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EAN : 9782266222419
544 pages
Pocket (16/08/2012)
3.67/5   179 notes
Résumé :
« Un roman d'une rare intensité, d'une puissance ahurissante ... C'est un chef-d'œuvre, de ceux qui marquent à jamais l'esprit de leurs lecteurs. »
R. J. Ellory

Pologne, quelques années après la chute du communisme. Lorsqu’on retrouve le cadavre d’un homme dans la forêt qui entoure le petit bourg de Jadowia, Leszek, un ami de la famille du disparu, décide de faire la lumière sur cette affaire. Il comprend vite que cet assassinat est lié à l’his... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (49) Voir plus Ajouter une critique
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Un petit village de Pologne, Jadowia, entouré de forêts. Fin du communisme, ouverture sur l'ouest. Un homme retrouvé mort en forêt, assassiné; des pierres de fondations de certaines maisons du village disparaissent. Un climat de suspicion , non pas qui s'installe, mais qui est déjà là. Là depuis longtemps. Depuis la guerre, depuis la disparition de 10% de la population du village, les Juifs, depuis le communisme...Et toujours cette forêt qui a envie de murmurer ses secrets. Ici pas de coupables, pas de motifs, pas de justifications. Juste l'oubli, la mémoire qui défaille, la culpalité occultée.
La puissance évocatrice de cette narration en fait un remarquable roman d'ambiance. C'est un roman sur la mémoire collective et sur ce qu'une communauté peut en faire. Sur le passé, même si tout est fait pour l'oublier, ce passé qui resurgit toujours car il y a forcément quelqu'un ou quelque chose pour le rappeler. Un village où les murs sont pleins de secrets, de chuchotements, de fantômes.
"En mémoire de la forêt" nous raconte comment une communauté peut rejeter cette culpabilité collective, comment continuer de vivre malgré les souvenirs de guerre, malgré la disparition des Juifs, malgré les affres du communisme. Une communauté qui fait la différence entre horreur et malheur. Pour se préserver ? Peut-être. C'est ce dont nous parle ce roman mais aussi , de comment faire revivre cette autre Histoire.
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C'est dans le cadre du programme de découverte LIBLY / FURET DU NORD que j'ai reçu ce roman.
Il ne faut sans dote jamais accorder trop d'importance à l'emballage d'un livre, encore moins à ce qu'on nomme le quatrième de couverture.
Il serait dommage de s'arrêter au noir mat peu avenant de ce petit pavé (477 pages tout de même, merci Furet du nord, soit loué Libfly…), comme il serait navrant de commencer la lecture par le mot de l'éditeur : on y découvrirait que ce dernier fait état d'un avis d'un certain Roger.Jon Ellory, un romancier anglais qui, sans doute fâché d'avoir commis « Les anonymes » a justement décidé de sortir l'auteur, Charles T.Powers, de l'anonymat, geste sans conséquence fâcheuse puisque Powers est précisément mort après avoir écrit son unique roman.
L'éditeur décrit ce bouquin comme « un roman d'une rare intensité, d'une puissance ahurissante… C'est un chef d'oeuvre, de ceux qui marquent à jamais l'esprit de leur lecteurs ». Diable ! Il poursuit en évoquant « ce thriller hors normes, au style d'une beauté et d'une puissance rares (…) Un véritable chef d'oeuvre du genre ». Peste ! Victor Hugo, Balzac, Lamartine ou Mallarmé n'ont qu'à bien se tenir, la concurrence rôde…
Je déteste ce genre de pub prétentieuse, qui fait ressembler certains bouquins à la dernière trouvaille Mammouth du coin ou à l'invendu du Monoprix dont il faut coûte que coûte se débarrasser : c'est donc méchamment prévenu que j'abordai la lecture de ce gros livre.
Si vous cherchiez un thriller, quoiqu'en pense l'éditeur, un policier classique, ou la résurrection du Sherlock Holmes de votre enfance, passez votre chemin : il ne se passe pas grand-chose dans ce livre, écrit de plus à la première personne et au présent de l'indicatif, ce qui en rebutera plus d'un.
Mais que ce roman noir en ait passionné certains est amplement justifié. L'auteur a passé cinq années en Pologne, à Varsovie, juste après la chute du mur : c'est ce qui fait la force de ce roman, qui nous livre un remarquable témoignage sur ces premières années de liberté postcommunistes. Témoignage qui a le grand mérite de l'authenticité : « c'était la puissance soviétique qui nous avait délivrés de Hitler, qui avait lancé Gagarine dans l'espace et qui ensuite nous avait soumis à un joug d'une injustice flagrante. La première partie, nous l'avions apprise à l'école ; la seconde, autour de la table du dîner »
Charles T.Powers était-il ce qu'on nomme habituellement un bon vivant ? Abordant la cinquantaine lorsqu'il écrit ce roman, n'était-il pas déjà fatigué, ainsi que l'un de ses personnages, auquel il prête ce propos ô combien altruiste et dont l'optimisme ne vous échappera pas « C'est ça, non ? le sens de la vie, ce à quoi tout se résume au bout du compte. Tes quatre murs, ton petit feu. Toi ». le prêtre du village, quant à lui, se fait ornithologue par dépit « Au fond, les corbeaux l'intéressaient beaucoup plus que les humains de Jadowia. Il savait que c'était mal, il en avait honte, mais enfin c'était la réalité de ses sentiments, et il s'y résignait, comme devant la vieillesse »
Ce roman, il faut le lire comme on lirait un reportage de Life ou du Los Angeles Times, dernier titre auquel collabora ce journaliste tenté à raison par l'écriture : un reportage truffé d'anecdotes qui sentent le vécu ; ses cinq années polonaises l'ont semble-t-il marqué à jamais. Tel un Bob l'éponge au pays des isbas, Powers sait nous restituer un climat particulier, humide, pauvre, malsain, des vies faites de sacrifices, de petites lâchetés et de privations, une société qui crève, tant de vide que d'habitudes qui ne veulent pas passer.
Si tous les reportages pouvaient être aussi bien écrits que celui-ci, les news magazines regorgeraient de nouveaux abonnements : le style d'écriture s'adapte parfaitement au contexte et la traduction de ce pavé américain est tout à fait remarquable. Les grands traducteurs ne sont pas légion : il est ainsi juste et bien mérité de saluer Clément Baude comme il se doit.
Un très bon roman d'atmosphère, un reportage édifiant sur un pays qui ne veut pas crever, une peinture au style sculpté et vif d'êtres ordinaires et moribonds, le rendu d'une Pologne marquée par un destin souvent funeste, presque toujours misérable :
«-Deux tracteurs. Tous neufs. Tout de suite, je veux dire. Ils sont à toi la semaine prochaine. En échange, je veux que tu me donnes huit tonnes de ciment.
-Et où est-ce que je trouve huit tonnes de ciment ?
-Je ne sais pas. Emprunte-les. C'est ton problème. Tu veux des tracteurs, moi j'ai besoin de ciment. »
Saint-Luc / 26 mai 2011

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En Pologne, quelques années après la chute du communisme, le cadavre d'un jeune homme du village de Jadowia est retrouvé par hasard. L'ambiance au village est tendue, pas seulement à cause de ce décès brutal mais aussi parce que divers règlements de comptes semblent s'y préparer... Les anciens notables adoubés par le Parti Communiste doivent en effet rendre compte de leurs actes passés, et des magouilles qu'ils continuent à mettre en oeuvre. Mais ils restent forts de leur expérience, de leurs réseaux et de leur absence de scrupules.

Des personnes aux motivations diverses cherchent à en savoir plus sur les circonstances de la mort du jeune homme et sur les activités troubles des uns et des autres, notamment le jeune Leszek, le narrateur.

L'alternance du récit de chacune de ces enquêtes et la façon dont celles-ci s'imbriquent les unes avec les autres ainsi qu'à la vie passée et présente d'habitants du village crée un suspense croissant. le roman se penche aussi de manière intéressante sur L Histoire dramatique de la Pologne, notamment sur l'épisode de la seconde guerre mondiale. le tout est raconté dans un style agréable et sans manichéisme : les personnages sont entiers, ils ne sont ni des héros parfaits, ni de parfaits salauds. C'est donc aussi l'occasion de questionnements intéressants sur la nature humaine et ses faiblesses.

Un très bon thriller, comme souvent aux éditions Sonatine.
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Nous sommes prévenus par le narrateur lui-même ; il ne s'agit pas d'un roman policier habituel. Ici, pas de coupable, pas d'étranges coïncidences, pas de héros aux capacités physiques ou intellectuelles hors du commun...


L'action se situe à Jadowia, petit village polonais à peine sorti du communisme. le meurtre d'un jeune homme, ami du personnage principal, Leszek, va secouer ses habitants et agir tel un révélateur sur les secrets du bourg. du plus anodin adultère aux lourds souvenirs de la seconde guerre mondiale, en passant par les magouilles de certains bureaucrates véreux ; chaque personnage de ce roman polyphonique en sortira changé. 


Ce n'est donc pas un thriller mais un roman noir au suspens subtilement distillé, très prenant où tout se croise. Un roman très riche, pas manichéen, qui traite du devoir de mémoire, du deuil et du pardon avec une grande justesse et une profonde humanité. Un roman dans lequel Histoire et suspens se conjuguent à merveille.
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"En mémoire de la forêt" n'est pas uniquement un thriller comme je l'avais pensé à l'origine, il est beaucoup plus que cela, un roman qui brasse de nombreux thèmes. le décor est inhabituel, un village polonais au milieu de forêts. Ses personnages, les habitants du village, agriculteurs, plombier, curé, vétérinaire, tous avec leurs failles, leur envie d'être ailleurs, de s'extirper de leur condition. La période s'y prête, le renouveau suite à l'effondrement de l'URSS et la liberté retrouvée du pays qui s'ouvre aux produits de consommation étrangers mais également l'occasion de nombreux trafics suceptibles d'enrichissement illicite.
L'Histoire remonte doucement et demande des comptes, règlements entre partisans et adversaires de l'ancien régime mais également redécouverte de périodes oubliées datant de plus loin dont seuls les vieux ont gardé la mémoire et que la plupart ne veulent pas voir ressurgir accompagnés de leurs peurs et de leurs préjugés.
J'ai eu un peu de mal de rentrer dedans ayant fait l'erreur de le commencer puis de le délaisser au profit d'un autre roman lu entre temps. de même, les patronymes polonais ont été compliqué à retenir. Mais une fois passé ces obstacles, j'ai pu m'immerger complètement dans l'histoire et la lecture est devenue addictive. C'est un très bon livre qui vous laisse un peu mal à l'aise. On ne peut que regretter que l'auteur, aujourd'hui disparu, n'en ait écrit qu'un seul, on aimerait plus souvent tomber sur des romans de cette trempe.
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critiques presse (2)
Telerama
14 septembre 2011
Tout en ménageant la précision journalistique, l'auteur est porté par une écriture poétique et réussit à décrire les ambiguïtés de la vie collective sans imposer une morale réductrice.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeMonde
26 août 2011
Lucide et honnête, plus qu'un roman noir, c'est un grand roman gris.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Une horreur n'est pas un malheur . Comprenez vous la différence? La trace de l'horreur ne remontait pas jusqu'à nous. Nous n'étions pas coupables, et donc, d'une certaine manière, nous pouvions l'accepter. En revanche, il nous reviendrait, à nous , d'accepter lemalheur. Et pourtant nous le rejetons, car nous avons nos propres problèmes, nos propres croix à porter.
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Il se rendit compte que tout avait déjà été pillé. Des poutres déplacées, des traces de pas. Pour y trouver quoi ? Il savait, maintenant : de l'or. Ils cherchaient de l'or. Ils étaient fous, perdus par leurs superstitions, leurs légendes, leurs jalousie, leur inextinguible cupidité. De l'or ! Les gens vendaient des casseroles et des poêles, travaillaient jour et nuit, habillaient leurs enfants de haillons, gagnaient leur vie en réparant des souliers, raccommodaient de vieux habits, nourrissaient leurs familles de soupe aux choux... et les autres les soupçonnaient de cacher de l'or ! Ils avaient brûlé le temple pour le trouver, ou regardé avidement d'autres le faire, puis ils avaient passé au peigne fin les cendres à la recherche de morceaux fondus, emportant dans leurs mains noirs des bouts de laiton, traînant derrière eux du bois encore intact pour faire du feu.
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Parce qu'ils (les Polonais) survivent et que le reste de la planète ne se montre pas assez compatissant avec eux. Parce qu'ils ne sont pas considérés comme des victimes. Ils ont l'impression qu'on leur a vole ça. Les Polonais sont toujours la. Pas les juifs. Dis-moi un peu, qu'est ce qui rend la Pologne célèbre dans le monde?"
J'essayais de comprendre où il voulait en venir.
" Copernic? Répondit-il? Lech Walesa?
- le pape, fis-je
- ach ! dit-il avec une grimace. D'accord le pape. Et quoi d'autre?
Je n'avais aucune réponse.
"Auschwitz: voilà. Auschwitz, Treblinka, Sobibor.6 millions de juifs sont morts et le monde entier pense qu'ils sont tous morts en Pologne.
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[...] - La pompe que j'ai réparée chez vous l'été dernier, elle marche bien ?
- Oui, merci.
- Bien. Je me demandais ... Est-ce que vous avez discuté avec Karol, le vétérinaire ?
- Non. Pourquoi ?
- Je l'ai entendu dire des choses l'autre jour.
- Quoi donc ?
- Je ne suis pas sûr d'avoir tout compris. Comme quoi lui aussi aurait entendu certaines choses. Il voit du monde, vous savez. Il est intelligent, malgré son penchant pour la bouteille. Très intelligent. Certains hommes intelligents sont comme ça. Surtout dans un village comme le nôtre. C'est leur manière de survivre.
- D'accord, Andrzej. Qu'est-ce qu'il a dit ?
- Je n'en suis pas sûr, mais il a parlé de camions. Des camions russes, peut-être.
- Oui ?
- Quelqu'un les voit régulièrement, ces camions. Je ne sais pas quand. Mais quelqu'un les a vus, peut-être plusieurs fois, sur l'ancienne route de la carrière, près de la distillerie. La nuit, je crois me souvenir. Enfin, vous connaissez Karol ... Parfois c'est difficile de le comprendre. N'empêche qu'il entend des choses.
- La route de la carrière ? Mais il n'y a rien, là-bas, si ?
Il s'agissait d'une petite carrière, qui fournissait autrefois du gravier pour les routes. Elle était désaffectée depuis vingt ans.
- Il y a la distillerie pas loin.
- La distillerie ?
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"Répondez-moi : est-ce que vous avez l'impression qu'ils manquent aux villageois ? Est-ce que vous voyez le moindre signe ne serait-ce que de leur présence ici jadis ? La trace de ceux qui ont construit ces maisons ? Est-ce que vous entendez les vieux parler du challah de Klemsztein, le boulanger ? Du calme des rues les vendredis après-midi ? Est-ce que vous les entendez raconter qu'il y avait autrefois un homme dans le village qui savait réparer les souliers ? Ou raccommoder les manteaux ? Vous avez vu des plaques pour ces gens-là ? Un pierre posée à l'endroit où reposent leurs morts ?"

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Vidéo de Charles T. Powers

"En mémoire de la forêt" de Charles T. Powers
Bande-annonce du roman de Charles T. Powers "En mémoire de la forêt" (Sonatine) à paraître le 18 août prochain.
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