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EAN : 9782070307586
176 pages
Gallimard (16/06/2005)
3.45/5   10 notes
Résumé :

Un jeune Tahitien trouve la mort avec son frère handicapé le jour de la fête du 14 Juillet. Une émeute sanglante dévaste la prison de Papeete et la répression qui s'ensuit n'a rien à envier à certaines dictatures.

Loin de la métropole, la Polynésie et ses atolls n'ont plus grand-chose à voir avec les vahinés et les colliers de fleurs. Sous la mer bleue rôde une menace étouffée par le secret défense.

Parce qu'il emprunte le... >Voir plus
Que lire après Tiuraï : Une enquête du journaliste Thomas MeckerVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Des pavés parisiens à la plage de Tahiti il n'y a qu'un pas que franchis avec virtuosité Patrick Pecherot dans Tiuraï. Sous prétexte d'une histoire policière on découvre la face cachée de l'île : ses bidonvilles , ses populations qui vivent grâce aux subventions de l'état , ses trafics et ses essais nucléaires dont tout ce qui tourne autour est classe Secret Défense . Nous sommes en effet en 1995 et les expérimentations nucléaires a Mururoa battent leur plein . Pecherot , auteur engagé , décrit avec justesse un peuple sous perfusion et en mal d'avenir . Un roman noir sans concession dans lequel on a du mal à croire que les multiples meurtres décrit ici puissent être commis en toute impunité dans un territoire de la République Française .
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Terii, un jeune polynésien à peine sorti de prison pour de menus larcins , trouve la mort le jour du 14 juillet alors qu'il brandissait une banderole dénonçant les essais nucléaires et exigeant indépendance de l'île.
A la suite de ce décès, la prison de Tahiti est le théâtre d'une sanglante mutinerie au cours de laquelle trois prisonniers se font la belle.
Cinq jours plus tard, le directeur de la prison est assassiné.
Il n'en faut pas plus à Thomas Mecker, journaliste récemment débarqué aux Nouvelles, principal et lénifiant quotidien de l'atoll pour retrouver ses instincts de limier.
Il va vite comprendre que l'histoire officielle dissimule de nombreux secrets d'Etat. son enquête va s'avérer bien plus difficile qu'il n'y parait.
Premier roman d'un écrivain qui l'inscrit d'emblée dans une lignée d'auteur engagés.
Ce n'est pas l'île pour touristes friqués que Pecherot nous raconte, mais celle des gens des bidonvilles qui côtoient les grands hôtels. Alcoolisme, chômage, corruption sont les plaies qui touche la population indigène qui souvent est sans emploi.  Ce titre révèle l'envers du décor loin du folklore, des vahinés et de leur collier de fleurs de Tiaré. 
L'auteur nous dresse un tableau extrêmement sombre et son analyse politique est lucide et convaincante
Lien : https://collectifpolar.com/
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Petit polar écrit dans l'ambiance de l'époque (1995), politiquement correct, “surfˮ sur l'idéologie des belles âmes et des beaux éditeurs, moralement corrects et financièrement intéressés par l'air du temps. A abandonner sur l'atoll ! Heureusement pour ses lecteurs et admirateurs (dont je suis) Pécherot a fait mieux depuis ces temps lointains.
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Tiuraï est un roman noir assez court (170p.). L'intrigue, construite autour des magouilles que découvre peu à peu Thomas Mecker, journaliste de profession, récemment parachuté sur l'île est plutôt simple. Pécherot va droit au but, tout en décrivant avec un réalisme saisissant l'autre versant de Tahiti, celui qu'on ne voit pas sur les cartes postales et qui est pourtant une réalité : alcoolisme, chômage, corruption, ...

J'ai pris du plaisir à lire ce roman mais je suis assez mitigé. Je pense qu'avec ce sujet, Pécherot tenait là de quoi faire un excellent roman de plusieurs centaines de pages s'il le souhaitait. le potentiel du livre est énorme, et je trouve dommageable que Pécherot n'ait pas su en tirer davantage. Certains éléments introduits au court du récit sont à peine utilisés, les relations entre certains personnages auraient pu être plus approfondies. Sans méchanceté aucune, je serais presque tenté de dire qu'on a là affaire à l'esquisse d'un grand roman. Pourquoi l'auteur s'est-il arrêté en chemin ? C'est peut-être là qu'il faut trouver le plus grand mystère de ce livre.
Lien : http://hanniballelecteur.ove..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Lundi, 10 juillet. Au moment de sortir, Terii s’arrêta, figé. Au bout du couloir sombre, une trouée lumineuse l’obligeait à froncer les paupières. Malgré lui, il hésitait, la main cramponnée à la poignée en ficelle de sa valise. Le gardien le poussa doucement pour lui faire franchir le seuil qui le séparait de la liberté et referma la porte. A l’aveuglement, succéda la bruit, légèrement décalé. Scooters, trucks, passants...surtout les femmes. Leur voix se détachèrent en premier du magma sonore. Terii eut envie de faire marche arrière, de revenir dans le cocon protecteur de sa cellule. Il ne parvenait pas à pénétrer dans le film qui se projetait devant lui. Spectateur immobile, une paroi invisible le séparait des autres. La sueur inondait son front, son dos, ses jambes. Il fallait qu’il entre dans le cercle, qu’il marche...Rien de compliqué...Appuyer, puis se fondre, s’immerger dans la foule. Splaoutch ! Il avait plongé. Facile en somme. Il suffisait maintenant de suivre le courant, de se laisser porter. Papeete était bourdonnante et poussiéreuse. Les fêtes approchaient. A une terrasse, il s’extirpa du flot pour siroter un Coca glacé. Il s’attarda à regarder la paille monter dans la bouteille sous la poussée gazeuse des bulles. Ce n’est qu’à la fin du jour qu’ils e dirigea vers le faré de la famille. Calmée, la lumière découpait le relief des montagnes de ses reflets dorés. Le plein soleil, trop écrasant, n’était bon que pour la sieste. Mais le soir, Tahiti retrouvait sa grandeur nonchalante dans un parfum de sel et de vanille. Sous son toit de tôle, la maison n’avait pas changé. C’est à peine si les murs d’Isorel étaient un peu plus délavés. Il grimpa l’escalier en bois et entra. Pas de colliers de fleurs pour Terii. Son père dormait, affalé dans un fauteuil pisseux. La télé allumée teintait par intermittence la table encombrée et les boîtes de bière amoncelées. Quand Terii vit Nestor, il sut qu’il n’était jamais sorti de prison.
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En soulevant son frère, Terii ne put s’empêcher d’être surpris par sa légèreté d’oiseau. Il l’emporta sur la terrasse et le berça doucement en regardant l’horizon. Loin là-bas, derrière le rideau de brume bleue, somnolait l’atoll maudit où les poopas avaient apporté la bombe.

Pas de danger... Pas de danger ! Il savait lui, Terii, l’invisible rampant sous les flots, s’infiltrant dans le corail et les poissons, apporté par le bruit des vagues jusque sur la plage, jusque dans le ventre des femmes, jusque dans le cerveau de son frère oiseau, de son pauvre bébé liane.

Pas de danger...
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Pas revenir, Terii. Fallait courir, s’enfoncer dans la forêt, profond, profond, dans les clairières abandonnées, serrer les arbres à pirogues, les arbres aux racines d’ancêtres et les écouter murmurer les noms des anciens, depuis la nuit des temps. Toute la mémoire de l’île coulait là, sous l’écorce, dans la sève, le sang chaud des rois. Il fallait le boire, s’en peindre le visage, blanc coco signe de guerre, et chanter la fierté des Maoris.
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C’est à mi-chemin que les rameurs virent surgir Terii. À genoux, il accordait son souffle au rythme de sa pagaie. Allongé dans l’embarcation, Nestor ne sentait ni la chaleur du soleil, ni les gouttes salées qui aspergeaient son corps desséché.

Lorsqu’il arriva au milieu de la baie, Terii vira de bord et stoppa, barrant la mer. Debout, le cœur battant jusque dans ses tempes, il déplia une longue banderole « Tahiti libre, non à la bombe ».
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Terii tanguait lentement dans sa pirogue. Il se sentait gonflé d’une force invincible. Bras levés, il retrouvait la fierté de Tahiti née de la mer. Des royaumes engloutis remontaient les Dieux oubliés... Atuas des profondeurs, Matatinis des pêcheurs, Tikis des pierres et des chemins...

Terii ne vit pas venir le torpilleur qui se rangeait dans la parade. Les marins lui criaient de sortir du chenal, il ne les entendit pas.
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Vidéo de Patrick Pécherot
Rencontre avec Patrick Pécherot au Salon du livre d'expression populaire et de critique sociale 2018 à Arras, le 1er mai. Dernier roman : Hével. La Série Noire/Gallimard
Médiation : Tara Lennart Captation : Colères du Présent
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