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sur 2325 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
La vieille Aliide Truu prépare ses conserves au fin fond de la campagne estonienne. Quand vient la nuit, elle se barricade, tandis que les gamins et les voyous du village lancent des cailloux sur sa fenêtre en la traitant de « sale Russe ». Un matin, elle découvre une jeune femme couverte de crasse et d'ecchymoses dans son jardin. Aliide recueille ainsi une certaine Zara chez elle, qui dit avoir fui son mari après une violente dispute. Presque malgré elle, Aliide lave, nourrit et cache la jeune femme.
Commence alors pour nous la découverte de ces deux femmes que tout sépare et pourtant que beaucoup rapproche. On découvre ainsi la vie d'Aliide au temps de l'occupation soviétique communiste (après un bref temps d'occupation nazie), et le destin de Zara, qui a fui sa vie paisible de Vladivostok, entre une mère silencieuse et une grand-mère secrète, pour le miroir aux alouettes de l'argent vite gagné en Allemagne, tombant sans défense et sans s'y être préparée dans l'univers de la prostitution et de la misère.

De la façon dont je l'ai perçu, il s'agit avant tout d'histoires d'amour, inachevées, interrompues, trompeuses ou jamais consommées, avec en fond de toile la difficulté d'être une femme dans un monde en guerre, occupé, où les hommes usent et abusent les uns des autres, y compris et surtout des femmes. C'est l'histoire d'une femme qui aime à la déraison un homme qui en aime une autre et qui vit constamment dans la peur. Peur de ne pas être une femme estonienne comme il faut, peur de ne pas être aimée, peur d'être torturée, affamée... Peur également d'être face à son passé, à ses actions, à son histoire… Elle agit alors en réaction, tentant de vivre et de survivre dans cette Estonie qui ne sait plus vraiment qui elle est, ce qui est juste, ce qui est possible...
Difficile dans ce cadre de s'attacher au personnage d'Aliide, et pourtant, vieille et insignifiante, mais aussi froide et dure que le fer, je n'ai jamais éprouvé de haine ou de dégout à son égard. Elle est trop malheureuse, trop silencieuse pour ça, et puis, elle assume toujours et en tout temps ses actions ; son personnage m'inspire un certain respect. Tout au long de l'histoire, jeune et amoureuse ou vieille et seule mais semblant prête à affronter n'importe qui et n'importe quoi, elle vit avec ses peurs cachées en elle. Il y a beaucoup de pudeur lié à ce personnage, d'autant plus que son histoire est racontée tout en suggestions. L'auteure a en revanche fait le choix de raconter l'histoire de Zara avec des mots durs, réalistes, qu'il s'agisse de sa descente aux enfers, de sa fuite, ou de son espoir… J'ai trouvé ce décalage parfois difficile à supporter, l'histoire d'Aliide n'ayant rien à envier en terme de souffrance, humiliation ou violence à celle de Zara.
Dans les deux cas, ces femmes ont fait ce qui leur paraissaient le plus approprié à leur situation, dans les deux cas, elles ont fait de mauvais choix et sont tombées plus bas qu'elles n'étaient.

J'ai eu un peu de mal à entrer dans ce roman, qui malgré tout se laisse lire avec intérêt. La construction du livre, avec ses allers-retours incessants entre les histoires, les personnages et les époques, finit par devenir un peu lassante… Mais ce que je regrette vraiment, c'est qu'il n'y ait pas eu de réelle rencontre entre les deux personnages principaux : elles ne créent pas de liens, de passerelles entre elles, entre leurs histoires cruelles, sordides et misérabilistes vécues à 40 ans d'écart. Il n'y a pas de pardon, pas de rédemption chez Sofi Oksanen. Les responsabilités et culpabilités ne sont pas partagées, tout est blanc ou noir. C'est dommage.
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Purge est un livre très dur qui met en lumière deux existences de femmes blessées par la vie. le roman nous plonge en plein coeur de l'Union soviétique (1922-1992) et se déroule en parallèle dans l'Estonie des années 90. Une période très difficile pour les habitants, surtout pour les opposants politiques qui furent traqués et sévèrement punis. Aliide a vécu cette période et les cicatrices sont, en 1992 toujours à vif.

J'ai beaucoup apprécié la première partie du roman. On apprend à connaître les deux personnages principaux qui sont deux femmes essayant de s'apprivoiser. Les moments passés dans la ferme de la vieille dame avec Zara sont touchants et sensibles. On sent bien que Zara n'est pas venue chez Aliide par hasard. D'ailleurs, la vieille dame émet, elle aussi des suspicions. La tension est d'abord palpable, puis elle s'estompe pour enfin revenir au plus haut point. L'auteure met en parrallèle la rencontre des deux femmes, l'histoire de Zara, et celle d'Aliide. On s'immisce alors avec une partie de la vie de chacune. Des vies qui cachent beaucoup de secrets et de tourments.

Certains passages m'ont semblé un peu longs (la quatrième partie, notamment). L'auteure apporte davantage d'importance au personnage d'Aliide. Elle a, en effet vécu de l'intérieur ce régime soviétique et semble à même de retranscrire ces 50 ans de l'Histoire estonienne tant chère à l'auteure (née de mère estonienne). J'ai cependant eu du mal à m'attacher à la vieille dame. C'est un personnage que je n'ai pas beaucoup apprécié. Malgré cela, elle a su m'émouvoir, par moments.

A contrario, j'ai tout de suite ressenti de l'empathie pour Zara, cette jeune fille complètement perdue que la vie n'a pas épargnée. J'ai beaucoup aimé suivre une partie de son enfance... Beaucoup moins sa vie à Berlin qui comporte des passages très difficiles. Zara se prostitue, elle est exploitée et humiliée par deux proxénètes qui lui avaient pourtant promis un avenir brillant.


Grâce à des flashback et des ellipses dans le temps et dans l'espace, le roman est rythmé et l'atmosphère souvent oppressante. On sent bien que de lourds secrets sont au coeur du roman et Sofi Oksanen balade son lecteur entre 1922, les années 30, 40 ou 90, Berlin, l'Estonie occidentale ou encore Tallinn. Purge est un livre dont je comprends tout à fait l'enthousiasme général, on en ressort secoué une fois sa lecture terminée.

Lien : http://ulaz.vefblog.net/Purg..
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Aliide est une vieille femme sans histoire, vivant dans un village et préparant des confitures.
Jusqu'au jour où elle découvre une jeune femme , Zara, inconsciente dans son jardin.
A partir de là, les apparences trompeuses vont se disloquer et nous allons apprendre tout au long de ce roman le destin tragique de ces femmes.

Un livre fort c'est certain, nous dépeignant l'Estonie lors de son époque soviétique.
Un livre fort grâce à ses personnages. Aliide est une femme pleines de ressources, dure et ambiguë.
C'est elle qui irradie le livre par sa présence, mettant l'histoire de Zara au second plan.

Cependant, je n'ai pas réussi à accrocher à cause de la forme.
L'écriture de Sofi Oksanen m'a dérangé.
Elle était comme son personnage principale : froide, pragmatique, sans âme.
Sûrement un parti pris puisque c'est avant tout par Aliide que nous découvrons cette intrigue mais je n'ai pas été conquise.
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Purge est un livre étrange, fort et marquant. Il faut s'accrocher pour continuer la lecture malgré tout car il nous décrit de façon froide une vision bien négative de la nature humaine. Il s'agit de jalousie, de trahison, d'esclavage, de torture... bref, des pires choses dont est capable l'être humain, semble-t-il. Alors pourquoi continue-t-on la lecture ?
Sans doute parce que le talent de Sofi Oksanen sait nous donner à chaque page l'espoir qu'il en sera autrement. Que l'on entre dans la peau des personnages, de ces deux femmes qui subissent l'impensable, en faisant comme elles : en sortant de notre corps, en nous détachant de nous-mêmes pour mettre de la distance avec l'indicible. Pour ne pas recevoir par tous nos sens la haine, les coups, les viols qui nous rendraient aussi victimes. Chose que, sans nul doute, le cinéma ne permet pas.
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Voici un roman qui devrait ravir la gente féminine.
Ce n'est donc pas un hasard s'il a reçu le prix Femina étranger en 2010.
Il s'agit d'une oeuvre purement féministe se situant dans l'histoire de l'Estonie depuis la seconde guerre mondiale jusque début des années 90.
Je n'ai a priori rien contre le mouvement féministe, mais ce roman a tellement une vision obscure de l'homme que cela en devient par moment désagréable à lire.
Tous les hommes sont vus ici comme des êtres cruels, dénué d'humanité. Ou alors ils sont trop bêtes ou trop amoureux pour se rendre comprendre les événements.
Cela n'empêche que le livre est poignant de réalisme par moment .C'est dur. C'est cru.
A travers le destin croisé de 2 femmes, le livre fonctionne par des flashbacks incessants qui nous font avancer dans la trame.
On ressent la souffrance des personnages féminins et c'est principalement pour cela que c'est intéressant à lire. Pour comprendre la traite des êtres humains et les dérives d'un système politique.


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Alors qu' Aliide se terre dans sa petite maison de la campagne estonienne, elle trouve la jeune Zara, meurtrie et perdue dans son jardin. Après la méfiance, les deux femmes vont peu à peu se rapprocher et se raconter leurs blessures, leurs souffrances et leurs secrets. Zara, attiré par l'ouest, et par l'argent facile, se fait enrôler dans un trafic de prostitution en Allemagne dont elle réussit à s'échapper. Aliide revient sur son passé, la guerre, la collaboration, les secrets de famille...
Sofi Oksannen, finnoise, raconte deux destins de femmes, brisées par la vie et par l'histoire. D'ailleurs, l'histoire complexe de l'Estonnie , au XX ème siècle, est plutôt bien évoquée et expliquée. (occupation allemande puis russe etc..)
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Ce roman explore les expériences de guerre et d'après-guerre de deux soeurs en Estonie avec l'occupation allemande et les débuts du rétablissement de l'indépendance de ce pays.
L'histoire se construit sur deux périodes, les années 40 et le début des années 90.
Histoire de femmes dans la tourmente de la guerre. Attention certaines scènes sont très dures.
J'aurais aimé un peu plus de contenu historique pour mieux me situer. J'ai eu un peu de mal à passer sans arrêt d'une période à une autre.
J'ai bien aimé le personnage d'Aliide avec ses contradictions mais aussi celui de Zara, sa fragilité sous la carapace et son envie de vivre, malgré tout.
Une lecture en demi-teinte. Attention il y a des passages violents.
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Un pays froid, mal connu, qui a connu des tragédies. Une famille en plein dans la tourmente. Et un beau caractère de femme qui porte l'histoire. En lisant ce roman, j'ai beaucoup pensé à Dina, l'héroïne de la saga de Hebjorg Wassmo, une histoire tragique aussi portée par le magnifique personnage de Dina. le froid, le sang, la passion, le sexe, la guerre, la violence, tout est là pour emporter le lecteur et c'est réussi. Je mettrai un bémol dans le concert de louanges qui entoure ce livre, c'est le recours trop systématique aux flash-backs vers des dates et des lieux différents à chaque chapitre (ou presque). L'auteur (finlandaise) sait raconter une histoire, on le voit, mais le côté puzzle m'a un peu agacée...
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Plusieurs histoires en une, qui sont reliées entre elles par un (ou plusieurs) secrets de famille et où nous avons un aperçu de la vie de deux femmes, de leur vie, de leurs décisions et engagements, mais aussi de ce qu'elles ont aussi eu à subir.
Constitué de 5 parties qui se déroulent alternativement dans les années 40 et 50 en Estonie et dans les années 91-92, le sujet m'attirait.
Pourtant, je n'ai pas accroché avec la narration, ni l'écriture, et mon esprit s'est souvent évadé. Je n'ai pas réussi à m'engager pleinement dans cette lecture, ne trouvant pas toujours de sens et de liens entre les multiples chapitres.
J'aurai apprécié plus d'analyse psychologique des personnages, un récit plus fluide et une véritable fin, car je suis restée sur ma faim. Certains éléments m'ont semblé peu utiles dans le récit, d'autres pas assez poussé. Bref une impression brouillonne et qui ne m'incitera sans doute pas à poursuivre la découverte de l'oeuvre de Sofi Oksanen. Dommage pour moi.
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Deuxième roman et probablement dernier de l'auteur que je lirai.
Ce n'est pas que c'est mal écrit, c'est juste que je n'accroche pas.
Comme dans "Les vaches de Staline", on ne cesse d'être baladés entre différentes époques et à force, c'est un peu soulant, littéralement, on finit par s'y perdre.
Mais ce qui me gêne le plus, c'est la distance de l'auteur avec son histoire et ses personnages. Il y a un tel détachement, une telle froideur, que ses sujets, pourtant terribles, ne me touchent pas. Alors que les deux héroïnes ont largement de quoi être prises en pitié, là, je n'ai rien ressenti ou au mieux de l'exaspération.
C'est donc très personnel, je ne doute pas un instant que cette auteur plaise à certains car c'est quand même fort et intelligent, mais voilà, c'est trop froid pour moi.
Lien : https://le-jardin-litteraire..
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