Nous retrouvons Johnnie en bien mauvaise posture. Sa maman est morte dans le plus complet dénuement, et lui se retrouve seul et sans un sou vaillant, vêtu de haillons et transi de froid, à Londres, ville tentaculaire où grouillent des millions de femmes et d'hommes indifférents au sort de l'autre… Pour unique trésor, il a le carnet de sa mère où elle lui raconte sa vie tumultueuse et pleine de drames… Pauvre Mary, si faible, si naïve, simple jouet de grands escogriffes à favoris, et qui trouvera son salut dans une fuite éperdue…
À travers l'écriture hâtive de sa maman, Johnnie fera enfin connaissance de sa famille. Il découvrira leur sombre destin : un grand-père assassiné, un père déclaré fou, une mère qui tremble d'effroi à chaque seconde de son existence… Lecture exaltée à la faible lueur d'une bougie où tant de sombres secrets lui sont dévoilés.
Il n'en reste pas moins une pièce maîtresse de ce jeu impitoyable qui se joue sur plusieurs générations. Un jeu qui, au nom d'une insatiable cupidité, broie êtres et âmes. Sa vie est le seul obstacle empêchant ses ennemis jurés, la famille Clothier, d'hériter du domaine de Hougham. Et ils le poursuivront sans relâche pour parvenir à leur fin.
Pour survivre, Johnnie devra se méfier de tout et de tout le monde. Dans cette incroyable comédie humaine en train de se jouer, les plus charitables ne seront pas forcément les mieux intentionnés… Autant le dire, Johnnie ne parviendra pas à se protéger de l'extraordinaire complot ourdi contre lui et sa famille. A la fin de ce troisième tome, il apparaît abattu, vaincu… Quel ange gardien, quelle bonne âme parviendra à lui tendre une main secourable ?
Un formidable roman d'aventure qui nous tient en haleine et nous fait voyager dans ce Londres du XIXème siècle, mégalopole malfaisante, cruelle et noire de suie où toutes les bassesses de l'âme humaine peuvent s'exprimer.
Commenter  J’apprécie         651
Cela paraissait impossible et pourtant ce troisième tome du "Quinconce" gagne encore en noirceur.
***ALERTE SPOILER***
John Huffam, tout jeune et miséreux qu'il soit, est bien obligé de se débrouiller par lui-même dans les bas quartiers londoniens à présent qu'il est seul, sa maman n'ayant pu supporter la déchéance sociale et financière qui l'a réduite à la mendicité.
Dans ce tome, bien que les pièces du puzzle de son héritage continuent de se mettre en place avec une lenteur parfois horripilante, c'est surtout l'enjeu de survie du jeune orphelin qui tient le lecteur en haleine. Sans ressources ni relations, John semble condamné à la plus triste des solitudes et à une existence véritablement misérable.
La solitude et le désespoir du personnage principal d'une part et le fait que ce dernier soit obligé de s'acoquiner avec une bande de voleurs d'autre part, font plus que jamais de ce tome un roman jumeau de l'"Oliver Twist" de Dickens.
Commenter  J’apprécie         221
Dans ce 3ème tome, on retrouve Johnnie qui retourne à Londres pour retrouver sa mère et tenter de percer le mystère qui entoure sa naissance.
J'ai beaucoup apprécié ce tome qui est beaucoup plus dynamique que les précédents, il m'a tenue en halène de bout en bout et j'ai hâte de découvrir la suite. Il y a eu de nombreuses révélations mais il reste encore des pans sombres de l'histoire de Johnnie et de sa famille à éclaircir.
En bref : bien mieux que les précédents ! A lire.
Commenter  J’apprécie         10
- Pardonnez-moi, Monsieur.
Je m'efforçai alors de poursuivre :
- Ma mère... ma mère vient de mourir, et je n'ai pas de quoi l'enterrer.
- Alors, tu peux dire que tu as de la chance, toi ! s'écria-t-il.
Je le contemplai, interloqué. Il mit un soin minutieux à s'essuyer les mains, avant de reprendre :
- Nous enterrons les pauvres une fois la semaine et, par bonheur, c'est demain que tombe le jour des funérailles.
Mais sans un sous vaillant, l'estomac criant famine, j'étais bien obligé de réfléchir à l'avenir. Je songeai à Londres, ce monde infini aux innombrables rues, places, courettes, boyaux où fourmillent des millions d'habitants. Je ne connaissais personne dans cette foule grouillante que ne préoccupait guère le sort du prochain. Personne à qui demander assistance, personne à qui il importait que je vive ou meure.
Nous avancions comme en dehors du temps, dans un monde soudain réduit au silence par la neige, dont le manteau ouaté étouffait le pas des rares piétons et le martèlement de roues et de sabots des attelages qui s'aventuraient par les rues. J'avais l'impression que plus rien n'existait, en dehors du mouvement de mes jambes et de la douce blancheur des flocons qui voltigeaient au-dessous de nous.
Les jours suivants, Emma était toujours présente à mon chevet chaque fois que je m'éveillais. Ce fut de ses blanches mains que je reçus la nourriture qui m'aida peu à peu à retrouver la santé : du pain trempé dans du lait et du miel, pour commencer. Sa mère la remplaçait parfois, mais il y avait constamment l'une ou l'autre dans la chambre. Quand je me réveillais la nuit, j'étais sûr d'apercevoir Emma au coin du feu, en train de lire ou de broder à la lueur dansante des flammes. J'étais très touché du soin que les deux femmes prenaient à me veiller elles-mêmes, au lieu de me confier à leurs bonnes. Du reste, à part Ellen, la servante âgée, qui apportait ou remportait les plats ou les affaires, je ne voyais même pas les domestiques.
C'était le dortoir des hommes et, malgré l'heure très matinale, on réveillait déjà les patients pour les habiller. Contemplant tous ces visages qui m'entouraient, j'y vis autant d'expressions de la dégénérescence, du crétinisme et de la manie : des visages durcis par les sévices et la souffrance, d'autres au contraire brisés par les épreuves, certains rendus combatifs par l'impérieux besoin de se prouver leur propre valeur, d'autres encore aux yeux vides à jamais. Plusieurs portaient comme moi des camisoles de force. Je tentai de trouver ne serait-ce qu'une seule personne en qui l'on pût discerner un signe d'intelligence et d'humanité.
Kim, libraire du rayon Littérature, présente le Quinquonce de Charles Palliser paru aux éditions Libretto.