Les nouvelles ont été traduites en France par
Charles Baudelaire en 1848, un an avant la mort de l'écrivain.
Dans ce recueil, trois nouvelles extraites des
Histoires extraordinaires nous sont proposées.
"Petite discussion avec une momie", éditée en 1845
Un soir, le narrateur est convié par son ami le docteur Ponnonner à une étrange cérémonie. Seul un petit groupe de privilégiés féru d'égyptologie assistera à la mise à nue d'une momie qui avait été ramenée de Libye par le capitaine Sabretash, huit ans auparavant.
Allamistakeo est écrit en caractères hiéroglyphiques dans une cartouche, sur l'enveloppe cartonnée qui la protège.
Après avoir délicatement enlevé les différentes couches, le corps momifié se découvre sans ses bandelettes. Sa conservation est parfaite et le regard orné de billes bleues en verre amène une âme.
La dissection est l'ébauche suivante, lorsque le groupe décide de reporter leur exploration à la nuit du lendemain. Mais avant de partir, l'idée farfelue de projeter de l'électricité dans le corps amuse la troupe.
Si les rires potaches ponctuent l'examen, bientôt la terreur tétanisera ces légistes en herbe…
"… Quant aux autres personnes de la société, elles ne firent vraiment aucun effort pour cacher leur naïve terreur. le docteur Ponnonner était un homme à faire pitié. M. Gliddon, par je ne sais quel procédé particulier, s'était rendu invisible. Je présume que M. Silk Buckingham n'aura pas l'audace de nier qu'il ne se soit fourré à quatre pattes sous la table."
"Le puits et le pendule", éditée en 1843
Tolède durant la guerre de 1808,
Le calvaire d'un supplicié qui face à ses bourreaux en bure, voit son esprit s'échapper. Les tortures annihilent toute sensation jusqu'à ce qu'il se réveille dans une cellule noire. Il décrit ses souffrances, les errances de l'esprit, sa prison, les rats, les liens qui l'entravent, la mort et un bout d'espérance. Lorsqu'il y a vie, il y a croyance.
L'inquisition déborde d'imagination et retarde le trépas…
"Le roi Peste", éditée en 1835
Londres sous le règne d'Edouard III,
Deux marins, Legs et Hugh, descendent de leur goélette pour étancher leurs plaisirs. A la taverne "Au Joyeux Loup de mer", la bière coule et les enivre. Leurs délires éthyliques et les talonnements de la tenancière furibonde qui n'a pas été payée, les propulsent dans les ruelles qu'ils sillonnent sans connaissance. le long de la Tamise, certains quartiers sont vidés et condamnés à cause de la peste, et presque malgré eux, leur fuite les mène vers un dépôt de pompes funèbres. L'endroit est une cour des miracles avec ses personnages disgraciés. La représentation et ses décors, offrent une scène macabre que les deux lascars trouvent grotesque. La mort y est sublimée.
De ce minuscule royaume, tous se présentent, Roi Peste, Reine Peste, Archiduc Pest-Ifère, Archiduchesse Ana-Peste, Duc Pest-Ilentiel, Duc Tem-Pestueux… et les invitent à leur table pour trinquer à leur véritable monarque : la Mort.
Legs et Hugh ne peuvent que satisfaire leurs hôtes, sans se douter du jeu qui se trame, avec une seule finalité…
Dans ses nouvelles,
Edgar Allan Poe semble être fasciné par la mort bien plus que par la peur, qu'il gausse et ironise. Il imagine des dimensions qui ne sont pas toutes fantastiques comme celle de la momie. Certaines sont le théâtre de la misère, des guerres, de la folie, qui parcourent le monde et voyagent de siècle en siècle. Récits cauchemardesques, ils sont des images de nos songes les plus terribles. Illusion de succomber par étouffement, noyade, murs qui bougent et qui se resserrent, mangé par des rats, la maladie… fuir, toujours courir, être rattrapé…
La première histoire a un humour malicieux, mais la fin n'est pas des plus heureuses même si l'échappatoire plaît au narrateur.
La deuxième raconte le martyr, les tortures. L'esprit prend alors l'ascendant sur le corps en souffrance et l'espoir ressurgit.
La troisième tire du conte, une allégorie comme le souligne l'auteur. La farce sinistre et extravagante renvoie à d'autres obsessions liées à la maladie et à la Faucheuse.
Certains démontrent par l'analyse de ces nouvelles, toutes les hantises de
Poe. On le dit (
Marie Bonaparte sur Wiki) poursuivi par ses délires, par les décès qui l'ont entouré, l'alcool, les drogues, le suicide et la neurasthénie.
Des histoires à lire de nuit pour quelques frissons…
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