Fragment de journal 1961
extrait 2
Ah, matin ! Je le sais, je le sais, c’est l’été : immobile
comme une mer, dans sa fraîcheur,
la ville est prête pour une journée entière,
et ses bruits sont purs et affligeants,
comme si les hommes étaient de fraîches
colombes, de doux éléphants… des bêtes en vie…
31 juillet 1961
/Traduction René de Ceccaty
Fragment de journal 1961
extrait 1
Je sais pourquoi je me réveille avec tant de force au cœur :
la force d’absorber la nouvelle, la douce
puissance du jour, réveillé avant moi,
et d’exprimer avec les mots les plus découverts
l’absolu déjà atteint en secret
et en paix : c’est de la douleur, ma douleur qui toujours
a une raison, elle n’est jamais sans objet,
ce n’est pas une névrose : c’est de la colère, de la déception,
de la peur, de la fureur, qui physiquement
maintenant m’ensanglantent la poitrine, la gorge.
…
31 juillet 1961
/Traduction René de Ceccaty
je sors du bar, moi, triste parmi ces joyeux
chair parmi ces esprits; et arrive
quelque chose de terrible...oh rien qu'un frisson,
une sensation, un rien...Evidemment
j'étais étourdi par tout ce soleil dominical...
Comme sortant de l'intérieur, je mettais un pied
au-delà de la clôture de joncs secs du bar,
tout fut derrière moi.
PIER PAOLO PASOLINI / UNE VIE VIOLENTE / LA P'TITE LIBRAIRIE