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EAN : 9782363080257
49 pages
Arléa (02/05/2013)
3.7/5   15 notes
Résumé :
Les Leçons de solfège et de piano sont d’abord celles de Louis Poirier – le futur Julien Gracq – à Ancenis en 1919 et 1920.

Le jeudi, après le déjeuner, le petit Louis Poirier vient en charrette de Saint-Florent à Ancenis prendre sa leçon de solfège, suivie de sa leçon de piano, au cours des Demoiselles Quignard. Il en garda un souvenir dégoûté et pénible.

En 1968, Pascal Quignard reprit les orgues d’Ancenis des mains de Marthe Quignard... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
La collection « Arléa-Poche » vient de s'enrichir par la publication du texte de trois conférences données entre juin et septembre 2010 par Pascal Quignard.
le titre de ce petit livre – Leçons de solfège et de piano – est celui de la première conférence.
Pascal Quignard y rend hommage à ses tantes qui, orphelines très jeunes, à l'instar de son père, le cadet de la famille, firent vivre toute la maisonnée en donnant des leçons de musique : Juliette pour le piano et Marthe pour le violon et aussi le dessin.
Il se trouve que Julien Gracq, de son vrai nom Louis Poirier, fils d'un riche mercier de Saint-Forent-le-Vieil, vint enfant, en 1919 et en 1920, prendre des leçons de piano à Ancenis, chez Juliette Quignard.
Il en garda un mauvais souvenir et évoqua ses cours de façon peu amène.
« Cela blessa les miens. » raconte P. Quigard.
Avec élégance, il égratigne Julien Gracq et révèle les circonstances de vie de sa famille, certes austères, mais dignes.
J'ai regretté de devoir relever une erreur relative à la théorie musicale (page 14) : s'il y a bien sept dièses et sept bémols, il n'y a que douze gammes majeures et douze relatives (ou mineures si l'on préfère) et donc vingt-quatre arpèges et non quatorze majeures, quatorze relatives, et vingt-huit arpèges correspondants.
Les deuxième et troisième parties viennent enrichir la conférence initiale et font la part belle à l'amitié et au grec : hommage à son ami Gérard Bobillier et évocation de Paul Celan.
S'en suivent des pages de haut vol à la fois légères et profondes où se disputent finesse et sensibilité.

Cantus.
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Je le lis depuis son premier livre sur Maurice Scève et je ne me suis jamais arrêtée. de temps en temps un livre me plait moins mais j'y trouve toujours de quoi satisfaire ma boulimie livresque.
Un livre sur la musique qui est la seconde passion de Quignard après la lecture.
Croiser ici Julien Gracq était un peu surprenant mais tout s'éclaire quand on sait que Monsieur Louis Poirier a pris de leçon de piano avec une tante de l'auteur. Une petite blessure à surgit à la suite de ces leçons, blessure pour Julien Gracq et plus encore pour Quignard « Il est des choses qui blessent l'âme quand la mémoire les fait ressurgir. » la petite madeleine est ici un peu souffrante. Son évocation de ses tantes musiciennes est magnifique.
Il défend une méthode d'apprentissage certes un peu surannée et parfois même violente mais efficace « Ce n'était que du su par coeur, comme pour les verbes grecs irréguliers, mais c'est inscrit pour la vie »

Trois petits textes de trois conférences et ces trois fragments sont passionnants. Après la mémoire vient son admiration pour Paul Celan grâce à qui il a traduit du grec et il finit avec un essai sur l'amitié.

Un tout petit livre de ceux que l'on peut relire avec un grand plaisir.
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Il s'agit là d'un texte très court d'une cinquantaine de pages, en trois parties, issu d'une conférence qui, comme le précise l'éditrice, a été prononcée trois fois en 2010 : à la Bibliothèque nationale de France, à l'abbaye de Lagrasse et à la fabrique de Guéret.
La photographie de couverture représente « Les organistes d'Ancenis sur la levée de la Loire, en 1968 » et l'on suppose qu'il s'agit de l'écrivain jeune et de sa grand-tante Juliette. L'on trouve à l'intérieur de l'ouvrage d'autres photographies en noir et blanc, « d'une tristesse merveilleuse » (p.9).
Ce texte est d'abord un hommage à des hommes et femmes aujourd'hui disparus : Louis-René des Forêts, Gérard Bobillier, Paul Celan et les trois grand-tantes de l'écrivain : Juliette Quignard, Marguerite Quignard et Marthe Quignard qui ont résidé 10 rue des Vinaigriers à Ancenis – l'écrivain aime la précision surtout lorsqu'il s'agit d'honorer la mémoire des défunts - Ces dernières enseignèrent la musique de manière « très traditionnelle » et eurent comme élève Pascal Quignard bien sûr mais aussi Louis Poirier plus connu sous le nom de Julien Gracq. Gracq écrivit des « phrases merveilleuses et terribles » sur les soeurs Quignard, phrases qui « blessèrent » la famille et qui « révoltèrent » même les habitants d'Ancenis. Il y évoquait en effet de vielles filles ruinées vivant dans une maison glauque, froide, attendant la mort de manière assez passive. Pascal Quignard se fait l'avocat de ses grand-tantes, à titre posthume.
Dans la deuxième partie de ce livre, est donnée une définition de l'amitié. Ou plutôt plusieurs mais j'ai retenu celle-ci, issue d'une réflexion du philosophe grec Zénon : « L'ami, parmi les personnes grammaticales, n'est ni le tu ni le il, ni l'interlocuteur ni le tiers. L'ami c'est ego, c'est la position sujet. C'est pour ça qu'on souffre quand l'ami disparaît. On est touché au coeur. C'est ego qui est lésé dans la mort de l'ami » (p. 36). L'auteur différencie l'amitié de l'amour : « L'amitié est ce miracle : l'autre surgissant en première personne du singulier dans l'espace des interlocuteurs. L'amour est un tout autre miracle (et un tout autre typhon), c'est tu, c'est la deuxième personne absolue, c'est l'autre, c'est la différence sexuelle, le visage incompréhensible auquel le je s'adresse sans savoir à qui il a affaire et sans savoir comment s'y prendre » (p.38).
Pascal Quignard est un érudit ; les études ont eu, et ont encore, une place considérable dans sa vie. Voici ce qu'il en dit : « L'étude est à l'homme adulte ce que le jeu est à l'enfant. C'est la plus concentrée des passions. C'est la moins décevante des habitudes, ou des attentions, ou des accoutumances, ou des drogues. L'âme s'évade. Les maux du corps s'oublient. L'identité personnelle se dissout. On ne voit pas le temps passer. On s'envole dans le ciel du temps. Seule la faim fait lever la tête et ramène au monde » (p.27).
On aura compris que ce livre est à lire et non à raconter

Lien : http://liresortiraparisetail..
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En rendant hommage "aux siens", Pascal Quignard défend sa conception de l'art et de l'étude. Aussi bref qu'essentiel.
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Des petits bonbons comme cela, on en croquerait tous les soirs.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
L'étude est à l'homme adulte ce que le jeu est à l'enfant. C'est la plus concentrée des passions. C'est la moins décevante des habitudes, ou des attentions, ou des accoutumances, ou des drogues. L'âme s'évade. Les maux du corps s'oublient. L'identité personnelle se dissout. On ne voit pas le temps passer. On s'envole dans le ciel du temps. Seule la faim fait lever la tête et ramène au monde.
Il est midi.
Il est déjà sept heures du soir p 27
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Il est des choses qui blessent l'âme quand la mémoire les fait resurgir.
Chaque fois qu'on y repense, c'est la gorge serrée. Quand on les dit, c'est pire encore, car elles engendrent peu à peu, si on cherche à les faire partager par ceux qui les écoutent, qui lèvent leur visage, qui tendent leur visage, qui attendent ce qu'on va dire, une peine ou, du moins, un embarras qui les redoublent.
Elles font un peu trembler les lèvres. La voix se casse. j'arrête de parler, mais alors je commence d'écrire. Car on peut écrire ce qu'on n'est plus du tout en état de dire. On peut écrire même quand on pleure.
Ce qu'on ne peut pas faire en écrivant, quand on est en train d'écrire, c'est chanter.
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L’amitié est ce miracle : l’autre surgissant en première personne du singulier dans l’espace des interlocuteurs. L’amour est un tout autre miracle (et un tout autre typhon), c’est tu, c’est la deuxième personne absolue, c’est l’autre, c’est la différence sexuelle, le visage incompréhensible auquel le je s’adresse sans savoir à qui il a affaire et sans savoir comment s’y prendre
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               L’ami, parmi les person-
nes grammaticales, n’est ni le tu ni le il, ni
l’interlocuteur ni le tiers. L’ami c’est l’égo, c’est la
position sujet. C’est pour ça qu’on souffre,
quand l’ami disparaît. On est touché au cœur.
C’est l’égo qui est lésé dans la mort de l’ami.
     Ce n’est pas la périphérie qui est enta-
mée par la mort de l’ami. C’est le cœur qui
est crevé.
     C’est ainsi que le fondateur du stoï-
cisme est le premier (que je sache) qui ait
défini l’amitié par ce dédoublement du fonc-
teur de la prise de parole.

p.36-37
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C'est ainsi que le poème prouve que la langue, dans son fond, appelle.
Une invocabilité erre en amont des langues naturelles, beaucoup plus profonde que leur sens.
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Vidéo de Pascal Quignard
L'auteur Pascal Quignard a bâti une oeuvre érudite et sensible. Avec "Compléments à la théorie sexuelle et sur l'amour", il poursuit sa réflexion sur la sexualité et la relation amoureuse et nous parle d'art, de masochisme, ou encore de sirènes... Il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Visuel de la vignette : Les Amants / René Magritte
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