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« Charles III a été un bon roi dans la limite de ce que l'on pouvait en attendre » et, en dépit de l'opposition de l'Inquisition et de la papauté, il a autorisé l'Académie royale espagnole à se procurer les vingt-huit volumes de la fameuse Encyclopédie publiés entre 1751 et 1772 sous la direction de Diderot et D'Alembert. Plus facile à dire qu'à faire ! En 1780, se procurer un des 4400 exemplaires de la collection est une aventure des plus risquées. Deux académiciens parlant le français sont chargés de se rendre à Paris pour tenter de trouver et rapporter ce que l'Europe entière considère comme le phare de l'ère des Lumières.

Point de navires ni de cartes marines, on ira par voies terrestres de Madrid à Paris en passant par Bayonne. Il est rare que les académiciens soient de première ou même de seconde jeunesse, les nôtres n'échappent pas à la règle : Don Pedro Zarate est un marin à la retraite qu'on appelle à l'Académie l'Amiral, Hermogenes Molina est un bibliothécaire qui n'a jamais quitté l'Espagne et « n'a plus l'âge ni la force d'encaisser de telles fatigues ». le premier est agnostique et le second catholique pratiquant.

Il y a aussi, comme dans toute bonne chasse au trésor, des opposants. Ceux-là sont également académiciens et assez sournois pour commanditer un spadassin chargé de faire échouer la mission. La route passe par Meung sur Loire (clin d'oeil à D'Artagnan au tout début des Trois Mousquetaires), on fait le coup de feu pour échapper à des bandits de grand chemin, un policier véreux tend une embuscade, l'ambassadeur d'Espagne se désintéresse de la mission mais présente l'abbé Bringas, un compatriote exilé qui, moyennant finances, doit les aider à trouver ce qu'ils cherchent tout en leur faisant découvrir le Paris pré-révolutionnaire.

Tous les personnages sont authentiques, le spadassin pourrait être le capitaine Alatriste ou l'un de ses frères d'armes. Il a perdu son honneur un jour au Portugal et parfois, le vieux lieutenant courageux qu'il a laissé partir seul au combat et à la mort vient le hanter. On découvre que Bringas fut plus tard un des plus sanguinaires membres de la Convention et qu'il eut le privilège de monter à l'échafaud le même jour que Robespierre, juste après Saint Just. Il faisait partie du petit nombre de détenus libérés de la Bastille le 14 juillet 1789 où il séjournait selon lui pour ses écrits séditieux mais plus vraisemblablement selon les historiens pour commerce de pornographie ! On croise un charlatan qui se dit médecin, entend soigner un rhume par une saignée et se nomme Marat. On mesure l'abîme séparant les élégants du faubourg Saint Honoré des spectres survivant rue des Rats ou rue du Pet-au-Diable. Nos académiciens courent les libraires et rencontrent, au café Procope, Condorcet, D'Alembert, Bertenval et Franklin sans oublier (ah les échecs tellement présents dans l'oeuvre de Pérez-Reverte) Philidor qui « joue mentalement…(sans) échiquier ou adversaire…seul contre le monde ». On comprend, à travers Bringas, ce que la Révolution et ses bains de sang doivent aux écrivains, poètes, philosophes, avocats médiocres et jaloux du talent et du succès de leurs confrères.

On philosophe avec D'Alembert « nous n'avons pas fait l'Encyclopédie pour ça (la révolution sanglante) », « pour notre révolution nous n'avons pas besoin d'autres armes que celles des livres et des paroles » mais Bringas a le dernier mot « forger l'homme nouveau va nécessiter une étape intermédiaire…il n'y aura d'école possible que là où l'on aura dressé un bon échafaud…il faut éliminer les ennemis du progrès…en séduisant les membres de la classe dirigeante…que leurs coeurs, leurs intérêts ou l'air du temps conduisent vers les Lumières puis…se substituer à eux…c'est bien simple : on les extermine sans pitié»

L'Amiral se voit provoqué en duel par l'amant d'une belle qui a jeté les yeux sur lui. Vingt ans sans avoir tiré l'épée, vingt ans de plus que son adversaire, Don Pedro saura-t-il se tirer d'affaire ? Saura-t-il aussi se tirer d'affaire avec la coquette qui reçoit chez elle, dans sa chambre, pour le petit-déjeuner.

C'est une très belle et très riche aventure remarquablement contée (si vous ne vous sentez pas trempés jusqu'à l'os comme le cavalier de la page 146, c'est à désespérer) avec le sens extraordinaire du détail qui caractérise tous les romans de Pérez-Reverte. Ici, il nous offre le plaisir rare, en préambule puis à l'intérieur de son récit, de nous dévoiler son travail de documentaliste sur les traces de ses deux héros. C'est aussi passionnant que l'histoire de cette chasse au trésor dont voici les premières lignes:

« Imaginer un duel à l'aube, dans le Paris de la fin du XVIIIème siècle, n'est pas difficile. le raconter par écrit est plus compliqué. le tout est d'obtenir du lecteur qu'il voie ce que l'auteur voit ou imagine. de devenir le regard de l'autre, celui qui lit, et de s'effacer discrètement afin que ce soit lui qui fasse corps avec l'histoire qu'on lui raconte. Celle de ces pages demande un pré couvert de givre au petit matin, et une lumière diffuse, grisaillante, pour laquelle il serait utile de recourir à la douce brume, pas trop épaisse, qui s'élevait le plus souvent des bois aux alentours de la capitale française dès les premières lueurs du jour…Ce qui doit attirer notre attention, ce sont les deux hommes immobiles qui se font face…du groupe assemblé sous le couvert des arbres vient une voix et les deux hommes lèvent lentement leur épée »… maintenant poursuivez la lecture !

Finiront-ils par dénicher leur Graal ? Seront-ils capables de le défendre ? Sont-ils prêts à mourir pour lui ? Assurément car ce sont « Deux hommes de bien » tandis qu'Arturo Pérez-Reverte est un Grand d'Espagne.
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Ma 1ère rencontre avec Arturo Perez Reverte a été... lumineuse! Roman historique, d'aventure ou encore philosophique, Deux hommes de bien mélange les genres, les événements et les personnages historiques et fictifs pour raconter le formidable périple de deux membres de l'Académie royale d'Espagne qui, à la fin du XVIIIème siècle, sont mandatés pour se rendre à Paris et en rapporter les 28 tomes de l'Encyclopédie. Dans cette Espagne où règne l'Inquisition, ce voyage cristallise les rancoeurs entre les partisans d'une Espagne plus éclairée et les farouches opposants à toute forme de progrès; il ne se déroulera donc bien évidemment pas sans encombres!

C'est avec bcp de plaisir que je me suis plongée dans cette période fascinante qu'est le siècle des Lumières, d'autant plus qu'elle nous est présentée ici du point de vue espagnol. J'ai été impatiente de partir à l'aventure sur les routes d'Espagne et de France avec le bibliothécaire Hermógenes Molina et l'Amiral Pedro Zárate, j'ai adoré me promener dans les rues et les cafés du Paris prérévolutionnaire et surtout j'ai pris un malin plaisir à fureter avec eux dans les librairies et les bouquineries à la recherche de la fameuse 1ère édition de l'Encyclopédie.

J'y ai rencontré une multitude de personnages hauts en couleurs, certains attachants, d'autres de vraies teignes, mais tous passionnés. Et j'ai écouté, captivée, les discussions souvent houleuses sur la religion, la science et la philosophie. Et puis comment ne pas aimer un roman qui parle si bien des livres, ces objets de papier synonymes de liberté, de connaissance et de progrès? Et que dire de la construction narrative qui permet l'intervention régulière du narrateur -un académicien espagnol qui ressemble furieusement à l'auteur? Tout simplement fascinant! Car par ce biais, il s'attache à nous expliquer le processus de création littéraire et attire notre attention sur l'incroyable travail de documentation relatif au livre même que nous tenons entre les mains!

Un roman captivant, érudit, un style soutenu, un vocabulaire recherché et une atmosphère superbement décrite! Une perle de la littérature et un bel hommage à l'esprit des Lumières et à la lutte contre l'obscurantisme!
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Roman, histoire, aventure, quête, Encyclopédie, un vrai plaisir de lecture, ce dernier roman d'Arturo Perez Reverte.
Les hommes de bien, ce sont deux académiciens espagnols chargés d'accomplir une mission : rapporter en Espagne la première édition de l'Encyclopédie de Diderot et D Alembert. Avec l'accord du roi, cela va de soit. Mais bien des oppositions à ce projet se font entendre, l'Eglise en tête. Car il faut bien le dire, l'Espagne du XVIIIes n'est pas franchement éclairée, les Lumières sont assombries par les dogmes et les esprits étriqués. Nos deux esprits éclairés vont donc rencontrer des embûches et la quête et le retour ne seront pas de tout repos.
J'ai apprécié la précision des descriptions, du cadre, les détails très réalistes, le lecteur est bien plongé dans la France et l'Espagne du XVIIIes. Les courants de pensée, les débats d'idées, la place de la foi, le mode de vie, tout y est, avec une grande érudition.
Et ce qui est particulièrement intéressant, c'est de voir le roman se construire sous nos yeux. Chaque début de chapitre s'ouvre du point de vue de l'auteur, sa quête de source, ses recherches historiques et géographiques qui deviennent sous sa plume le cadre de la fiction. Et au fil des avancées, le roman prend forme, et on voit se transformer l'information historique et géographique qui prend vie sous nos yeux.
Une lecture qui se savoure, il faut prendre le temps de se plonger dans l'histoire, ce n'est pas un livre qui se survole.
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Voilà un grand roman, et son auteur fameux que je découvre enfin. Je ne sais pas si c'est une habitude chez lui ou une idée originale pour ce roman-document, mais il alterne le récit avec des explications sur la façon dont il a pensé et écrit le livre, et surtout sur la façon dont il s'est documenté. On pourrait penser que cela interrompt l'histoire, mais j'ai trouvé au contraire que, parfaitement imbriqué, ça l'enrichissait et participait de l'immersion dans cette époque et cette aventure.

L'époque en question, c'est celle des années prérévolutionnaires ; quant à l'aventure, il s'agit de celle de deux Académiciens espagnols envoyés à Paris pour acquérir la récente Encyclopédie alors que leur pays est en proie à l'Inquisition. L'auteur, lui-même Académicien espagnol, s'est demandé comment l'Encyclopédie était parvenue dans leur bibliothèque et a voulu raconter cette étonnante histoire en mêlant récit historique et fiction. Un mélange qui me gêne parfois, quand je ne sais pas ce qui relève des faits réels ou de l'imagination des auteurs, mais pour le coup, ici, grâce aux intermèdes de l'auteur, on comprend bien sur quels éléments historiques se base l'auteur.

Récit et recherches, tout se lit avec autant de curiosité et de plaisir, à la découverte d'une époque où rallier Madrid-Paris était une aventure en soi et où les relations humaines étaient très différentes (l'honneur, la politesse et la galanterie, mais aussi la piètre valeur de la vie humaine). On y découvre surtout le Paris prérévolutionnaire (où se déroule l'essentiel du roman), les grands hommes de l'Encyclopédie que l'on croise au cours de cette aventure, la lutte entre la religion/les traditions et les idées nouvelles.

Les dialogues sont sans doute trop écrits, on a droit à de vrais débats d'idées philosophiques, mais toujours très vivants. Les dialogues (ou monologues parfois) de l'abbé Bringas, qui aide nos deux compères, ont cependant fini par me lasser à force de répétitions. Mais pour le reste, c'est une vraie réussite, aussi bien écrite et documentée que palpitante au niveau de l'aventure vécue, sans oublier une bonne dose d'humour parfois.
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J'ai beaucoup aimé ce roman à la fois historique et fictionnel de cet auteur jusqu'alors inconnu de moi. Arturo Perez Reverte raconte comment deux membres de l'Académie Royale d'Espagne (le pendant de notre Académie Française) vont vers la fin du XVIII° siècle entreprendre un grand voyage vers Paris pour tâcher d'y acheter L'Encyclopédie de D'Alembert et Diderot. Cette dernière est interdite en France (où elle se vend clandestinement) et en Espagne mais son achat est autorisé concernant la seule Académie.
Mais c'est sans compter sur deux opposants au projet (la part romancée de l'histoire), dont l'un souhaite rester la seule référence des Lumières dans son pays et serait jaloux de l'entrée d'une telle Encyclopédie qui ferait de l'ombre à ses écrits, et dont l'autre est un partisan de l'obscurantisme religieux luttant contre le progrès de la raison et tout ce qui semble différer un tant soit peu des Ecritures.
C'est intéressant de découvrir l'Académie de cette époque, avec une majorité de personnes éclairées dont des ecclésiastiques modérés puis de suivre les pérégrinations de nos deux héros, Don Hermogenes et Don Pedro Zarate. Nous voyageons avec eux pour se dépayser dans l'Espagne et le Paris du XVIII° siècle, avec ses idées nouvelles, ses salons mais aussi sa pauvreté et ses inégalités. Cela, l'abbé Bringas (ayant existé) -qui accompagne longtemps les deux hommes de bien- ne manque pas de tout faire pour le leur faire bien comprendre. A la fois repoussant, pique-assiette, calculateur, partisan de la violence et homme d'esprit capable d'anticiper et d'expliquer le grand bouleversement de la révolution qui se prépare, ce personnage ne manque pas de sel car il incarne tous ceux qui malgré leur entendement et leurs capacités ne sont pas pris au sérieux ou méprisés à cause de leur condition misérable et de la saleté qui va avec à cette époque, ceux en lesquels grondent une colère sourde qui se transforme en violence mais qui lancent des piques incisives souvent censées. Ce dont l'Amiral se rend compte à plusieurs reprises, partageant d'ailleurs avec lui quelques idées. Car le voyage est aussi le lieu de quelques débats entre l'Amiral, Don Hermes et Bringas, ce qui le rend d'autant plus intéressant et nous rend chaque personnage plus attachant, avec ses idéaux, son humour, l'amitié qu'il porte aux autres et ses contradictions. Les deux académiciens vont devenir presque comme des frères et j'ai aimé suivre l'évolution de leurs rapports également et parallèlement, les aventures de celui qui, mandaté par les deux fâcheux, doit mettre à mal leur projet coûte que coûte. On côtoie ainsi deux Paris, celui du progrès, parfois du pédantisme et celui du dénuement. La fin est riche en rebondissements même si l'on se doute de l'issue.
L'auteur fait aussi de multiples digressions pour raconter ses recherches sur le voyage des deux hommes, les ouvrages consultés, les choix narratifs qu'il a dû faire, ce que j'ai apprécié d'abord mais que j'ai ensuite trouvé trop présent dans le récit cadre, au détriment de l'intrigue romanesque.
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L'Académie royale d'Espagne charge deux de ses membres de se rendre en France pour faire l'acquisition de l'Encyclopédie.
Le bibliothécaire don Hermogènes et l'amiral don Pedro Ravaté sont désignés pour cette mission.
Ils sont aussi différents que possible. Don Hermès est tout de rondeurs, de douceur et de bienveillance.
Don Pedro quant à lui est calme, impertubable et prêt à affronter tous les dangers.
Et des dangers il y en aura.
D'abord, un tel périple est périlleux : les routes sont mauvaises, les auberges sont sales et mal fréquentées, des brigands s'embusquent pour détrousser les voyageurs.
Ils en feront d'ailleurs l'expérience.
Ils auront aussi à déjouer les manigances d'un homme sans scrupule envoyé par deux Académiciens opposés à l'encyclopédie qui veulent à tout prix faire échouer leur quête.
Enfin, ils devront s'adapter à la ville de Paris, tellement éloignée de leur quotidien étriqué madrilène. Pour mettre la main sur une 1ère édition, déjà devenue rare, ils courront les cafés, salons, librairies... Pour dénicher la perle rare ils rencontreront des encyclopédistes, de séduisantes libertines et auront à faire face à un duel d'honneur..
J'ai apprécié ce récit particulièrement bien écrit. La confontation des deux Espagnes : l'une conservatrice, guidée par une religion quasi fondamentaliste opposée à une Espagne éclairée qui cherche dans la raison à faire reculer l'ignorance, la superstition..
Les personnages sont très attachants notamment l'amitié qui peu à peu unie les deux voyageurs qui se découvrent, se livrent et malgré leurs différences s'apprécient de plus en plus.
L'abbé Bringas qui est leur guide dans Paris est spécialement intéressant. Fanatique acharné à dénoncer les privilèges, surtout ceux des intellectuels qui ont réussi et sont reconnus contrairement à lui, il m'a permis de réaliser le rôle joué lors de la Révolution française par ces intellectuels frustrés, qui vont abandonner toute retenue pour prendre leur revanche.
Le talent de Pérez-Reverte consiste à le montrer sous un jour assez déplaisant : sale, ivrogne, goinfre, sans cesse à se plaindre, à enrager et se réjouissant de tous mauvais tours survenant à l'un ou à l'autre de ses "ennemis".
Je n'ai qu'un léger regret. Ici encore, le narrateur-auteur intervient régulièrement au fil du récit pour évoquer ses recherches, ses rencontres, ses lectures pour rester au plus près de la vérité historique. Je trouve ce procédé un peu fréquent à présent.
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Une quête initiatique, érudite et fastidieuse de l'encyclopédie nouvelle lumière de l'esprit d'une ville en mode pré révolutionnaire irrémédiablement absorbée par sa misère que quelques modistes, salons, chapeliers et restaurants luxueux des beaux quartiers ont de plus en plus de mal à dissimuler.

Vingt-huit volumes traqués sur un site pluvieux, aristocrate et putassier, beau parleur ou ordurier, analphabète et libertin vivant ses abondances ou sa disette dans les parfums ou les urines de leurs hôtels particuliers ou de leurs immeubles au bord de l'effondrement les dernières heures d'un pays en bout de courses sur le point d'être recyclé.

Vingt-huit volumes destinés à être rapatriés puis étudiés par de nouveaux sens avides de ressentis méconnus dont le but est d'évangéliser une contrée austère sous l'emprise de son roi, de sa religion, de ses corridas, de ses chignons et de la castagnette.

Je reconnais avoir versé une petite larme lors des adieux avec l'abbé Bringas prédicateur affamé et crasseux symbole d'un peuple abandonné ne fonctionnant plus que par l'ivresse et la rapine.

Un sympathique compagnon de route malgré son opportunisme emporté ou grognon, survolté ou résigné le tout n'étant que les conséquences de sa guerre éternelle contre la faim.
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L'épopée de deux académiciens espagnols chargés de trouver les 28 tomes de l'encyclopédie et de les ramener de Paris à Madrid m'a paru très longue. J'ai cependant apprécié les descriptions de l'ambiance, de Paris et des salons de la fin du 18eme siècle ainsi que l'intrigue. En effet, certains membres de l'Académie royale ne désirant pas que l'encyclopédie arrive en Espagne, chargent un espion de suivre le duo et de mettre la mission à mal. L'auteur casse le rythme du récit en expliquant les choix qu'il a faits lorsqu'il ne pouvait clairement identifier certains lieux traversés par les académiciens ou lorsque les aventures n'avaient pas été détaillées dans la correspondance. Je n'ai pas compris ce choix de l'auteur pour un roman. je le recommande aux amateurs de récit d'aventures et historique.
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Lire un nouveau roman de Perez-Reverte, c'est comme revoir un ami. de tous ceux que j'ai déjà lus, quatorze à ce jour, il n'y en a qu'un seul avec lequel je n'avais pas accroché, alors à chaque fois qu'il en publie un nouveau.... Moitié roman d'aventures historique, et érudit, moitié promenade de l'auteur lui-même sur les pas d'une énigme, Deux hommes de bien démarre peut-être un tout petit peu lentement mais peu importe quand tout y est si jubilatoire. Est-ce le style? le sujet? J'ai toujours un peu du mal à mettre le doigt sur les raisons qui me font sourire tout azimut de pages en pages, alors permettez-moi un petit résumé.
Sous l'Ancien Régime, les personnages: Don Hermogenes, charmant bibliothécaire vieillissant, veuf, croyant, et son comparse, Don Pedro, un vaillant membre à la retraite de la marine espagnole, voyagent vers Paris dans le but de se procurer pour l'Académie l'Encyclopédie, dans sa version d'origine. Seulement en Espagne, certains sont près à envoyer l'ouvrage au diable, et déjà se presse un étrange personnage sur leur talons...
Et, intercalée dans leur démêlé, Perez-Reverte lui-même qui retrace leur voyage, curieux de savoir comment ils ont pu trouver l'introuvable.
A vrai dire, les périodes modernes du roman gênent un peu parfois, arrivant comme un cheveu sur la soupe au moment le plus passionnant, mais tout est tellement agréable à lire qu'on pardonne ce petit travers pour se laisser entraîner dans un très bon cru.
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L'histoire de l'acquisition de l'Encyclopédie au 18 e siècle par l'Académie royale d'Espagne est retracée avec brio par Arturo PEREZ-REVERTE dans ce roman, lui-même membre de cet organisme, alors qu'elle était interdite dans leur pays.
Vers 1780, l'Académie royale espagnole décide de se procurer L'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, éditée de 1751 à 1772 sous la direction de Diderot et D'Alembert. Au 18e siècle, la représentation de l'univers a évolué avec les théories héliocentriques de Copernic, reprises par Galilée au 17e siècle. La théorie de la gravitation universelle de Newton est diffusée vers 1730 en France par Voltaire. Toute ces nouvelles connaissances vont être compilées afin que le plus grand nombre puisse y accéder. Cet ouvrage considéré comme subversif (et il l'était : Dans le Discours préliminaire de l'Encyclopédie, D Alembert critiquait sévèrement les abus de l'autorité spirituelle dans la condamnation de Galilée par l'Inquisition en 1633) est mis à l'index le 7 mars 1759 par le pape Clément XIII.
La péninsule ibérique est restée à l'écart des mouvements intellectuels qui fourmillent en Europe. Par cette acquisition, les académiciens souhaitent faire participer l'Espagne à ce renouvellement des idées et sortir des siècles d'obscurantisme.
Deux académiciens sont désignés pour aller jusqu'à Paris et acheter les 28 volumes. Ces deux « hommes de bien » sont le bibliothécaire de l'Académie, un petit homme rond, débonnaire, latiniste émérite et l'Amiral, un ancien brigadier des armées de la Marine du roi, auteur d'un dictionnaire sur la marine.
Cet achat ne fait pas l'unanimité au sein des académiciens. Un journaliste catholique et un philosophe qui s'approprie les idées de ses congénères français s'allient pour empêcher cet achat. Ils engagent un mercenaire pour faire échouer ce projet.
Cette antinomie se retrouve aussi chez nos aventuriers. le bibliothécaire ne veut pas la chute des rois ni la disparition de la religion. Pour lui, « la lumière qui nous guide doit rester celle de la foi ». Quant à l'amiral, « la lumière doit être celle de la raison ».
Arrivés à Paris, ils vont avoir à faire à un bien singulier guide : l'abbé Bringas, un prêtre espagnol qui a renié la religion catholique. Alors que les « deux hommes de bien » admirent la liberté qui règne en France, l'abbé Bringas calme leur enthousiasme « il y a ici une presse plus hardie et des livres dont la publication est sans doute inimaginable en Espagne, mais qui ne sont destinés qu'aux élites…. le peuple n'a pas droit à la parole et n'est pas écouté… son ignorance politique crasse n'est dépassée que la nôtre : celle des Espagnols ».
A travers les archives (actes, courriers…), l'auteur relate ce voyage long et aventureux. Deux récits vont évoluer en parallèle : les recherches de l'auteur et les péripéties de nos deux compères.
Loin d'entraver le rythme de la narration, l'étude de différents documents historiques, nous permettent de concevoir le voyage au 18e siècle et de nous transporter dans les différents lieux du roman. Sa quête de documents pour éclairer son récit est minutieuse.
Il s'agit bien d'un roman. Fort de ses connaissances historiques, il campe ses personnages et imagine leurs péripéties avec maestria.
C'est un livre passionnant que l'on dévore comme un thriller.

Lien : http://chrisylitterature.jou..
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