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sur 5340 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pierre Ménard (auteur d'un Don Quichotte) avait écrit lors de sa jeunesse un livre bizarre d'un français singulier. Ce livre a été mal accueilli par ses lecteurs contemporains qui y voyaient tous les stéréotypes du roman policier à ses origines, toutes les faiblesses des romans d'aventures et toute l'insuffisance des romans d'horreur. Il y voyait un retour fade aux origines de ces genres qui se sont épanouis avec le temps sous la plume d'auteurs talentueux. Et le style assez lourd parfois ne l'a pas beaucoup aidé. Ménard l'avait intitulé Histoires Extraordinaires.

Voilà comment un lecteur contemporain pourrait voir ces Histoires extraordinaires d'Edgar Allen Poe le grand représentant de la littérature américaine au même titre que Cervantès pour l'espagnole, Dante pour l'italienne ou Goethe pour l'allemande. Or, à la lecture de ce recueil de treize nouvelles (choix fortuit du chiffre ?) nous découvrons un bel esprit qui a la soif de tout connaitre, de tenter de toutes les connaissances, un écrivain aux talents multiples, un maître des maîtres, le Christophe Colomb de maints genres.

Personnellement, j'ai aimé les nouvelles où Poe gardait les pieds sur terre (au sens propre). Ainsi, j'ai lu avec un grand plaisir les deux premières nouvelles (policières), avec cette description de l'amitié qui réunissait le narrateur et son ami et des facultés d'analyse qu'avait ce dernier. La troisième nouvelle est une chasse au trésor, nouvelle agréable et intéressante. Puis c'est la glace ! On est devant ses deux nouvelles qui m'ont donné le plus de peine à lire (peut-être parce que je ne suis pas amateur de ce genre ni de Jules Verne); ces deux histoires au ballon. Surtout la deuxième, la plus longue du recueil où l'on est entraîné dans une suite interminable de descriptions minutieuses d'une exactitude scientifique d'un voyage extraordinaire. Puis on revient avec deux nouvelles dans la mer, vraiment intéressante est la première avec ce naufrage et ce bateau bizarre où le rescapé échappe à sa mort pour un moment. Ensuite, on retrouve deux histoires courtes sur le magnétisme dont la deuxième est un dialogue plutôt philosophique. L'histoire suivante est assez singulière, parmi les plus belles du recueil, où le rêve et la réalité se confondent. Les deux suivantes sont des histoires de revenants sur des femmes mystérieuses, intelligentes et d'une beauté déroutante. La dernière est une histoire de la haine entre deux familles (pas à la Roméo et Juliette bien sûr).

En somme, roman policier, roman d'aventures, roman fantastique ou d'horreur, tous sont là, ainsi que roman d'anticipation. Poe a le don de la description qu'il veut réaliste même en décrivant l'irréel. Chaque nouvelle nous rappelle un auteur : Stevenson, Conan Doyle, Verne, Conrad (Typhon surtout), Mérimée… Finissons par cette traduction. Baudelaire admirait tellement Poe qu'il a voulu faire une traduction fidèle à cet ouvrage. Malgré cela il dédie ses Fleurs du mal à Gautier ! Je sentais cette double présence Poe-Baudelaire en lisant le livre, c'était comme si Baudelaire me lisait ces histoires. Pour finir, ce livre est à lire sans doute, il est indispensable et hormis les deux nouvelles au ballon, il est agréable à lire.
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Les Histoires Extraordinaires sont un recueil de nouvelles d'Edgar Allan Poe traduites et rassemblées par Charles Baudelaire. C'est un point important, car la version française est magnifique et met parfaitement en valeur le rythme et le soin bien connu que prenait l'auteur a ciselé ses textes. le recueil est donc marqué par une écriture très « dix-neuvième », ce qui peut être un défaut pour certains est une qualité pour moi.
Edgar Allan poe était un auteur brillant, doté d'une intelligence remarquable, qui se piquait de résoudre des énigmes policières. Ce n'est donc pas étonnant que l'un de ses principaux héros, en l'occurrence le chevalier Dupin, fasse preuve lui aussi de qualités d'enquêteur. Ce sont à mon sens les meilleures nouvelles et celles qui aujourd'hui sont classiques : Double assassinat dans la rue Morgue et La lettre volée.
En parallèle, nous avons aussi des nouvelles où le lecteur reste perplexe face à des mystères plus nébuleux : la chasse au trésor dans "Le scarabée d'or", le mystère de la mort dans "La vérité sur le cas de M. Valdemar" et "Révélation magnétique", les découvertes qui laissent l'homme impuissant à comprendre ce qui l'entoure dans "Manuscrit trouvé dans une bouteille" et les événements qu'il ne peut pas expliquer dans "Souvenirs de M. Auguste Bedloe", "Morella" et "Ligeia". Autant d'histoires où la raison est mise en retrait, impuissante à expliquer l'étrange, suscitant l'effroi.
On navigue ainsi entre policier, fantastique, aventure pour le plus grand plaisir du lecteur, textes préfigurant pour certains la longue lignée des détectives en littérature, des romans d'anticipation et d'aventure.
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Recueil d'histoires, de genres divers (policier, fantastique, horreur,...) écrites par Edgar Allan Poe et rassemblées et traduites par Charles Baudelaire. Certaines ne doivent surtout pas être lues avant d'aller se coucher, particulièrement Morella. Ce livre m'a marquée et notamment la nouvelle du double assassinat dans la rue Morgue. J'ai beaucoup apprécié le déroulement de l'enquête et le personnage de Dupin.
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La première fois où j'ai entendu parler d'Edgar Poe, c'est en cours de... français. Nous étudiions Baudelaire, et le prof - toujours le même, mon mentor Albert - nous apprenait que le futur auteur des "Fleurs du mal" s'était trouvé une âme-soeur en la personne d'Edgar Allan Poe, un poète, romancier et nouvelliste américain (1809-1849). Même spleen, même attirance pour l'étrange, même alternance entre ombre et lumière, entre sordide et sublime... Baudelaire voit en Poe un poète maudit - comme il se voit lui-même, en fait.
Il n'est pas le premier à traduire Edgar Poe, d'autres s'y sont essayé avant lui, mais c'est bel et bien Baudelaire qui, le 15 juillet 1848, en faisant paraître dans un journal "Révélation magnétique", un texte d'Edgar Poe traduit par lui-même, va donner le coup de départ de la "Poemania". Baudelaire se déclarera traducteur attitré du poète américain, et prendra lui-même l'initiative d'éditer les contes de Poe en recueils ("Histoires extraordinaires" - 1856, "Nouvelles histoires extraordinaires" - 1857, "Histoires grotesques et sérieuses" - 1865), son roman ("Les Aventures d'Arthur Gordon Pym" - 1858) ainsi que quelques-uns de ses poèmes ("Le Corbeau" - 1856, "Eurêka" - 1864) On a reproché à Baudelaire de faire du Baudelaire en traduisant Edgar Poe. C'est sans doute vrai dans une certaine mesure, au point que certains éditeurs envisageaient d'inclure les traductions de Poe dans les "Oeuvres complètes" de Baudelaire. Et le fait est que cette traduction est un modèle du genre et fait toujours référence de nos jours.
Les "Histoires extraordinaires" sont donc un recueil composé par Baudelaire à partir de 13 contes d'Edgar Poe, rédigés entre 1832 et 1845. Cet ouvrage remarquable est fondateur à plus d'un titre : on y trouve là une des origines du roman policier à énigme ("Double assassinat dans la rue Morgue" et "La lettre volée" où le chevalier Dupin qui mène l'enquête, se révèle l'ancêtre de l'inspecteur Lecocq, d'Eugène Gaboriau, et du Sherlock Holmes, d'Arthur Conan Doyle). Dans les "Histoires extraordinaires" Poe crée un nouveau type de fantastique, différent du gothique, mélange d'étrange, d'insolite, voire de burlesque, en tous cas dérangeant ("Metzengerstein", "Ligéia" préfigurent l'oeuvre de Lovecraft, entre autres) Enfin on trouve dans ce recueil des nouvelles où l'aventure côtoie le fantastique ou le policier ("Le Scarabée d'or", par exemple, annonce clairement les grands romans de Jules Verne qui commencent par le décryptage d'un document mystérieux).
Cette multiplicité de thèmes, avec comme fil conducteur un goût de l'étrange très poussé, ainsi qu'une certaine aptitude à "embarquer" le lecteur dans une aventure littéraire nouvelle et palpitante (susciter la curiosité, peut-être même l'angoisse, en tous cas provoquer une émotion...) contribue à faire de Poe l'un des premiers auteurs typiquement américains, de ceux qui, comme Melville ou Hawthorne, ont définitivement coupé le cordon ombilical avec la littérature classique anglaise.
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A la relecture, je distingue deux mouvements chez Edgar Allan Poe, deux désirs d'écrire de différente sorte : le premier peut être la volonté de surprendre et de charmer le lecteur, par des dispositifs plus ou moins complexes ; la démonstration de la déduction dans les histoires du détective Dupin, ou "le scarabée d'or" (un versant que reprendront plus tard Conan Doyle et Stevenson). L'aspect ludique prédomine alors, comme dans les canulars "Le Canard au ballon" ou Hans Pfaal. le second mouvement est une recherche de la beauté inattendue, souvent morbide. Un style poétique, très travaillé, sublime les corps en décomposition, comme dans "Morella" et "Ligeia", de grands amours perdus qui peuvent resurgir sous des formes étonnantes. "La vérité sur le cas M. Valdemar" puise dans ces deux envies : celle de jouer un tour au lecteur et celle de se languir, de s'abîmer dans un tableau macabre.
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Comment être sûr que Poe ça est du solide? Son oeuvre est présent dans la pleiade. Bien. Sa réputation de Maitre du Fantastique le précède. Pas mal. Il a été traduit par Beaudelaire lui-même... A oui quand même.

Chose appréciable en soi, la traduction est solide et l'âme poétique est saine et sauve!!

Si j'avais à conseiller l'oeuvre de ce phénomène, je conseillerais une petite biographie pour bien comprendre l'ampleur de sa création. Tout n'est pas facile à comprendre, les descriptions sont parfois un peu taillonnent. Nonobstant ces remarques, Double assasinat, Descente dans le Maelström, le scarabée d'or m'ont donné grande satisfaction.

Mais je suis sur que cet opus sera ravir chacun des lecteurs et c'est en cela que nous avons du Poe d'avoir eut Beaudelaire pour nous le dire.
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La version traduite et préfacée par Baudelaire est à privilégier avant tout. Poe a presque inventé le genre du policier, avec le personnage de Dupin, et d'autres nouvelles où l'"induction" est utilisée. Par ailleurs d'autres nouvelles sont plus fantastiques, notamment le voyage sur la Lune. C'est particulièrement bien écrit.
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Tout n'est pas forcément écrit avec le même talent. Mais avouons que pour l'époque, c'était une sacrée trouvaille.
Un livre découvert au collège, et qui, bien expliqué par un prof plutôt génial m'a permis d'entrer dans ce nouvel univers.
Peut-être ce livre est-il un peu à l'origine de mon goût pour le polar, les énigmes...?
En tout cas cela reste pour moi une référence, (Même si le souvenir prépondérant est "La lettre volée", comme pour beaucoup d'entre nous, je pense).
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Ouvrir ces Histoires Extraordinaires, c'est se plonger dans les origines de nombreux genres littéraires. A travers ces nouvelles, on ne peut qu'être surpris de voir à quel point Poe a su façonner un imaginaire à la fois si vaste et si puissant qu'il continue, en littérature comme en cinéma, d'influencer encore aujourd'hui un grand nombre d'artistes.

Car la grande force de Poe réside dans son incroyable propension à défricher des sentiers jusque-là inexplorés ou presque et d'avoir contribué à façonner avec succès ce que deviendront plus tard le roman policier (avec Auguste Dupin, personnage de deux de ces récits), le roman noir, le roman d'aventure, le fantastique ou encore le canard journalistique.

Plus fascinant encore, me semble-t-il, est l'incroyable facilité avec laquelle cet auteur sonde d'une manière extrêmement lucide et réaliste les tréfonds de l'âme humaine.

En recouvrant la grande majorité de ses récits d'une noirceur devenue sa signature, Edgar Allan Poe confronte ses personnages, souvent anonymes, à la peur et à l'irrationnel qui ne peuvent que les conduire à la frontière de la folie. C'est précisément cet équilibre précaire que Poe a su trouver entre la raison et la folie qui fait, à mon sens, de cet auteur l'un des plus intéressants que j'ai eu la chance de lire.

Ne nous y trompons pas, à bien des égards, Poe est l'un des père de la littérature contemporaine. Et pour cette raison, je ne peux que conseiller sa lecture à tous ceux voulant découvrir un imaginaire sans égal ou presque, devenu par la suite une source d'inspiration quasi inépuisable pour bon nombre d'écrivains.


Lien : https://mon-imaginarium.wixs..
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Edgar Allan Poe est son "Au delà" de l'ordinaire me fascine et c'est une grand référence pour moi dans le registre littéraire fantastique. Par ce recueil de nouvelles on franchit des frontières pour se diriger vers le surnaturel pour des voyages jusqu'à la lune, des réincarnations, du rêve, de la métaphysique.
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