C'était en 1961. Un trio célèbre et intellectuel visitait alors l'Inde.
Alberto Moravia, sa femme
Elsa Morante et leur ami
Paolo Pasolini. Deux d'entre eux en tirèrent un récit de voyage :
Une Certaine idée de l'Inde pour
Moravia et
L'Odeur de l'Inde pour
Pasolini. Comme l'a dit lui-même
Moravia dans un entretien (reproduit en annexe de ce livre), le parti pris de ces deux livres est bien différent : « Pour ma part, cela consiste à accepter sans s'identifier ; pour
Pasolini (…) il s'agissait de s'identifier sans accepter vraiment. »
C'est le livre de celui qui accepte sans s'identifier que j'ai choisi de lire. En réalité, ce livre m'est apparu plus comme une série d'articles que comme un véritable récit de voyage. Et des articles d'un intellectuel brillant, dont les phrases font mouche, j'aurais pu en citer beaucoup.
Moravia semble avoir ressenti en Inde ce choc culturel qui semble commun parmi les Européens découvrant ce pays-continent. Son livre, malgré sa brièveté, ressasse les mêmes thèmes de la religion, de la pauvreté, des castes, de la religion encore… Sa traduction en phrases d'Européen de ces réalités m'a aussi permis de mettre des mots sur ces sensations contradictoires qu'inspire ce pays qui se laisse approcher mais ne se livre pas si facilement.
En définitive, parce que ce n'est ni un récit de voyage qui emmène le lecteur sur les routes au fil des pages, ni une étude profonde de l'Inde, il me semble que ce livre s'adresse avant toute chose à ceux qui connaissent un peu l'Inde ou qui comptent s'y rendre. Une bonne façon de commencer ou de conclure une escapade indienne…