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3,78

sur 2318 notes
Sofi OKSANEN. Purge.

C'est sur les conseils d'une amie babelionaute que j'ai pris ce roman sur l'étagère de la médiathèque, après avoir lu « Quand les colombes disparurent ». Je ne peux que remercier cette lectrice.

Aliide Truu est restée au pays, dans son village natal, dans la ferme familiale. La campagne est quasi désertique, suite à l'exode de la population locale et au retrait des forces russes, occupantes de cet état. Nous sommes en 1992, l'Union soviétique s'effondre et l'Estonie revit. Elle fête le départ des envahisseurs. Aliide veille sur ses biens et a peur. Elle craint les pillages. Un matin, elle découvre une jeune fille, Zara, en grande détresse, terrée dans son jardin. Malgré son appréhension, elle offre l'hospitalité à cette jeune femme. Elles vont vivre, s'apprivoiser. Zara fuit. Qui est donc à ses trousses ? Elle est originaire de Vladivostok. C'est bien loin de Tallin. Que fait-elle dans cette région, si éloignée de sa ville natale ? Comment est-elle parvenue à cette ferme isolée, coupée du monde ? Comment connaît-elle le nom de la propriétaire de cette demeure ? Quels secrets cache-t-elle à sa bienfaitrice ?

Ces deux êtres nous entraînent dans les arcanes du pouvoir russe, des guerres intestines de pouvoir, de domination, de résistance face à l'ennemi, une fois allemand, une fois russe et plus récent, la mafia. Les exactions commises par les russes, le stalinisme, la mafia, ne font pas dans la dentelle. Les exactions, Les sévices se soldent par des déportations, des morts, des disparitions, des exils, des règlements de comptes. La délation n'est pas exempte, elle est même encouragée par le parti. Chacun surveille son voisin et rapporte les faits et gestes des uns et des autres. Même notre héroïne, la vieille Aliide va trahir les siens par amour. La jalousie la conduit à dénoncer sa propre soeur au parti communiste…. Et Zara qui guette au quotidien la voiture noire et ses occupants, qu'a-t-elle donc fait ? Petit à petit nous découvrons le passé de l'une et de l'autre. Ils sont imbriqués l'un dans l'autre. Quelle est donc leur relation, leur origine, les liens communs qui les unissent ?

La souffrance de tout un peuple est exprimée dans ce noir récit. C'est le reflet de ce qu'ont vécu ces nations, envahies , pillées, assujetties à tour de rôle par les forces occupantes. Nous ne pouvons que compatir à ces diverses exactions, subies essentiellement par les femmes. Et aujourd'hui un état poursuit l'oeuvre de ces bourreaux. Cela ne cessera donc jamais ! Il faut marquer son territoire, quelque soit le prix à payer pour la population locale et les effets collatéraux. Ces dictateurs n'en ont rien à faire. Il leur faut exprimer leur force à tout prix. Et nul ne peut arrêter leur mégalomanie !. Dommage ? Nous ne faisons, tous, qu'un bref passage sur la terre. Il faudrait être plus humble et vivre en HARMONIE, en PAIX, tous ENSEMBLE. UN VOeU PIEUX.

Je recommande, à mon tour, la lecture de ce roman, fondé sur des faits réels, historiques. Je remercie Sofi pour sa narration. Je trouve très judicieux de joindre des cartes géopolitiques, situant les divers lieux. J'apprécie également la chronologie, en fin de volume qui retrace les diverses étapes de l'Estonie. ( 16/06/2022).

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Malgré tout ce qui a déjà été dit sur Purge, j'ai quand même réussi à être surprise par ma lecture!
Alors que j'avais envie de le lire, je m'attendais cependant à quelque chose de laborieux, de glauque, froid et déprimant. Je m'attendais à m'instruire sur l'Estonie, mais au prix d'un gros effort de concentration...

Alors, oui, c'est glauque car on assiste ici aux agissements (épouvantables!) de la Mafia russe!
C'est froid car l'Estonie est un vrai pays du Nord, dont L Histoire n'a pas épargné ses habitants, et les personnages ont le caractère rude que peuvent induire les difficultés liées à la fois au climat et aux contraintes imposées par les occupations étrangères successives.
C'est déprimant car il est question ici de la haine d'Aliide pour sa soeur et de ce qu'elle vit comme de l'amour pour Hans: mais peut-on parler d'amour quand le sentiment n'est pas réciproque et qu'il ne vise qu'à enfermer l'autre dans l'image idéale que l'on se fait de lui et de ce que l'on voudrait vivre avec lui? Quand on préfère l'enfermer (avec l'alibi de l'Histoire) que de le savoir heureux avec une autre?
Et puis, il y a le mari, Martin, et le dégoût, parfaitement décrit, qu'il inspire à sa femme...
Oui, c'est déprimant car le seul véritable amour qui existe, celui entre Hans et Ingel, n'en reste qu'aux promesses liées à la passion des débuts.
Même les relations entre Aliide et sa fille Talvi restent froides et sans tendresse...

Oui, mais... dès le premier chapitre passé, j'ai complètement accroché à l'ambiance et à l'histoire. Contrairement à ce que je craignais, j'ai facilement navigué entre les différentes époques grâce aux en-têtes de chapitres qui situent clairement l'époque dont on parle.
Les chapitres sont courts, ça claque, j'ai parfois dû relire une phrase ou deux pour être sûre que j'avais bien compris, tellement c'est violent et incisif, mais ça s'enchaîne à toute vitesse!...Impossible de décrocher!

Peu de raisons d'espérer, donc, dans ce roman à l'écriture captivante, mais un suspense digne d'un Hitchcock dans ses meilleurs jours!
Pour moi, un livre marquant, qui mérite bien les nombreuses distinctions qui lui ont été décernées...
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1992, Estonie occidentale, le mur est tombé et ce petit pays se libère de l'emprise de l'Union Soviétique. En pleine campagne, la rencontre improbable entre Aliide, vieille fermière estonienne, méfiante et rusée, et Zara, jeune prostituée russe en fuite, pourchassée par son proxénète.

Ce point de départ posé, Sofi Oksanen nous entraîne dans une histoire terrible, celle de l'Estonie et de ses habitants au cours du siècle dernier, passant d'une domination à l'autre, russe, allemande, soviétique, et toujours opprimée. Elle nous brosse aussi un portrait de deux femmes qu'à priori tout oppose, mais ayant connu toutes les deux la peur, la violence, et la domination masculine. Et toutes deux porteuse d'un secret pesant.
Des allers-retour entre 1936 et 1992 permettent de mettre en place tous les éléments de cette histoire, un peu comme un puzzle, et petit à petit on découvre les évolutions de ces deux vies, et l'intrigue se forme.
Le ton est dur, certaines scènes sont violentes,on s'en doute vu les thèmes portés par ce livre. Les descriptions sont trash, mais cela donne une densité incroyable aux personnages et aux situations.
Le dénouement est inattendu, mais je dirais que ce n'est pas le point plus important du livre. L'écriture originale de Sofi Oksanen domine le tout.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre, choisi en fait un peu par hasard, et je le conseille vivement.

Challenge des 50 objets 2021-2022

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CHALLENGE ABC 2014/2015 (17/26)

Une fois de plus, mon sentiment diverge totalement de celui de la majorité des lecteurs. "Purge", pourtant encensé par la critique, a été pour moi un long purgatoire et j'ai eu plusieurs fois la tentation d'abandonner avant la fin.

C'était pourtant l'occasion de découvrir un épisode de l'Histoire de l'Estonie et la rencontre entre cette vieille fermière estonienne et cette jeune prostituée russe fuyant ses souteneurs laissait présager une suite intéressante. Pourtant, rapidement, devant les allers-retours incessants entre les différentes périodes, l'ennui a prédominé. Je reconnais mon manque de culture en ce qui concerne généralement les pays de l'Est, mais heureusement qu'une chronologie nous éclaire à la fin du livre car les évènement extérieurs sont peu décrits dans le récit. Il tourne principalement autour du vécu et de l'univers proche des personnages. L'atmosphère est étouffante car le lecteur se sent piégé lui aussi, à l'image des deux femmes et comme Hans dans son cagibi. Peu de sentiments positifs se dégagent de l'histoire, même la passion d'Aliide pour son beau-frère restera secrète ; peu d'évolution non plus dans sa relation avec Zara. le style d'écriture, sans état d'âme, contribue à l'impression de rudesse et de froidure ; l'auteure se complait à décrire régulièrement la cuisine paysanne russe et la présence envahissante des mouches. Quant aux dernières pages du roman sous forme d'échanges épistolaires classés "top secret", elles n'ont guère éclairé ma traversée du labyrinthe.

Si j'avais uniquement lu la chronologie de l'histoire de l'Estonie résumée en 4 pages à la fin, je crois que j'en aurais davantage appris sur ce pays qu'à travers la totalité du récit. Seule, la violence, faite aux femmes en particulier, qui a découlé des différentes occupations a trouvé un écho émotionnel en moi. Vraiment désolée auprès des amateurs mais pour moi, ce sera un 5/20.




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Dans la campagne estonienne, une vieille fermière solitaire, Aliide, découvre dans son jardin une jeune femme égarée et en loques, qu'elle va accueillir et réconforter en dépit de son caractère dur et calculateur. Zara, abusée et forcée à se prostituer, est poursuivie par ses souteneurs, comme on le devine assez vite, mais un très lourd secret de famille la relie en fait au passé d'Aliide. le roman sera donc un aller et retour permanent entre différentes époques, celles de la jeunesse d'Aliide, de son amour pour Hans, son beau-frère, durant la guerre, de son mariage avec un communiste stalinien dans l'Estonie soviétique, et enfin des années 90 où se déroule l'intrigue. La composition en est très habile et se rapproche souvent du thriller, car le lecteur tremble pour Zara, poursuivie par des tueurs. Il sera aussi question de jalousie entre soeurs, d'amour impossible, de duplicité, de trahison et de violence.
Ce roman mettant aux prises trois générations de femmes estoniennes est axé sur les violences faites aux femmes par des hommes incarnant le viol, la brutalité et le mépris, suscitant chez elles le dégoût, l'aversion et la haine. L'histoire du XXème siècle sert de cadre au récit, en partant de la seconde guerre mondiale qui a vu les pays Baltes connaître deux occupations, allemande puis soviétique, jusqu'à la chute de l'URSS et l'avènement des trafics de prostituées organisés par les mafieux.
Malgré une large place faite à l'évocation des sensations, olfactives, auditives, tactiles dans le décor rural d'une ferme traditionnelle, l'ensemble du texte reste très sombre, dur, pessimiste, autour de la scène pivot de la femme violentée, que ce soit du fait des tchékistes soviétiques, ou des mafieux prostituant les jeunes femmes… Face à la brutalité et la bêtise masculine, face au refus de l'homme aimé, il ne reste de salut à la femme, selon l'auteur, que dans le calcul et la duplicité. Une vision noire de l'humanité.
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J'ai beaucoup aimé ce livre dont je n'avais que trop entendu parler. L'écriture est assez déroutante de prime abord : sèche et assez peu travaillée. Mais bien vite on se laisse prendre par l'histoire et on oublie la rudesse du style. L'histoire échappe aux clichés, elle nous surprend page après page. La nature humaine y est décrite dans toute sa complexité, et c'est sans doute la plus grande force de ce livre. L'alternance entre passé et présent est également très appréciable. Un grand roman.
Lien : http://madimado.com/2012/07/..
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1992, Aliide vit seule dans sa ferme estonienne. Elle nous livre son passé sans état d'âme, sans fioriture. A la fin du livre, une chronologie pour une meilleure compréhension du roman : 1940 – 1941, c'est l'occupation soviétique, 1941 – 1944, c'est l'occupation allemande, 1944 – 1991, seconde occupation soviétique et enfin, l'Estonie est reconnue par l'URSS et entre à l'ONU.
L'histoire, les événements et la vie des protagonistes seront racontés en majeure partie par Aliide, tantôt en 1992, tantôt dans les années quarante. Purge est un roman fort, il peut-être dérangeant, son écriture est percutante, sa réalité violente ; il mérite amplement la médiatisation que sa parution a provoquée. Un livre à lire !
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Les conditions imposées par les divers régimes politiques rendent la vie bien dure en Estonie.
La vieille Aliide vit seule dans sa ferme. Un jour elle trouve une jeune femme prostrée dans sa cour. C'est Zara. Que faire ? Peut-elle faire confiance à une étrangère ? La secourir n'est-il pas un risque ? Malgré ses craintes, elle décide de la faire rentrer.
A travers ces deux femmes, qui ne se rencontrent pas par hasard, on découvre cinquante ans de l'histoire de l'Estonie et les coutumes de ce pays.
Si Aliide ne m'a pas semblé sympathique, j'ai eu une véritable empathie pour Zara.
C'est un récit particulièrement prenant, même si les incessants sauts dans le temps entre 1942 et 1992 rendent l'histoire parfois un peu confuse. Quoiqu'une écriture linéaire dans le temps n'aurait peut-être pas eu le même intérêt.
Malgré certains passages qui m'ont paru un peu long, j'ai refermé le livre avec une sensation de trop peu.
J'aurais aimé savoir ce qu'il advenait ensuite de la vie de ces deux femmes.
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Quel beau roman, qui utilise l'histoire de l'Estonie de 1939 à 1992 pour nous peindre le destin de femmes. L'Estonie, indépendante depuis 1920, et occupée à partir de 1940, par l'Allemagne nazie d'abord puis par la Russie soviétique ensuite jusqu'en 1992. Comment vivre libre dans ce contexte et défendre son identité ? Comment chacun positionne sa vie quotidienne dans cette ambiance ?

La vie est rude pour ces femmes, la vie est faite d'humiliations, de peur, de délations, de trahisons. En 1992 Aliide, vieille femme qui vit une vie simple dans une ferme sera perturbée par l'irruption de Zara, jeune fille en guenille affalée dans la cour boueuse. Aliide, froide, dure et silencieuse va la recueillir. Toute l'histoire d'Aliide va s'écouler, depuis la jeune et amoureuse, jusqu'à la vieille solitaire, Aliide qui cache tous les secrets qui ont traversé ces temps si durs.

D'un point de vue historique le roman est très intéressant en ce qu'il nous fait découvrir à travers la vie des gens le destin de ce peuple dominé pendant si longtemps. du point de vue du récit, il est poignant et si le personnage d'Aliide ne porte pas à l'empathie, on se prend quand même à éprouver de l'affection pour elle. Et Zara, jeune fille qui rêve d'occident et d'argent et que la mafia transformera en esclave sexuelle, comment ne pas croire en sa fuite ? Et la rencontre entre ses deux femmes si contrastées ? Et si quelque chose de plus profond les rapprochait ?

Bien écrit, d'une lecture aisée malgré les thèmes abordés qui sont souvent lourds, et une ambiance pesante ce roman mérite un détour.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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Purge... le titre idéal pour annoncer un roman sombre, dur et sans concessions. Combien de fois ai-je pris ce livre sur mon étagère pour le reposer un instant plus tard en pensant que ce n'était pas le moment de lire un roman à l'ambiance pesante ? Et puis, cet été, pour des vacances à l'étranger, dans une nature verdoyante et pleine d'énergie, je me suis lancée.
Et j'ai eu raison. Il a suffi de quelques lignes pour être totalement conquise par ce récit à plusieurs voix.
J'ai voyagé dans le temps aux côtés d'Aliide, de ses amours, de ses silences, de ses choix, de ses peurs, de sa famille, de ses engagements dans ce coin d'Estonie rurale en proie à une occupation russe suspicieuse et délirante.
On découvre Zara, son envie de liberté et d'occident, sa naïveté, sa spontanéité, ses mauvaises rencontres, sa fuite et sa force pour s'en sortir quoi qu'il lui en coûte.
La rencontre de ces deux femmes est comme la rencontre de deux soldats couverts d'armures, de deux tortues sous leur carapace ou de deux huitres bien fermées... Toutes les deux, blindées, s'observant silencieusement, ne se faisant pas confiance. Petit à petit, elles vont apprendre à oser un geste, une parole d'approche, un regard vrai. Elles vont lentement ouvrir et révéler leur coeur et leurs sentiments bien enfouis sous des couches de peurs, de souffrances et de silences.
Ce récit est bouleversant, prenant et me renvoie à ma propre expérience de vie, à mes rencontres décisives, à mes choix de vie.
Impossible pour moi de rester insensible à ces destins obscurs qui cherchent la lumière, à ces êtres blessés qui arrivent encore à aimer, à l'Histoire qui se révèle castratrice de tant de peuples...
Les mots me manquent... le choc est là... Un livre magnifique qui va me hanter longtemps encore.
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