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sur 2319 notes
C'est un roman d'une grande profondeur avec une analyse psychologique juste. Très touchant. Coup de coeur. Des années 30 aux années 90, on nous fait le récit de tout un pan de l'Histoire de l'Estonie : l'effondrement de l'Union Soviétique, le postcommuniste, le chemin vers l'indépendance de l'Estonie en 1992, le rôle des Allemands et des pays Scandinaves. Très documenté. Les personnages sont des porte-parole de la souffrance de tout un peuple. Un récit de vie sombre et tragique : secrets de famille, trahisons, vengeance, prostitution, manipulation. C'est aussi une histoire d'amitié entre ses deux femmes, Zara et Aliide qui sont habituées à vivre dans la peur et qui se méfient l'une de l'autre, mais ne tarderont pas à se lier d'amitié. Les personnages sont ambigus et pour cause. Habituées à se protéger pour survivre, elles ont plusieurs facettes à leur personnalité.
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Sofi Oksanen ou une romancière qui sait maitriser l'intrigue jusqu'à la dernière page.

Zara, la jeune, échoue dans la cour d'Aliide, la grand-mère. Aliide s'interroge sur cette inconnue mais accepte de la cacher, pour un temps, tout en craignant que Zara ne la vole. Aliide ne connait rien de Zara mais comprend que ce que lui dit la fille n'est que mensonge. La seule chose de vrai qu'Aliide ressent, est la peur de Zara. Cette peur qu'elle a elle-même connu. Quant à Zara, que lui était-il arrivé pour qu'elle atterrisse dans cette ferme d'Estonie ? Les questions trouveront doucement des réponses.

Le roman est construit en 3 parties qui s'entrecroisent : le temps présent mettant en scène Aliide et Zara. L'Estonie d'Aliide des années 30 jusqu'aux années 80 et la courte vie de Zara de Vladivostok à cette ferme estonienne. Si au départ, ces deux destins paraissent totalement éloignés, les retours en arrière montrent que le hasard n'a pas de place dans cette histoire. Et nous, lecteurs, avons envie de connaître la fin de cette rencontre de moins en moins improbable. le livre est composé d'une façon vraiment particulière. Ce n'est pas grâce aux dialogues des deux femmes, qui ne sont fait que de mensonges et de faux-semblants que nous entrons dans leur vie, que nous faisons leur connaissance mais seulement par le biais de ses retours incessants. Dans ces allers-retours, le ton n'est plus le même. Si nous sommes charmés par la scène d'une table de cuisine entourée par une grand-mère préparant des conserves pendant qu'une jeune fille, poliment, lui propose son aide, il en va différemment lorsqu'il est question des faits plus anciens : les mots sont crus, la violence, la peur, la haine coulent de page en page, sans aucun espoir. C'est aussi le pouvoir des hommes sur les femmes : la milice, la politique communiste, la mafia dont l'arme favori est la purge ethnique et qui n'hésitent pas à utiliser le viol comme moyen de dissuasion ou pour affirmer leur domination. C'est aussi l'histoire de femmes qui veulent survivre dans ce monde d'hommes n'hésitant pas utiliser la trahison ou le meurtre. C'est un roman qui, sous son aspect décousu et sans chronologie, donne des renseignements progressivement et toujours quand il faut. C'est ainsi, qu'au milieu du contexte historique, nous découvrons le drame plus intime d'un conflit familial, la relation ambigüe de deux soeurs. Dans cette histoire qui se construit progressivement, le caractère des personnages s'affinent, montrant leurs qualités et souvent les défauts sans jamais atteindre ce point de non-retour qu'est le "méchant caricatural" auquel nous aurions pu nous attendre. Peut-être un petit bémol pour la fin qui est un peu précipité. D'un autre côté, cela semble logique au vu de la construction du roman. Comme si nous entrions par inadvertance dans la vie d'Aliide et Zara, nous en sortons aussi rapidement. le journal final qui sert de conclusion est une bonne idée mais ne donne pas toutes les réponses.
Personnellement, je ne connaissais pas du tout cet auteur. Mais ce livre est un coup de coeur et j'aimerais découvrir les autres titres de cet écrivain.
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La vieille Aliide Truu prépare ses conserves au fin fond de la campagne estonienne. Quand vient la nuit, elle se barricade, tandis que les gamins et les voyous du village lancent des cailloux sur sa fenêtre en la traitant de « sale Russe ». Un matin, elle découvre une jeune femme couverte de crasse et d'ecchymoses dans son jardin. Aliide recueille ainsi une certaine Zara chez elle, qui dit avoir fui son mari après une violente dispute. Presque malgré elle, Aliide lave, nourrit et cache la jeune femme.
Commence alors pour nous la découverte de ces deux femmes que tout sépare et pourtant que beaucoup rapproche. On découvre ainsi la vie d'Aliide au temps de l'occupation soviétique communiste (après un bref temps d'occupation nazie), et le destin de Zara, qui a fui sa vie paisible de Vladivostok, entre une mère silencieuse et une grand-mère secrète, pour le miroir aux alouettes de l'argent vite gagné en Allemagne, tombant sans défense et sans s'y être préparée dans l'univers de la prostitution et de la misère.

De la façon dont je l'ai perçu, il s'agit avant tout d'histoires d'amour, inachevées, interrompues, trompeuses ou jamais consommées, avec en fond de toile la difficulté d'être une femme dans un monde en guerre, occupé, où les hommes usent et abusent les uns des autres, y compris et surtout des femmes. C'est l'histoire d'une femme qui aime à la déraison un homme qui en aime une autre et qui vit constamment dans la peur. Peur de ne pas être une femme estonienne comme il faut, peur de ne pas être aimée, peur d'être torturée, affamée... Peur également d'être face à son passé, à ses actions, à son histoire… Elle agit alors en réaction, tentant de vivre et de survivre dans cette Estonie qui ne sait plus vraiment qui elle est, ce qui est juste, ce qui est possible...
Difficile dans ce cadre de s'attacher au personnage d'Aliide, et pourtant, vieille et insignifiante, mais aussi froide et dure que le fer, je n'ai jamais éprouvé de haine ou de dégout à son égard. Elle est trop malheureuse, trop silencieuse pour ça, et puis, elle assume toujours et en tout temps ses actions ; son personnage m'inspire un certain respect. Tout au long de l'histoire, jeune et amoureuse ou vieille et seule mais semblant prête à affronter n'importe qui et n'importe quoi, elle vit avec ses peurs cachées en elle. Il y a beaucoup de pudeur lié à ce personnage, d'autant plus que son histoire est racontée tout en suggestions. L'auteure a en revanche fait le choix de raconter l'histoire de Zara avec des mots durs, réalistes, qu'il s'agisse de sa descente aux enfers, de sa fuite, ou de son espoir… J'ai trouvé ce décalage parfois difficile à supporter, l'histoire d'Aliide n'ayant rien à envier en terme de souffrance, humiliation ou violence à celle de Zara.
Dans les deux cas, ces femmes ont fait ce qui leur paraissaient le plus approprié à leur situation, dans les deux cas, elles ont fait de mauvais choix et sont tombées plus bas qu'elles n'étaient.

J'ai eu un peu de mal à entrer dans ce roman, qui malgré tout se laisse lire avec intérêt. La construction du livre, avec ses allers-retours incessants entre les histoires, les personnages et les époques, finit par devenir un peu lassante… Mais ce que je regrette vraiment, c'est qu'il n'y ait pas eu de réelle rencontre entre les deux personnages principaux : elles ne créent pas de liens, de passerelles entre elles, entre leurs histoires cruelles, sordides et misérabilistes vécues à 40 ans d'écart. Il n'y a pas de pardon, pas de rédemption chez Sofi Oksanen. Les responsabilités et culpabilités ne sont pas partagées, tout est blanc ou noir. C'est dommage.
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"Tant qu'à venir, qu'ils viennent tous, les sbires de la mafia, les soldats, les rouges et les blancs, les Russes, les Allemands et les Estoniens, n'importe qui, Aliide s'en tirerait bien. Elle s'en était toujours tirée jusque là."
Voilà qui peut - presque- résumer ce livre.
Un condensé d'histoire des pays baltes. Dur, impitoyable, sans concession, fiévreux. Des années trente jusqu'à l'implosion du bloc soviétique, la libération des pays baltes et la prolifération de la mafia russe.
De façon tranchante, Sofi Oksanen assène au lecteur une leçon d'histoire, mais plus que l'histoire d'un pays, c'est de la vie d'une femme qu'il s'agit, non en fait, de deux femmes, la vieille Aliide et la jeune Zara.

Oh non, en Estonie, la vie n'a rien d'un long fleuve tranquille, en tous cas pas pour elles, pas plus pour la vieille Aliide que pour la jeune Zara, que la première va découvrir prostrée dans son jardin. Et pourquoi diable dans son jardin à elle ?

Sofi Oksanen vous le dira en le dévoilant peu à peu au fil d'un récit qui promène le lecteur effaré de la campagne estonienne à Vladivostok, avec incursion à Berlin et plus brièvement à Tallinn et en livrant un texte d'une implacable dureté où l'existence est sans espoir, et conduisant ceux qui la mènent vers n'importe quelle extrémité, jusqu'à la pire !

Aliide, ballottée au gré des événements ayant secoué son pays, l'Estonie, et dont l'existence est marquée par la jalousie, la trahison, la haine, les compromissions. Des décennies durant, elle a affronté la peur, la torture. Elle a appris à survivre dans l'angoisse dans ce pays aux prises avec le communisme dès les années vingt - Spasiba Lenine - puis sous la botte nazie, l'Allemand, le libérateur - et à nouveau le communisme !
Mais quand, quand donc l'Estonie sera-t-elle libre ?

Zara, vit à Vladivostok, dans un sinistre appartement communautaire jusqu'au jour où une amie perdue de vue vient lui vanter les charmes de la vie à l'ouest et principalement la vie fastueuse à Berlin, où les dollars coulent à flot et où les femmes se pavanent en portant des bas de soie, fins, si fins ... je ne te dis que ça ! Zara, attirée par ces enthousiasmantes perspectives, va succomber et c'en sera fini de son innocence, pauvre petite mouche prise dans une monstrueuse toile, dont il lui faut se dépêtrer. Mais comment y parvenir ?

Récit bouleversant entraînant incessamment le lecteur d'une époque à l'autre, d'un lieu à l'autre et d'une personne à l'autre, mais sans pour autant le perdre en cours de route, tant le fil de l'histoire est bien tendu, tant la succession d'événements tient le lecteur constamment en haleine, grâce à la maîtrise de Sofi Oksanen, qui conduit son récit avec rigueur et talent.
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Ce roman fait froid dans le dos... non pour les leçons d'histoires, certes glaçantes mais comme tout ce qui concerne la vie quotidienne sous l'occupation nazie puis soviétique, avec son cortège de tortures, et développement paranoïaque de la surveillance de chacun par chacun, non pour ce qu'on comprend du fonctionnement de la mafia russe, déjà développé dans de nombreux polars et non pour l'empathie ressentie pour une des deux héroïnes, ce roman est glaçant certes mais surtout par le portrait qui est fait d'une des héroïnes et de son côté totalement sociopathe. Rien n'existe qu'elle, et pour se préserver, au-delà des petits mesquineries dont nous serions tous capables, elle peut aller si loin, qu'on lit sans se rendre compte les pires ignominies avant de réaliser qu'on la suit sans moufter depuis le début. Brrr.
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"Purge" de Sofi Oksanen. Traduit du finnois par Sébastien Cagnoli.
Prix FEMINA étranger 2010.
Un livre sur fond d'histoire de l'Estonie. Ce pays qui fait maintenant parti de l'Union Européenne et de la zone Euro, a connu des périodes sombres sous divers régimes.
La Russie, l'Union Sovietique, l'Allemagne hitlérienne ont profondément marqué ses habitants en les poussant à l'exode ou en les envoyant dans des goulags à des milliers de kilomètres, provoquant, parfois, des scissions familiales et politiques irrémédiables.
Aliide en est le parfait exemple, elle qui a fait en sorte que sa soeur, Ingel, et sa nièce, Linda, soient envoyées à Vladivostok. Elle récupère ainsi la ferme familiale et Hans, le mari de sa soeur qui a été déclaré mort !
Elle arrive à se sortir aussi bien des griffes de la gestapo que du KGB en se mariant avec Martin truu par exemple.
Mais un jour, elle trouve Zara dans son jardin ! Elle ne sait pas , alors, que c'est la fille de sa nièce, Linda.
L'atmosphère pesante des régimes totalitaires est omniprésente tout au long de cette histoire aux passages quelques-fois très crus ou très durs.
Un livre prenant que j'ai beaucoup aimé.
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Coup de coeur pour ce roman !

Le récit de Sofi Oksanen nous emmène en Estonie occidentale. Nous sommes en 1992. La vieille Aliide aperçoit dans son jardin une jeune fille en si piteux état qu'elle a peine à croire qu'il s'agit d'un être humain . Elle se méfie d'abord de celle qu'elle suspecte être une voleuse voire un appât.

Au début, l'histoire oscille entre 1992 et 1991 et se concentre sur cette jeune fille prénommée Zara. En 1991, Zara vivait avec sa mère et sa grand-mère en Russie. Un jour, elle est éblouie par le retour de son ami amie Oksanka qui travaille en Allemagne. Cette dernière, vêtue d'un manteau de fourrure et disposant d'une belle voiture, incarne pour Zara la richesse du monde occidental. Peu à peu les allers-retours dans le temps se multiplient. On apprend que Zara a été prostituée contre son gré en Allemagne. L'atrocité des scènes rapportées m'a bouleversée ... L'auteure a su retranscrire l'horreur de l'expérience qu'a vécue Zara.

Parallèlement, en 1992, un mystère entoure aussi le personnage d'Aliide dont la façade est criblée de cailloux par les gamins du quartier. Une ambiance de non-dits plane entre les deux femmes de générations différentes. On replonge dans des événements s'étant produits des décennies auparavant (à partir de la fin des années 1930) et peu à peu on commence à cerner le personnage d'Aliide, la rivalité qu'elle entretenait avec sa soeur Ingel, et son amour impossible pour son beau-frère Hans. Dans le même temps, on plonge véritablement dans l'histoire contemporaine de l'Estonie.

Le livre m'a captivée. L'écriture m'a beaucoup plu dès le début (je pense que cela a été le point fort du livre). La rencontre entre deux personnages féminins très différents, la jalousie d'Aliide et ses choix m'ont tenue en haleine... Bref je ne voulais pas que cette histoire se termine, je ne voulais pas en perdre une miette ! Je l'ai lu en une semaine.

Le personnage de Zara est quant à lui très touchant. On ne peut qu'être révoltée face au commerce dont elle est victime.

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La terrible histoire d'Aliide qui pour gagner l'amour de son beau-frère Hans sacrifie sa soeur, sa nièce, épouse un Russe afin de pouvoir conserver la ferme familiale...Car tout ce ceci se passe en Estonie occupée par les Russes...
Les chapitres nous font passer de 1949 à 1996 et c'est l'arrivée de Zara qui vient chercher refuge chez sa tante pour fuir le milieu de la prostitution qui réveille le passé que l'on découvre au fil des pages...Aliide a caché son beau-frère dans un cagibi durant des années et n'a pas hésité à faire en sorte que sa soeur et sa fille soient envoyées en Sibérie...
A travers ces destins croisés sur fond de violence et de souffrance, Sofi Oksanen nous livre cinquante ans d'histoire de l'Estonie qui gagne enfin son indépendance en 1994 quand les dernières troupes russes quittent le territoire.
Un roman subtil, bien écrit qui touche l'âme et le coeur en faisant vibrer le lecteur!
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Début des années 1990, Zara s'effondre un jour dans la cour de la ferme d'Aliide, une vieille femme estonienne, surnommée « la russe » et malmenée par ses voisins. Au terme d'une fuite, mal en point, la jeune femme russe est recueillie et cachée par Aliide.

Cette rencontre est-elle vraiment le fruit du hasard ?

Par le biais de retours en arrière jusque dans les années 1950 et la jeunesse d'Aliide, également des flashs back dans l'histoire plus récente de Zara, les histoires se mêlent et se répondent et on comprend que ces deux destins sont mêlés, malgré eux.

Un roman envoûtant, haletant, qui nous plonge dans les conflits d'indépendance de l'Estonie et dans la période d'occupation russe, terrible pour la population. On entrevoit aussi les choix difficiles que doivent faire des personnes confrontées à la pauvreté, à la domination culturelle ou militaire, que personne n'est bon ni mauvais mais que tous pâtissent des choix faits.

Une lecture vraiment intéressante et palpitante, que je recommande chaudement !
Lien : https://familytripandplay.wo..
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Une histoire de bonnes femmes comme diraient certains. Dans une Estonie emprise au communisme, à la Russie, à la mafia, à la prostitution... Deux soeurs aiment le même homme, Hans: l aînée, Ingel, dont l amour sera réciproque et la cadette, Alide, qui n inspirera qu'à être aimée du même homme, en vain.
Deux époques se répondent d'un chapitre à l'autre: d'un côté la seconde guerre mondiale avec l'arrivée des russes en Estonie durant lequel Ingel sera dénoncée et expatriée, et de l'autre 1992, l'indépendance de l'Estonie avec le départ des russes correspondant à l'arrivée de Zara.
Aliide, fort personnage acariâtre, me fait penser à la femme dans Misery de Stephen King. En face d,elle Zara frêle, innocente, blessée... Mais toutes les deux ont subi les pires atrocités des russes. L'une lors des interrogatoires, l autre embrigadée dans la prostitution.
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