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EAN : 9782070647965
256 pages
Gallimard (02/02/2013)
3.84/5   649 notes
Résumé :
Un matin, Louise, excellente élève de terminale S, a un malaise en plein cours de maths. Quelques instants plus tard, elle accouche seule d'un enfant dont elle ne savait rien, qu'elle n'a pas attendu, encore moins désiré.
A partir de ce jour commence pour Louise un cheminement difficile, jalonné de questions. Comment ce petit garçon de 3,3 kg peut-il être son fils ? Elle n'a pourtant jamais couché avec personne... Qui peut être le père ? Que s'est-il passé ? ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (282) Voir plus Ajouter une critique
3,84

sur 649 notes
Elève de terminale S, Louise est promise à un brillant avenir. Elle aime les matières littéraires, elle hésite entre Sciences Po, HEC et Hypokhâgne pour l'année prochaine, mais elle a encore un peu de temps pour se décider, on n'est qu'en octobre. Et puis sa vie bascule un matin en cours de maths : malaise, crampes abdominales, elle quitte la classe et file aux toilettes, accompagnée d'un camarade. Le copain l'attend dans le couloir, fume une clope devant la fenêtre (y a pas le droit, mais bon), s'inquiète, voit du sang, alerte le proviseur, les pompiers mettent un temps fou à arriver, les manifs contre la réforme des retraites bouchent les rues. Louise est envoyée à l'hôpital...

Entre ces 250 pages, on parcourt un long chemin avec Louise, un long chemin douloureux. Ce parcours n'est pas rectiligne, il bifurque, on revient sur ses pas, on n'est pas sûr de ses choix - Louise est encore si jeune, malgré sa force de caractère - et ça fait tellement mal de voir qu'on s'est trompé, il faut se réarmer de courage pour reprendre une autre direction, repartir, retrouver la force alors qu'on pensait être au bout du rouleau.

Roman magistral sur le déni de grossesse. Isabelle Pandazopoulos évoque ce sujet complexe avec beaucoup de talent et une grande sensibilité. La polyphonie de la narration est parfaite pour en montrer tous les aspects, tous les problèmes qui peuvent s'y rapporter de près ou de loin : déni des parents de la jeune fille, chaos parmi les proches (amis et famille), dépression adolescente, premières amours et découverte de la sexualité, maternité...
L'auteur a le ton juste, le roman est très émouvant, jamais mièvre ni caricatural. Je l'ai lu avec beaucoup d'émotion - certaines scènes sont bouleversantes - et un sentiment d'énorme gâchis, pour le bébé, Louise, ses parents, le père de l'enfant, les autres jeunes filles du centre : toutes ces vies à reconstruire, ces personnes à remettre debout...
J'ai notamment été touchée par ce message, parmi beaucoup d'autres : quand un proche va très mal, il faut savoir cacher sa propre douleur.
« Je ne peux pas affronter leur souffrance, leur regard, je n'en ai pas la force » dit Louise qui, au fond du gouffre, ne reproche rien à ses parents mais ne veut plus, ne peut plus les voir.
« C'est monstrueux, ils n'y sont pour rien. Je sais mais je ne peux pas, je ne suis plus leur petite fille. Et c'est celle-là qu'ils voient, celle que je ne suis plus. »
C'est dur à entendre, oui, c'est insupportable de ne pas pouvoir aider et même d'entraîner plus encore vers le fond, mais laissez-là se reconstruire, s'accepter, s'estimer à nouveau digne de vous...

Superbe. ♥
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Difficile pour une jeune fille de Terminale de décider si elle va garder ou pas l'enfant qu'elle vient de mettre au monde alors qu'elle ignorait totalement qu'elle était enceinte.


Mais est-ce le cerveau qui doit travailler, ou le coeur?
Ici, en l'occurrence, Mathilde Beaulieu se sent dévastée, en totale inadéquation avec la vie qu'elle menait, avec son entourage, ses parents, son petit frère, ses amis de toujours, dont Mélissa, sa meilleure amie.
Un grand vide intérieur la submerge et elle gamberge.
Evidemment, tout l'appareil classique est mis en place : assistante sociale, psychologue, médecin obstétricien, infirmière, tous guettent ses moindres gestes, ses moindres changements d'expression, battements de cils, pleurs… Et Mathilde n'en peut plus. Car elle affirme qu'elle n'a jamais eu de relations sexuelles, et personne ne la croit. Même les filles de la maison d'accueil dans laquelle elle demande à aller la considèrent avec méfiance.
C'est que la relation avec le petit bébé s'amorce bien difficilement, et personne ne comprend pourquoi le déni de grossesse continue alors que la naissance a eu lieu.


Roman choral mettant en scène cet entourage ainsi que Mathilde, bien évidemment, "La décision" nous plonge au coeur de ce problème de société que l'on rencontre encore assez souvent au détour de faits divers assez glauques.


Roman très intéressant, donc, mais qui ne m'a pas emportée outre mesure et je n'arrive pas à savoir pourquoi. Difficile pour moi d'éprouver de l'empathie pour l'un ou l'autre des protagonistes, peut-être en raison du style, assez commun, aux idées assez répétitives. J'avais l'impression que "ça n'avançait pas".
Roman destiné aux adolescents, mais je pense que je ne leur proposerai pas pour les raisons que je viens de donner.


En résumé, le thème est important, attire l'attention, le système de narration est bien choisi, mais il y a ce petit quelque chose qui m'empêche de le considérer comme un coup de coeur.


De toute façon, ce n'est pas à moi à vous (dé)conseiller de lire ce roman.
Chacun doit prendre personnellement la décision.
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un beau livre, fort, âpre et sensible
une lecture qui nous hante, qui laisse flotter une sensation de malaise diffus
l'héroïne, Louise, ca pourrait être nous, ca pourrait être une jeune femme de notre entourage, et c'est terrible

le livre est écrit sans fioritures, et à plusieurs voix
tour à tour, nous avons la voix de Louise, celle de Samuel, celle de la mère de Louise, de son père, des différentes personnes de la maternité ...
ce qui nous permet de découvrir différentes versions de l'histoire, et des éléments, avant les révélations et le dénouement

Louise : une belle jeune femme blonde, mince, élève douée en Terminale S, qui joue du violon et reste très secrète
au début, on ne sait pas grand-chose d'elle
prise d'un malaise en plein cours de maths, ce qui étonne tout le monde, elle se dirige vers les toilettes, suivie plus qu'accompagnée, par Samuel, un jeune surdoué qui est aussi le délégué de classe

Louise accouche rapidement d'un petit garçon, un bébé de 3,3kg et c'est le malaise
malaise de tous, car personne ne l'avait deviné, Louise n'avait pas senti venir le bébé, n'avait pas ressenti la grossesse, n'avait pas même grossi !
malaise psychique, Louise ne peut-elle, ou ne veut-elle, se souvenir ?
que s'est-il passé ? Louise prétend ne pas se souvenir et ne pas avoir eu de relations sexuelles
malaise physique aussi, Louise a du mal à réaliser qu'elle a mis au monde un enfant, il reste d'ailleurs quelque temps sans même un prénom
malaise encore, à plusieurs reprises, Louise saigne encore, Louise s'évanouit, comme si son corps devait évacuer trop de tensions, de mystères, de soucis

malaise encore vers la fin, même si des vacances en Bretagne, puis un séjour dans un foyer de jeunes femmes, vont faire évoluer Louise
quel avenir pour Louise ? quel avenir pour son fils Noé ?
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Il m'est difficile de trouver les mots justes pour parler de ce récit qui m'a fait passer par de multiples émotions. de l'agacement à la révolte en passant par l'empathie, la colère, la compassion… j'ai ressenti toute une gamme de sentiments divergents.

Et c'est là toute la force de l'écriture d'Isabelle Pandazopoulos. En nous proposant un récit choral, elle nous plonge dans les pensées intimes de tous les protagonistes. Nous ne sommes pas seulement confrontés à Louise. Nous entrons tour à tour dans la peau de ses amis, de ses parents, des médecins, infirmières et psychologues qui l'entourent. Leurs réactions, leurs paroles nous apaisent ou nous révoltent, emportent notre assentiment ou notre colère et ce, jusqu'aux dernières lignes du récit.

Au-delà de l'histoire, des zones d'ombre que Louise cherche à combler, de l'enquête menée pour comprendre, c'est la richesse psychologique des personnages et la justesse des échanges que je retiendrai. On sent que l'auteure s'est immergée dans un centre maternel pour appréhender de l'intérieur l'univers des mères adolescentes. le ton est juste, cohérent, sans fausse note. Rien n'est laissé au hasard. Même pas le nom du lycée de Louise, Olympe de Gouges.

C'est un livre bouleversant, poignant, même s'il ne tire pas des larmes. Il a fait écho en moi et vu mon âge, je me suis glissée successivement dans la peau de Louise, de sa mère ou des éducatrices. Et je me suis surprise à penser et réagir de manière différente, ce qui m'a aussi interpellée.

Bien sûr, le déni de grossesse est au centre de l'histoire. Mais elle nous parle aussi de la maternité, de son choix ou de son refus, de notre capacité à être mère, de l'instinct maternel -existe-t-il vraiment ? Elle nous parle aussi de tous les bouleversements qu'implique une naissance.

Une formidable leçon de vie, un sujet grave très bien traité, un roman qui force à réfléchir et qui peut être lu par les garçons comme les filles, chacun ayant un rôle à jouer dans une relation amoureuse.

A lire, avant que…

Lien : http://argali.eklablog.fr/la..
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Tout d'abord, je remercie Les Editions Gallimard pour ce roman. C'est un livre qui m'aurait attiré à la base : le thème et la couverture m'ont intrigué. Ce n'est pas que je n'ai pas aimé ce livre... C'est que j'ai beaucoup de chose à lui "reprocher", trop, pour pouvoir lui mettre un 3/5 et le classer au final dans les livres « qui m'ont plus sans me plaire, que j'oublierai vite ».

La décision d'Isabelle Pandazopoulos est un roman de presque 250 pages qui sera publié le 31 Janvier 2013 par les Editions Gallimard, dans leur collection Scripto. L'auteur a choisi de nous parler du déni de grossesse en mettant en scène Louise, une adolescente belle, bonne élève, sage… bref : parfaite, qui va accoucher d'un petit garçon pendant un cours de math. Louise est persuadée de n'avoir jamais eu de relations sexuelles avec un garçon mais on refuse de la croire. Que faire de ce bébé tombé du ciel ? le garder ? L'abandonner ? Pour sortir de cette épreuve, Louise devra parcourir un long chemin...

En lisant la préface que l'auteure adresse aux chroniqueurs on-lit-plus-fort, j'ai découvert que j'avais lu son précédent roman de la même collection : On s'est juste embrassé, que je n'avais pas aimé... Loin de rester sur ce premier avis plutôt mitigé, je me suis attelée avec entrain à ce nouveau livre qui n'a pas duré une journée... Au départ, j'ai été désarçonnée car je m'attendais à suivre le point de vue interne de Louise, avec un narrateur en "je". L'auteure a fait choix de reléguer ce point de vue parmi tant d'autre, ce qui, à mon avis, porte préjudice au roman et au sujet qu'elle aborde. En effet, je me suis sentie éloignée du thème et de Louise, de ce qu'elle vivait et ressentait. Car s'il est marqué dans la couverture que "Professionnels, famille, amis, tous vont aider Louise à passer de l'état de choc où elle se trouve plongée au retour à la vie", j'ai plutôt eu l'impression que tout le monde la jugeait sans chercher à l'aider. Notamment ses parents : j'avais l'impression qu'ils la traitaient comme une coupable, qu'ils la rendaient responsable... Je ne crois pas que ce soit le but recherché de l'auteure, au contraire, et je conçois que les parents soient choqués, désemparés et qu'ils se sentent impuissants... Il n'empêche que j'ai eu l'impression qu'ils la rendaient coupable de ce qui arrivait. Notamment par les mots qu'ils choisissaient quand ils parlaient... Les professionnels m'ont paru vouloir l'aider mais l'auteure faisant choix de nous dévoiler leurs pensées, j'ai eu aussi cette impression de jugement. Quant à ses amis, ils sont très en arrière-plan et le seul que j'ai aimé est Samuel ! En gros, je n'ai aimé aucun personnage secondaire !
Quant à Louise, la protagoniste, si c'est le personnage que j'ai préféré, je n'ai pas su m'y attacher. le fait de ne pas suivre ses propres pensées dès le début du roman me l'a fait découvrir comme les autres la voyait et non pas comme elle était vraiment.

Dans ce début de roman, l'auteure a incorporé un rapport de SAMU et des articles de lois. Malheureusement, j'ai l'impression que ce n'était qu'une ébauche non aboutie de quelque-chose, rendant ces articles seuls et un peu en plan...

L'histoire se déroule sur quelques semaines, six environ. J'ai eu l'impression qu'elle s'étalait sur 2 ans et j'ai trouvé ça long. Au début du roman, on nous dit que Louise a 3 ou 4 jours pour décider du sort de son enfant... Décision qu'elle prend à la fin du livre ! Je ne crois pas que ce soit une contradiction de la part de l'auteure mais ça m'a "dérangé". « Interpellé » serait sûrement plus exact. J'ai trouvé le laps de temps de l'histoire peut-être trop long pour ce qui est de la décision à prendre...

Autre point, totalement personnel cette fois-ci, mais qui a contribué à cet avis mitigé : le style d'écriture. Pour moi, une phrase commence par une majuscule et se termine par un point. Or, l'auteure utilise un style souvent retrouvé dans le but de nous montrer le désarroi d'une personne, de montrer à quel point elle est perdue : "le style de la succession de virgule" (ne connaissant pas de terme particulier pour désigner ce style...). Petite citation: "[...] je marche à côté de moi-même, absente, désincarnée, il n'y a pas de rapporte entre ma tête et mon corps, si peu, je ne suis qu'une image à laquelle tout le monde croît, mais dedans rien à l'intérieur rien, rien senti, rien vu venir, rien, je suis une tête sans corps, privée de sensations, sentiments, une machine, anormale... qui s'est mise en route, seule, sans moi, sans ma tête qui s'acharnait sur des gammes, encore plus de vélocité, une trille légère..." le passage fait plus d'une page donc je ne vais pas tout citer, mais c'est pour que vous compreniez de quoi je parle. Personnellement, ce genre de passages, je les lis de travers... de longues phrases : Oui. Une page de virgules : non…
L'auteure mélange ce style à virgule avec un style classique de phrases "normales", ce qui donne un aspect assez bizarre par moment (mais qui m'a permis de terminer le livre...) car on change sans arrêt de style dans la manière d'écrire, comme si l'écrivain n'avait su choisir...

Ce que je voulais savoir surtout, c'était l'identité du père, sur laquelle je m'étais trompée, et le "pourquoi" du déni. J'ai été déçue par ce "pourquoi". J'aurais aimé que l'auteur choisisse un pourquoi qui aurait pu être davantage travaillé et approfondit. Un pourquoi qui aurait demandé un travail sur soi, un traumatisme dont personne ne pouvait se rendre compte. Un « trois fois rien » qui aurait déclenché ce déni. Or, ça m'a semblé "logique". Comme si ce déni était une suite logique de ce que Louise avait vécu, notamment à cause de cette amnésie. Ceux qui liront ce roman comprendront pourquoi je dis cela, je pense...

Que conclure de ce roman ?

J'ai trop de chose à reprocher à ce roman pour pouvoir dire qu'il m'a plu. le thème de base me tentait mais j'ai trouvé qu'il restait trop superficiel et pas assez creusé car la raison du déni m'a semblé être une réponse 'logique" et non pas un traumatisme dont personne ne soupçonnait rien. de plus, j'ai trouvé que le style narratif de l'auteure pénalisait le thème en instaurant une trop grande distance avec Louise et en montrant un jugement négatif autour du déni de celle-ci, comme si elle était coupable. Les passages à succession de virgules m'ont particulièrement agacée et je les lisais de travers.
Bref, je n'ai pas été convaincue par ce roman, qui, selon moi, ne transmet que très peu d'émotion et ne va pas assez en profondeur...

Lien : http://freelfe.blogspot.fr/2..
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critiques presse (2)
LaPresse
19 avril 2013
Isabelle Pandazopoulos leur laisse la parole, variant les narrateurs, donc les points de vue. Il se dessine ainsi un portrait en relief qui secoue, qui dérange. Qui fait réfléchir. Et fait tomber bien des préjugés.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Ricochet
15 février 2013
À sujet choquant, traitement délicat. Isabelle Pandazopoulos saisit les pensées des personnages confrontés à l'arrivée du bébé avec un naturel qui force l'admiration. [...] Une lecture dérangeante abordée avec pudeur, une lecture marquante autour d'un extraordinaire qui ne l'est malheureusement pas tant que cela…
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (100) Voir plus Ajouter une citation
J'étais blottie contre elle [ma mère], tout contre, elle passait ses mains dans mes cheveux, doucement, tendrement, sans rien dire, et peut-être ai-je pu croire, comme elle l'a cru aussi, que j'avais du chagrin, simplement du chagrin, un de ceux qui nous étreignent et nous angoissent, qui nous font pleurer et puis qui s'estompent et enfin disparaissent. Juste un chagrin de passage.
Les larmes ont cessé de couler mais le noeud qui me serrait la gorge ne s'était pas dissous. J'étouffais. Il fallait que je sois seule. J'ai repoussé ma mère. C'était pas du chagrin. Ça n'avait pas de nom, ça ne se consolait pas, ça ne s'oubliait pas, c'était là, c'était moi tout entière.
(p. 91-92)
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Elle a tourné la tête de l’autre côté, lèvres serrées, bouche close, à nouveau résolument lointaine, ça la menaçait trop, l’idée la rendait folle, je le sentais, j’ai repensé au verre qu’elle avait jeté contre le mur, c’était pareil à l’intérieur, elle aussi éclatée, éparpillée en milliers de petits morceaux acérés et tranchants, obligée de refuser l’évidence, elle ne pouvait accepter ça, il s’agissait de sa propre survie.
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Elle est revenue à elle, je m'approche, elle m'entend, j'imagine qu'elle a ouvert les yeux, je pose ma main sur son épaule, elle ne réagit pas, je ne dis rien, je veux juste qu'elle sache que je ne suis pas partie, elle se dégage brusquement, la sensation de ma main lui est insupportable, je suis ce qu'elle refuse, ce qui n'existe pas, je suis ce bébé qu'elle n'a pas mis au monde,elle me hait, ça frémit sous le drap, elle pourrait, elle en rêve, m'étrangler ou m'arracher les yeux, elle pourrait, il faut bien qu'elle se défende, ça l'étouffe, ça l'écrase, ça l'empêche d'être en vie, elle s'agite dans son lit, se tourne de l'autre côté, le drap ne suffit plus à cacher ce qu'elle sent, il faut qu'elle me tourne le dos, encore un peu de temps, me dit-elle en silence, encore un peu pour elle, il faut qu'elle se rassemble, son souffle est régulier, elle ne pleure plus, quelque chose à changé, je le vois malgré le drap qui la cache, ce n'est plus le même corps, je m'assois au bord de son lit, elle l'accepte, je lui dis :

- C'est normal, tu sais, tout ce à quoi tu penses, toute cette colère et cette violence, puisque tu ne savais pas, c'est monstrueux, cette chose que tu n'as pas voulue, comment faire avec ça ?
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Louise dormait, paisible, un peu pâle, ma fille, ma petite, la même que j'avais regardée partir de la fenêtre ce matin pour se rendre à l'école. J'avais beau me raisonner, je n'arrivais pas à y croire. Yannick se tenait derrière moi, lointain, silencieux. On n'osait pas se regarder. Je me suis remise à pleurer, doucement. Yannick m'a prise dans ses bras. Je suis sortie de la chambre à contrecoeur.
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Rien ne reste aujourd'hui de l'innocence qu'on arborait ce matin-là. Comme si nous avions brusquement arraché nos masques d'enfants sages, ce n'était plus un jeu, la vie en vrai nous a sauté au visage, on est devenus grands, capables de faire des choix, des bons et des mauvais, d'être courageux, lâches, lucides ou hypocrites, insolents ou soumis, des hommes honnêtes ou des monstres.
Ou tout ça à la fois.
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Vidéo de Isabelle Pandazopoulos
Cette rencontre est organisée par la bibliothèque Robert-Desnos de Montreuil dans le cadre du festival Hors limites 2021.
Professeure de lettres au plus proche des préoccupations de ses élèves (Jean-Xavier de Lestrade, dans sa minisérie "3 × Manon", s'est en effet inspiré d'elle pour créer son personnage d'enseignante), Isabelle Pandazopoulos a toujours mis au coeur de ces romans les problématiques qui traversent la vie des adolescent·e·s. Ses livres sont de véritables miroirs pour ses jeunes lectrices et lecteurs, des outils d'optiques pour s'examiner soi-même et construire son histoire à travers celle des autres.
S'exprimer à voix haute, argumenter devant un public, affirmer son individualité dans les mots malgré la timidité, le sentiment d'illégitimité ou même le handicap, c'est bien le sujet de ses deux derniers romans, "Demandez-leur la lune" (Gallimard jeunesse, 2020) et "Parler comme tu respires" (Rageot, 2021). C'est, peu ou prou, la situation dans laquelle se retrouveront les membres du club de lecture LékriDézados de la bibliothèque Robert Desnos qui l'interrogeront, après avoir été accompagné par Sylvie Fagnart, journaliste en résidence dans les bibliothèques de Montreuil. Et sans doute ont-ils conscience qu'en la faisant parler d'elle, ils nous parleront sans doute aussi un peu d'eux…
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