tout s'emballe et là, le coeur tachyccarde. Parce que c'est une jeune fille de quinze ans, pas très cultivée qui raconte : impression que les paragraphes se juxtaposent plutôt qu'ils s'enchaînent.
Et puis, et puis... Joyce Carol Oates pour accélerer le tempo a des recettes, des phrases qui font trente deux lignes (j'ai compté...). Des phrases , qui ne vous laissent aucun répit, juste ponctuées de virgules et de points-virgule, des phrases qui ne vous laissent pas reprendre votre souffle...
Parce que c'est ça, un grand écrivain.: se jouer du rythme , jouer une musique...
Parce que la fin m'a laissée sans voix, tellement l'auteure retombe sur ses pattes..
La première page expliquait "Foxfire", pourquoi ce nom , et la dernière explique ce que sont devenues les deux personnages principaux et on comprend , encore un peu plus (si c'était possible) pourquoi ce nom ( feu follet/flamme ) a été choisi. La boucle est bouclée, l'auteure a fait un triple axel .... le roman peut brandir le mot FIN, et la lectrice a pris une claque ...

Challenge Multi-défis
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«  Non.
Ils sont tous comme ça les hommes.On est en état de guerre larvée :
Ils nous haïssent, les hommes nous haïssent quel que soit notre âge , qui que nous soyons, mais personne ne peut l'admettre, pas même Nous » .....

——Une Fille ou une Femme , par exemple , sont des êtres humains femelles , et ça n'est pas prêt de changer, pas vrai ? »

Extrait de ce livre cru, concret, précis , d'une beauté saisissante comme sait les écrire cette grande dame , dont je suis une fan inconditionnelle ,magicienne de l'écriture.

Une fois de plus elle se glisse avec habileté dans la peau de Legs , la plus extravagante, téméraire, effrontée, rebelle, ivre de faire le bien ,au coeur de ce gang de filles révoltées, assoiffées de justice et de liberté , ces CINQ filles, nu- tête en blousons noirs et foulards rouge orangé le gang FOXFIRE,: FEU FOLLET, gang qui se bat contre l'abus de pouvoir des hommes, pervers et concupiscents, vils et exploiteurs .....

Nous sommes à Hammond , aux Etats - Unis dans les années 50...petite ville ouvrière de l'état de New-York .
C'est Maddie la narratrice ..
Ces filles pauvres, révoltées à leur manière, se battent pour survivre , vengent les actes irrespectueux , généreuses, avides du bien envers d'autres déshérités .....

Legs, Goldie, Rita, Maddy, Lana , vues de l'extérieur, à l'état brut , sans réfléchir , sans recul, suscitent le rejet, l'opprobre et l'incompréhension mais l'auteure talentueuse se coule dans leur peau , s'immisce avec sa finesse , son sens inné de la psychologie, son approche vivante, humaine, au plus près de ces petits larcins qui de véritable vengeance se transformeront ....en une escalade prévisible ...

Le drame couve, les excès aussi , FOXFIRE brûle, brûle.....la haine , surtout celle des Hommes se transforme en impitoyable équipée sauvage .
FOXFIRE défie la mort ... Je n'en dirai pas plus ..Un pacte à la vie , à la mort, vengeances après humiliations ...

Unies comme les doigts de la main contre le lycée, associées , cruelles et généreuses, violentes , apeurées , bouleversantes , animées d'une fureur de vivre , «  le mal à l'état pur » n'est pas approprié on peut excuser leurs excès ...

Un excellent roman touchant qui happe le lecteur ...vivant , brut, au style un peu déstructuré dans les 150 premières pages ...

Comme toujours , à l'image de Blonde, Fille blanche , Fille Noire ou La-Fille tatouée, et d'autres romans chez cette grande dame des lettres américaines «  le Mal » est d'autant plus vraisemblable qu'il nous ressemble ....
Un livre que l'on n'est pas prêt d'oublier.
A quand un Prix Nobel ?

Peut - être pas à mettre entre toutes les mains ce livre haletant ?
Mais ce n'est que mon avis , bien sûr .

Je n'ai pas vu le film de Laurent Cantet .

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Ca fait un moment que je tourne autour de ce livre. J'ai déjà lu pas mal de livres de JCO, avec plus ou moins de bonheur. Celui-là me tentait pas mal. mais j'avais peur d'être déçue. Allez savoir pourquoi !? Vous avez compris aux étoiles que pas du tout, ce roman m'a plu.
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Il déroge aux livres que je connais de JCO. En effet souvent un moment, un fait social va détruire une famille et on suit cette destruction. Ici ce n'est pas le cas. Les gamines qu'on va rencontrer vivent déjà dans de pseudo familles, dysfonctionnelles, violentes, démissionnaires.... Au choix... Des gamines, perdues, abandonnées qui vont trouver dans leur sororité un lien fort, unique. Un lien qui les unit, les protège et qui s'exerce contre. Contre les adultes, contre l'autorité mais surtout contre les hommes (au sens XY).
Selon les filles, un lien qui va les élever, les aider ou les enfoncer....
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Dès le début on sent des fêlures, on sent que quelque chose de grave peut arriver mais sans savoir quoi, qui, comment....
Un livre dur, sans concession, mais touchant. On s'attache à ces gamines, chacune avec son profil, ses qualités, ses défauts. Quel gâchis en fait !.... Aucun adulte pour les aider, aucun soutien.... Cette envie de savoir ce qu'il va se passer, cette envie de les voir grandir, passer à l'âge adulte sans (trop de) violence... Et malheureusement la réalité.... Pourtant, j'y ai cru à leur rêve, leur jolie utopie !
Un très beau roman que je vous conseille.
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Nom de code : FOXFIRE.

A quoi sert un nom de code ?
- A se donner une identité quand on n'en a pas ou quand on n'est pas sûr de la sienne.
- A unir les forces et les compétences pour être plus forts, ensemble.
- A partir en guerre.

FOXFIRE
Aussi incontrôlables que les flammes que leur nom de gang évoque, aussi explosives que des bâtons de dynamite, aussi paumées que des ados sans repères et aussi déterminées que des louves acculées au crime par la faim, telles sont « les soeurs en FOXFIRE » : Legs, Goldie, Rita, Maddy, Lana, VV, Marsha, Violet et quelques autres.

Années 50, Hammond, Etat de New-York, cité ouvrière où s'opposent patrons et syndicats, capitalistes et communistes, riches et pauvres, Blancs et Noirs, citoyens intégrés et délinquants rejetés. Dans ce contexte ségrégationniste, raciste et misogyne, évolue une poignée d'adolescentes brimées, jouets impuissants des hommes, des filles sans passé et sans avenir, des filles sans destin, aux parents alcooliques (sont-ce seulement leurs parents ?) et aux ailes atrophiées.

Des vies bâties sur d'inébranlables rapports de forces.

Des filles qui un beau jour décident qu'elles aussi ont droit à un destin, qu'elles aussi peuvent être fortes, qu'elles aussi peuvent vivre libres. RÉVOLTE. Contre un système, contre la donne aléatoire de la vie, mais surtout contre les hommes, ceux-là mêmes qui osent poser leurs grosses mains sur leurs cuisses juvéniles, ceux-là mêmes qui les font chanter, les menacent, les harcèlent et abusent d'elles.

Menées par la charismatique Legs, les filles du gang FOXFIRE, devenues soeurs de sang, en ont définitivement terminé avec cette société où elles n'ont pas leur place, elles tombent rapidement dans la violence et la délinquance. VENGEANCE ! VENGEANCE ! Elles ne demandaient pourtant pas grand-chose : respect et considération, et le droit de rire, d'être elles-mêmes, le droit de vivre libres dans un pays qui a fait de la LIBERTÉ sa devise la plus orgueilleuse et la plus mensongère.

Après bien des difficultés à entrer dans la narration au style déstructuré (qui parle ? à qui ? qui est qui ?) - disons pendant les 150 premières pages - j'ai finalement été happée par l'aventure FOXFIRE, par cette lutte pour la (sur)vie de ces filles-victimes qui se transforment en filles-bourreaux par la magie d'un instinct de conservation et de cohésion d'une force incroyable ; unies jusqu'à l'irréparable, jusqu'à l'ultime utopie qui vire au drame. J'ai aussi aimé retrouver la plume de l'auteur, découverte avec délices dans « Blonde ». Les chroniques de FOXFIRE font sans doute partie de ces romans qui marquent davantage le lecteur après la lecture que pendant.


Challenge MULTI-DÉFIS 2016
Challenge Joyce Carol OATES
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Foxfire c'est le nom d'un gang de filles un peu perdues dans l'Amérique profonde des années 50 , c'est aussi actuellement , un film de Laurent Cantet .
Maddy ,Legs , Rita ... vont faire partie du premier gang de filles , avant elles , il n'y avait que des gangs de garçons , où bien sûr , il y avait des filles , mais qui étaient subalternes .
Foxfire va commencer par de venger des hommes qui abusent d'elle , puis la violence va augmenter jusqu'à ce fameux jour où elles ' empruntent ' une voiture.
Legs , la chef de bande va faire quelques mois dans une maison de redressement pour filles , à son retour dans sa petite ville , ses amies fêtent son retour et découvrent horrifiées que Legs a des amies ' négresses ' , eh oui , nous sommes dans l' Amérique des années 50 ;
Mais Legs s'est-t-elle réellement amendée ? En tout cas , son cas semble être une réussite parfaite de réinsertion . Legs ( Margaret ) va réaliser son rêve , être autonome , elle va acheter une grande ferme délabrée où elle et les ' Foxfire ' vont pouvoir vivre .Mais c'est sans compter sur la réalité , car Legs ne mesure pas bien la réalité justement , elle ne se rend pas compte que la ferme de leurs rêves est aussi un gouffre financier sans fonds . Alors , l'argent , elle va en trouver , n'est-ce pas , ne vous ne faites pas , Legs va vous protéger .
Et l'argent arrive , parfois en grande quantité , par des moyens de plus en plus violents jusqu'à cette idée monstrueuse qui va hanter Legs , jusqu'à ce jour qui,est le début de la fin des Foxfire .
Legs ne contrôle rien et surtout pas la violence .
Portrait tout en nuances de ce gang de filles paumées , sans amour , au parcours de vie difficile , alcoolisme parental , violence , abus sexuels , chez ces filles en manque de repère , à l'âge où l'amitié dure toute la vie . le récit est fait par ' Maddy ' qui avait quitté le gang avant le dénouement tragique , Maddy jeune fille influençable , qui est en admiration devant Legs . Pour toutes ces filles faire partie d'un gang , c'était faire partie d'une famille , d'une communauté , recevoir un peu d'amour .
Ce qu'elles font font frémir car évidemment les meneuses n'ont aucune empathie , elles sont emportées par une violence qui va grandir de plus en plus , elles n'ont aucun sens de la réalité , elles vivent dans l'instant présent sans pouvoir imaginer le futur , certaines sont d'authentiques psychopathes , d'autres des suiveuses . J'ai beaucoup aimé ce livre que j'ai dévoré , un road -movie cruel dont je me souviendrai longtemps , mais l'auteur réussit le tour de force de nous rendre ces jeunes filles humaines , même chez Legs ,il y a du bon .
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Foxfire : voilà un nom qui claque !
Un nom qui donne de la force, un nom qui fait peur et inspire le respect.
Un nom de gang. Mais pas n'importe lequel : un gang de filles.

Joyce Carol Oates s'empare du thème des gangs, et le lecteur est sommé de s'accrocher !
Tout va très vite, tout est violent.
Foxfire ne recule devant rien. Foxfire agit. Foxfire envoie des messages sans équivoque.

FOXFIRE SE VENGE !
FOXFIRE NE REGRETTE JAMAIS !
FOXFIRE BRÛLE ET BRÛLE !

Les filles de Foxfire sont des guerrières, et pourtant, elles partent de loin.
Celles "qui ne sont rien" (pour reprendre une expression honteuse dans la bouche d'un président), s'associent, et la magie du groupe produit son effet : ensemble elles prennent de l'importance, ensemble elles deviennent fortes, ensemble elles ne craignent plus rien ni personne.
Ensemble elles peuvent conquérir le monde.
Ensemble elles sont tout.

Foxfire est comme une famille.
Non, c'est mieux qu'une famille : une famille peut décevoir, peut trahir, peut laisser tomber, pas Foxfire.
Tel un bouclier magique, Foxfire protège ses membres. Désormais le monde se divise en deux : le clan et les autres, l'intérieur et l'extérieur.

"Imaginons qu'il y ait un miroir : vous comptiez sur sa surface parfaitement unie pour vous donner une image du monde, lorsqu'il se brise soudain en mille morceaux dont chacun révèle des angles de vue miniaturisés, neufs, et qui pourtant avaient dû être là tout le temps, cachés derrière la surface lisse du miroir sans que vous l'ayez su." : voilà exactement ce que fait Joyce Carol Oates dans ce roman. Elle construit et déconstruit différents points de vue pour donner les multiples facettes de la réalité.
L'analyse est fascinante.
Ni blanc, ni noir. le problème est bien plus complexe... et bien plus intéressant.
Les personnages sont ultra réalistes et très attachants malgré la violence omniprésente. le lecteur se prend à aimer ces filles et à vouloir qu'elles réussissent, à souhaiter que Foxfire triomphe.
Joyce Carol Oates est une incroyable manipulatrice !

Intense, cruel, pervers, âpre, sauvage, venimeux, ce roman ne vous laisse aucun répit et vous secoue fortement. Parce qu'il est avant tout terriblement humain.
Une réussite de plus à l'actif de cette grande dame de la littérature que j'admire plus que jamais, et qui fait preuve dans cet ouvrage d'une maîtrise impeccable du récit et du rythme.
Foxfire fait partie de ces livres qui vous restent en tête longtemps après leur lecture achevée.
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Dans les années cinquante, des adolescentes issues des quartiers pauvres de Hammond, petite ville de l'Etat de New York, lasses des brimades de certains professeurs et du harcèlement de leurs congénères mâles, décident de se révolter et de former un groupe d'action. Elles créent un gang, Foxfire, qui va terroriser la bourgade durant 4 ans. Des années plus tard, c'est à travers les confessions de l'une de ses membres, Maddy Wirtz, que nous suivons l'équipée sauvage du gang,

Foxfire, c'est un vent de rébellion féministe qui souffle sur une bourgade qui ne voit rien venir, surtout les hommes qui, avouons-le, n'ont pas le beau rôle dans ce roman aux accents avant-gardistes de #Metoo. JC Oates nous dépeint des adolescentes livrées à elles-même et placées sous le le joug du patriarcat. Frère, mari, professeur, père, oncle, tous usent et abusent de leur pouvoir. Jusqu'au jour où, sous l'impulsion d'une ado rebelle imprégnée d'idées révolutionnaires, l'intrépide et charismatique Legs Sadovsky, les filles disent stop... et se vengent. Comme toujours dans ses romans, JC Oates n'hésite pas à dénoncer les travers d'une société américaine pauvre et inégalitaire, un monde dont les protagonistes et le cadre pourraient être transposés à notre époque. Sous les traits de Legs, incroyable leader, l'auteur brosse le portrait d'une Femen aux influences socialistes qui mène sa troupe et qui se révolte contre le machisme, le puritanisme et l'ennui de la société américaine de son époque. Mais passé le temps de l'euphorie révolutionnaire, arrivent les lendemains qui déchantent lorsqu'une fois le rêve atteint, il s'avère plus difficile que prévu...
Amitiés fusionnelles, pacte de sang, solidarité féminine, … les filles de la bande, assoiffées d'idéal et rêvant de s'inventer un monde selon leur propre coeur, leur loi et leur justice, sont extrêmement attachantes. Mais il existe aussi des moments de doute, de jalousie et de rivalité, un racisme ambiant qui n'épargne pas les couches les plus populaires, des erreurs de parcours et des mauvaises décisions.
Moments de rage et de fureur, moments d'amour et de tendresse, moments de rêve et de désillusion, Foxfire se venge, Foxfire brûle et Foxfire se consume.
Un superbe roman d'apprentissage d'un maître incontesté de la littérature américaine. J'adore, une fois de plus.
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