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3,78

sur 2318 notes
La Russie s'effondre. En Estonie, une vieille dame, Aliide, trouve une jeune fille, Zara, dans son jardin. Elle décide de l'accueillir. Elle voit bien que Zara lui ment et qu'elle cache un secret. Zara sait effectivement où elle est : chez la soeur de sa grand-mère. Les épisodes de guerre resurgissent, ainsi que les souvenirs d'invasion par les Russes. On découvre alors la vie d'Aliide, souffrant de jalousie envers sa soeur Ingel, qui non seulement se débrouille mieux qu'elle en tant que ménagère, mais trouve aussi un homme idéal, Hans, qui est anti-soviétique. Hans est obligé de se cacher. Quant à Aliide, elle se sacrifie, accepte le pire de la part des soviétiques pour ne pas avoir à dénoncer la cachette de Hans, dont elle est tombée amoureuse dès le 1er jour.
Un livre très bien écrit, qui montre à quel point les Russes ont pu se montrer atroces envers la population estonienne.
Les sentiments changent vis-à-vis de Aliide tout au long de notre lecture. On a d'abord du respect pour cette vieille dame solide et au bon coeur, puis de la pitié face à la jeune fille qu'elle a été, en manque d'amour et de reconnaissance et elle m'a inspiré aussi du dégoût : elle a été capable du pire envers sa propre famille, pour l'amour d'un homme. Un livre qui fait réfléchir.
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Attention, livre choc, éprouvant. En même temps, pour un livre qui a pour sujet les purges staliniennes en Estonie, c'est prévisible.
En Estonie, en 1992, Aliide est une vieille femme seule. L'effondrement de l'Union Soviétique est en cours. Dans son jardin, Aliide trouve une jeune femme à bout de souffle, épuisée, battue, c'est Zara. Celle ci est russe, mais habillée à l'occidentale et parle un estonien aux intonations vieillies. Aliide la recueille, la soigne. On apprend petit à petit que Zara la jeune fille est recherchée par un proxénète Pacha.... et qu'elle n'a pas rejoint la ferme d'Aliide par hasard.
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Sofi Oksanen raconte de façon entremêlée le destin de Allide, de sa soeur Ingel, du mari de sa soeur Hans de 1936 à 1950. En parallèle, on suit les réflexions d'Aliide en 1992 et de Zara,la jeune russe, en 1991. Les chapitres se succèdent sans respecter d'ordre chronologique (mais sans que cela reste gênant pour la compréhension, la lecture reste très fluide). Aliide raconte son enfance, le mariage de sa soeur ; Zara , sa vie à Vladivostok. Un journal intime raconte les pensées de Hans, résistant contre le régime soviétique, qui est obligé de se cacher dans un cagibi de la maison d'Aliide.
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J'ai été prise par cette lecture, les personnages principaux sont émouvants, terriblement pathétiques avec leur peurs, leurs espoirs et leurs passions.
Un roman où le sens olfactif a aussi une très large place : les plantes médicinales, l'odeur d'oignons et de sueur véhiculées par le mari d'Aliide, l'odeur de la peur....

Sans raconter l'histoire et le secret de cette famille, je ne peux m'empêcher de penser : quel monstre cette Aliide : en même temps comment la juger après toutes les souffrances qu'elle a endurées ? Sofi Oksanen ne juge pas et écrit sobrement « Dans la terre du désespoir poussent de mauvaises fleurs »
Le geste final et salvateur d'Aliide envers Zara rattrape t il un peu tous ses méfaits?
Lien : http://l-echo-des-ecuries.ov..
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J'ai commencé par lire « Les vaches de Staline » ; cette corrélation entre la boulimie et l'Estonie russifiée m'avait déjà impressionnée . Dans Purge, je retrouve les mêmes thèmes ; le passé qui contamine le présent, les secrets qui se dévoilent telles les matriochkas (ce qui est un comble pour un pays colonisé, russifié), la honte, les allers et retours entre le passé et le présent, l'Estonie sous le joug soviétique et l'Europe libre libérale.

Aliide est la petite soeur d'Ingel
Aliide fait toujours moins bien qu'Ingel
Aliide se sent rejetée face à la « supériorité » de sa soeur
Aliide aime d'un amour fou et unique Hans qui épousera… Ingel
Aliide est jalouse d'Ingel
Aliide et Ingel seront humiliées de la plus vile des façons….

Comme toujours, l'histoire se trame avec les fils de l'Histoire non pour former un tissu de soie, mais un cilice qui meurtrira les chairs plusieurs générations après.

Sofi Oksanen, à travers Aliide et Zara, raconte une nouvelle époque de l'histoire de l'Estonie. Un pays occupé par les allemands pendant la seconde guerre mondiale pour passer sous le joug de l'URSS.

Trois générations de femmes sacrifiées sur l'autel russe qu'il soit soviétique avec la purge ethnique ou postsoviétique. Victimes des pires sévices lorsque les russes les torturent pour qu'elles dénoncent les résistants estoniens, Aliide, Ingel et Linda, fille d'Ingel resteront toujours droites pour ne pas montrer que…. Et puis, il y a Zara, la 3ème génération, celle de la mafia russe. Elle fut envoyée se prostituer comme on envoie du bétail à l'abattoir.

Elles vont se rencontrer, mais est-ce du pur hasard ? s'apprivoiser, se confier. Leurs confessions croisées donnent une image dure et crue de l'occupant russe, des difficultés d'être une femme dans ce monde sous domination masculine. Petit à petit, les histoires s'ouvrent et l'on découvre l'horreur qui amène à un dénigrement de soi, le bâillonnement, le non-dit, les silences, la peur de l'autre ami ou ennemi. Elles vont essayer de laver leurs maux grâce à leurs paroles.

Livre brutal, dur, implacable, qui ne permet aucune respiration, aucune échappatoire. Les rapports en fin de livre font froids dans le dos. Tout comme dans « Les vaches de Staline», Sofi Oksanen explore l'histoire de l'Estonie, pays maternel, petit pays balte indépendant depuis 1991, gratte là où ça démange, là où les croûtes font mal.

C'est le 3ème ouvrage que je lis sur ce pays et je peux dire que ce furent 3 lectures qui ne se laissent pas oublier.

Il me faut rendre ce livre à la bibliothèque et, comme souvent, je n'en ai pas envie du tout. C'est un livre à avoir dans sa propre bibliothèque

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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J'ai commencé à lire Purge de Sofi Oksanen en français il y a quelques mois. Au bout d'une cinquantaine de pages, je m'étais avouée vaincue : je ne rentrais pas dans cette histoire trop touffue.

Et puis, L'Ogre a eu la bonne idée de se l'offrir en anglais…

Révélation ou meilleure disponibilité ? Peu importe, j'ai pris un plaisir terrible à lire ce roman dur, historiquement passionnant et qui a fini par totalement m'obséder.

Car il est impossible de rester insensible au destin parallèle d'Aliide et de Zara, deux femmes brutalisées par le siècle et que tout semble séparer.

Le récit est fait de retours en arrière, de documents, de lettres, allant de 1939 à 1992 en Estonie, en Russie et en Allemagne.

J'ai appris beaucoup de choses avec ce roman (présenté comme un thriller au Royaume-Uni), la principale étant qu'il ne faut jamais se fier aux apparences…

Si vous ne l'avez pas encore lu, précipitez-vous sur Purge !
Lien : http://logresse.blogspot.co...
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Un livre dur dont on ne sort pas intact , un témoignage sans fards des années de la dernière guerre puis des années de communisme dans un village perdu d' Estonie . L'histoire commence au début des années 90 , je ne vais pas raconter l'histoire , car le suspense haletant est un des atouts majeurs de ce roman .L'auteur fouille les âmes en profondeur, décortique L Histoire . L Histoire qui se répète , qui finit toujours par punir celui qui a agit pour de mauvaises raisons . Mais qui peut juger ? Qui peut dire ce qu'il ferait dans des circonstances difficiles ? Différents thèmes sont abordés ; jusqu'où peut-on aller par amour ? ; mais aussi les relations mères -filles , le passé et nos actes ont-ils une influence sur nos vies ? de nombreux flash back donnent une épaisseur au livre , vraiment rien à redire , écriture et thème magnifiques . Je me rends compte qu'il est difficile d'expliquer que ce livre est incontournable ; à lire absolument .
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Lecture étrange et intéressante.
Écriture froide, distante qui rend bien l'ambiance de cette période où l'URSS va disparaitre.
Écriture dure, âpre et juste pour mettre en lumière cette violence, ces mensonges et cette peur qui suent de tous les pores du récit.
Au sortir, on ne sait pas si l'amour est un prétexte pour raconter L Histoire ou si L Histoire sert de cadre à la narration d'un amour impossible.
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Née en 1977, Sofi Oksanen, a commencé à faire des études d'art dramatique à Helsinki avant de se mettre à l'écriture.
Son livre Purge évoque une période difficile de l'Histoire de son pays d'origine, l'Estonie, une nation occupée par les troupes allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale et soumise au joug soviétique pendant près d'un demi-siècle.
L'histoire de ce pays est retracée à travers le destin de deux générations de femmes sacrifiées, torturées par les Soviétiques qui voulaient qu'elles dénoncent les résistants, et ensuite bien plus tard, des femmes soumises au trafic des mafieux qui les envoient pour certaines, se prostituer en Occident.
Une amitié étonnante entre deux naufragées, Aliide, la vieille Estonienne aux airs de sorcière et Zara, une jeune femme qui a réussi à sortir des griffes de son proxénète.
"Pour certains Estoniens, la réalité était encore pire que celle que je décris" a dit Sofi Oksanen.
Un vibrant plaidoyer pour que cette période ne soit pas oubliée.
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Nous sommes en Estonie et nous allons être brinqueballés, secoués, plongés des années 30 à 90, en suivant l'histoire de deux femmes, Aliide et Zara, dont l'histoire nous est distillée par petites touches composant une fresque expressionniste.
Le pinceau est sec et tranchant, le trait dur, brut, les teintes sombres, sans presque de couleur ; quelques objets meublent le décor et occupent dans le tableau une importance surprenante alors que d'autres détails restent dans l'ombre ; des odeurs, des senteurs entêtantes s'exhalent et accentuent l'atmosphère oppressante ; dans le repli d'un papier peint qui se décolle, on aperçoit une araignée ; ici et là une mouche harcèle.

Récit haché où les époques s'entrechoquent, occupation allemande, puis soviétique, dont la fin laisse le champ libre aux mafieux de la prostitution. La ligne de temps est brisée et éclatée mais le récit semble trouver une unité dans le lien familial unissant les deux femmes, qu'on découvre peu à peu (Zara est la petite nièce d'Aliide) , et dans les blessures morales et physiques qu'elles ont toutes deux subies à une quarantaine d'années de distance. Aliide est passée par les interrogatoires dégradants de la sûreté soviétique, Zara est tombée dans les serres d'un mafieux et d'un réseau de prostitution.

J'ai eu de la peine à appréhender ce roman étrange, brut comme un caillou difforme, qui semble dur mais qui s'effrite à la manipulation comme pour ne pas révéler sa forme, pour dissimuler son coeur.
Les personnages ne se laissent pas apprivoiser, ils ne sont pas sympathiques au sens propre du terme. Même dans les épreuves qu'ils subissent, je n'ai pas ressenti de la compassion, tant la narration est froide comme le climat estonien. Les détails souvent glauques donnent la nausée, ne suscitent pas d'empathie. Si peu à peu, lentement, très lentement, on découvre les personnages, c'est de l'intérieur ; de leur aspect physique, je ne me suis fait aucune image ou alors très floue.
Ceci n'est pas une critique négative ; cette approche et ce style conviennent parfaitement au sujet, qui sans cela n'aurait qu'un intérêt réduit. Ce qui est important est moins ce qu'on dit que la façon de le dire.

Reconstituons brièvement le fil des évènements (que ceux qui n'ont pas encore lu le livre et qui souhaitent le découvrir sans que l'intrigue soit déflorée passent le paragraphe suivant).

Aliide vit avec ses parents dans une campagne estonienne reculée, à la limite d'une forêt.
Allide a une soeur aînée, Ingel, considérée comme plus douée qu'elle, ce qu'elle semble admettre.
Au cours d'une fête, Aliide a un coup de foudre pour un jeune homme, Hans, qui lui n'a d'yeux que pour Ingel.
Hans épouse Ingel, ils sont heureux et ils ont un enfant, une fille, Linda.
Aliide continue à vivre avec eux. Sa jalousie devient de la haine mais contenue et dissimulée.
Hans est poursuivi par les soviétiques pour sa collaboration avec les allemands durant la guerre.
Aliide et Ingel le font passer pour mort et le cachent chez elles.
La sûreté soviétique les soupçonne et ses agents les « cuisinent » en vain pour qu'elles avouent.
Par pur intérêt, Aliide se marie avec un proche de l'appareil soviétique, Martin.
Elle quitte alors la maison où elle est née et où vivent Ingel et Hans.
Aliide feint d'être une épouse aimante ; en réalité Martin lui inspire du dégout.
Sur base d'une dénonciation dont Martin et Aliide sont les auteurs, Ingel et Linda sont déportées.
Aliide connaît ainsi le bonheur de retourner vivre dans « sa » maison avec Martin.
A l'insu de son mari, elle continue d'y cacher Hans.
Aliide reste convaincue qu'un jour Hans reconnaîtra ses mérites et se rendra avec elle à Tallin, capitale de l'Estonie.
Elle sera un jour confrontée à la terrible réalité des sentiments réels de Hans et, dans sa rage, lui ôte la vie en bouchant l'issue et l'aération de la cache où il est confiné.
40 ans après, Zara, fille de Linda et petite fille d'Ingel, vient s'échouer chez Aliide, après s'être échappée de l'emprise de ses souteneurs.
Depuis le départ des soviétiques, Aliide vit recluse et dans la crainte de représailles des nationalistes estoniens.
Zara, une inconnue pour Aliide, sait par contre chez qui elle est.
Aliide appréhende avec méfiance et prudence cette fille traumatisée, qu'elle recueille cependant.
Le face-à-face est étrange et plein de non-dits, chacune des deux protagonistes voudrait percer l'histoire de l'autre, sans l'exprimer.
Puis Aliide découvre qui est Zara. Elle tue les souteneurs qui avaient retrouvé sa trace, rachetant ainsi en quelque sorte son crime précédent en permettant à Zara de s'envoler vers une autre vie.

On trouvera dans ce roman une évocation historique à travers un regard féminin ou encore une illustration des violences faites aux femmes et de leur lutte pour y résister ; la personnalité de l'auteur prêche pour ces intentions. On y verra aussi une intrigue habilement montée : des faits somme toute très simples forment des interrogations par le style abrupt du narrateur, par l'éparpillement du fil chronologique et par le caractère introverti des personnages.

Je pense cependant que ces éléments ne constituent que la trame du sujet essentiel : la passion unilatérale et intériorisée d'une femme complexée, exacerbée par la jalousie, devenue une obsession, une fixation hantant tout son être, commandant chacun de ses actes, orientant toute sa destinée.
C'est cette dérive, à la limite de la simplicité d'esprit ou de la folie, qui est le liant du récit, son noyau autour duquel il gravite et dont le lecteur ne peut apercevoir l'importance avant d'arriver au bout du voyage.
A propos de fin, celle qui nous est donnée sous formes de multiples fiches de renseignements provenant de la sûreté soviétique et révélant sous un jour étonnant les activités d'Aliide et de son mari Martin, est quelque peu lassante dans son énumération répétitive du travail des « agents de recrutement » à la solde des soviétiques. En dehors de cette surprise sur le rôle des protagonistes, nous y trouvons la relation froide, technique et dépouillée de tout détail émotionnel, des actes dont l'autre aspect et les conséquences nous ont été décrits auparavant de façon profondément ressentie.

Ceci dit, la grande qualité d'une oeuvre est de multiplier les facettes et de permettre des regards différents ; en cela, Sofi Oksanen réussit pleinement et mon interprétation n'en est qu'une parmi d'autres.
La dernière page tournée, ou plutôt quelques jours après, me reste surtout ce style particulier, tantôt sec, tantôt fourmillant d'images, quelques fois surprenantes, pour nous transmettre une bribe de sentiment, de sensation, d'état d'âme de personnages ou une image de lieu, dont les contours restent assez flous.
J'ai aussi le sentiment qu'une seconde lecture, qui serait moins encombrée de la suite du fil, m'apporterait de nouvelles perceptions, preuve de la richesse du roman.
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Purge porte bien son nom : on ressort vidé de cette histoire, d'ailleurs personne n'en ressort indemne. On peut être dégouté, passionné, stupéfait, écoeuré mais cette histoire est touchante pour bien des raisons. le destin tragique de ces deux femmes est similaire à deux époques différentes : se servir de son corps pour survivre. L'auteur à un style direct cru qui va au plus profond de l'horreur pour bien faire ressortir la peur ou plutôt la terreur et la honte, et mène son histoire lentement avec parcimonie, une véritable torture mentale. Un prix littéraire amplement mérité.


Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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2 femmes, 2 destins, à travers l'ère soviétique et post-soviétique. Je n'ai relevé aucune citation pendant ma lecture. le style d'écriture est court, noir et froid : tout à fait en adéquation avec le récit. L'auteur décrit des événements abjectes de manière crue et direct. Sa force est de déployer avec subtilité un pouvoir de suggestion concernant ces événements les plus atroces. Il n'est alors plus nécessaire de les décrire dans le détail, mais simplement de donner l'impulsion aux lecteurs pour s'immerger dans les pires monstruosités. J'ai apprécié cet ouvrage principalement pour la psychologie du personnage principal qui est particulièrement intéressante à travers ses choix et ses contradictions.
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