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EAN : 9782081347274
384 pages
Flammarion (26/08/2020)
4.5/5   5 notes
Résumé :
Biographie du neurologue et psychanalyste hongrois, disciple apprécié de Freud, à qui est due l'invention de la cure analytique. L'auteur relate sa vie romanesque, examine son amitié avec le maître ainsi que son émancipation vis-à-vis de ce dernier et dresse le portrait d'un thérapeute passionné et visionnaire, précurseur de thèmes contemporains : la maltraitance, la résilience, le care.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Passionnant récit de la vie de Sandor Ferenczi, ce médecin psychiatre hongrois qui fut sans doute le disciple le plus proche de Freud, jusqu'à leur brouille quelques mois avant le décès de Ferenczi. le livre s'attache particulièrement aux relations entre les deux hommes et retrace sous cet angle le développement de la psychanalyse à Vienne, Budapest, en Europe et au-delà puisque Ferenczi accompagna Freud et Jung dans leur voyage aux États-Unis en 1909. Il est particulièrement intéressant de découvrir que la brouille entre les deux hommes intervint sur le sujet de la véracité des récits d'inceste relatés par les patients. Ferenczi insistait pour que cette véracité soit reconnue et prise en compte alors que Freud avait construit une bonne part de sa théorie des névroses sur la valeur symbolique du contenu de ces récits, à ne pas prendre au pied de la lettre. Quand cent ans après la parole des victimes d'inceste se libère, il semble important de redécouvrir l'apport de Ferenczi qui a été largement minimisé par la plupart des autres disciples de Freud, voire décrié comme il le fut notamment par Ernest Jones, le premier biographe de Freud.
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On connait Benoit Peeters pour sa fine connaissance de l'oeuvre dHergé et son intérêt pour la BD qui l'a amené à collaborer avec François Schuiten pour réaliser la prestigieuse série "les Cités Obscures".
On le connait moins en revanche en tant que biographe et c'est une nouvelle facette de son talent que le lecteur pourra découvrir avec cet essai consacré à Sandor Ferenczi.
Magnifiquement illustré de photos d'époque habilement colorisées sous un filtre bleu qui les intègre dans une maquette éditoriale originale, ce livre permet à tout lecteur, même totalement néophyte, d'aborder la psychanalyse, d'en comprendre les grands principes mais aussi d'appréhender les divergences d'interprétation entre ceux qui ont fait son histoire.
Que sait-on dans le grand public de Sandor Ferenczi , ce juif hongrois disciple de Freud qui a été en 1919 le premier universitaire nommé à une chaire d'enseignement des principes de la psychanalyse ?
En fait peu de choses tant son oeuvre , révolutionnairement novatrice, a été occultée pendant des décennies par les tenants de l'orthodoxie jaloux de leurs privilèges.
Sous la plume élégante de Benoit Peeters, c'est toute sa démarche qui est décryptée et qui ne peut que nous étonner par son actualité brûlante.
Dès 1903, il a été le premier à s'insurger contre les conditions de travail des élèves médecins (on dirait aujourd'hui les internes) . En 1905, il prône courageusement la tolérance envers les homosexuels, ces invertis voués aux gémonies par l'opinion dominante. En pleine première guerre mondiale, il défend le concept de névrose de guerre à une époque où les soldats les plus atteints étaient considérés comme des simulateurs.
Plus tard dans sa vie, il se penchera sur les conséquences traumatiques des abus sexuels subis par les enfants et la nécessaire réparation qui doit leur permettre de se reconstruire.
Il travaillera également sur l'aspect psychosomatique des maladies ouvrant ainsi la voie à de nouvelles perspectives.
Ferenczi a toujours été habité par "la passion de guérir" comme il le dit lui-même et c'est en tendre figure maternelle qu'il se penchait au chevet de ses patients, n'hésitant pas quand il le jugeait utile pour eux, de s'écarter du chemin tracé par son mentor, allant même jusqu'à affirmer "seule la sympathie guérit".
Et pourtant Dieu sait que Freud a compté dans sa vie, depuis leur rencontre en 1908 ! Eperdu d'admiration et éprouvant un amour quasi filial, il va largement contribuer à la diffusion des travaux du maître et nouera avec lui des relations très fortes qui se poursuivront jusqu'à sa mort.
Le récit de cette amitié dessine en creux un portrait d'un Freud ancré dans ses convictions, maître à penser détenteur de la vérité refusant à ses disciples toute émancipation dans la recherche thérapeutique.
Le père de la psychanalyse avait manifestement le sentiment d'être trahi par ceux qui ne partageaient pas toutes ses convictions ! La rupture éclatante avec Jung en apporte la preuve et il en alla de même quelques années plus tard avec Ferenczi si ce n'est que ce dernier vit ses dernières années empoisonnées par le chagrin de ce qu'il considéra comme un abandon.
La lecture de ce passionnant essai prouve une fois de plus que tout homme, fut-il spécialisé dans le décryptage de la psyché des autres, n'échappe pas à ses démons internes, que la passion amoureuse cause des ravages même chez les plus grands esprits, et que la certitude d'avoir toujours raison fleurit souvent sur un terreau qui devrait être celui du doute radical et de la remise en cause constante.
Voici un livre à lire, à relire ....et à offrir pour permettre aux esprits égarés que nous sommes de revenir à l'essentiel .
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Si la psychanalyse est immanquablement rattachée à Sigmund Freud, on y associe également les noms de Carl Gustav Jung, ou plus récemment de Jacques Lacan mais peu de Sándor Ferenczi. Pourtant, il fut l'un des plus proches collaborateurs et ami du premier, le frère ennemi du second et l'inspirateur du troisième…

Comme le décrit si bien Benoît Peeters, et pour reprendre un propos d'Anna Freud, Sándor Ferenczi est « l'enfant terrible de la psychanalyse ». Ne confiait-il d'ailleurs pas à la fin de sa vie, dans son Journal clinique : « Je n'ai donc jamais été adulte ». Se positionnant en effet symboliquement comme un enfant de Freud, il mit toute une vie à s'affranchir de cette relation filiale.
La plus belle preuve de cette relation hors du commun reste la correspondance entre les deux hommes qui débute en 1908 pour s'achever avec la mort de Ferenczi en 1933. Elle y verra s'inscrire l'amitié, les échanges d'idées et de concepts, les interrogations sentimentales et les inquiétudes du corps et de l'esprit.
Elle témoigne des grandes attentes réciproques de l'un vis-à-vis de l'autre, chargées d'une grande intensité émotionnelle, qui finiront inévitablement par être déçues. Cependant, ce sont bien ces émotions éprouvées qui les pousseront à produire leurs plus grands textes.
Très longtemps dans l'ombre du « père », Ferenczi s'interdit longtemps une forme de réflexion propre, qui s'installera cependant à la fin de sa vie. Poussé en cela par Lou Andreas-Salomé, par ses amitiés avec Otto Rank ou Georg Groddeck, il développe les notions de « tact », de « technique active », abordant par ce biais une nouvelle vision de l'analyste, apte à vivre ce qu'éprouve son patient, tout en acceptant le contre-transfert.

Ce qui frappe dans cette biographie, c'est la grande capacité de Ferenczi à se nourrir et à apprendre de ses propres erreurs. Une auto-critique permanente couplée à des prises de risques et à un dévouement sans limites à ses patients font de lui un analyste hors du commun. Après s'être consacré longuement à l'élaboration de théories psychanalytiques à l'image de Freud, démarche illustrée par son essai Thalassa, il s'est ensuite tourné et totalement investi dans la pratique et les séances d'analyse tel un « thérapeute incorrigible », créant ainsi la première fissure avec le maître qui admettait lui-même qu'il lui manquait le besoin d'aider,
A partir de 1930, leurs dissensions s'accentuent, Ferenczi s'affranchit d'avoir été « un fils aveuglé et dépendant ». Malheureusement, la maladie qui le ronge depuis plusieurs années mettra fin à son travail d'autoanalyse, un mal qu'il considère dans un écrit comme une conséquence de ses rapports à Freud, ce qui lui fera écrire ces mots poignants : « Et, de même que je dois maintenant reconstituer de nouveaux globules rouges, est-ce que je dois (si je peux) me créer une nouvelle base de personnalité et abandonner comme fausse et peu fiable celle que j'avais jusqu'à présent ? Ai-je ici le choix entre mourir et me « réaménager » et ce à l'âge de cinquante-neuf ans ? »
Grâce à Ferenczi, de grandes avancées ont été produites sur le « trauma », sur la psychologie de l'enfant, sur l'empathie... Lui dont Freud puis Ernest Jones s'étaient convaincus d'une dégénérescence psychique sur les dernières années de sa vie, expliquant ainsi leurs désaccords profonds, s'est trouvé fort heureusement réhabilité sur la justesse de ses travaux par son ami Michael Balint mais aussi par le psychanalyste français Vladimir Granoff. Son influence sera assumée par Mélanie Klein dont il fut le premier psychanalyste ou Donald Winnicott.

Pour qui porte un intérêt curieux à la psychanalyse et sa genèse, ce livre est à lire.
Pour qui veut découvrir un personnage hors du commun, ce livre est à lire.

Je remercie beaucoup Babelio et les éditions Flammarion pour ce cadeau, offert dans le cadre de l'opération Masse critique. Il y a décidément des livres qui savent me trouver.
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Livre reçu dans le cadre de la masse critique Babelio, je me suis lancé un nouveau défi en lisant un livre ayant pour thème principal la psychanalyse.

Sigmund Freud je le connaissais évidemment, mais uniquement de nom. Sándor Farenczi quant à lui m'était inconnu.
Grâce au livre de Benoit Peeters voilà mon ignorance réparée.
J'y ai découvert un homme passionné pour qui la psychanalyse était le moteur de sa vie.
Toutes les personnes qui l'entouraient étaient thérapeutes ou bien des patients en analyses.
Il était très proche de Freud, il était littéralement en admiration devant son mentor.
À ses côtés il a beaucoup apprit.
Mais il manquait une chose à Farenczi, l'amour.
Il avait tout d'abord rencontré Gizella Pálos, mais était surtout tombé amoureux de sa fille Elma qu'il avait eut en analyse.
Freud lui avait déconseillé un mariage avec Elma au profit de Gizella. Sous la totale influence de Freud Farenczi obéit et laisse partir l'amour de sa vie.
Il s'apercevra avec le temps que son respect sans limites pour son "maître" le desservait surtout.

Comment évoluer dans le milieu de la psychanalyse dans ces conditions, car Freud s'accapare tout, il tient Farenczi sous sa coupe.
Est ce que Farenczi est prêt à la rupture avec Freud, pour exposer ses propres recherches?

Tout le livre est basé sur cette relation entre le mentor et son élève. Mais on découvre des passage entiers de leurs vies comme l'évolution de la psychanalyse durant les deux guerres mondiales.

Cela a vraiment été une lecture passionnante pour moi. Contrairement à mes préjugés ce livre est tout à fait abordable même aux plus novices d'entre nous, comme moi.
Il est bien fait et attrayant.
Les photos qui l'illustre sont intéressantes et grâce à elles j'ai pu mettre des visages sur des noms.

Vraiment laissez-vous tenter, la curiosité d'univers qui nous sont inconnus ne peut que nous enrichir.
Je ne regrette en rien ma lecture.
Courage lancez-vous.😃
Lien : https://surlesailesdunlivre...
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critiques presse (2)
Lexpress
21 septembre 2020
Avec Sandor Ferenczi, l'enfant terrible de la psychanalyse, Benoît Peeters livre la passionnante biographie de l'étrange Sandor Ferenczi (1873-1933), pape de la psychanalyse hongroise et disciple préféré de Freud.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Liberation
16 septembre 2020
Objectif réussi, le livre se lit comme un roman.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
"Aucune analyse ne peut réussir si nous ne parvenons pas, au cours de celle-ci, à aimer réellement le patient. Chaque patient a le droit d’être considéré et soigné comme un enfant maltraité et malheureux."
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