AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782868692283
62 pages
Actes Sud (07/01/1993)
  Existe en édition audio
3.94/5   212 notes
Résumé :
Sur la lecture n'est ni un texte méconnu ni un
introuvable. C'est la préface que Proust écrivit
en 1905 pour sa traduction de Sésame et les Lys
de John Ruskin. Mais ces pages dépassent de
si loin l'ouvrage qu'elles introduisent, elles
proposent un si bel éloge de la lecture et préparent avec tant de bonheur à la Recherche que
nous avons voulu, les délivrant de leur condition de préface, les publier dans leur plénitude.
... >Voir plus
Que lire après Sur la lectureVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
3,94

sur 212 notes
5
6 avis
4
10 avis
3
5 avis
2
5 avis
1
0 avis
Tout Babeliote et tout lecteur trouvera intérêt et plaisir à méditer les coups de coeur de Marcel Proust « sur la lecture » :
• Comment se souvient-on de nos lectures ? Nos souvenirs associent un livre à des lieux, des jours, des personnes, des atmosphères qui, par les sons, les parfums et les images que nous en conservons, ancrent leurs contenus dans nos sens et notre mémoire. En se remémorant ses lectures d'enfance, Marcel Proust revit les déjeuners et les gouters, qu'il a partagés avec sa famille, ses amis, ses camarades, et revoit le cadre de ces agapes. Et cette recherche des lectures perdues fait revivre ces personnes et ces lieux.
• La lecture est-elle « une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés qui en ont été les auteurs » ? Cette affirmation de Descartes, partagée par Ruskin, est contestée par Proust qui affirme que notre sagesse commence où celle de l'auteur finit et distingue donc les « conclusions » de l'auteur des « incitations » pour le lecteur. « Le terme de leur sagesse ne nous apparait que comme le commencement de la nôtre ».
• Pourquoi la préférence des grands écrivains va-t-elle aux livres des anciens ? Parce que « la langue où ils furent écrits, est comme un miroir de la vie ». Cette recherche du temps perdu ne se réduit pas à la lecture et l'auteur élargit son propos à la musique, à l'architecture et conclut en nous menant à Venise contempler les colonnes de la Piazetta qui exaltent dans leur splendeur un temps enseveli et inégalé.

Comme on le constate Marcel Proust évoque des questions qui, un siècle plus tard, malgré les apparences, sont au coeur de nos préoccupations :
• Lire, comprendre, retenir sont-ils synonymes ?
• La mémoire enregistre-t-elle identiquement un texte lu sur un livre (papier) et sur une liseuse (écran) ? (certains départements replacent les livres scolaires par des ordinateurs portables ou des tablettes).
• La lecture est-elle un gavage imposant ses diktats ou un aliment nourrissant le coeur et la réflexion ?
• Retraduire tous les cinquante ans les oeuvres étrangères et « adapter » les textes de Victor Hugo et Zola pour « faciliter » leur lecture est ce légitime, est ce utile, ou est ce un moyen de gommer le passé ?

La lecture peut être salutaire ou dangereuse observe Marcel Proust qui parie, malgré tout, sur le progrès intime de notre pensée et l'effort de notre coeur.

Un pari qui rappelle que pour notre écrivain national la lecture, plus qu'une démarche intellectuelle, est un cheminement d'amoureux.

Un opuscule que je relis au fil des ans, que je prête, sans espoir de retour, et que je rachète toujours avec le même intérêt car je le considère comme une base de toute bibliothèque.
Commenter  J’apprécie          1145
J'approche de plus en plus du moment fatidique où cette fois, ce sera la bonne, je m'attaquerai au 1er tome d'A La Recherche du Temps Perdu. Ce n'est pas tellement le titre qui fait peur : du côté de chez Swann, ça ressemblerait plus à une petite invitation sympa pour passer un dimanche après-midi, non ? En fait c'est plutôt son auteur qui donne la chair de poule : Marcel Proust et ses phrases à rallonge ! Tellement longues et avec tellement de digressions qui faut s'y reprendre à plusieurs fois pour se rappeler quel était le sujet de la phrase.

Bref.

Commencer par un essai, que j'avais lu en plus il y a à peu près 10ans, sans bien tout saisir d'ailleurs, s'annonçait comme une étape "raisonnable".
Alors, oui, il y a des phrases dont seul Proust a le secret. Je me demande d'ailleurs comment il faisait pour ne pas se perdre dans sa propre prose dans la digression est une règle plus qu'une exception à celle-ci.
Pourtant, il nous parle d'un sujet que les Babeliotes connaissent bien : la lecture ! Et oui, mais là encore, Proust n'échappe pas à ce qu'il est et à l'éducation qu'il a eu.

Derrière son point de vue très petit bourgeois intellectuel, on sent bien les frustrations du petit garçon malade qui devait rester enfermé et était limité dans ses déplacements. Ce qui l'a sans doute beaucoup frustré.
Pour Marcel Proust, la lecture est une démarche purement intellectuelle qui s'inscrit profondément dans le Temps, à la manière des monuments anciens. Les récits qui nous restent du passé abolissent donc les limites du temps du fait qu'il nous donne accès à ce qui n'est plus et ne se dit plus. Un instant d'éternité… Ainsi, pour l'auteur, la lecture en elle-même est presque secondaire et ne vaut que par le souvenir des lieux qu'elle nous laisse : que ce soit le lieu où nous, lecteurs, nous trouvions ou le lieu où se déroule le récit.
Un tel jugement l'amène à être très dur vis-à-vis des contemporains, ou d'auteurs classiques comme Alfred de Musset, par exemple.

La seule part d'émotionnel que Proust concède à la lecture, c'est le moment où il compare celle-ci à une "amitié sans contrainte" où l'autre (étant un objet) ne peut se vexer de notre opinion ou d'être délaissé.
Une esthétisation très intellectuelle quand même !

Certes, cet essai n'est pas complètement inintéressant, mais je ne partage pas vraiment le point de Marcel Proust, ce qui a rendu cette lecture un peu laborieuse.
Pas moyen de faire aimer la lecture aux jeunes générations avec de tels arguments ! Mieux vaut se tourner vers les Britanniques pour cela, avec Ruskin que Proust critique très vivement dans son essai d'ailleurs, ou plus récemment, Neil Gaiman.

Commenter  J’apprécie          3010
Entre deux épisodes de la recherche, je fais une petite pause relaxation avec "Sur la Lecture". Et ce texte me laisse mitigé. Il y a bien des réflexions intéressantes, il y a même le style, le style enchanteur de Marcel Proust, mais ce livre ( et c'est ce qui me déplaît ) est aussi un essai renflé, pompeux, qui n'a rien à voir avec mon expérience de la lecture, expérience qui ne saurait se réduire à la sèche théorie proustienne, expérience bien plus sensible que celle exprimée par les thèses contenues dans cet ouvrage.
Commenter  J’apprécie          210
Bonheur de l'édition voilà un livre que vous pouvez trouver sous plusieurs costumes, en mélange dans Pastiches et Mélanges, en petite édition simple chez Sillage ou alors en livre audio.
j'ai choisi la version sonore car elle est lue pas quelqu'un pour lequel j'ai une passion coupable : André Dussolier.

Je ne vais pas m'étendre sur le sujet du livre, je crois que vous le connaissez tous, la lecture, les livres, le bonheur de lire lorsque l'on est enfant et au delà.
Proust nous parle de ces livres qui nous donnent envie de passer la soirée avec eux, ce petits grincement que constitue le « chapitre interrompu » car « On aurait tant voulu que le livre continuât ».

Le rôle de la lecture « une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés » disait Ruskin, ce à quoi Proust répond

« la lecture ne saurait être ainsi assimilée à une conversation, fût-ce avec le plus sage des hommes; que ce qui diffère essentiellement entre un livre et un ami, ce n'est pas leur plus ou moins grande sagesse, mais la manière dont on communique avec eux, la lecture, au rebours de la conversation, consistant pour chacun de nous à recevoir communication d'une autre pensée, mais tout en restant seul »
Pour lui c'est d'abord et avant tout un accès à soi.
Le livre qui console de tout disait Montesquieu, qui tient enchaîné la ronde des heures dirait Proust, ce petit texte devenu très célèbre est ici porté par André Dussolier, un plaisir ajouté.

Lien : http://asautsetagambades.hau..
Commenter  J’apprécie          200
Ses mots sont doux et délicats, ses phrases n'en finissent pas, les yeux clos on se plaît à imaginer les lieux qu'il décrit, on se laisse emporter par ce flot de paroles, on avance à ses côtés, on parvient à frôler le message, et c'est lui qu'on touche, Proust.
Lire Proust est un voyage. le décor se met en place avec lenteur, révélant chaque détail, chaque nuance ; couleurs, formes, contrastes, matières, il nous offre son regard, pleinement. le cadre posé – l'extérieur – on entre alors dans l'intime, le spirituel. Les deux sont liés, indéfectiblement.
C'est ainsi qu'il nous parle de la lecture au temps de son enfance ; le contenu de l'ouvrage n'est pas l'intérêt principal. Ses souvenirs se portent davantage sur des lieux, des odeurs, des paysages, des sensations. Une chambre, un parc, un instant précis, une lumière particulière, un bruit familier, des effluves étourdissantes. Enfant, le livre est un ami, qui l'accompagne partout. D'ailleurs, il est bien déçu quand à l'âge adulte il relit ce livre qu'il quittait rarement, le capitaine Fracasse de Théophile Gautier.
Lire est un bonheur et un arrachement quand arrive l'ultime page. Mais, le livre ne remplace pas l'échange avec l'autre. Lire est un plaisir solitaire qui favorise l'introspection.
Si Proust fait l'éloge de la lecture, il la met à distance de la vie : «  La lecture est au seuil de la vie spirituelle ; elle peut nous y introduire : elle ne la constitue pas. » Elle permet de mieux comprendre le monde, l'ancien et celui qui est en marche et soi-même mais elle n'est pas la vie.
Un merveilleux petit livre. À savourer.
Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
Commenter  J’apprécie          160

Citations et extraits (71) Voir plus Ajouter une citation
 (…) je ne me sens heureux qu'en mettant le pied – avenue de la Gare, sur le Port, ou place de l'Eglise – dans un de ces hôtels de province aux longs corridors froids où le vent du dehors lutte avec succès contre les efforts du calorifère, où la carte de géographie détaillée de l'arrondissement est encore le seul ornement des murs, où chaque bruit ne sert qu'à faire apparaître le silence en le déplaçant, où les chambres gardent un parfum de renfermé que le grand air vient laver, mais n'efface pas, et que les narines aspirent cent fois pour l'apporter à l'imagination, qui s'en enchante, qui le fait poser comme un modèle pour essayer de le recréer en elle avec tout ce qu'il contient de pensées et de souvenirs ; où le soir, quand on ouvre la porte de sa chambre, on a le sentiment de violer toute la vie qui y est restée éparse, de la prendre hardiment par la main quand, la porte refermée, on entre plus avant, jusqu'à la table ou jusqu'à la fenêtre ; de s'asseoir dans une sorte de libre promiscuité avec elle sur le canapé exécuté par le tapissier en cher-lieu dans ce qu'il croyait le goût de Paris ; de toucher partout la nudité de cette vie dans le dessein de se troubler soi-même par sa propre familiarité, en posant ici et là ses affaires, en jouant le maître dans cette chambre pleine jusqu'aux bords de l'âme des autres et qui garde jusque dans la forme des chenêts et le dessin des rideaux l'empreinte de leur rêve, en marchant pieds nus sur son tapis inconnu ; alors cette vie secrète, on a le sentiment de l'enfermer avec soi quand on va, tout tremblant, tirer le vérou ; de la pousser devant soi dans le lit et de coucher enfin avec elle dans les grands draps blancs qui vous montent par-dessus la figure, tandis que, tout près l'église sonne pour toute la ville les heures d'insomnie des mourants et des amoureux.
Commenter  J’apprécie          130
Quel bonheur, quel repos pour un esprit fatigué de chercher la vérité en lui-même de se dire qu'elle est située hors de lui, aux feuillets d'un in-folio jalousement conservé dans un couvent de Hollande, et que si, pour arriver jusqu'à elle, il faut se donner de la peine, cette peine sera toute matérielle, ne sera pour la pensée qu'un délassement plein de charme. Sans doute, il faudra faire un long voyage, traverser en coche d'eau les plaines gémissantes de vent, tandis que sur la rive les roseaux s’inclinent et se relèvent tour à tour dans une ondulation sans fin ; il faudra s'arrêter à Dordrecht, qui mire son église couverte de lierre dans l'entrelacs des canaux dormants et dans la Meuse frémissante et dorée où les vaisseaux en glissant dérangent, le soir, les reflets alignés des toits rouges et du ciel bleu ; et enfin, arrivé au terme du voyage, on ne sera pas encore certain de recevoir communication de la vérité.
Page 38
Commenter  J’apprécie          231
Sans doute, l'amitié, l'amitié qui a égard aux individus, est une chose frivole, et la lecture est une amitié. Mais du moins c'est une amitié sincère, et le fait qu'elle s'adresse à un mort, à un absent, lui donne quelque chose de désintéressé, de presque touchant. C'est de plus une amitié débarrassée de tout ce qui fait la laideur des autres. Comme nous ne sommes tous, nous les vivants, que des morts qui ne sont pas encore entrés en fonctions, toutes ces politesses, toutes ces salutations dans le vestibule que nous appelons déférence, gratitude, dévouement et où nous mêlons tant de mensonges, sont stériles et fatigantes. De plus, - dès les premières relations de sympathie, d'admiration, de reconnaissance, - les premières paroles que nous prononçons, les premières lettres que nous écrivons, tissent autour de nous les premiers fils d'une toile d'habitudes, d'une véritable manière d'être, dont nous ne pouvons plus nous débarrasser dans les amitiés suivantes ; sans compter que pendant ce temps-là les paroles excessives que nous avons prononcées restent comme des lettres de change que nous devons payer, ou que nous paierons plus cher encore toute notre vie des remords de les avoir laissé protester. Dans la lecture, l'amitié est soudain ramenée à sa pureté première. Avec les livres, pas d'amabilité. Ces amis-là, si nous passons la soirée avec eux, c'est vraiment que nous en avons envie. Eux, du moins, nous ne les quittons souvent qu'à regret. Et quand nous les avons quittés, aucune de ces pensées qui gâtent l'amitié : Qu'ont-ils pensé de nous ? - N'avons nous pas manqué de tact ? - Avons-nous plu ? - et la peur d'être oublié pour tel autre. Toutes ces agitations de l'amitié expirent au seuil de cette amitié pure et calme qu'est la lecture.

Commenter  J’apprécie          100
Puis la dernière page était lue, le livre était fini. Il fallait arrêter la course éperdue des yeux et de la voix qui suivait sans bruit, s’arrêtant seulement pour reprendre haleine, dans un soupir profond. Alors, quoi ? ce livre, ce n’était que cela ? Ces êtres à qui on avait donné plus de son attention et de sa tendresse qu’aux gens de la vie, n’osant pas toujours avouer à quel point on les aimait, et même quand nos parents nous trouvaient en train de lire et avaient l’air de sourire de notre émotion, fermant le livre, avec une indifférence affectée ou un ennui feint ; ces gens pour qui on avait haleté et sangloté, on ne les verrait plus jamais, on ne saurait plus rien d’eux. Déjà, depuis quelques pages, l’auteur, dans le cruel « Épilogue », avait eu soin de les « espacer » avec une indifférence incroyable pour qui savait l’intérêt avec lequel il les avait suivis jusque-là pas à pas. L’emploi de chaque heure de leur vie nous avait été narré. Puis subitement : « Vingt ans après ces événements on pouvait rencontrer dans les rues de Fougèresun vieillard." On aurait tant voulu que le livre continuât, et, si c’était impossible, avoir d’autres renseignements sur tous ces personnages, apprendre maintenant quelque chose de leur vie, employer la nôtre à des choses qui ne fussent pas tout à fait étrangères à l’amour qu’ils nous avaient inspiré.
Commenter  J’apprécie          130
******

Une tragédie de Racine, un volume des Mémoires de Saint-Simon ressemblent à de belles choses qui ne se font plus. Le langage dans lequel ils ont été sculptés par de grands artistes avec une liberté qui en fait briller la douceur et saillir la force native, nous émeut comme la vue de certains marbres, aujourd’hui inusités, qu’employaient les ouvriers d’autrefois. Sans doute dans tel de ces vieux édifices la pierre a fidèlement gardé la pensée du sculpteur, mais aussi, grâce au sculpteur, la pierre, d’une espèce aujourd’hui inconnue, nous a été conservée, revêtue de toutes les couleurs qu’il a su tirer d’elle, faire apparaître, harmoniser. C’est bien la syntaxe vivante en France au XVIIe siècle – et en elle des coutumes et un tour de pensée disparus – que nous aimons à trouver dans les vers de Racine.

***
Commenter  J’apprécie          162

Videos de Marcel Proust (189) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marcel Proust
MARCEL PROUST / DU CÔTÉ DE CHEZ SWANN / LA P'TITE LIBRAIRIE
Dans la catégorie : EssaisVoir plus
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature des langues romanes. Littéraure française>Essais (404)
Les plus populaires : Littérature française Voir plus



Lecteurs (529) Voir plus



Quiz Voir plus

Que savez-vous de Proust ? (niveau assez difficile)

De combien de tomes est composé le roman "A la recherche du temps perdu" ?

5
6
7
8

8 questions
533 lecteurs ont répondu
Thème : Marcel ProustCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..