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sur 418 notes
Comme je commence à en avoir l'habitude avec Joyce Carol Oates - encore quelques lectures pour confirmer, ou infirmer, une marque de fabrique ? -, l'on démarre sur les chapeaux de roues, et l'on ne sait pas très bien où l'autrice va nous emmener : Maddy, porte-plume de Foxfire, gang de filles dont elle a fait partie dans les années 1950, revient sur les carnets qu'elle a rédigés au cours de cette équipée sauvage, qui commencera par un pacte entre cinq lycéennes ayant décidé de répondre aux diverses humiliations subies, tout autant parce que ce sont des filles, que parce que ce sont, qui plus est, des filles de quartier populaire, et qui se terminera dans une apothéose tragique, prévisible, mais néanmoins parfaitement à l'image de Foxfire et de sa fondatrice, Legs Sadovsky.

Mais tout cela, l'on n'en comprend les tenants et les aboutissants qu'au bout d'un certain nombre de chapitres, alors que la narration de Maddy, au même titre que le gang se crée, devient plus assurée, plus convaincue de son propos, de sa légitimité à prendre la parole pour nous raconter tous les coups d'éclat de Foxfire, jusqu'au bout. de ces coups d'éclats, de plus en plus impertinents pour la "bonne" société du quartier, une exceptionnelle sororité, d'abord à cinq, pour commencer, naîtra, bousculera avec fracas l'American Way of Life et les règles du patriarcat bien rances qui en découlent.

Une lecture réjouissante, mais qui ne détrônera pas pour autant Blonde, dont j'ai trouvé la construction narrative plus aboutie. Il m'a en effet fallu du temps avant d'entrer dans ces Confessions d'un gang de filles.
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L'Amérique des années 50 et une ville ouvrière de l'état de New York sont le décor de ce livre où une bande de jeunes adolescentes, paumées familialement, en mutation de leur corps se regroupent pour former la famille qu'elles n'ont pas, le soutien qu'elles ne reçoivent pas et créer un espace à elles FOXFIRE où les Autres n'ont pas accès. A la vie à la mort.
Legs en est la commandante, le cerveau, la rebelle au grand coeur pour aider les plus défavorisés, les femmes battues, les vieux, les chômeurs. Maddy, la narratrice son bras droit, c'est l'intellectuelle du groupe, celle qui consignent tous les faits sur un carnet et qui utilisera ces papiers pour raconter l'histoire.
Ce livre est donc l'histoire de ce gang de filles sympathiques au premier abord mais qui dérapent au fil du récit. Un bon livre, bien écrit qui évoque les problèmes des années 50 d'après guerre, la prise de conscience féministe. Je n'ai pas vu les films tirés de ce livre.
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Le thème du "gang" est un thème assez fréquemment traité en littérature, mais moins souvent celui d'un gang de filles, surtout dans les années 1950. Legs en est le chef charismatique, entière, pure, déterminée. Elle regroupe quatre filles autour d'elles pour mener la guerre contre les hommes, pas tous, mais contre tous ceux qui humilient et méprisent les femmes. Et dans les années 1950, il sont légions, le féminisme n'est que balbutiant. Mais cette lutte sans merci est aussi une escalade vers la violence, et le drame.
Encore un joli coup de Joyce Carol Oates ! Qui mieux qu'elle pour parler de la révolte adolescente et de féminisme, avec maîtrise et subtilité ? Un beau roman, sombre et touchant.
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Une fois de plus, me voici plongée au coeur d'un roman de l'une de mes auteures préférées : Joyce Carol Oates.

Foxfire, c'est un gang de filles, lycéennes dans les années 1950 dans une petite banlieue de New-York.
L'histoire est racontée par Maddie, des années plus tard. Elle nous raconte comment est né le gang, au départ dirigé principalement par Legs Sadovsky, et les histoires qu'elles vont traverser toutes ensemble, au départ à cinq, puis avec un plus grand nombre.

Bien que cela ne soit pas dit explicitement, on se rend compte assez rapidement que ces filles sont esseulées, ne viennent pas des beaux quartiers, sont un peu marginales, voire ont des parents très peu présents (lorsqu'elles en ont). Elles se retrouvent alors et décident de former le Gang des Foxfire. Ensemble, elles vont combattre toutes les formes d'injustices qui peuvent leur arriver. Ensemble et unies, leurs forces s'agrandissent et elles se sentent invincibles. Certaines bandes rivales de garçons vont aller se sentir menacées, mais cela va également leur permettre de faire justice elles-mêmes.

Cependant, on se rend compte que les choses vont mal tourner... Ce chaos grandissant ne peut pas durer ainsi. Où, quoi, comment...? C'est avec un malaise palpable que JCO nous entraine une fois de plus dans son univers.

Comme toujours avec JCO, les mots sont vifs et percutants. L'histoire semble réelle et se dérouler à nos côtés. Les impressions qu'elle laisse au travers de ses romans sont incroyables, bien que ce ne soit pas le roman que j'aie préféré de sa part.
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Mais quelle PUISSANCE a ce roman !!

Maddy, la chroniqueuse officielle du gang de filles FOXFIRE, retrouve bien des années plus tard ses archives et revit l'époque de son adolescence dans les années 50 et les débuts et la fin de FOXFIRE.

La raison d'être de FOXFIRE, c'est le combat contre les hommes et la bourgeoisie, contre ce qui constitue un danger et une injustice pour ces jeunes filles issues de milieux défavorisés, pour ne pas dire misérables.

Le message du roman et de FOXFIRE débute clairement lorsque Maddy est sur le point de se faire agresser sexuellement par un vieux libidineux : au lieu de subir ce que tant d'autres ont subi et subissent encore, Maddy et ses soeurs de gang empêchent le crime et y répondent par la violence.
Tout au long du roman, c'est un déchaînement de violence physique contre la violence masculine et sociale. Ça se termine mal, mais qu'est-ce que ça peut être jouissif à lire pour une féministe. Quand tu as envie de tout brûler et que ces filles-là, c'est justement FOXFIRE BRÛLE ET BRÛLE.

Bien sûr, ça va trop loin et ça se retourne contre elles. C'est sans doute pour cela que j'ai eu beaucoup de mal à finir le roman, alors que je le dévorais au milieu du récit.
Mais ça reste un roman d'une puissance implacable, au constat impitoyable.

Depuis le temps que je voulais le lire et n'avait aucune idée que c'était un grand roman féministe ! Je suis ravie d'avoir remédié à mon ignorance. Ce roman marquera mon année 2021 !
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Découvert l'an dernier avec le challenge solidaire, de nouveau dans celui de cette année. Troisième livre que je lis de cette autrice et c'est mon préféré dans la progression de l'histoire, des personnages.

Foxfire ou l'histoire de cinq jeunes filles paumés, pauvres, sans réel avenir. Méprisées, rejetées souvent par leur propre famille. Un père absent, une mère alcoolique, des hommes harceleurs,... Elles débutent mal dans la vie. D'une situation de harcèlement d'un professeur va découler une cohésion de ces jeunes filles. Elles ne sont pas soutenues dans leur famille, leur proche entourage. Qu'à cela ne tienne, le soutien qui pêche elles vont le trouver entre elles. Un soutien indéfectible pour la petite Rita déjà si bien formée, à attirer l'oeil de ses frères, de leurs amis, de son professeur. Vengeance face à des comportements inadmissibles , cela va devenir un véritable credo pour ces filles, une nouvelle famille à ne surtout pas trahir.

Engrenages de plus en plus dans la vengeance, à l'haine de ces hommes ayant tout pouvoir, elles vont vouloir leur liberté.
Marginales, antisociales, quitte à faire des actes répréhensibles mais on les comprend, on les apprécie d'une certaine manière. On est embarqué dans leurs galères, leurs coups de gueule, leur pied de nez à la vie.
Une belle découverte !
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Hammond, état de New-York, dans la fin des années 1950, cinq jeunes filles décident, de créer un gang : avec pour nom FOXFIRE. Une bande de hors-la-loi ; dont ce sigle peut se traduire par feu follet ou jolie fille ; et dont le but sera d'être prête à en découdre envers les Autres !

Joyce Carol Oates, va nous faire plonger dans la psychologie de ces gamines, disloquées, perdues, dans cette période propice à la disparité de la population. Où règnent, la misère des familles face aux nantis imbus de leurs positions sociales, de l'hégémonie de la gent masculine dans tous les compartiments de la vie des femmes. Un terreau fertile, qui poussera ces filles dans la délinquance, dans la négation des codes sociaux ? Dévergondées, dépravées, certes, car il est certain que seules les filles peuvent être de moeurs faciles : jamais les garçons !

Le personnage central Legs Sadovsky, en sera la tête pensante, épaulée par Madeleine Faith Wirtz, qui deviendra la narratrice via un livre de confessions des différentes péripéties de la courte vie de ce gang ! Comme toujours, pour souder et apporter des raisons de régler les injustices qui leur sont subies, elles se donnent un code d'honneur ; être une vraie communauté, de soeurs de sang, avec des liens de loyauté, de fidélité, de confiance et d'amour. Une vie presque en autarcie, ou les Autres sont et seront l'ennemi à mépriser…
Bref, ont-elles trouvé l'idéal parfait dans ce monde de cruautés ?

Cependant un départ difficile dans la vie ; un manque d'amour parental, une absence d'éducation et ceci dans un climat économique âpre, ne leur offrent qu'une issue possible :la débrouille ! de sorte que l'absence de repères des membres de ce gang vont les amener dans une progression de faits délictueux pour aboutir à l'irréparable !

Une envie de partager leurs besoins de justice ; face à l'adversité, de lutter contre les totems pénalisants – depuis la nuit des temps - des femmes. L'argent et surtout les hommes ; avec leurs prérogatives et leurs besoins irrépressibles de dominer le monde.

Une narration, limpide, puissante, où l'on s'interroge sur les méfaits des adultes et leurs conséquences. « le gang des filles » - toujours d'actualité - relate avec toute la virtuosité littéraire de Joyce Carol Oates l'omniprésence des injustices humaines, avec le déni de celles-ci par la majorité des êtres humains.

Lien : https://bookslaurent.home.bl..
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Maddy se souvient de ce temps, dans les années 50, où adolescente, elle rencontra cette blonde, toute en jambes, si fascinante, charismatique.... elle se surnommait Leg...

Ensembles, elles vont créer non pas le gang Borrow & Parker, mais Foxfire, avec 3 autres filles toutes aussi désoeuvrées et délaissées qu'elles deux...

Leg est la tête du gang.... Maddy est du coup, un peu, le contrepoids de Leg....C'est elle qui est chargée de "l'administratif" car c'est la seule qui sache taper sur une machine à écrire....

Le but de Foxfire est de rendre la dignité envers la gente féminine... Dignité bafouée par les hommes qui dirigent et monopolise leur vie, leur désir, leur avenir....

Foxfire rendra libre......
Elles se rendront compte que la route sera encore longue.... surtout si l'on franchit la ligne blanche....et que l'on bascule dans un autoritarisme aveugle....

Joyce Carol Oates, avec "Confessions d'un gang de filles" nous plonge dans un univers ultra féminin, où l'attirance saphique est juste éffleurée, sensuellement.... presque pudiquement alors que ces filles sont bien délurées...et comment le point de non retour fut franchi, tout comme on s'approche du bord de la falaise pour y faire la plus jolie photo....

Et puis, viens le moment où la jeunesse se fane....et alors Joyce Carol Oates clôt son livre d'une remarquable façon en nous permettant de suivre Maddy dans sa vie actuelle, pleine de nostalgie, de rêves non aboutis, d'échecs, et puis ce petit voile d'espoir qui reste, au fond d'elle....

Ce n'est pas "Les chutes"... ni "Nous étions les Mulvaney" mais c'est bon quand même...

Une fois "Confessions d'un gang de filles" fermé, on se souvient, pendant très longtemps, de cette atmosphère qui plainait dans ces pages...
Tout comme le disait Marcel Proust dans "La Prisonnière" : « On se souvient d'une atmosphère parce que des jeunes filles y ont souri. »
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C'est un récit à la première personne sous la forme des mémoires de Maddy "Monkey", une des "foxfires", un gang de filles qui exista au milieu des années 50 dans une ville moyenne américaine.

La Maddy mature, adulte, essaie de se remémorer les sentiments de son moi adolescent face à Legs Sadowsky, la chef charismatique de la bande. Elle tente également de recomposer la chronologie des événements qui ont entouré la naissance du groupe puis à sa montée en puissance jusqu'à sa dissolution dramatique.
On comprend que ce gang féminin et féministe a été créé en réponse aux violences faites aux femmes et face à ceux que Legs nomme les "Autres", oppressifs et menaçants envers ces filles vulnérables et un peu perdues.

A travers les souvenirs de Maddy, c'est le portrait de l'Amérique pauvre et contrastée des années 50 qui est dressée et la condition de la femme de ces années-là qui est dépeinte. La fille, la femme n'existe que par rapport à l'individu mâle.
On ne peut que se demander si les choses ont vraiment changé. En pointant du doigt l'Amérique passée, c'est l'Amérique de son temps que Joyce Carol Oates a interrogée. Sa plume précise et incisive redonne vie aux fantômes du passé de Maddy et son formidable talent d'écrivain fait de ce récit des frasques adolescentes une véritable critique de l'Amérique bien-pensante, hypocrite et matérialiste qui a poussé sur le chemin de la perdition des jeunes filles au départ juste bien intentionnées les unes envers les autres.
Certains passages sont hauts en couleur, d'autres parfaitement réalistes et si crus et détaillés dans leur description qu'ils se détachent de façon quasi cinématographique (un film a d'ailleurs été réalisé à partir du roman). le passage sur la prison pour mineures est pour moi hallucinant et glaçant.

Tous les personnages féminins sont attachants et bien campés alors que les personnages masculins, pour la plupart, par contraste, apparaissent faibles et veules (c'est probablement ainsi que Maddy les voyait en ce temps-là).
Le personnage central n'est pas comme on pourrait le penser Maddy mais Margaret "Legs", la fille magnétique et audacieuse qui subjugua la narratrice et fut l'objet de sa vénération et de son amour et qui continue à intriguer la Maddy cinquantenaire.
Elle apparaît comme un personnage héroïque et sa disparition tragique et mystérieuse ajoute à sa légende. Même si à la fin du récit, la narratrice prend ses distances et se détache de Legs, cette dernière n'en demeure pas moins une figure d'exception.

Le jeu typographique qui fait ressortir du texte certains mots, certains faits rythme ainsi de façon physique la narration de Maddy.
D'autre part, comme le roman est une tentative de Maddy de recomposer son passé, il est aussi une oeuvre portant sur la mémoire, sur le travail rétrospectif de cette dernière, sur la recomposition des faits et la conformité à la réalité des événements passés.

En bref, nous avons là encore une oeuvre captivante, forte et dérangeante de cette grande auteure américaine qui sous couvert de présenter une fiction basée sur des faits divers dénonce de fait une réalité historique et peut-être contemporaine de la société américaine et utilise son extraordinaire virtuosité de conteuse pour réaliser ici une représentation sans fard et sans concession de son pays, comme elle l'a constamment fait tout au long de son oeuvre prolifique.
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Pour moi ce roman arrive bien loin derrière Blonde, La fille du fossoyeur ou Mud dans ses écrits plus récents.
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